Flash-back 9: Je t'aime... moi non plus

James trempa le linge dans l'eau, l'essora et tapota doucement la blessure de Jessie pour la nettoyer. Il avait tellement peur de lui faire mal qu'il la touchait à peine du bout de ses doigts, l'effleurant seulement, concentré au maximum. 

"Aïe..." Il détourna un instant son attention de la plaie et regarda son amie d'un air coupable 

"Je fais attention Jess, arrête de bouger..." 

"Je ne bouge pas imbécile, c'est toi qui appuie trop fort!"

Elle le fixait, boudeuse et accusatrice, comme à son habitude.

"Arrête de me crier dessus sinon je te laisse te débrouiller toute seule!"

Elle commençait à bouillir, exaspérée, et lui arracha la compresse des mains

"Donne-moi ça!"

Le soleil tapissait l'intérieur de la cabane de bois ce qui donnait à la pièce une ambiance chaleureuse et cocooning malgré le fait que les deux équipiers se disputaient, encore... Banshitrouye veillait au grain : James n'avait pas intérêt à faire mal à sa dresseuse et meilleure amie sinon ça irait mal!

"Tiens-moi le miroir"

James croisa les bras, ne perdant pas la face : elle profitait un peu trop de la situation et il n'était pas son majordome! Elle fit alors sa petite moue mignonne exagérée de petite capricieuse en battant des cils 

"S'il te plaît..."

Il attrapa alors la glace dans un grommèlement mais la positionna devant elle en souriant tendrement, et la jeune femme tressailli en voyant son reflet, comme à chaque fois... mais elle fit mine de rien et retrempa le linge dans la petite bassine d'eau claire. 

"Tu es belle Jessie..." Il s'efforçait de la rassurer, de lui faire reprendre confiance en elle, et à vrai dire il ne mentait pas : il la trouvait réellement belle malgré sa pommette éclatée et ses cicatrices, ses points de suture, son hématome à l'œil qui avait tourné au jaune désormais, avec sa queue de cheval et son bandeau noir... Il la trouvait tout le temps magnifique, de toute façon. Il passa nerveusement ses doigts dans ses cheveux lavande... La voir dans cet état de mal-être le rendait profondément triste et lui brisait le cœur : elle refusait de sortir et de se dévoiler comme ça devant les gens depuis déjà quatre semaines et malheureusement le Boss ne leur avait pas permis d'avoir plus de répit et demain ils allaient devoir reprendre du service, et en plus ils avaient perdu la trace du morveux... 

Elle ne répondit pas, un peu lasse de ce qu'elle prenait pour des boniments hypocrites, lorsque Miaouss pénétra la pièce

"Eh les gars j'ai r'trouvé le morveux, il est au Bourg Palette!"

"On ne partira que demain, Jessie va se reposer cet après-midi...", décida James, d'un ton ferme.

La jeune femme s’emporta, vexée

"J'en ai ASSEZ que tu décides à ma place comment je dois me sentir ou ce que je dois faire James, je vais bien, on partira aujourd'hui!" 

Miaouss ressorti, mal à l'aise... Ça faisait déjà un mois que ça durait, cette ambiance lourde et pesante, empreinte d'émotions, de non-dits...

Jessie ne pouvait pas se permettre de se montrer faible devant ses équipiers : c'était elle la meneuse du trio, le cerveau des opérations! Pour qui se prenait James au juste pour prendre des décisions à sa place...? Elle savait mieux que lui ce qu'il se passait en elle, et elle n'en pouvait plus de tourner en rond dans cette maudite cabane. Le gosse de riche était plus qu'inquiet mais il ne disait rien car cette discussion, ils l'avaient déjà eu trop de fois et reprendre du service allait probablement lui faire du bien, dans un sens, et auquel cas il serait là pour la soutenir...

Du moins c’est qu’il s’efforçait de croire pour se rassurer car il se sentait terriblement rejeté et incompris, d'autant plus qu'avant toute cette histoire ils avaient avancé un bond dans leur relation et depuis qu'elle était sorti de l'hôpital, elle semblait avoir oublié tout ce qu'il s'était passé entre eux, comme si ça n'avait jamais existé... 

"Je vais me préparer..." Et elle se leva rapidement et fila dans la salle de bain sous le regard déçu de son équipier qui rangea dans le silence la bassine et tout ce qui jonchait la table, qu'elle avait laissée comme ça en plan...

-

Jessie boucha l'évacuation et ouvrit le robinet afin de se faire couler un bain. Elle alluma le chauffage et se dévisagea dans le miroir une fois encore... Elle se trouvait moche, défigurée, honteuse, salie, comme un déchet pourrissant au soleil, une moins que rien... Elle avait envie de casser cette maudite porte de placard vitrée pour ne plus avoir à supporter ce spectacle mais elle restait figée et alors elle explosa en sanglots. C’était trop. Rien n'était pire pour elle que de se voir ainsi, elle qui tenait tant à sa plastique, qui était si fière de son apparence. James ne supportait pas l'entendre pleurer, ça lui déchirait le cœur, il ne pouvait pas la laisser comme ça alors il tapa doucement contre la porte 

"Jessie... Ouvre-moi, s'il te plaît..."

"Non laisse-moi tranquille..." 

Il avait envie de pleurer lui aussi, de la serrer aussi fort qu'il le pouvait, comme lorsqu'il l'avait vu à l'hôpital pour la première fois après l'explosion, quand il l'avait vu allongée sur ce lit en réanimation... Il avait couru, trébuchant, tremblant comme une feuille, submergé par l'émotion et il l'avait serré contre lui, de toutes ses forces, aussi fort qu'il l'aimait, avant qu'il ne parvienne à murmurer quelques mots dans son cou malgré ses sanglots étouffants 

"J'ai eu tellement peur..." Elle était vivante, c'était tout ce qui comptait pour lui : il faisait abstraction de ses blessures, de tout, il s'en fichait, il avait eu tellement, tellement de craintes, il s'était imaginé le pire, et voilà qu'elle était là, blottie dans ses bras, et il sentait son souffle, son cœur battant, et il caressait ses cheveux roses tendrement, des torrents de larmes s'échappant de ses yeux émeraudes embués  

"Je t'aime Jessie, je t'aime tellement fort... je t’aime trop, tu es tout pour moi..." 

Les infirmières étaient chamboulées, au bord des larmes en voyant le jeune homme si désemparé, si sincère et amoureux, et alors elle avait bougé un petit peu, puis elle avait ouvert les yeux...

-

James attendait encore derrière la porte

"Jessie..." Il appuyait son front contre le bois froid et sentait qu'il avait la migraine, la nausée... Il ne pouvait pas l'entendre pleurer, ça le rendait fou, c'était de la torture...

Et elle ne bougeait pas, recroquevillée sur elle-même, au sol, face au miroir, tandis que l'eau chaude s'écoulait bruyamment dans la baignoire "Ah....ah... " Elle gémissait dans ses sanglots, des petits cris plaintifs de douleur profonde : elle avait tellement mal au fond d'elle, ça lui était insupportable de se voir comme ça, de savoir ce qu'ils lui avaient fait, c'était trop dur, elle ne se reconnaissait pas... 

"Jessie, s'il te plaît..."

Et alors elle se leva difficilement et ouvrit la porte, chancelante sans un mot et ils se dévisagèrent un instant dans un silence glacial.

"Eh bien, qu'est-ce qu'il a?", lui lança-t-elle d'un air dédaigneux en reniflant et essuyant grossièrement ses larmes de sa manche.

"On partira quand tu resta prête Jessie... mais je n'aime pas que tu pleures..."

Il s'efforçait d'être gentil et compréhensif mais il ne savait plus comment faire...

"Qu'est-ce que ça peut t'faire à toi?"

Il restait placide malgré une irrésistible envie d'hurler, de lui envoyer en pleine figure qu'elle était injuste, égoïste, méchante, qu'elle le blessait terriblement, qu'il l'aimait comme un fou, mais mince, comment pouvait-elle lui demander ce genre de chose, c'était pourtant évident!!! 

Il ne répondait pas tandis qu'elle le fixait bêtement, étouffant ses sanglots de ses lèvres pincées, et ils restèrent comme ça un instant, bouleversés, avant que Jessie ne se laisse submerger par son impatience face à son équipier qui se disait mot

"Je n'en peux plus, regarde-moi! REGARDE-MOI!"

Et il la regardait, mal à l'aise, une boule dans la gorge, ne sachant que dire... 

"Tu es..."

"ARRÊTE! Arrête de me dire que je suis belle ou je ne sais quoi, c'est FAUX, JAMES! Je suis MÉCONNAISSABLE, je suis un MONSTRE! Ils ont fait de moi une BÊTE DE FOIRE!!!!!" 

Elle essuya à nouveau grossièrement son nez et son flot de larmes avant de reprendre, hors d'elle 

"La sale petite Jessie de Soleilville abandonnée par son salaud de père et sa pauvre mère, et par tout le monde, cette idiote qui a mal tourné et qui ne réussit jamais à rien, et maintenant elle n'arrivera DÉFINITIVEMENT jamais à rien parce qu'elle est DÉFIGURÉE!!!!! Mais c'est bien fait pour elle, elle a juste le revers de la médaille après tout, elle est tellement hautaine, à croire qu’elle va finir par devenir une star, elle fait pitié à tout le monde! A TOUT LE MONDE! C'est ÇA que tu vois, AVOUE LE JAMES! SOIS HONNÊTE!"

Elle était écarlate, dans un état second, elle explosait, au bout du rouleau, s'énervant encore plus parce qu'il restait désespérément muet...

"ALLEZ RÉPOND MOI!!!!"

Il n'osait pas répondre, pétrifié, sous le choc de savoir de quelle atroce façon elle se voyait... C'était juste horrible, c'était des calomnies à ses yeux! Il avait envie de lui hurler "ET MOI ALORS JE SUIS QUOI? Le pauvre héritier indigne, la honte de la famille Morgan, le traîne savate mal élevé qui déçoit ses parents à chaque mot, à chaque action, à chaque effort, qui n'a d'autres choix que de se faire manipuler, que de faire comme la tradition familiale le veut? Mais non, je m'enfonce, je les déçois un peu plus, je fuis toujours plus les responsabilités, je m'efforce d'être quelqu'un d'autre parce que je me déteste! Tu vois QUOI en moi Jessie? Ce pauvre naze efféminé et puéril, qui se contente de son sort comme un benêt bienheureux, et qui voit ses rêves se réduire, échecs avec échecs, comme une peau de chagrin? Qui s'attache à des futilités comme des ridicules pogs et des capsules de bouteille que tout le monde juge débiles et inutiles, à mes Pokémons parce que ce sont ma seule famille, à Miaouss et toi parce que je n'ai rien d'autres auquel me rattacher? Moi aussi je peux jouer à ça, mais en réalité y a que TOI qui compte! Je n'ai rien d'autre que TOI, tu es TOUT ce que j'ai et TOUT ce que je veux et je m'en fiche de ton apparence Jessie, je t'aime bon sang, je suis fou amoureux de toi! J'aime ma vie misérable parce que je suis avec TOI, depuis le début, depuis la première fois où je t'ai vu à l'école, dans la bande des bicyclettes, à la télé, quand j'attendais juste la météo toute la journée pour te voir la présenter comme un pied, j'ai rejoint la Team Rocket pour TOI, parce que tu as toujours été mon unique choix de vie, et que sans toi je ne suis rien du tout, sans toi je suis vraiment ce minable fils d'aristocrate indiscipliné et idiot, naïf, qui agit comme un stupide ado rebelle! Je fais le dur et j'accepte tout ce que tu me dis, tout ce que tu me demandes de faire, j'accepte ton comportement exécrable, j'accepte TOUT, juste parce que je t'aime! Alors TAIS-TOI! J'encaisse mais je suis à bout de force, ARRETE!"

Mais il restait immobile, face à elle, réprimant cette vérité horrible et blessante... Il savait qu'elle ne le faisait pas exprès, qu'elle souffrait réellement, tout comme lui...

"RÉPOND MOI ESPÈCE DE LÂCHE!"

Cette phrase... C'en était trop... Elle lui avait déjà balancé à la figure dans la grotte, et il était resté planté face à elle, de la même façon, alors qu'elle n'attendait une seule chose : qu'il fasse preuve d'audace, de courage, pour une fois... Il avait tant envie de revivre cette configuration-là, d'être sur le point de l'embrasser plutôt que de devoir se confondre en compliments qu'elle aurait encore pris pour de l'hypocrisie... Il se sentait tellement mal, presque honteux, sans même savoir pourquoi, touché en plein cœur et alors il s'avança vers elle, au bord de l'arrêt cardiaque, la tête qui tourne, dans une autre dimension, ne sachant plus ce qu'il faisant, osant enfin, il s'approcha un peu plus et passa ses doigts sur sa nuque entre ses cheveux longs qu'il caressa doucement... Il avait tant envie de lui dire qu’elle était belle, mais ça ne servait à rien et pourtant il ne trouvait rien d’autres car c’est ce qu’il pensait, et la seule chose qu’elle avait besoin de croire… Elle ne bougeait pas, stupéfaite, décontenancée, et alors il serra ses doigts plus fort dans ses doux cheveux roses, les saisissant fermement, il clôt ses paupières dans un mouvement lent et précis et il posa ses lèvres contre celles de Jessie qui à ce contact frémi, comme si elle avait reçu une décharge électrique, et elle ferma ses yeux à son tour, laissant s'échapper ses larmes et se senti complètement étourdie....

Les lèvres de son équipier étaient tellement douces, chaudes, agréables, fougueuses... C'était mieux qu'une réponse, c'était la seule chose qui pouvait la sortir de cet état de dépression post-traumatique, elle ne pouvait plus y croire, elle se détestait tellement, elle s'était tant persuadée qu'il restait près d'elle par pitié, qu'elle devait le dégoûter, autant qu'elle se répugnait elle-même... La terre sembla cesser de tourner dans une secousse qui les fit chavirer et le dos Jessie cogna contre le mur tandis que James continuait de l'embrasser, de dévorer ses lèvres toutes abîmées, surmontées de points de sutures froids, mais il s'en fichait, c'était les lèvres de Jessie, sa Jessie, sa princesse, il les lui mangeait avec tendresse : c'était la seule façon qu'il avait de traduire son amour sans parler. 

Et elle lui rendait son baiser, comme un remerciement, comme pour lui dire qu'elle l'aimait elle aussi, l'enlaçant de toutes ses forces... C'était comme un deuxième premier baiser, comme s'ils se découvraient à nouveau... Il caressait sa joue boursouflée, ses cicatrices, le tour de son œil gonflé, puis descendit ses mains le long de son menton, son cou, sa nuque, ses épaules, de son dos, et les passa sous sa robe de chambre, caressant ses fesses parfaites, tremblant de désir pour elle… Il avait tant envie d’elle et à la seule pensée de cette nuit d’amour dans la grotte il sentait son sang affluer entre ses jambes, l’embrassant comme un dingue en laissant ses doigts incertains divaguer sur son corps… Et elle le laissait faire, ne pensant plus à rien : elle se sentait belle à nouveau, désirée, elle se voyait comme elle était avant à travers les caresses de son équipier qui faisait totalement abstraction de ses blessures, parcourant son corps délicatement et bientôt sa robe de chambre tomba à terre et elle était là, complètement nue face à lui, exposant son corps mutilé tandis que l'eau déborda de la baignoire... 

Il la trouvait tellement belle, gracieuse, sexy, il avait envie d'embrasser chaque infirme parcelle de sa peau de porcelaine afin qu'elle s'accepte à nouveau, qu’elle se sente mieux dans sa peau, de la plaquer contre le mur, de lui faire l'amour comme un fou...

Jessie sursauta alors et se fit happer à nouveau par la réalité, regardant ses blessures en rougissant et remit sa robe de chambre, confuse, avant de se précipiter vers la baignoire pour éteindre le robinet...

Elle regarda son équipier, gênée, les joues brûlantes, et James n'eut pas envie d'insister : c'était déjà énorme pour lui, ce baiser et fait qu'elle ait oublié tout ça un instant dans ses bras...

Flash back 9 : Je t'aime... moi non plus

 

Miaouss ouvrit la porte, un peu hésitant et vit ses équipiers en uniforme dans le salon ainsi que Jolene, avec les affaires prêtes, empaquetées. Il s'approcha un peu et salua la jeune femme sans la déranger : elle était en train de maquiller Jessie qui se laissait faire tandis que Banshitrouye la faisait rire mais elle s'efforçait de rester sérieuse. La jolie blonde mélangeait les pigments sur sa main, puis elle trempa un peu le gros pinceau dans le fond de teint avant de l'étaler sur le visage de la jeune sbire aux cheveux roses. 

"C'est exactement la même teinte, ferme les yeux..."

James avait eu l'idée brillante d'appeler la jeune femme à la rescousse afin qu'elle aide Jessie à se sentir mieux dans sa peau pour la reprise, après de vaines tentatives de la faire s'accepter au naturel.

Banshitrouye faisait des grimaces derrière Jolene, tout en surveillant ce qu'elle faisait à sa dresseuse sous le regard attendrit de James et Miaouss.

Son amie s'appliquait afin de rendre Jessie présentable mais au fond d'elle, elle était littéralement mortifiée de voir le jeune homme si attentif au sort de son équipière... Ça devenait compliqué : elle pensait qu'elle pourrait réprimer ce qu'elle ressentait très facilement, mais la réalité était tout autre... Elle était terriblement jalouse. Cependant, voir James heureux était le plus important, son seul but, alors elle faisait de son mieux, camouflant les blessures de Jessie de cette pâte opaque.

"Voilà, c'est fini, je vais appliquer la poudre afin de rendre le résultat naturel et après tu pourras te voir!"

Jessie loucha vers son Pokémon, la mine inquiète, et la citrouille lui répondit d'un sourire sincère dans un geste rassurant, pour lui dire que c'était une réussite, de même que son équipier. 

Miaouss était tout attentif lui aussi, mais néanmoins prêt à s'enfuir si Jessie ne trouvait pas le résultat à la hauteur de ses attentes et piquait une crise... 

Jolene tourna doucement le miroir et Jessie s'examina sans un bruit après un bref geste de recul, stupéfaite. Tous étaient pendus à ses lèvres...

"C'est... bluffant."

Un soupir de soulagement s'échappa des lèvres de James qui avait placé tous ses espoirs dans ce banal maquillage.

"Mais..."

Oh non, qu'allait-elle dire... Son éternelle insatisfaction allait probablement être de la partie, et son équipier se préparait déjà à une remarque désobligeante, de même que Miaouss...

"... comment je vais faire pour reproduire la même chose quand je serais toute seule?"

James sourit, terriblement rassuré, et Jolene répondit, heureuse que ça lui plaise

"Je te laisse tous les produits ainsi que cette petite feuille explicative que j'ai griffonné pour toi..."

Jessie prit la dite fiche entre ses mains, émue. 

"Merci..."

Elle était toute chamboulée et tellement soulagée de pouvoir partir sereine en mission... Elle s'admira un peu et posa le miroir sur la table.

"Bon... et bien je crois qu'on est de retour..."

James était tellement heureux qu'il ne put s'empêcher de trépigner 

"Pour vous jouer un mauvais touuuur!"

-

Miaouss escalada la nacelle le premier et leva la tête vers le ballon d'un air nostalgique, comme s'il retrouvait un vieil ami... C'était un peu idiot mais reprendre le travail leur donnait une impression de revenir à la normalité et de balayer cette expérience effroyable comme si elle n'avait jamais existé. James déposa le sac à l'intérieur en y entra également, hésitant, alors que Jessie ferma doucement la porte à clé et s'approcha de ses amis en pénétrant le ballon à son tour 

"Qu'est-ce que vous attendez? Cap sur Bourg Palette Miaouss, et plus vite que ça..."

James sourit... Il avait envie de la serrer dans ses bras et de l'embrasser, mais il devait se contenir, elle se la jouait chef et le chat ne devait pas savoir ce qu'il se passait entre eux... Miaouss esquissa alors un petit rire : elle ne changera décidément jamais... et c'était tant mieux.

-

"Hm..." Jessie espionnait le sol de ses jumelles à la recherche de quelques choses d'indéfini pouvant susciter son intérêt de voleuse aux côtés de son équipier qui, lui, regardait le paysage défiler sans grande conviction, s'inquiétant encore et toujours pour son équipière...

Miaouss vit quelques choses le premier

"Eh r'gardez y a un festival là en bas!"

Le jeune homme observa à son tour, s'extirpant doucement de ses rêveries : il adorait les festivals pour leur légèreté et leur côté magique, réveillant son âme d'enfant frustré et ses pensées dévièrent alors sur la fête de la plume et à son rêve abouti de posséder un Eoko, avant de rebondir sur le sort de son Pokémon chéri qui devait être chouchouter chez ses grands-parents, tandis que sa comparse ne pensait qu'à l'argent qu'elle pourrait se faire en ouvrant un stand quelconque, grâce à ces imbéciles heureux qui dépensent sans compter avec leurs mioches...

"C'est quoi au juste...?", demanda Jessie. Miaouss ne parvenait pas à voir plus précisément ce que cela pouvait bien être étant donné qu'ils étaient trop haut et que de fins nuages diffus brouillaient leur vue du sol...

"Bah on est quel jour...?", demanda James

Les amis se dévisageaient comme des idiots... n'ayant aucune idée de quel jour ils pouvaient bien être, complètement chamboulés depuis quelques semaines...

"Bon, où sommes-nous?" 

Ils croisèrent leurs regards une fois de plus, l'air interrogatif et totalement hagard, avant que les altocumulus ne se dissipent quelques peu et que Jessie ne lève le voile pour tout le monde

"C'est la fête des princesses!"

"Super, on y va!", s'enthousiasma Miaouss

Mais la jeune femme semblait perturbée : elle avait toujours détesté cette fête idiote, -bien que le jour en lui-même lui permette de justifier pour une fois dans l'année son comportement de diva égocentrique et lui autorise à être dépensière- et cela lui ravivait un peu plus son douloureux passé qu'elle essayait de contenir pour ne pas sombrer, surtout aujourd'hui...

"Non ce n'est pas une bonne idée, on n'a pas qu'ça à faire...", lâcha-t-elle sèchement à son équipier.

James hésitait... Ça lui ferait probablement du bien de voir du monde, de s'acheter une nouvelle robe ou de manger quelques choses de bon... Mais d'un autre côté tout ce monde, cette foule oppressante, ce concours de beauté...

"Ehhhh mais qui êtes-vous et qu'avez-vous fait à Jessie?!"

"Je n'ai pas envie Miaouss, alors tu la fermes et tu pilotes cette fichue Montgolfière là où j'te l'dirai et sans l'ouvrir jusqu'à c'que j't'ai sonné, c'est CLAIR?"

Le chat haussa les épaules, habitué à ces remontrances, tandis que James préférai rester à l'écart de cette altercation futile.

"Mouais, tu sais que tu gagneras pas c'est pour ça!"

Le gosse de riche tiqua : pourquoi cet imbécile avait-il dit ça? Après tous les efforts qu'il déployait depuis des semaines pour lui faire reprendre confiance en elle, il la provoquait! Mais pourquoi!? Il était complètement inconscient : c'était quitte ou double, et malheureusement elle était tant à fleur de peau ces derniers temps qu'il avait peur de sa réaction, et se préparait déjà à accuser le coup... Elle était toute rouge de rage et alors elle se tourna vers le félin bipède, les poings et la gorge serrée, prête à hurler... mais ne répondit pas et préféra tourner la tête pour bouder, sous le regard protecteur de James qui semblait envoyer des éclairs en direction de Miaouss.

"Bah ouais c'est bien c'que j'pensais..."

Et le Pokémon ricanait, lâchant un clin d'œil complice à son équipier qui n'était pas sur de comprendre l'étendue de son plan... S'il savait de quoi Miaouss était capable! Il n'aimait pas vraiment montrer à quel point il aimait ses amis, par pudeur peut-être, ou parce qu'il était terriblement attaché à leurs petits jeux de chamailles incessantes et qu'il n'appréciait pas vraiment être trop sérieux, en tout cas il était toujours le premier à créer des sortes "d'effet papillusions" en douce, en provoquant des situations, en les persuadant subtilement...

Le silence régnait dans la montgolfière tandis que James se décomposait en voyant que Jessie réfléchissait : son joli petit nez retroussé, ses sourcils froncés, son doigt sur ses lèvres rouges pincées, le regard sondant l'horizon... Ça ne présageait rien de très bon en général. Elle se releva doucement

"Descend Miaouss, je veux voir le premier prix..."

James tressaillit quelques peu. Elle voulait voir le premier prix... bon sang, dans quoi s'embarquaient-ils encore? 

"Ah bah voilà, ça c'est notre chef!!"

Miaouss était ravi d'avoir convaincu la jeune femme : quoi de mieux qu'un concours de beauté pour que son équipière et amie reprenne confiance en elle? Elle avait beau être amochée, c'était une battante, du genre à ne jamais lâcher le morceau !

Jessie esquissa un petit sourire... Elle était touchée par le comportement de son ami et elle ne pouvait surtout pas se démonter face à une telle provocation... mais dans le fond elle n'était pas vraiment convaincue de la suite des événements...

-

James stressait dans les gradins, trépignant fébrilement, aux côtés d'un Miaouss placide en apparence mais tout autant angoissé, regrettant presque d'avoir poussé son amie dans ce qu'il prenait désormais pour une fosse aux lions, déjà prêts à l’encourager encore plus fort que lors du concours de reine de Kalos en espérant qu’elle ne soit pas trop déçue si elle venait à perdre… tandis que Jessie se tenait droite au milieu des autres candidates derrière le rideau encore tendu, empaquetée dans un kimono orange trop serré et les cheveux tirés en queue de cheval surmontés d'un épais headband doré orné d'une boucle représentant un soleil. 

Elle avait les mains moites, la gorge nouée et le visage brûlant, et elle ne cessait de lorgner sur son reflet dans son miroir de poche, de peur que son maquillage ne coule et ne dévoile son vrai visage tuméfié...

« Mesdames et messieurs, le concours pour désigner la gagnante de la fête va bientôt commencer et l’ambiance est chauuuuuude cette année, qu’en pensez-vous mon cher Brad ? »

Cet imbécile de star d’Hollywood, invité spécial de cette traditionnelle sauterie, se fichait pas mal de ce concours et ne pensait qu’à faire la promotion de son dernier film « La belle et l’Oursaring ».

« Effectivement c’est très chaud et je pense que ma présence y est pour beaucoup… » Il termina sa stupide réplique en un sourire ultra-bright vers la caméra sous les cris aigus de ses groupies présentes dans le public qui assourdissaient James et Miaouss, enragés par ces braillements d’adolescentes en rut ridicules… Et le présentateur reprit, ressortant les mêmes règles idiotes chaque année depuis 10 ans 

« La gagnante de notre concours devra avoir la prestance d’un Lippoutou, chanter comme un Rondoudou et avoir la démarche gracieuse d’un Mystherbe ! Et voici les candidates ! »

L’épais rideau se souleva doucement sous le tonnerre d’applaudissement, et James et le félin perfide se crispèrent, des gouttes de sueurs perlant sur leurs fronts, devant ce suspense interminable tandis que Jessie trouvait cette entrée en matière trop rapide, et elle serrait les dents, louchant vers ses rivales d’un jour qui lui paraissait toutes bien plus jolies qu’elle, se sentant comme un monstre ayant usurpé son ancienne identité…

Et les garçons la virent alors…

« Waw… » Miaouss était stupéfait car elle était vraiment sensationnelle vêtue de la sorte, encore plus que lors de sa dernière participation, et il se disait que ce devait être la coiffure… Une simple queue de cheval haute lui allait bien mieux que cette drôle de houppe laquée qu’elle avait l’habitude d’arborer.

A la vue de son équipière, le cœur de James fit un bond : elle était sublime, il n’avait d’yeux que pour elle et se demandait même à quoi pouvait servir ce concours ! C’était évident que Jessie gagnerait si la beauté était le seul critère car elle était largement plus belle que toutes ces pimbêches… mais probablement pas meilleure dresseuse… Il tenait fermement ses pompons, prêt à l’encourager quoi qu’il arrive.

« Elles sont toutes plus splendides les unes que les autres, n’est-ce pas Brad ? »

L’acteur de navets commerciaux se tourna vers la caméra

« Hm, moui, elles sont ravissantes… »

« Et voici le premier prix de cette année : un magnifique et prestigieux service à thé complet en porcelaine fait main et unique au monde, il n’y en a pas deux semblables ! »

Les yeux de Jessie balayèrent le dit prix : chaque tasse représentait un Pokémon, il y avait Pikachu, Mélofée, Salamèche, Carapuce, Lippoutou, Leveinard, Têtarte, Rondoudou, Bulbizarre et Ramollos, et la théière représentait un Donphan dont la trompe servait à verser le thé. Ce présent ne l’intéressait pas vraiment mais elle tenait quand même à gagner, comme un défi personnel, pour se prouver à elle-même et surtout à Miaouss qu’elle n’était pas une dégonflée. James, par contre, trouvait ce service tout à fait ravissant et se voyait déjà préparer un bon thé noir chaud à sa Jessie chérie dans ce Donphan en porcelaine, et lui servir ce breuvage dans la tasse Mélofée, ou peut-être celle en forme de Salamèche vu son tempérament flamboyant, il hésitait encore… Il prendrait surement une tasse pour chaque jour de la semaine, éliminant Lippoutou, Ramollos et Bulbizarre pour ne pas la vexer…

« Ainsi qu’un ticket de cinéma pour m’admirer sur grand écran, les filles ! », lâcha Brad, prétentieux au possible, encouragé dans son délire narcissique par ces idiotes dans l’assemblée.

Jessie cherchait ses équipiers des yeux dans la foule en délire, ayant besoin d’un petit peu de réconfort, ne parvenant pas à calmer son anxiété…

« Que toutes les candidates préparent leurs Pokéballs ! »

L’organigramme apparu alors sous le regard inquiet du trio qui ne savait pas à quoi s’attendre du tout…

« Chaque dresseuse a droit à quatre Pokémon par match, pas un de plus ! »

Jessie n’avait que Qulbutoké et Banshitrouye, ce qui était un réel désavantage, alors ses équipiers descendirent de l’estrade sans un bruit afin de lui prêter main forte : James lui prêterai Sepiatop et Miaouss participerait également.

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« STEELIX A L’ATTAQUE »

« BANSHITROUUUUYE LANCE VIBROBSCUR! »

« VAS Y JESSIIIIIIIIIIE T’ES LA MEILLEURE !!!!!!!!! »

James criait comme un fou dans les gradins en agitant dans les tous les sens ses pompons de cheerleader, ne contrôlant plus ce qu’il faisait et gênait tous les pauvres gens qui étaient placés à côté de lui en les chatouillant de ces épaisses franges tandis que la jeune femme rougissait et était déstabilisée par ces cris d’encouragement si mignons et en même temps un peu gênants…

« TU PEUX GAGNER, T’ES LA PLUS BELLE MON AMOUR !!! » Il était trop fier d’elle : elle faisait énormément d’efforts, n’étant pas très douée pour les combats Pokémons, mais elle le surprenait, faisant preuve de stratégies qui se révélaient plutôt efficaces…

« C’est ma copine ! » James était un peu trop emballé et étalait sa vie privée à ses voisins de gradin, faisant de grands gestes grandiloquents pour qu’elle se sente en confiance…

« GALIFEU LANCE FLAMMEEEE! »

« ALLEZ MIAOUSS A TOI, ESQUIVE ET SAUTE, ET MAINTENANT COMBOT GRIFFEEEEEEE ! »

« BOGUERISSEEEEE JE TE CHOISI ! »

« SEPIATOP A L’ATTAQUE UTILISE RAFALE PSY !!! »

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Jessie monta dans l’organigramme, sortant triomphante de tous les affrontements. Elle était désormais en finale et Miaouss était livide aux côtés de Qulbutoké et Banshitrouye, qui avaient tous les trois échoués face à cette jeune dresseuse de Céladopole, tandis que Sepiatop résistait encore face à Lohklass, épuisé... James serrait les poings, inquiet, essayant d'anticiper les attaques et d'encourager Jessie du mieux qu'il le pouvait...

« VAS Y JESSIE TU PEUX LE FAIRE !!!! »

"Sepiatop, rafale psy encore une fois..."

"Lohklass FATAL FOUDRE!"

Jessie était à bout de force, elle en avait marre de ce satané Pokémon qui connaissait des attaques de tous les types! Elle avait déjà difficilement éliminé ce gros Nidoking qui lui avait couté Banshitrouye et Miaouss et voilà que ce Lohklass avait réussi à percer la riposte de Qulbutoké et surpris Sepiatop avec plusieurs attaques improbables... Elle était à cour, Sepiatop ne connaissait que très peu d’attaques…

James était hors de lui, effrayé pour son Pokémon qui se prenait une raclée et encore plus pour son équipière qui s’agitait dans tous les sens, trempée de sueurs, et dont le maquillage commençait à s’estomper… Elle allait perdre, ce Lohklass était bien trop puissant et il ne voulait pas voir ça, il ne pouvait pas se résoudre à un tel fiasco alors que Jessie avait si bien commencé ! Il commençait à en vouloir à Miaouss de l’avoir provoqué, à s’en vouloir à lui-même pour n’avoir pas protesté, il n’avait pas su la protéger…

« Sepiatop esquive !!! »

Mais il n’avait rien pu faire : le petit Pokémon tomba au sol tout électrisé, au rythme des cris perçants de la foule en délire, plaintif mais pas KO, sous les encouragements terrifiés de son dresseur qui avait l’impression d’être dans un terrible cauchemar et alors Jessie se précipita à sa rencontre

« Est-ce que ça va? » Le Pokémon acquiesça et se releva dans un ultime effort, sachant pertinemment qu’il avait un enjeu énorme sur les épaules, et se plaça à nouveau face à Lohklass, fier et battant, prêt à en découdre.

« Alors Sepiatop, RAFALE PSY MAINTENANT !!!!! »

« Lohklass ATTAQUE LASER GLACE !!!! »

La jeune femme senti son cœur se serrer à la vue du jet glacé qui allait s’abattre sur le pauvre poulpe fébrile et annoncer sa défaite alors que Lohklass avait brillement esquivé l’attaque rafale psy, mais elle ne pouvait pas s’y résoudre, elle ne pouvait pas perdre ce concours, et alors elle sauta sur le terrain, inconsciente, pour protéger le Pokémon de son amant et se protéger elle-même d’un échec cuisant, ne sachant plus ce qu’elle faisait, prête à accuser cette violente attaque tout droit sorti de la gueule de ce menaçant rival …

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!! »

Les battements du cœur de James résonnaient à tout rompre dans sa tête tandis que l’attaque se rapprochait de Jessie et allait bientôt l’atteindre…

 

« MAIS QUE FAIT JESSIE MES AMIS, C’EST INNATENDU ELLE SAUTE SUR LE TERRAIN POUR PROTEGER SON POKEMON !!!! »

Le présentateur, la dresseuse adverse, le public, toute l’assemblée se leva, sous le choc, la bouche déformée par un stress panique, tremblotant et ahuri, et alors James n’écouta que son cœur, guidé par un instinct amoureux, défensif, n’étant plus lui-même, perdant l’esprit en voyant déjà Jessie devenir un glaçon dur comme la pierre et ses artifices disparaitre, être éliminée sous les regards remplis de jugements de tous ces gens, non, il ne pouvait pas rester immobile, il ne pouvait pas la laisser se donner en spectacle de la sorte, il l’aimait trop…

« NOOOOOOON JESSIE !!!!!!!!!! »

et alors il sauta des gradins, dans la foule, écrasant comme une crêpe la permanente d’une dame qui était au premier rang

« HEYYYYY MAIS CA VA PAS !! » Et il sauta la barrière de sécurité au ralenti et courut sur le terrain à son tour, perdant le sens de la réalité, poussant Banshitrouye qui restait plantée là, sous le choc, tétanisée, il sauta sur Jessie, et elle s’écrasa au sol sous son poids alors qu’il accusa violemment le coup, se prenant le laser glace de plein fouet, et il senti son corps s’engourdir, se glacer, son cœur tressaillir, la douleur le transpercer… 

« JAAAAAMES !!! »

« ARRETEZ LE MATCH !! ARRETEZ LE MATCH !!!! »

Le présentateur sauta de son estrade, nerveux, terrorisé, et couru vers le terrain, pris d’un élan de panique tandis que les gens criaient, se dissipaient…

« Il faut appeler une ambulance… »

« James regarde-moi !!! »

Jessie tapait l’épaisse couche de givre qui enveloppait son équipier, faisant trainer son lourd kimono sur le sol poussiéreux, dans un état de choc, alors que Miaouss, Banshitrouye, Qulbutoké et Sepiatop restaient muet, tout comme la jeune dresseuse, rongée par la culpabilité aux côtés de son Lohklass qui pleurait, se sentant comme un criminel, un meurtrier…

C’était un vrai cauchemar : cette banale fête des princesses avait tourné au drame et voilà que Jessie se mit à sangloter, dévoilant son vrai visage tandis que son maquillage coulait sur son beau visage, effrayée par tous ces cris, sous les regards paniqués du public qui courrait dans tous les sens, se rapprochant des barrières de sécurité…

« APPELEZ UNE AMBULANCE !!! »

Et son équipier restait figé dans la glace que le Galifeu d’une dresseuse essayait de faire fondre…

Sepiatop hurlait, tétanisé lui aussi, de même de Banshitrouye, Qulbutoké et Miaouss, qui culpabilisait à mourir, et Jessie pleurait à chaudes larmes sans pouvoir s’arrêter… Pourquoi avait il fait ça ? Elle voulait juste pousser Sepiatop, il l’avait fait perdre, non, c’était impossible, elle allait gagner ! Elle se refusait à voir l’évidence, à ouvrir les yeux et voir qu’il l’avait sauvé, qu’elle aurait subi le même sort funeste que lui en restant face au laser glace, bornée. Il l’avait fait perdre, il s’était interposé, il avait encore décidé à sa place, c’était insupportable, et voilà qu’on pouvait clairement distinguer ses blessures sur son visage livide… C’en était trop, elle voulait mourir, disparaitre, elle aurait préféré s’éteindre dans ce bunker sous la torture plutôt que de devoir affronter tous ces gens qui se bousculaient pour voir ce morbide spectacle comme des vautours…

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Jolene attendait dans la salle d’attente de l’hôpital, au bord de la crise de nerfs : ils venaient à peine de sortir de cet enfer et cette idiote de Jessie avait encore attiré James dans une sale situation ! Il se retrouvait encore blessé, dans un service de soins, mais sérieusement, ça la rendait folle : c’était de la faute de Jessie, depuis le début, c’était à cause de sa lettre et de sa famille de cas sociaux que celui qu’elle aimait en secret souffrait autant et s’en prenait plein la figure juste pour elle, parce qu’il l’aimait mais c’était n’importe quoi ! Elle fixait Jessie qui tenait un gobelet de thé trop chaud, en soufflant fébrilement dessus, les yeux se noyant dans ce liquide verdâtre, ne pouvant pas penser à autre chose qu’à sa défaite, qu’aux jugements des gens choqués devant son visage, se sentant presque comme Quasimodo sur la place publique quand il s’avéra qu’il ne portait pas de masque…

« Vous pouvez aller le voir… »

Jessie tourna la tête vers Jolene qui n’avait qu’une envie : celle de s’engouffrer dans la chambre et de serrer son ami contre elle, de lui dire tout ce qu’elle pensait, qu’elle l’aimait et de l’embrasser passionnément comme elle en rêvait depuis la première fois où elle l’a vu monter sur cette estrade dans la salle de l’académie, mais elle ravala son utopie stupide et resta immobile pour laisser Jessie y aller en premier.

« Vas-y Jolene, je vais rentrer. »

La jeune femme aux cheveux roses était au bout du rouleau, épuisée et dépressive, et elle sorti de l’oppressante salle blanche et verte toute moche dont les murs abîmés étaient jonchés de propagande anti-tabac et prônant les bienfaits du lait maternel, et elle frémit en sentant l’air froid de dehors sur sa peau tiraillée par ses larmes qui avaient séchées…

« On s’en va Miaouss. »

« Il va bien ? », demanda le chat, inquiet et ne comprenant pas la réaction de son équipière

« Oui il va bien, mais moi non. Je veux rentrer je suis trop fatiguée. »

Le chat n’insista pas plus et escorta son amie jusqu’au ballon sans un mot…

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Jolene toqua doucement à la porte et entra en entendant la douce voix de James au travers du bois peint en blanc

« Entrez… »

Il avait le cœur qui battait la chamade, s’attendant à voir celle qu’il aime passer le seuil de sa chambre, il la voyait déjà s’avancer vers lui en pleurant « Je suis désolée… » et il l’aurait accueilli dans une étreinte, lui disant que c’était lui qui était désolé, qu’il aurait dû l’empêcher de participer à ce stupide concours, qu’elle n’avait pas besoin de ça pour prouver aux autres ce qu’elle valait, et alors il lui aurait dit qu’il l’aimait plus que tout, et il se serait levé difficilement avant de se mettre à genoux dans sa blouse d’hôpital sur le sol froid et blanc, devant la femme de sa vie, et il l’aurait demandé en mariage pour qu’elle se sente unique et aimée… « Je t’aime Jessica et je veux officialiser notre amour, je suis fier de toi, j’ai envie de crier à tout le monde ! » Il n’avait pas de bague mais tant pis, il lui en aurait volé une plus tard, il aurait…

« Bonjour Jim… »

« Jolene… ? »

Il était terriblement déçu mais ne se démonta pas

 

"Où est Jessie?"

 

Aux toilettes, en train de parler avec le médecin, il s'imaginait tout et n'importe quoi mais...

 

"Elle est parti, elle ne se sentait pas très bien."

 

...pas à ça. Pas très bien? Son sourire retomba et se déforma peu à peu. Il l'avait sauvé, encaissé à sa place, il avait risqué sa vie pour elle et elle était partie? Parce qu'elle ne se sentait pas très bien? Il était dégoûté, triste, fou de rage et blessé moralement, bien plus que par l'effet dévastateur que ce laser glace avait eu sur lui et qui allait le plonger dans de longues semaines de traitement... Elle était... partie... comme ça, sans même prendre la peine de venir le voir, sans même savoir s'il allait bien... Il se sentait rejeté comme une vieille chaussette, comme s'il n'était rien pour elle! Elle était tellement égoïste, il lui en voulait terriblement et se sentait comme un abruti, comme la victime d'un complot, elle était trop cruelle, trop méchante et injuste! Il commença à pleurer, a ravaler ses hurlements, il avait envie de tout casser, de briser cette table roulante de malheur qui était près de son lit, il voulait tout péter, envoyer valser le fauteuil blanc dans les murs, briser la fenêtre, tout mettre sens dessus-dessous pour calmer ses nerfs et sa rage, il était à bout, il la détestait, il détestait son comportement égocentrique, elle ne pensait qu'à elle alors qu'il encaissait tout, qu'il faisait tout pour qu'elle aille ne serait-ce qu'un centième mieux chaque jour! Il était épuisé, au bout du rouleau, il avait mal partout, la fièvre le rendant somnolent et faible, et il pleurait à chaudes larmes, explosant littéralement devant Jolene qui ne savait plus où se mettre, qui tressaillait devant l'évidence : il aimait Jessie et elle n’aurait jamais aucune chance... 

 

"James est ce que ça va?..."

 

Elle avança timidement et s'assit au pied du lit en regardant d'une mine triste son ami replié sur lui-même, le visage enfouie dans ses mains tremblantes, pleurant dans ses cheveux lavande, gémissant de douleur mais ce n'était pas la fièvre ni la peine physique qui lui faisait perdre pied... Jessie ne l'aimait plus, il le comprenait soudainement, elle ne l'avait probablement jamais aimé. Comment avait-il pu y croire...? C'était bien elle en fin de compte : elle s'était laissée faire par seul désir charnel et c'était tout. Elle n'avait jamais aimé personne d'autres qu'elle même de toute façon, tout ce qui l'importait chez les autres c'était l'image qu'elle renvoyait, et elle n'avait jamais hésité à l'abandonner, à partir pour sa carrière ou avec un autre, avec un parfait inconnu comme ce stupide docteur niais ou cet Alexandre et lui, comme un con, il l'aurait laissé partir... pour qu'elle soit heureuse! Parce qu’il l’aime, comme un idiot ! Avec le recul et la fièvre n'arrangeant rien il commençait à être dégoûté d'elle, à voir clair dans ses petits jeux : elle le rabaissait tout le temps, lui parlait mal, le prenait pour un moins que rien, elle le forçait à aller contre ses principes et sa volonté, elle s’en fichait de lui, de ce qu’il pouvait ressentir, c'était à cause d'elle qu'il avait abandonné Empiflor comme un malpropre…

"James..." Jolene se sentait terriblement mal et ça lui était insupportable de le voir comme ça...

"J'en peux pluuuus..." Jolene posa sa main sur son genou tremblant sans un mot et alors il reprit 

"Comment elle peut me faire ça, Jolene...COMMENT ELLE PEUT ME FAIRE CA? JE L’AIME TELLEMENT QUE CA ME FAIT MAL…" 

La jeune femme avait une boule dans la gorge et elle ne savait pas quoi répondre...

 

-

Jessie se mettait du vernis à ongles en regardant un film avec Banshitrouye à la télévision dans le vieux salon quand Jolene sorti de la chambre sans un bruit et pénétra la pièce sur la pointe des pieds.

« Tu ne dors pas ? »

Jessie sursauta, ne l’ayant pas entendue venir et déborda sur son doigt

« C’est malin, à cause de toi je vais devoir recommencer ! »

« Banshiiiiii !! »

L’imposante citrouille imita l’air de sa dresseuse et croisa ses sortes de longs cheveux orange tandis que Jessie croisa les bras en même temps, synchronisées.

« James s’est enfin endormi… Il reste du poisson… ? »

Jessie prenait soin d’éviter le regard de la jolie blonde qui semblait avoir élu domicile parmi eux depuis que James était rentré de l’hôpital. 

« Si tu as le courage de manger du Magicarpe, oui, il en reste, mais ce n’est qu’un tas d’arrêtes et d’écailles… »

Jolene sentait que la jeune sbire était agacée par sa présence alors elle préféra passer au-dessus de cette ambiance malaisante et se dirigea vers la cuisine à la recherche de quelques choses d’un peu meilleur que du Magicarpe flambé…

Cela faisait plusieurs jours qu’elle s’occupait de son ami et que Jessie s’isolait dans son coin avec son Pokémon, envoyant paître Miaouss et ne prêtant nullement attention à son équipier souffrant… Un fossé s’étendait entre eux, de plus en plus, et Jolene profitait allègrement de cette situation, décuplant ses attentions envers James, lui apportant tout le soutient et l’affection dont il manquait en l’absence de sa Jessie qui semblait se fiche complètement de son sort, passant son temps à agir comme si tout était normal avant de pleurer toutes les nuits dans le plus grand secret contre Banshitrouye dans le canapé, tandis que la jeune surdouée avait pris sa place dans la chambre qu’elle partageait habituellement avec son équipier…

« Non, mais tu peux pas faire moins de bruit ? »

Jessie était vraiment saoulée, elle ne supportait plus le moindre son grinçant, le moindre sursaut la faisait tressaillir et alors elle se glissa un peu plus sous le plaid et se blotti contre son Pokémon tandis que Jolene referma le placard tout doucement et retourna dans la chambre sans avoir mangé…

La situation semblait ne pas pouvoir être pire et pourtant…

-

«Tu es prêt Jim ? »

« Oui… »

Jolene enleva ses mains, impatiente de voir sa réaction, et James découvrit ses grands-parents adorés face à lui, encadrés par l’écran d’ordinateur.

« Pépé !!! Mémé !!!! »

Le jeune garçon était tout content, les yeux embués, aux anges ! Il s’assit mieux sur le lit et se rapprocha plus près, ne contrôlant pas son large sourire enfantin tellement mignon…

« Bonjour mon petit James, comment vas-tu ? Ton adorable amie Jolene t’as concocté une jolie surprise et nous sommes complices, nous plaidons coupable ! »

Ses yeux s’illuminèrent alors

« Une surprise ? »

Il regardait l’écran sans quitter cet air béat et malicieux avant de replonger dans l’obscurité…

« Eoko ! »

Il avait compris à la seconde où cette douce caresse lui avait encerclé le visage et il se mit à pleurer, fou de joie, en caressant la longue queue de son Pokémon qu’il aimait tant

« Oh mon Dieu… »

Le petit carillon desserra son étreinte et vint se frotter affectueusement contre la joue du jeune sbire qui sanglotait, les yeux remplis d’étoiles sous le regard attendrit de ses grands-parents et de Jolene qui avait préparé ce plan génial pour lui remonter le moral.

« Je suis tellement heureux… Merci Jolene, merci infiniment… Pépé, mémé, merci à vous aussi de l’avoir transféré, je suis si ému, merci à vous tous, je vous aime tellement fort… »

Et il serait plus fort son Eoko contre son cœur alors qu’il faisait résonner sa clochette réconfortante.

« On a du pain sur la planche ici mon petit James, nous avons des Pokémons qui ont besoin de nous alors nous allons raccrocher maintenant… A bientôt et prend soin de toi et de ce petit trésor ! »

« Merci encore, à bientôt… », Murmura-t-il en essayant ses larmes en leur faisant coucou comme un enfant…

Jolene était bouleversée… « Je vous aime tellement fort », qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Elle ne détachait pas ses yeux de son ami dont elle était follement éprise et qu’elle ne cessait de couvrir d’attentions particulières…

« Jolene tu es extraordinaire, je suis sans voix, je ne sais pas comment te remercier… »

La jeune femme avait sa petite idée mais elle n’osait rien dire ni rien faire, et pourtant elle était folle d’impatience, elle se contenait depuis des jours, quand elle l’aidait à se laver, à s’habiller, elle lorgnait sans arrêt sur son corps d’éphèbe en restant impassible, elle se démenait pour lui décrocher une esquisse de sourire tellement elle le trouvait mignon et irrésistible quand il était heureux… 

Il s’était disputé avec Jessie aujourd’hui : il lui avait dit qu’elle n’était qu’une sale égoïste, qu’il la détestait… Et elle n’avait répondu qu’une petit phrase provocatrice en détournant son regard empreint de méchanceté, un truc du genre « Ouais, c’est ça… »

Il était tellement triste, tellement déprimé, il attendait juste une réaction mais elle était tant tyrannique qu’elle s’était murée dans le silence, comme toujours, et elle était retournée devant un téléfilm dramatique stupide comme si de rien n’était… La présence d’Eoko lui faisait tellement plaisir qu’elle avait réussi son coup, indéniablement. Elle n’avait pas l’habitude de se contenir autant avec les garçons : elle était d’ordinaire entreprenante et sûre d’elle, mais là c’était différent, ce n’était pas une simple attirance ou une amourette de vacances. Jolene ressentait quelques choses qu’elle n’avait jamais connu auparavant, elle avait envie de tout faire pour qu’il se sente bien, s’oubliant elle-même, elle l’aimait terriblement mais il y avait ce blocage, cette satané Jessie, cette sale peste qu’elle ne pouvait pas voir en peinture…

« Tu as faim ? Je vais te préparer un plateau avec une petite gamelle de nourriture Pokémon pour Eoko, qu’en penses-tu ? »  

Elle était tellement gentille, tellement mignonne, si attentionnée… James l’estimait de plus en plus et il ne pouvait pas nier qu’elle lui était indispensable, il était au bord, prêt à sombrer, si elle n’était pas là il se serait probablement laissé mourir de chagrin…

« Je n’ai pas très faim… mais je crois qu’Eoko serait ravi, n’est-ce-pas ? »

« Eoko !! »

Jolene sorti de la chambre et passa derrière le canapé en direction de la cuisine, à pas de Miaouss, feignant d’entendre les pleurs étouffés de Jessie qui sanglotait sur le canapé, la tête posée sur sa meilleure amie qui essayait de la consoler comme le pouvait

« Banshi… »

La jeune femme en avait marre de l’entendre geindre : James était tellement mal, et elle ne pensait qu’à son apparence ! Elle trouvait ça tellement puéril et superficiel, elle avait honte pour elle…

Mais Jessie ne pleurait pas seulement à propos son physique abimé, elle souffrait de ce qu’il lui était arrivé, de ce qu’elle avait vu… Son passé, tous ces secrets de famille effrayants, ces gens qui l’avaient torturée, c’était trop dur, et elle était piégée par sa fierté, ne voulant pas s’avouer amoureuse de son équipier, voulant rester digne et forte devant cette Jolene, elle ne savait même plus vraiment ce qu’elle pensait ni pourquoi elle en était arrivé là… Et elle sanglotait, bercée pour Banshitrouye qui était la seule à rester malgré tout, auprès d’elle, à s’inquiéter de son sort… James était malade, d’accord, mais il n’avait pas vécu tout ce qu’elle venait de traverser et c’était injuste, dégueulasse que tout le monde soit autours de lui alors qu’elle avait mal au plus profond d’elle, elle n’était pas seulement marquée au visage mais au fond de son âme, elle avait été marquée au fer rouge et elle ne s’en remettait pas. Elle aurait voulu savoir exactement ce qu’il s’était passé, que sa mère soit là, en face d’elle, lui demander des explications, lui demander pourquoi elle l’avait abandonnée… A cause de l’argent, d’Elias, de son père ? Il fallait qu’elle sache, qu’elle comprenne, mais elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir, il lui fallait blâmer imaginairement quelqu’un pour tout ce qu’elle avait subi…

Jolene refit le chemin inverse avec un petit bol de croquette Pokémon pour Eoko et un mug de thé pour James, comme il l’aimait : avec un peu de sucre et un nuage de lait, pas trop chaud ni trop tiède… ignorant les plaintes déchirantes de Jessie qui enfouissait son visage un peu plus fort contre sa pauvre citrouille qui s’efforçait d’être présente pour elle… mais elle avait besoin d’une seule personne en réalité, mais elle ne pouvait pas faiblir, il fallait qu’il comprenne, qu’il ouvre les yeux…

« Jess… » Miaouss ne supportait pas entendre pleurer son amie.  « Qu’est ce qui se passe, parle-moi…»

Jessie releva le visage vers le chat désemparé, et le fixa au travers de ses yeux remplis de larmes qui lui brouillaient la vision…

Elle avait des flashs : ils lui posaient pleins de questions mais elle ne savait pas les réponses, elle ne se souvenait pas et l’homme en noir lui criait dessus, la brûlant avec sa cigarette pour qu’elle crache le morceau, il la frappait, il lui avait mis son poing dans l’œil quand elle l’avait défié, insulté, elle était à bout de force et elle ne parvenait à pas à retranscrire à l’oral ce qu’elle voyait dans son esprit embrouillé…

« Tu vas parler sale petite conne, tu vas me dire où est cette cassette et ce qu’elle contient, tu vas me dire où est cette grotte et ce que Fuji a fait de Mew !!! »

Mais elle ne savait rien, elle n’avait aucun souvenir ! Elle n’avait jamais entendu parler de Mewtwo, ni de Fuji, ni de clonage, ni de tout ça, elle n’avait aucune idée de ce dont il lui parlait mais elle accusait les coups, sentant sa bouche se remplir de sang, ne pouvant plus bouger, sa pommette lui faisait trop mal…

« Je ne sais pas… laissez-moi tranquille… »

« Si tu refuses de nous parler tu vas mourir Jessie, c’est ce que tu veux ? »

Et elle sanglotait, essayant de se rappeler, mais rien à faire, elle n’était pas au courant !!!

« Je vous en supplie, laissez-moi partir… J’ai besoin de soins, j’ai mal, je saigne…»

« FERME LAAAAAA ! » Et il l’avait cogné plus fort, lui faisant presque perdre connaissance… Elle avait trop peur, elle se cachait dans ses mains, en gémissant…

« Elle est terrorisée, on arrivera à rien par la violence, il faut la reconnecter à la machine… », avait proposé le savant styliste

« Faites comme vous voulez, moi j’me tire d’ici, cette sale peste s’est pissé d’ssus, c’est répugnant… Nettoyez moi ça et faites la parler… »

-

« Je suis malheureuse Miaouss… » Le chat grimpa sur le canapé et s’assit près d’elle, doucement

« Tu devrais aller voir James, il l’est lui aussi… » Jessie se releva un peu et se moucha dans son mouchoir en tissus tout mouillé…Elle n’avait pas envie d’aller le voir, il ne comprenait rien, tout comme Miaouss et Jolene, ils n’avaient pas traversé un dixième de ce qu’elle se prenait dans les dents depuis des mois, depuis des années, elle n’en pouvait plus, elle ne pouvait pas entendre ça, elle n’avait pas à aller plaindre James, c’était plutôt lui qui aurait dû venir la voir, elle le trouvait tellement égoïste, encore une preuve qu’il était né avec une cuillère en argent dans la bouche et qu’il ne connaissait rien de la cruauté du monde extérieur…

« Fiche moi la paix Miaouss »

Le chat resta près d’elle, la serrant entre ses pattes… Il s’en voulait tellement, il était persuadé que tout était de sa faute, jamais il n’aurait dû l’inciter à participer à ce concours…

« J’ai dit, fiche moi la paix ! Retourne chouchouter James avec l’autre greluche, et laisse-moi tranquille… »

« Mais… »

« BANSHI ! »

La citrouille ne rigolait pas. Miaouss se leva doucement et retourna alors dans la chambre voir son équipier, triste et bouleversé, ne sachant plus quoi faire… Il ne semblait plus y avoir d’espoir pour Jessie, elle ne se relèverait probablement jamais de cette épreuve, et surtout pas sans James, mais ils se ne comprenaient plus, campant sur leurs positions, embourbés dans leurs douleurs respectives…

-

« James… je t’en supplie, arrête de pleurer… il faut que tu manges… »

Jolene faisait de son mieux mais rien ne semblait fonctionner : il était heureux quelques minutes, au mieux quelques heures, mais rien ne changeait ! Eoko était revenu, elle avait fait transférer Mime Jr et Vortente, était allée chercher Empiflor dans la forêt avec l’aide de Maya, appelé Flo en visioconférence pour qu’il puisse voir Cacnéa… Elle avait payé une fortune pour gagner une collection complète de capsules de bouteilles anciennes aux enchères, elle cuisinait toute la journée pour qu’il ne mange au final qu’une maigre bouchée avant de laisser l’assiette en plan, qui finissait la plupart du temps dans l’estomac de Miaouss, mais ce n’était plus la fièvre, c’était réellement son amour pour Jessie qui le consumait, qui lui rongeait le cœur, il s’efforçait de la détester, de la haïr, mais c’était plus fort que lui…

« J’ai pas faim… Je suis désolée Jolene, je n’ai pas d’appétit… »

« Mi-mime… »

« J’ai juste envie de dormir… »

Et les jours se succédaient sans que la jeune femme ne parvienne à rien malgré ses efforts…

« Et moi alors ? Personne n’a pensé que peut être ça me remonterait le moral de voir Seviper ou Yanmega ?... »

« Banshi… »

« T’en fais pô Jessie, on ira au QG quand ça ira mieux… »

« J’en ai assez, je ne veux pas aller au QG, je ne veux pas croiser quelqu’un avec ce visage et à tous les coups avec la chance que j’ai, je vais tomber sur ces imbéciles de Cassidy et Butch… »

Elle renifla péniblement en essayant ses larmes avec la couverture rêche et le chat reprit

« Bo tu sais c’est eux qui t’ont trouvé et Cassidy a même pris des risques pour t’aider… »

Jessie se tût un instant, les yeux écarquillés, son cœur manquant un battement…

« Qu’est-ce que tu dis Miaous ? »

« Oui, elle a essayé de te détacher au lieu de s’enfuir, ils ont bien faillit avoir des ennuis, si Jolene et Patrick n’étaient pas arrivés… »

« Explique-moi ce qu’il s’est passé ! », le coupa-t-elle en le soulevant du sol de ses mains fébriles, le cœur battant à toute vitesse, sous le choc de cette révélation

« Bah oui, tu étais dans la pièce avec le fou à barbiche et la Joëlle corrompue et on dormait, James s’était fait menacé dans la journée après avoir essayé de casser les barreaux avec les morveux, et on s’était fait électrocuté avec le Tiplouf de la morveuse coordinatrice par Pikachu parce que la cage avait renvoyé l’attaque tonnerre… Et Cassidy et Butch sont arrivés dans la nuit, ils t’ont trouvé reliée à la machine et au lieu de s’enfuir, Cassidy a essayé de te sauver…Elle a essayé de t’aider mais ils se sont réveillés et Jolene et Patrick sont arrivés, ils se sont battus, y a avait pleins de Pokémons, même un Airmur, je ne sais même pas d’où il sortait celui-là, on a rien compris, Mimi est sorti de sa Pokéball, mais le Boss a perdu le visuel et a lancé l’offensive mais avant qu’ils n’aient pu faire quoi qu’ce soit, y a eu une explosion… »

« Cassidy a essayé de me… sauver ? Et qui est Mimi ?»

« C’est le Raichu de Jolene… »

« Cassidy a essayé de m’aider Miaouss, tu es sur de ce que tu dis ? »

« Mais oui Jessie, j’t’assure ! »

Elle était choquée, décontenancée mais au fond d’elle tellement flattée et reconnaissante… Il fallait qu’elle voie Cassidy… 

« On y va, je dois la voir et je dois récupérer mes Pokémons… Banshitrouye, reviens ! »

-

« Je suis… colossinge ! »

« Non, essaie encore ! »

« Je suis bien de type combat ?... »

« Nooooooon ! »

James réfléchissait, de même que Mime Jr qui imitait sa position assise en tailleur le menton dans sa paume, les lèvres pincées et les yeux au ciel, essayant de décrypter l’inscription notée sur le post-it qu’il avait sur son front… mais il n’y arrivait pas.

« Je suis de quel type alors? »

Jolene rit un peu : elle craquait, il était trop mignon !!

« Je ne peux répondre que par oui ou non James, poses en une autre ! »

« Je suis de type plante ? »

« Non, toujours pas… » Elle secouait ses cheveux blonds comme les blés en tirant une petite mine joueuse

« Eoko ? » Ses Pokémons essayaient de participer eux aussi

« Vortente ! Vortente ! »

« Ehhh chut, n’essayez pas de l’aider hein ! »

« Raiiiiiichu ! » Mimi leur dit ne pas tricher et ils se regardèrent, un peu déçu avant de partager leurs idées un peu plus loin

« Mimiiiiime ! »

« Owwwwhg ? » (<- c’est Empiflor)

« Eo ? »

« J’ai une fourrure ? »

« Oui ! »

James se fendit d’un grand sourire

« Je suis Médiéna ! »

« Roooooh mas noooon, concentre-toi ! »

Le gosse de riche baissa les yeux un instant. Il en avait un peu marre de ce jeu, c’était amusant au début, Jolene avait eu une bonne idée encore pour lui changer les idées, mais il n’arrivait pas à réfléchir, ses idées se dispersaient, il se souvenait y avoir déjà joué avec Jessie et Miaouss il y a longtemps et ils s’étaient disputés parce que Jessie trichait… Miaouss aussi mais il était plus discret. Jessie était un Xatu et le chat un Herbizarre… C’était il y a des années, à l’académie, quand ils partageaient cette vieille chambre au pensionnat et qu’ils s’occupaient avec des jeux le soir avant de se coucher… Bon... Il avait une fourrure, n’était pas une évolution, pas de type combat ni plante ni eau, il était petit…

« Je suis un Evoli ? »

« Ouiiiiiiiii, bravo James ! 15 minutes pour trouver, tu t’améliores ! » Jolene lui lâcha un clin d’œil avant d’enlever le post-it de son front

« Eoko ! » Le petit carillon vint faire un câlin à son dresseur et Jolene se leva doucement du lit

« Venez, je vais vous servir le repas, toi aussi Mimi ! »

« Raiiiichu ! »

Et ils se bousculèrent, enjoués, jusqu’à la cuisine.

« Tu as faim James… ? »

« Non, pas vraiment… »

Elle ravala sa déception et emboita le pas aux Pokémons, triste mais habituée.

James remonta un peu la couverture sur lui et balaya l’encolure de la porte du regard, espérant entrevoir son équipière, mais il ne voyait que le couloir de bois. Bon sang, mais qu’est-ce qu’elle faisait ! Il l’imaginait sortir la journée pour aller se réconforter dans les bras d’Alexandre ou de Mondo, qui sait, après tout il avait toujours eu un faible pour elle, c’était bien son genre… Il se senti terriblement seul tout d’un coup…

« J’ai fait des beignets de légumes, j’en ai mis de côté pour toi, si tu changes d’avis… »

« Merci Jolene mais vraiment, je n’ai pas faim… »

« Je peux faire quelques choses… ? »

Il avait envie de lui dire « Oui, je veux bien un câlin ! » mais il n’osait pas, c’était probablement déplacé, elle se comportait déjà comme une maman depuis quelques temps, du moins la représentation qu’il s’en faisait car sa génitrice n’avait jamais eu d’attentions maternelles ni même de gestes tendres à son égard…

« Tu veux un massage ? »

Voilà qui était plus que tentant : la jeune femme était très douée de ses mains et il était tellement crispé, stressé, il n’arrivait pas à relâcher la pression, la tension accumulée en lui…

« Oui je veux bien… »

La jeune femme ferma la porte fermement et s’avança timidement vers James qui lui souriait naïvement, le cœur battant la chamade, les roues écarlates…

« Ehm… » Elle toussa pour dénouer sa gorge serrée au possible et reprit d’une voix tremblante

« Je, enfin tu...euh…peux enlever ton t-shirt ? »

Le jeune homme acquiesça d’un signe de tête et dévoila son torse imberbe qui fit tourner un peu plus la tête de Jolene : ça allait être de la torture bon sang, pourquoi avait-elle proposé de le masser ?

Il plaça mieux l’oreiller et s’allongea sur le ventre en laissant ses bras le long de son corps, et Jolene se penchât au-dessus de lui en remontant un peu sa robe, fébrile et terriblement troublée et attrapa le petit flacon d’huile essentielle parfumé au Jasmin sur la table de chevet, qu’elle utilisait d’ordinaire pour parfumer la pièce, avant d’enduire ses mains de quelques gouttes et de glisser ses doigts tout tremblants sur le dos de son ami qui se crispa un peu à ce contact froid…

Jolene remonta ses mains jusqu’à son cou et massa doucement ses nerfs tendus

« Tu as pleins de nœuds, détend toi… »

Il essayait mais rien à faire, il était trop préoccupé par ses pensées, par Jessie… Il n’arrivait pas à se relaxer à… Il souffla doucement : il pouvait sentir les cheveux blonds de son amie caresser son dos, ses cuisses frôler ses hanches, tandis que ses doigts experts pétrissaient son cou et ses épaules brulantes… Il ferma plus fort les yeux, il n’avait aucune attirance pour Jolene, et d’ailleurs aucune fille à part Jessie ne lui avait inspiré de telles envies malsaines, mais il restait un garçon de 23 ans tout ce qu’il y a de plus normal et cette position équivoque ne le laissait pas indifférent, tout comme elle, à l’exception qu’il s’embourbait dans ses rêveries, se laissant faire par Jolene qui, elle, faisait tout pour rester concentrée…

« Non, stop, reste concentrée, ça suffit ma vieille, ne divague pas ! »

Elle essayait de chasser ces terribles images, de James l’embrassant comme un fou pendant qu’elle glisserait ses mains huilées dans son caleçon, de son esprit embrouillé tandis que le gosse de riche tressaillait de plus en plus en sentant les cheveux de Jolene sur son dos nu, il ne pensait plus à rien, pour la première fois depuis trop longtemps, il oubliait ses peines, Jessie, tout, il imaginait ses fesses rebondies au-dessus des siennes, c’était trop excitant et il esquissa un petit frisson en sentant la main de Jolene glisser jusqu’à ses hanches avant de remonter le long de ses flancs et agripper ses épaules…

« Hm… » Son érection frotta le matelas : il ne pouvait pas montrer à Jolene qu’il était dans cet état, quelle honte, ce n’était pas convenable, il trouvait ça absolument dégoutant mais c’était plus fort que lui, la simple pensée de son amie dans une telle position le rendait fou, il se perdait dans son fantasme en sentant son cœur cogner entre ses jambes…

« Ça… ça va James ? » Elle était tellement gênée, elle sentait qu’elle avait la chair de poule, et elle ne contrôlait plus vraiment ce qu’elle faisait, elle pensait qu’elle avait dû appuyer trop fort, qu’elle avait dû lui faire mal…

« Oui, oui, ça va… » Il feignait d’être dans son état normal mais il perdait totalement la maitrise de lui-même…

Elle souffla un bon coup, essuyant de sa manche ses gouttes de transpiration qui dégoulinait de son front, elle avait terriblement chaud, et alors elle descendit ses mains le long de ses bras et lui massa longuement les mains, les bras, les épaules à nouveau et il se calma doucement… Il se sentait bien, déstressé, elle faisait ça si bien qu’il s’endormait presque, avant qu’elle ne reprenne son dos à pleines mains, et qu’elle fasse glisser ses doigts pleins d’huile sur ses fesses puis ses cuisses… Elle était rouge comme un Magmar, mais elle ne pouvait pas s’arrêter, elle suivait ce qu’elle avait appris : elle devait lui masser les jambes et les pieds pour que ce soit parfait, elle s’efforçait de rester scolaire dans ses gestes mais c’était trop difficile, elle tremblait comme une feuille… Il se mordit la lèvre tandis qu’elle malaxait doucement ses cuisses, il sentait son érection poindre à nouveau et se comprimer sous son poids contre le matelas… C’était trop bon, elle le rendait fou…

« Tou… tourne toi je vais te… te masser les jambes… »

Il ouvrit brusquement les yeux : mon Dieu par Arceus, non, il ne pouvait pas se retourner, il bandait, quel embarras !

« Je suis bi… bien comme ça… » D’épaisses gouttes de sueurs perlaient sur son front, tandis qu’il serrait les dents, totalement paniqué…

« Il faut que tu te mettes sur le dos et que tu fléchisses un peu les genoux… »

Il inspira longuement avant de souffler pour se calmer et il se retourna tout doucement en essayant de cacher son entre jambe avec la couverture

« Voilà… »

Jolene attrapa sa jambe gauche, plia son genou, et reprit : elle fit glisser ses mains doucement de son genou jusqu’à sa cuisse fébrile avant de resserrer son emprise... Il était trop mal à l’aise, il sentait son excitation grimper en flèche… Elle continua de longues minutes, montant toujours ses mains sur haut tandis qu’il se réprimait, serrant les dents, n’arrivant pas à se calmer, oubliant tous ces soucis, oubliant Jessie… 

« Tu n’aimes pas… ? » Jolene n’était pas sure de comprendre mais elle sentait que son esprit n’était plus avec elle dans la pièce…

« Si si… »

Elle tira doucement la couverture qui la gênait et il l’agrippa de toutes ses forces pour ne pas qu’elle voit son érection, ça allait mal tourner, il ne pouvait pas s’y résoudre… 

« Non… » Il avait parlé rapidement dans un trémolo trahissant son émotion et alors Jolene tira plus fort tandis qu’il desserrât ses mains doucement et elle découvrit l’effet qu’elle faisait à James depuis le début… Elle ne put s’empêcher d’afficher un large sourire gêné mais elle était trop heureuse : elle le tenait, c’était le moment !

« Détend toi… »

Elle prit son courage à deux mains et se penchât au-dessus de lui en remontant sa main tout doucement entre ses jambes à travers son caleçon, agrippant son intimité gorgée de sang…

« Haaaan, arrête… » Mais son corps le trahissait, il esquissa un violent frisson incontrôlé, il n’en pouvait plus, il mourrait d’envie qu’elle le touche, il n’avait pas eu de moment de répit depuis des semaines, il était obsédé par Jessie, dévoré par son amour pour elle et enfin il lâchait prise, et c’était trop bon, trop tentant, il sentait ses petites mains frêles sur lui et il avait envie qu’elle le prenne entre ses doigts brûlants et pleines d’huile, qu’elle le masturbe hmm… il se mordait la lèvre plus fort en faisant danser ses cheveux lavande sur l’oreiller, excité au possible… Elle se rapprocha plus près de lui en le caressant plus précisément et alors elle osa, enfin, elle posa ses lèvres contre les siennes et senti son cœur littéralement chavirer… Elle perdait le contrôle tandis qu’il se laissait faire… C’était trop agréable, elle était tellement belle, sa Jessie, l’amour de sa vie, il emmêlait ses cheveux blonds de ses mains tremblantes et pourtant il aurait juré qu’ils étaient roses… Jolene était aux anges, complètement chamboulée, elle se mit à califourchon sur lui, l’enlaçant, la robe remontée et collée à son érection qu’elle avait envie de glisser en elle, elle était folle de lui… James continuait à l’embrasser, se perdant dans son délire, il voulait croire que c’était Jessie, cette huile essentielle sentait son parfum, le Jasmin, il aurait tellement voulu que ce soit elle, il l’aimait tellement, il…

« James ? » Jolene se détacha de lui et le dévisagea : il avait fondu en sanglots, encore…

« J’peux pas… » Il avait lancé ça dans un gémissement de douleur, et il enfoui son visage humide dans ses mains, en pleurs devant son amie qui se sentait terriblement mal…

« James, c’est pas grave… »

Mais ça l’était pour lui. Il avait l’impression de trahir son équipière, il se sentait sale, confus, dégoutant…

« Laisse-moi… »

Elle avala difficilement sa salive, blessée mais compréhensive…

« Jim c’est pas grave, tu n’as rien fait de mal… Viens par là… »

Et elle le serrât contre elle de toutes ses forces, se sentant coupable au possible et profondément triste…

« Là, ne pleure pas, dors, c’est rien… »

« Non, j’ai besoin d’être seul Jolene, laisse-moi… »

Il la poussa doucement… Elle était trop mal, elle le lâcha et lui obéit, chancelante, et sorti de la pièce en réprimant son irrésistible envie d’hurler… Elle fit quelques pas dans la pièce avant de s’assoir délicatement dans le canapé, sans un bruit, et de se blottir contre la couverture dans laquelle dormait Jessie tous les soirs, se sentant terriblement honteuse… Elle était allée trop loin, elle avait franchi la limite…

-

Empiflor fini son repas le premier et se dirigea vers la chambre qu’il déverrouilla de son fouet liane avant de voir son dresseur en train de sangloter dans son lit défait…

« Owwwhg ? »

Eoko lui emboita le pas, suivi de Mime Jr, Vortente et Sepiatop et alors ils s’approchèrent timidement de James qui gémissait faiblement dans son oreiller.

« Eo ? » Le petit carillon vola jusqu’à lui et essuya les larmes du jeune homme de sa longue queue

« Viens Eoko… »

Il le serrât dans ses bras en reniflant avant d’appeler son poulpe adoré

« Sepiatop… »

Qui vint à son tour se blottir dans ses bras chauds. Il échangea un regard triste avec Eoko et ils accentuèrent encore leur étreinte pour consoler leur dresseur qui leur fendait le cœur à chaque plainte…

« Mi-mime… » Mime Jr sentait à quel point James était tourmenté, il ne pouvait pas le laisser dans cet état alors il se joignit au câlin de même que Vortente qui lui mâchouillait fébrilement les cheveux, avant de se sentir comprimé encore plus fort : Empiflor les avait tous encerclés de son fouet liane et il les cajola, le cœur en proie à la tristesse…

« Owwwhg… »

Le jeune homme aimait tellement ses Pokémons, ils étaient si fidèles, innocents, adorables, c’étaient les seuls qui ne le blesseraient jamais, il le savait, il aurait aimé que ce moment dure éternellement…

« Merci… » Il les serra plus fort encore, les étouffant presque de son amour qui débordait…

« Eo… »

« Sepia… »

« Mimimiiiiiiiime ! »

« Vooooortente ! »

« Owowwwh ! »

Et il s’endormi dans cette chaleur envoutante, au milieu de ceux qu’il considérait comme sa famille, des parties de lui-même, rassuré par leurs seules présences, tandis qu’Eoko faisait tinter sa clochette pour calmer son angoisse… Il se replia un peu plus sur lui-même en les serrant toujours plus fort contre son cœur peiné, glissant doucement vers le pays des rêves…

-

Jessie et Miaouss rentrèrent tard du QG : ils poussèrent doucement la porte d’entrée en refermant leurs parapluies et le courant d’air fit tomber le cadre du trio en compagnie d’Abo et Smogo de l’entrée dans un fracas, ce qui fit se retourner Jolene dans son sommeil, qui s’était assoupie dans le canapé… Jessie le ramassa doucement tandis que le chat fonça vers la fenêtre de la cuisine qui était restée ouverte et qui avait provoqué ce terrible courant d’air, et tomba nez à nez avec Empiflor qui dévoraient les beignets de légumes restant

« NYAAAAAAAAAAHHHH »

« Owwwwhgohhw… »

« Tu m’as fait peur espèce de grosse cloche empafée ! », s’énerva Miaouss en fermant la fenêtre d’un geste trahissant son énervement, tandis que le Pokémon plante continuait à dévorer ces délicieux mets qu’avait préparé Jolene pour son ami souffrant…

« Ehhhhh ferme la Miaouss ! »

Le chat se retourna vers son équipière et suivi son regard pour découvrir Jolene enfouie sous le plaid en moumoute sur le sofa…

« C’est l’moment Jess, va rejoindre James dans la chambre ! », chuchota le Pokémon d’un air sournois

« C’est hors de question Miaouss, on n’arrête pas de se disputer, il ne veut pas me voir ! »

« Justement, va lui parler, elle dort, elle ne se mêlera pas de vos affaires… »

Jessie réfléchit un instant et se laissa tenter par l’idée de son ami…

« Bon, après tout pourquoi pas, mais ne te méprend pas, sac à puces je veux seulement dormir dans mon lit ! »

-

Le bruit de la pluie résonnait sur le vieux toit de bois de la cabane, et un sulfureux éclair fendit le ciel avant que l'orage n'extirpe violemment James de son sommeil agité... Il se releva d'un bond, assis sur le lit, surprit par ce grondement assourdissant et se rendit compte qu'il faisait déjà nuit, perdu, ne sachant plus quelle heure il pouvait être après avoir somnolé toute la journée, dormi par intermittence, déliré dans les bras de Morphée à cause de la fièvre... Il était complètement désemparé et alors il chercha désespérément ses Pokémons à côté de lui dans le grand lit froid, mais ils n'étaient pas là, ils l'avaient seulement bordé puis laissé seul, en proie à l'angoisse... Il continuait à froisser le tissu humide, haletant, s’efforçant de trouver un serait-ce qu’Eoko dans ce néant sombre et terrifiant. Il était tout moite, trempé de sueurs et bouillant...

"Eoko... ?"

Il commença à paniquer, il devait bien y avoir quelqu’un, il avait peur, sans vraiment savoir pourquoi et le tonnerre gronda plus fort…

« Jolene ???? »

Jessie s'était endormie dans son lit, son petit lit qu'ils avaient collé avec James pour dormir ensemble, mais depuis que Jolene était là, il était retourné contre le mur... Elle le veillait, serrant son t-shirt sale qu’il avait enlevé avant que Jolene ne le masse, qu'elle avait trouvé jonchant le sol, comme un doudou, le nez dans ce tissus sentant son équipier, son odeur corporelle, la transpiration et un peu son parfum, le musc et la vanille... La jeune femme aux cheveux roses se réveilla un petit peu à l'entente du nom de la jeune surdouée et son cœur sembla imploser... C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase : elle souffrait déjà terriblement et son aveuglement, son égoïsme l'avait conduit à ça, à cette situation insupportable, mais là non, elle ne pouvait pas accepter de l’entendre appeler cette fille ! Elle senti son cœur se tordre, elle avait envie d’hurler, de pleurer, de lui foutre une claque, mais elle restait tapis dans l’ombre, immobile, froissant le t-shirt de toutes ses forces... Elle commençait à avoir les yeux embués, la gorge serrée et le cœur en proie aux vagues dansantes et acides de son âme rongée par l'amertume... Elle était trop égocentrique, trop stupide et trop cruelle, et elle le savait, il l'avait mise en garde, il lui avait envoyé cette blessante vérité mais elle n'écoutait jamais rien, trop bornée, tellement susceptible... Et elle l'avait perdu. Cela faisait plusieurs jours qu'elle le sentait, qu'ils se disputaient sans arrêt et qu'ils ne se comprenaient plus, qu'il se livrait à Jolene, qu'il se confiait à elle, qu'elle prenait sa place... mais elle se voilait la face... Et il l’avait appelé. La première. Ce n'est plus elle qu'il demandait, dont il avait besoin, qu'il voulait voir en premier à ses côtés et dont le simple songe de sa présence servait à le rassurer... Elle se prenait en pleine face cette effroyable évidence : il ne l'aimait plus. Elle le regardait, le discernant très peu à chaque flash de lumière dans le ciel, seul et désemparé, gémissant en cherchant cette fille dont elle était devenue pire que jalouse, envieuse… Il ne l’aimait plus, et elle se sentait mourir sur place... Jessie ne bougeait pas, pétrifiée, horrifiée, peinée, blessée en plein cœur… Il ne l’aimait plus, elle en était sûre… Elle avait l’impression de sombrer, avalée par le vieux matelas, défigurée, se sentant comme un monstre, sans cœur, égoïste, elle voyait enfin la vérité devant ses yeux remplis de larmes : elle n'était qu'une pauvre merde et elle ne méritait même pas l'amour de son équipier... Elle l’avait cherché, elle l’avait fait fuir, comme elle avait toujours fait fuir tout le monde. Mais c'est trop dur! Elle ne pouvait pas se résoudre à accepter cette situation, elle avait tellement besoin de lui, jamais elle ne pourrait vivre sans James, il était son pilier, le seul qu’elle aimait, plus que tout, et elle s’inquiétait terriblement pour lui, même si elle ne le montrait pas, elle était folle d’inquiétude, elle appelait le médecin tous les jours pour lui dire que le traitement ne fonctionnait pas mais il lui répétait que c’était normal, qu’il fallait attendre, que c’était long… et alors elle ravala sa douleur et se leva doucement, passant devant James qui s’était blotti sous la couverture, grelottant, gémissant faiblement, et ouvrit la porte sans un bruit, ignorant le tonnerre qui fit trembler la terre terriblement fort, et elle s’avança doucement vers le large divan, réveillant gentiment Jolene d’une douce secousse sur son épaule froide…

« James a besoin de toi… »

Jolene ouvrit doucement les yeux et sorti difficilement de son sommeil profond en fixant bêtement Jessie sans vraiment comprendre ce qu’elle lui racontait…

« Qu’est-ce-qui passe… ? »

« James t’appelle, il… » Et se retenait, du mieux qu’elle pouvait mais face à Jolene elle perdit toute once de fierté, et elle fondit en sanglots, ne pouvant terminer sa phrase... 

« Je t’en supplie Jolene, ne me le prend pas… » Elle couvrit ses lèvres de ses mains tremblantes, gémissant dans ses pleurs...

La jeune femme ne comprenait pas, totalement sonnée et encore endormie…

« Je sais que tu peux, et je sais qu’il te plait Jolene mais tu ne sais pas… » Elle essayait de parler entre ses larmes mais sa gorge était terriblement nouée…

« Regarde-moi… tu es tellement belle et… moi je… »

Jolene restait bouche bée, les oreilles sifflantes, elle s’attendait à tout sauf à ça…

« Il t’appelle dans son sommeil, il a besoin de toi… je ne peux rien faire pour lui… tu l’as maintenant, c’est ce que tu voulais et tu as réussi tu vois, tu as gagné… »

Jolene restait muette, choquée… Elle n’avait rien gagné du tout, et elle s’était trompée sur toute la ligne, elle découvrait Jessie, elle ne la connaissait finalement pas et elle s’en rendait subitement compte…

« Tu ne sais pas ce qu’il représente pour moi… je t’en supplie… »

Elle avait les mains jointes, à genoux au sol face au canapé, implorant sa rivale de ne pas lui enfouir encore plus la tête sous l’eau…

« Tu peux avoir le garçon que tu veux, mais moi je pourrais jamais aimer quelqu’un d’autres, et de toute façon plus personne ne voudrait d’une fille comme moi, y a que lui qui m’aime pour ce que je suis, c’est le seul, et je l’aime Jolene, vraiment, je t’en prie, je n’en peux plus, laisse nous tranquille… »

Elle pleurait comme une madeleine, priant Jolene comme si elle était en face d’Arceus en personne…

« Tout dépend de toi, tu as le choix mais il faut que tu m’écoutes, Jolene, s’il te plait… je veux retrouver ma vie d’avant, je veux mon équipier, je l’aime Jolene, crois-moi quand je te dis que je l’aime… »

Miaouss était caché dans l’encolure de la porte de la cuisine avec Mime Jr et Eoko et ils étaient sous le choc, littéralement : Jessie était… amoureuse de James ? Miaouss ne savait pas exactement ce qu’il s’était passé, il s’était arrêté à James amoureux d'elle, lui exprimant clairement lors du bal quand ils avaient découvert la lettre, mais il le gardait pour lui ! Jamais il n’aurait eu le courage de le dire à Jessie ! Il lui prouvait au quotidien et ça crevait les yeux mais Jessie… Elle ne remarquait jamais rien et elle était tellement égocentrique, et tellement ambitieuse : jamais ils n’auraient pu imaginer une seule seconde qu’elle puisse se rabaisser autant devant Jolene… et par amour…pour James ? Elle était vraiment amoureuse de lui? C'était insensé, incroyable!!

Jessie restait immobile, en larmes sous le regard de la jeune femme blonde qui ne comprenait pas : Jessie se méprenait, elle souffrait tellement, ils souffraient chacun de leur côté alors qu’ils ressentaient exactement la même chose… Elle ne tenait pas du tout James, elle ne tenait rien du tout, il l’avait rejeté, elle était simplement idiote d’avoir pu croire qu’il finirait par oublier Jessie, et elle s’en voulait terriblement d’avoir pu avoir des pensées si dures à l’égard de sa rivale qui avait subi de terribles sévices…

« Jessie… » Elle posa sa main sur l’épaule de la jeune femme qui fermait ses yeux rouges et gonflés à force de pleurer, et elle se sentait de trop, elle avait voulu faire quelques choses de bien mais elle avait juste accentué encore plus cette sale ambiance, par jalousie, par envie… Elle se faisait honte, elle voulait au final la même chose que Jessie : le bonheur de James, et elle était allé bien trop loin ce soir avec lui, elle ne pourrait plus jamais le regarder dans les yeux… Alors elle se leva doucement du canapé

« Je vais m’en aller, j’ai fait assez de dégâts comme ça… »

Jessie la regarda s’agiter et rassembler ses affaires…

« Non attends Jolene, il pleut, je n’aurai pas du te dire ça, je suis désolée… »

« Non mais tu as raison Jessie, je n’ai pas ma place ici, et j’ai été injuste avec toi. Je crois qu’il est grand temps pour moi de retourner en mission, on est toujours à la recherche d’Elias et ils ont besoin de moi, alors… » Elle s’efforçait de rester digne, serrant la mâchoire pour ne pas pleurer elle aussi…

Jessie ne bougeait pas, elle ne savait plus si elle devait être soulagée ou triste, si ce qu’elle avait fait était quelques choses de bien ou non… et la jeune blonde fini par boucler sa valise sous le regard hagard de la jeune sbire aux cheveux roses…

« Au revoir Jessie, tu diras à James que j’ai été appelée par Giovanni s’il te plait… Ah une dernière chose… »

Elle ravala sa salive, le cœur lourd, et lui dit cette dernière phrase, douloureusement avant de franchir la porte boisée…

« Il t’aime Jessie, ne lui fais pas de mal. »

Miaouss restait bouche bée, la gueule à terre aux côtés d’Eoko et de Mime Jr, et ils restèrent quelques minutes sans bouger, fixant Jessie qui restait pétrifiée derrière la porte fermée, comme une idiote avant de reprendre ses esprits et de se relever vers la chambre et d’y entrer doucement, hésitante, le cœur cognant contre ses tempes à toute vitesse…

« James… ? »

Le jeune homme avait su que c’était elle avant même qu’elle n’ouvre la bouche et il se senti transporté sur une autre planète…

« Jessie… » Il ne savait pas quoi lui dire, mais il était trop heureux, c’était inespéré, il ne s’y attendait plus…

« Je suis désolée… » Et elle se mit à pleurer de plus belle face à lui, il lui avait tellement manqué, et elle s’en voulait d’avoir agi comme une idiote narcissique, terriblement, c’était tellement débile, tout ce temps perdu alors qu’ils n’avaient qu’à faire un pas…

« Non c’est moi, j’ai été vexé et je te demande pardon, j’ai été égoïste… »

Elle n’en croyait pas ses oreilles : c’est lui qui s’excusait et qui avait été…égoïste ?

« T’es qu’un idiot James ! »

Il sourit entre ses larmes tandis qu’Elektor transperçait le ciel noir de ses éclairs lumineux…

« Tu viens ?… »

« Je suis trop… stressée… » Elle étouffa ses sanglots en disant ce qu’elle ressentait, pour une fois…

James lui sourit tendrement, terriblement heureux et se vivant, pour la première fois depuis des semaines…

« Et moi je meurs de faim.. . » Il esquissa un rire nerveux en reniflant dans ses pleurs étouffés tandis que Miaouss et les Pokémons sanglotaient comme des bébés derrière la porte

« Eoooo… »

« Miiiiiiiiiiime !!!!!! »

« Niaaa c’est trop beau j’y crois pô… »

« Banshi !!! »

« Owwhg… » Empiflor s’en voulait d’avoir englouti tous les beignets…

« Tu veux que je cuisine… ? », demanda Jessie timidement en essuyant ses larmes avec sa manche

« J’ai pas envie d’être empoisonné, j’ai assez souffert comme ça, tu crois pas ? » James plaisantait, ça faisait si longtemps, il était si heureux, il avait envie de sauter de joie, de sauter au plafond !!

« Ehhh dis-donc toi, je croyais que tu aimais mes soupes ! »

« Oui parce qu’elles sont en poudre, tu n’as qu’à rajouter de l’eau… » Il lui tira la langue et elle renifla encore, c’était trop beau, elle ne pouvait pas y croire !

« Allez viens là, je vais te faire un massage… »

Et Miaouss ferma la porte, décontenancé…

« J’crois qu’il vaut mieux partir les gars… »

 

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Date de dernière mise à jour : 02/04/2017

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