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Flash-back 10 : Double jeu

Attention. Ce chapitre contient des scènes érotiques explicites. Destiné à un public averti

 

Jessie s'avança timidement, peu sûre d'elle, le cœur prêt à bondir hors de sa poitrine, mais tellement heureuse de le retrouver, enfin, elle avait l'impression d'être dans un rêve, il n'y avait plus qu'eux deux, seuls, comme avant, c'était inespéré... Son équipier lui sourit tendrement et s'allongea sur le ventre sans un mot, les yeux larmoyants, dans un sourire incontrôlé... Il était transporté par la joie, c'était trop beau, il ne s'y attendait plus...
Elle grimpa sur le lit et se positionna fébrilement à cheval au-dessus de lui avant de retrousser ses manches et s'enduire les mains d'huile essentielle, puis elle les fit glisser doucement sur le dos brûlant de James... 
« Hmmm... »
Il était déjà en érection avant même qu'elle n'ait commencé… c'était leur premier moment intime depuis cette nuit dans la grotte, il pensait que jamais il ne revivrait un tel instant, il s'était tant persuadé que c'était terminé, qu'elle ne l'aimait pas, et pourtant… Il se laissa faire quelques minutes : il se sentait terriblement bien, sur une autre planète, comme s'il venait de renaître après des semaines en proie au chagrin, alors que Jessie ne savait pas masser, elle le faisait comme un pied, trop brusque, et elle ne connaissait aucun point, aucune technique, elle appuyait trop fort, lui faisait presque mal... Cependant elle y mettait tout son cœur, concentrée au possible, le sourcil froncé, le nez retroussé et la langue un peu pendue, repoussant sans arrêt sa longue queue de cheval rose qui revenait la gêner et qui caressait le creux des reins de James... Personne ne lui avait dit que Jolene avait massé son équipier, Dieu merci, mais en voyant le t-shirt par terre et le flacon sur les draps elle l’avait deviné, et ça l'avait rendu terriblement jalouse, même si elle s’efforçait de croire qu’elle se faisait des idées… À l'évidence, elle ne possédait pas les mains expertes de sa rivale, mais James s'en fichait et à vrai dire, le fait qu'elle essaie quand même et qu'elle se concentre autant le faisait craquer : il la trouvait tellement attendrissante... Le pauvre garçon était complètement fichu : il était plus qu'amoureux, indéniablement. Il aurait probablement dû se sentir un peu coupable de revivre cette même configuration qu'un peu plus tôt dans la journée, mais il n'y pensait même plus, il était avec sa Jessie et il n'y avait plus rien d'autre sur terre qu'eux deux dans ce lit à ses yeux : elle lui avait tellement, tellement manqué qu'elle aurait pu faire n'importe quoi que c'aurait été tout simplement parfait! 


« Bon ça ira, tourne toi James... »

Il se mit à rire intérieurement. Ce massage était terriblement nul et n'importe qui aurait mal pris cette petite réflexion... mais c'était tout du Jessie! Et ça le rendait fou d'avantage... Il se tourna doucement et afficha un large sourire extrêmement gêné en croisant le regard de son équipière qui dévisagea son intimité gorgée de sang comprimée dans son caleçon, les joues écarlates, le cœur battant à 100 à l'heure, un peu bêtement, et ils se restent là à se regarder un instant de la sorte, décontenancés, avant que Jessie ne prenne le contrôle et ne se…

 

Unnamed

 

 

"RAAAAAAAAAH C'EST PAS VRAIIII!!!!"

 

James ouvrit un œil, s'extirpant d'un demi-sommeil dans lequel il rêvassait à ces brûlantes retrouvailles sur l'oreiller, un peu déçu tout de même de n'avoir pas rêvé de ce passage un peu longtemps... (mais pour les curieuses et amatrices de hentai le passage complet est sur le forum rubrique NC17 !). Il releva ses lunettes de soleil bon marché et se retourna vers son équipière, assise sur sa chilienne, essuyant son corps trempé avec la serviette de plage en râlant, et vit à l'horizon l'île qui était maintenant bien visible. Jessie rageait : et dire qu'il y a un instant elle était allongée sur un transat dans son plus beau maillot de bain, le visage recouvert d'une large capeline pour ne pas que le soleil ne laisse de vilaines marques sur ses cicatrices, savourant ce moment de plénitude, ne pensant plus à rien, enveloppée d'une douce chaleur réconfortante... avant d'être éclaboussée par cette grosse vague de malheur qui avait tapé la coque du bateau!!

 

« J’en ai ASSEZZZZZZ ! Il faut toujours que quelques choses viennent se mettre en travers de mon ch’min, et quand c’est pas toi, c’est dame nature !!! »

James leva les yeux au ciel, ignorant ces plaintes habituelles tandis que Miaouss accouru tout enjoué, encore sa guitare entre les pattes, suivi de ses amis Pokémon dans son t-shirt fleuri 

"Ca y est les gars on arrive!!!" 

"Quuuuuulbuuutoké!!!!"

"Eoko!"

"Sepiatop!"

"Sevipeeeer!"

"Mi-miiiiime!"

"Yanmega!"

"Vorteeeente!"

James se retrouva assaillit de câlins et s'enfonça dans son transat en toile, étouffé par tant d'amour avant de sentir la bave gluante de Vortente dans ses cheveux lavande…

"Ça suffit, dans vos Pokéball! On va récupérer nos affaires et vous pourrez aller jouer tout à l'heure, d'accord?"

Ils étaient tout excités et obéirent à leur dresseur sans rechigner, à l'exception d'Eoko qui rentra dans sa pokéball le dernier, après une étreinte affectueuse.

Jessie ne prêtait pas vraiment attention à ses Pokémons, séchant soigneusement son maillot, agacée…

"Yanmega, Sevi, Qulbutoké, revenez! Toi aussi Bansh… Ehh mais où est Banshitrouye?"

La jeune femme loucha de tous les côtés avant de voir son amie penchée au-dessus de l'océan en train de s'amuser avec un Lanturn. 

"Retour dans ta pokéball toi aussi, on va amarrer!"

Et la citrouille vola vers Jessie dans un sourire après avoir dit ses adieux à son nouvel ami et pressa sa ball avant d'y être aspirée. Le vibreur de de son téléphone portable fit sursauter la jeune sbire qui enfilait une robe sur son bikini, et elle sorti le cellulaire pour voir qui pouvait bien lui écrire...

"- Bonnes vacances!" 

Elle sourit à la vue de cette notification : c'était Cassidy. Elles avaient eu une longue conversation avant ce congé improvisé par le Boss

 

"Elias cherche Jessie, on l'a lancé sur une fausse piste à Unys. Vous irez dans les îles Sevii au large de Kanto, nous y avons un entrepôt là-bas, qui ne figure sur aucune carte et n'est répertorié dans aucune base de données. Mais vous n'y allez pas pour bronzer, je vous préviens ! Vous allez me faire l'inventaire complet de l'entrepôt!", avait-il grogné dans son vieux costume orange, qu’il avait ressorti de sa garde-robe pour la saison estivale.

 

...et elle s'était rapprochée de son ex-meilleure amie qui avait pris des risques considérables pour la secourir. Son cœur battait terriblement fort, elle ne parvenait toujours pas à croire qu'elle était sur ce bateau, pour des vacances loin de tout, rien qu'avec James et Miaouss comme avant, et que tout allait bien, aucune ombre au tableau, c'était tellement agréable, presque trop beau... !

"-Merci mocheté!"

La réponse ne se fit pas attendre.

"-J'aurai du te laisser crever! Envoie-moi une carte postale!"

Elle lâcha un large sourire béat en lisant ce dernier SMS, et arrangea sa robe avant de descendre en cabine avec James et Miaouss chercher les bagages…

-

"BIENVENUE SUR L'ÎLE DE LA RHUBARBE!"

James descendit le premier, avançant fébrilement sur le pont de bois branlant en portant ses lourdes valises, dans son bermuda beige et son polo blanc, ses cheveux lavande tirés en queue de cheval, suivie par sa Jessie qui se prenait pour une diva dans sa longue robe marinière avec sa capeline blanche et ses larges lunettes de soleil qui lui donnait un faux air de Papinox, et le chat parlant leur emboîta le pas, affublé d'un chapeau de paille avec deux encoches pour ses oreilles. À peine eurent-ils le pied posé à terre, qu'ils furent accueillis par des Guérilandes se glissant autours de leurs cous pour le plus grand bonheur de James…

"Moh bonjour toi, tu as faim?"

Il sorti de sa poche quelques croquettes Pokémons qu’il avait toujours sur lui pour amadouer, au cas où, un Pokémon sauvage qui l’attaquerait durant un pipi inopportun dans les bois…

Jessie esquissa un geste de recul au contact crispant de cet affreux collier de fleurs vivant

"On était pas sensé aller sur cette île, si?"

Elle n'était pas sure de comprendre... l'entrepôt était sur une autre île plus loin, plus petite et surtout déserte. 

"Non, en effet, mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir de passer une nuit dans un magnifique endroit avant d'y aller..." 

Il lui lâcha un sourire timide en passant ses doigts sur sa nuque... James était tellement attentionné et romantique! Il connaissait cet endroit par cœur mais n'y était pas allé depuis si longtemps... Sa riche famille y possédait autrefois un hôtel particulier, mais le jeune homme en gardait d'amers souvenirs, car malgré la plage somptueuse et le paysage paradisiaque, l'ambiance malsaine et oppressante du manoir ne se dissipait pas... C'était toujours la même chose : il allait s'amuser sur la plage avec Caninou l'après-midi après avoir filé en douce à la suite d’un repas des plus terrifiants, qui lui donnaient à chaque fois des sueurs froides tant il avait peur de se tromper de couverts parmi tous ceux présent autours de sa petite assiette en porcelaine, et il se faisait réprimander par l'un de ses tuteurs, comme toujours...

"Vous risquez de prendre le soleil et d'ainsi ressembler à l'un de ses petits sauvages qui vivent dans l'archipel! Et remettez vos souliers immédiatement! Vous allez ramener du sable à l'intérieur! Ce n'est pas convenable! Ehhh revenez ici sur le champ, bougre d'âne!"

Il courrait alors chercher son ballon et baissait le regard vers son fidèle compagnon, triste, et rentrait, le cœur lourd, pour suivre d'affreux et ennuyeux à mourir cours de science et de piano, alors que le soleil cognait sur l'océan et que tous les autres enfants pouvaient aller s'amuser dans les vagues... Ces interminables leçons étaient, bien entendu, elles aussi rythmées de réprimandes et de remontrances...

"Tenez-vous droit!"

"Concentrez-vous!"

"Cessez de regarder par cette stupide fenêtre! Allons Hopkins, veuillez tirer les rideaux je vous prie!"

"Ce n'est pas possible d'être aussi sot! Par Arceus, vous ne connaîtrez jamais vos gammes, si vous ne faites pas preuve d'un peu de bon sens! Allons!" 

Et le pauvre petit garçon regardait le piano d'un air désespéré, au bord des larmes, ne sachant plus ce qu'il devait faire tant il était angoissé au simple songe du martinet sur ses pauvres petites fesses déjà toutes rouges...

« Do mi sol... »

« Dieu tout puissant, je n'ose y croire, vous devez être atteint d'une déficience mentale, assurément... Recommencez! Allons, encore une fois! »

 

La plage lui semblait bien plus petite que dans ses souvenirs, et bien moins somptueuse aussi... Il l’avait probablement idéalisé, ayant été privé de cette large étendue de sable chaud des années durant…

« Qu’est-ce que c’est beau !!! On va dormir dans ce palace là-bas ?!!! »

Jessie avait déjà des étoiles au fond des yeux en balayant du regard le grand complexe hôtelier au style victorien semblant tout droit sorti d’une autre époque, émergent de la forêt tropicale…

« En fait je pensais plutôt à… -James ravala sa salive, se préparant déjà à une réflexion salée de la part de son exigeante petite amie…- dormir à la belle étoile… ? »

Il fit doucement glisser ses yeux, nerveusement, vers Jessie qui semblait se préparer à lancer une terrible attaque Dracorage, et enchaina alors, penaud mais s’efforçant d’être persuasif

« Ça pourrait être romantique, tu n’crois pas.. ? » 

« Ouais tu veux dire que ce serait romantique… comme absolument TOUS LES SOIRS DEPUIS DES ANNÉES DANS NOTRE VIEILLE TENTE MOISIE QUI S’ENVOLE AU MOINDRE COUP D’VENT ? »

Les dents de Miaouss et James grincèrent au son raillant de l’affreuse voix de crécelle de leur équipière… Mais le jeune homme ne désespérait pas : il fallait être patient avec elle, c’était le prix à payer et il n’avait cessé d’être optimiste, même durant les pires périodes de leur relation. Il avait l’habitude, dans un sens

« J’t’en prie Jessie, le principal c’est qu’on soit tous les deux, non… ? »

« Et môa alors ! J’compte pour du beurre ? », S’énerva Miaouss à son tour, exaspéré d’avance par cette soirée qui s’annonçait encore moins sympathique que de faire l’inventaire de l’entrepôt Rocket… et surtout jaloux de la relation nouvelle entre ses équipiers qui s’efforçaient de faire comme si de rien n’était…

Jessie s’était levée plus tôt ce matin-là et préparée de longues minutes dans la salle de bain, se reluquant sous tous les angles, peu sûre d’elle, s’attachant les cheveux en un chignon sophistiqué, juste avant de le détacher, après réflexion, pour les arranger sur son épaule gauche, puis la droite, pour finalement se faire une queue de cheval, la détacher, s’appliquer à effectuer sa houppe étrange qu’elle arborait d’ordinaire… avant de les relaver et d’opter finalement pour une coiffure très minimaliste avec seulement ses longs cheveux lâchés… Elle avait ensuite essayé les nombreux dessous qu’elle avait acheté la veille au centre commercial de Jadielle, se demandant ce que James allait préférer : un body? Un simple ensemble ? Oui… mais de quelle couleur… ? Elle avait fini par opter pour de la lingerie noire et dentelles, soutient gorge balconnet galbant parfaitement sa poitrine, et une petite culotte noire assortie, mettant en valeur ses fesses rebondies, et le tout recouvert d’un fin gilet en dentelles noires... Elle avait préparé son arrivée dans la pièce, mais tout d’un coup elle se sentait ridicule… Et s’il se moquait ? Elle pensa au court laps de temps qu’ils avaient devant eux avant que Miaouss se rapplique et prit son courage à deux mains en abaissant la poignée de la porte de bois, se sentant stressée comme si elle allait apparaitre devant le public en délire pour un concours Pokémon…

« Afin de protéger le monde... de la dévastation! »

Elle se dévoila de derrière la porte, terriblement sexy dans sa tenue qu’elle avait choisi avec soin, ses cheveux roses retombant sur son épaule blanche et son rouge à lèvres carmin surmontant son fin sourire joueur, dans une pause épique, qui suscita un rire franc et mignon ainsi qu'une érection instantanée chez son équipier qui était allongé sur le lit en train de feuilleter une revue sur l'élevage de Pokémon en buvant un thé trop chaud

« Afin de rallier tous les peuples à notre nation? »

Il la dévorait des yeux, le cœur résonnant à toute vitesse dans son corps tout entier, sans pouvoir se détacher de son large sourire attendrit

« Afin de… faire l'amour dans ce lit défait...? »

Elle rougit un peu en lâchant cette réplique d'une voix tremblante et empreinte de gêne, malgré une irrésistible envie de trépigner

« Miaouss est parti? »

« Je l'ai envoyé faire des courses, je suis vraiment trop douée... »

James fit voler le magazine au sol dans un sourire béat, aux anges

« Et comment! »

Jessie s'avança toute contente, presque en courant, et le jeune sbire l'accueillit dans un baiser brûlant qui les fit tomber à la renverse au milieu des draps chauds. Ils usaient de stratagèmes à coup d'excuses bidons pour que le chat leur laisse un peu de répit et parfois, comme ce matin, ça fonctionnait, pour leur plus grand plaisir... 

Mais le chat n’était pas dupe : il avait été amoureux lui aussi, et des gestes comme cette peste de Jessie qui lèche son doigt pour enlever le Nutella au coin des lèvres de James en rougissant comme une morveuse était tout de même plutôt flagrant… De même que leurs blabla pour rester seuls : la dernière excuse en date était probablement sa favorite : il devait aller chercher du bois parce que « Jessie doit se reposer et moi je euh… dois aller… à… euh chez… le médecin… pour voir si tout va bien ! Une visite de contrôle ! Oui, c’était hier, c’est vrai Miaouss mais euh c’est … Raaaaaah cesse de poser des questions, si Jessie a dit qu’il fallait du bois alors tu y vas et c’est tout, tu la connais, elle pourrait s’énerver… » Non mais sérieusement ! Ils le prenaient pour un imbécile ?

-

« Tu fais aucun effort James, à quoi sert l’argent à ton avis ?!!! »

« Euh… »

« A acheter de la nourriture ?», demanda timidement le chat dont l’estomac grognait

« Non Miaouss, je pensais plutôt à dormir dans un hôtel luxueux comme celui-là ! Faites ce que vous voulez, moi je vais voir ça d’plus près… »

James savait que ce genre d’endroit la faisait rêver : un lit King Size, une chaude couverture en laine de Wattouat, une large baignoire de marbre et un mini bar avec du champagne, un accès au spa, un restaurant étoilé… Après des semaines d’enfer dans leur rudimentaire cabane, c’est sûr qu’ils en avaient bien besoin, mais le fait que ce complexe fut à l’époque l’une de ses résidences secondaires lui faisait froid dans le dos… Mais voilà qu’elle avait déjà pris de l’avance et qu’elle se dirigeait tout droit vers le dit hôtel, le pas décidé

« Boooon c’est d’accord, Jessie attend !!! »

Il savait pertinemment qu’il allait surement le regretter et qu’ils n’auraient plus du tout d’argent après une telle folie, mais ça allait lui faire du bien, probablement… Elle restait terriblement fragile malgré leur réconciliation, en proie au stress, à l’angoisse, elle faisait des cauchemars presque toutes les nuits, elle pleurait parfois, en hurlant des brides de phrases décousues au sujet de sa mère, de choses étranges et terrifiantes, incompréhensibles… Il avait beau la serrer contre lui de toutes ses forces, la rassurer, être là, se démener, elle semblait être redevenu elle-même, du moins en apparence, mais il savait que c’était faux : quelques choses s’était bel et bien brisé en elle et elle ne se remettrait probablement jamais de ce qu’elle avait subi...

-

« Oh Melchior… ? »

« Oui Mademoiselle ? »

« Veuillez me resservir de ce délicieux breuvage, voulez-vous ? Et quand vous serez revenu, je souhaiterai que vous m’éventiez Melchior, j’ai terriblement chaud… »

Le majordome tira sur son col trop serré, transpirant comme du bétail par cette chaleur étouffante, et il soupira, exaspéré par ce travail ingrat et dégradant que celui d’être au service de la famille Bourgeoys depuis tant d’années sans aucun égard…

« Tout de suite Mademoiselle, autre chose… ? »

« Non Melchior, vous pouvez disposer… »

La jeune femme aux cheveux framboises fit un bref signe de la main rabaissant en direction du pauvre homme et baissa un peu ses larges lunettes de soleil Chanel avant de balayer le luxuriant paysage de yeux vert d’eau perçants… lorsque son cœur manqua un battement et elle se sentit sombrer, s’enfoncer dans son transat et être avalée sous le niveau du sol, abasourdie et complètement sonnée…

« Je veux qu’on prenne la suite royale James, et Miaouss tu dormiras dans le oooooooh regardez la carte ! On mangera du Colhomard ce soir, j’en n’ai jamais mangé de ma vie ! Posons les valises et allons en ville, je dois m’acheter une nouvelle robe ! »

Jessie s’agitait dans tous les sens, surexcitée par tout ce luxe, suivie par son équipier qui râlait en portant les valises tout seul sous le regard choqué et terriblement noir de Jezabelle qui ne bougeait pas, sous le choc, la bouche entrouverte, déformée par la rage et la surprise, se sentant flotter au-dessus du sol, hors de la réalité, dans un terrible cauchemar...

« Jessie, attend moi !! »

« Tenez Mademoiselle, votr… »

« Merci bien Melchior, disposez. »

Jezabelle les suivi du regard jusqu’à ce que le trio passe la lourde porte du hall d’entrée et ne se dirige vers la réception tandis que le pauvre larbin posa délicatement la carafe en cristal et le large verre rempli de glaçons sur la petite table près de la jeune aristocrate et s’éloigna doucement, encore l’éventail dans la main…

Elle ne prêta nullement attention à sa citronnade fraîche : elle avait envie d’hurler, d’appeler sa horde de domestiques aux carrures de Machopeurs pour qu’ils arrachent son fiancé des griffes de cette vilaine peste vulgaire aux cheveux roses mal fagotée dans sa robe à rayures et de ce sale matou parlant, cette abomination de la nature répugnante et putride… mais elle préféra se contenir, fidèle à ses préceptes et convenances, et attendre le moment opportun pour agir. Les femmes mondaines telles que Jezabelle doivent faire preuve de patience et d’élégance à tous crins, et ne jamais, ô grand jamais perdre leur sang-froid. Elle remit en place ses bouclettes et son maillot de bain une pièce noir drapé avant de fixer un point quelconque de l’horizon en se perdant dans les méandres de ses pensées… Il fallait qu’elle trouve un plan, une entourloupe, un moyen de lui parler sans faire de scandale et surtout pour ne pas qu’il lui file entre les doigts, cette fois-ci…

-

« Waaaaaw !!! C’est magnifique, pas vrai Pikachu ? »

« Pika ! »

Sacha était penché au-dessus de l’océan, ses cheveux noirs filtrant l’air marin à toute vitesse, regardant avec émerveillement les vagues scintillantes s’engouffrer sous la coque du bateau autour de laquelle affluaient des Démentas, bien visibles au travers de l’eau cristalline, parmi les Poissirènes, les Magicarpes et les Lupios, tandis que le luxuriant rivage se dessinait au milieu des rochers recouverts de Corayons et d’Octilleries, d’Ecrapinces et de Ramollos dont certains finissaient par évoluer après qu’un Kokyas leur ai mordu la queue…

Ils avaient attendus ce moment toute la journée, ou plutôt depuis la veille au soir, depuis que le professeur Chen leur avait proposé cette mission inopinée… Délia était tellement inquiète pour son fils qu’elle ne l’avait pas laissé repartir tout de suite à la quête aux Pokémons, terrifiée par ce qu’il lui était arrivé dans ce sombre bunker, piégé 6 pieds sous terre malgré lui pour avoir voulu sauver ces pitres de la Team Rocket… Elle avait eu tellement peur qu’elle avait voulu tout faire pour lui changer les idées et ce bon Samuel Chen avait encore usé de stratagème pour leur permettre de passer des vacances agréables :

« Je dois faire parvenir cette petite fiole au professeur Ebène sur l’île de la Rhubarbe afin qu’il effectue des recherches à son sujet… Que dirais tu Sacha de lui apporter avec l’aide de Pikachu ? Vous pourriez passer un peu de bon temps sous les tropiques et contribuer à l’avancée de la résolution d’un véritable mystère scientifique ! »

 « Un mystère scientifique ? Je suis partant, toi aussi Pikachu ? »

« Pikaaaaaaa ! »

Il n’avait pas dormi de la nuit, trop excité à l’idée d’enfin quitter la maison et sa maman qui l’étouffait depuis qu’il était sorti de l’hôpital, et c’est vrai qu’en y repensant elle n’avait jamais été aussi proche de lui, aussi attentionnée, préoccupée par son sort... Il préférait peut-être qu’elle soit plus détachée, lui laissant plus d’autonomie… Les soeurs d’Ondine n’avaient pas voulu qu’elle vienne avec lui dans cette excursion, la mère d’Aurore non plus, et Caroline n’avait même pas communiqué à Flora l’invitation, la déclinant à sa place… Pierre, lui, était resté auprès du garde forestier dont il était follement épris, enfin, jusqu’il croise une infirmière Joëlle, probablement… Le pauvre garçon se sentait terriblement seul mais peu importait, il était avec son plus fidèle ami et cette mission lui semblait être passionnante et était surtout une issue de secours pour lui…

Il avait soigneusement choisi ses Pokémons pour l’occasion : Macronium, Mustébouée, Hélédelle et Donphan, et il les rappela dans leurs Pokéball alors que le bateau amarrait, avant d’empoigner son sac à dos et de franchir le pont boisé, un peu chancelant, Pikachu sur son épaule, et d’être accueillis eux aussi par de joyeux Guérilandes et leur parfum envoutant, sous le soleil brûlant de ces îles paradisiaques regorgeant d’une faune et d’une flore incroyable... Intrigué, il sorti son Pokédex…

« Alors, voyons voir… »

///Crrrr… « Guérilande, pokémon Tresse fleur ! Utilisées en bain, les fleurs qui se collent sur sa liane possèdent des vertus relaxantes. Elles ont déjà séduit les gens du monde entier ! »///

 

Le jeune dresseur assigna une caresse affectueuse sur la tête de ce mignon petit Pokémon étrange et reprit alors, ne perdant pas de vue son but premier, le nez enfoui dans son Pokénav…

« Hmmm… l’hôtel doit se trouver daaaaaans… cette direction ! En route Pikachu! »

« Pikaaa ! »

-

« HAAAAAN…. »

James se stoppa net et posa fermement sa main sur la bouche de son équipière pour étouffer ses bruyants gémissements…

« Chuuuuuuut Jessie, Miaouss pourrait t’entendre !!!!!! »

Elle esquissa un petit rire incontrôlé et frissonna comme une folle tandis que James reprit, allant plus loin en elle, dur, et elle releva un peu ses fesses, tout doucement, avant de les redescendre pour qu’il aille plus loin encore, la serrant contre lui de toutes ses forces en dévorant son cou parfumé, se retenant lui-même de ne pas hurler tellement il prenait son pied, assis dans le jacuzzi avec son équipière à cheval et empalée sur lui, perdant totalement la tête sur la terrasse de leur suite, le chat étant juste derrière le rideau en train de faire une sieste… Il ne supportait pas l’idée que Miaouss puisse les prendre en flagrant délit, quelle horreur, mon Dieu non, il serait probablement choqué à vie et James le voyait déjà démissionner et révéler à tout le QG qu’ils les avaient vu, qu’ils l’avaient vu déflorer Jessie, quelle honte, il se sentait mourir rien qu’à y penser ! Il refusait cette image de pervers, de marginal déviant et malsain qu’il pourrait renvoyer aux autres : c’était son péché secret qu’il ne partageait qu’avec Jessie, personne ne devait le savoir !

Il se faisait honte car il avait toute sa vie pensé que ce n’était pas convenable et sale, il essayait de se résonner mais c’était tellement tentant et excitant… Il avait suffi d’un regard, comme à chaque fois : ils étaient tous les deux assis dans ce bain à remous, sagement, et voilà que la seconde d’après ils s’embrassaient comme des fous, inconscients, et qu’il avait glissé sa main dans ses cheveux, le long de sa cambrure de folie, de ses fesses… Jessie était pour lui le Abo de la Genèse : elle le poussait dans le vice mais il ne pouvait pas faire autrement, elle était trop belle…

« Haaa….haaaa… »

Ses petites plaintes aigues l’excitaient encore plus intensément : il ferma les yeux plus fermement dans un immense sourire béat, sentant les bulles du spa pétiller sur sa peau brûlante, le soleil cogner et se réfléchir dans l’eau bouillonnante, s’accrochant à ses hanches, aussi fort qu’il le pouvait, comme s’il allait tomber dans un précipice, il était au bord, il allait venir…

« Haaaaaan Jessie… »

« On va manger ? »

« Miaouss ! »

James entendu son ami lui parler à travers la porte fenêtre et tourner la poignée, mon Dieu non non non non non, quelle angoisse, il ne pouvait pas se résoudre à être pris la main dans le sac de la sorte, mais il était pris de court, il paniqua, ne sachant pas quoi faire… alors il poussa violemment Jessie qui se cogna le dos dans un fracas terrible contre la paroi dans un grognement…

« EHHHHHHHHHH MAIS CA VA PAS ! »

Miaouss n’était pas sûr d’avoir compris... 

« Ehhh mais qu'est-ce que vous faites? » 

Ils étaient écarlates sans parler de la jeune sbire qui n’osait pas bouger, ayant perdu son bas de maillot dans le jacuzzi… James se gratta nerveusement la nuque en plissant les yeux en un sourire hypocrite

« Oooooh mais rien, on prend le soleil, on se détend un peu, pas vrai Jessie?" 

La jeune femme lui lançait un regard noir, se massant le dos à l'endroit où elle avait été projetée contre le bord et qui était déjà blessé d'un large hématome, le choc ayant ravivé son ancienne douleur... Elle en avait assez de se cacher : James avait honte d'elle? C'était quoi le problème?

« Ne reste pas là imbécile, va nous chercher à manger ! », cria t elle de son affreuse voix raillante pouvant briser plus de vitres qu'un Yanma...

Miaouss se sentait de trop, n'étant pas stupide, alors il préféra s’éclipser et descendre prendre son repas tout seul sans poser de questions, car après tout, il avait faim depuis des heures, et son estomac passait avant les états d’âmes de ses équipiers…

Jessie se déviait pas ses prunelles lagons de son équipier, folle de rage et vexée

« Tu m’as fait mal ! »

« Bah que voulais-tu que je fasse Jess, tu ne bougeais pas ! »

« T’as honte de moi c’est ça ? »

« Honte ? Mais non enfin, ça ne va pas ! C’est juste que je ne voulais pas qu’il nous voit ! Tu n’imagines pas les conséquences que ça pourrait avoir ! Et si le boss l’apprenait ?! »

« Je parie que le boss s’en contre moque de ce qu’on peut bien fabriquer, tant qu’on fait l’inventaire de son entrepôt ! »

« Oublie le boss d’accord, imagine un instant que Miaouss te voit comme ça dans une telle position ! Mon Dieu Jessie tu n’y penses pas ! »

« Et bien moi je m’en fiche d’être prise en flagrant délit, je trouve même ça excitant ! »

Elle remit ses cheveux en place en déviant le regard, provocatrice

« Excitant ? Non mais tu veux rire ! C’est humiliant ! »

« Humiliant ? Tu crois pas qu’t’y va un peu fort là? Tu crois que Miaouss est stupide ? »

James réfléchit un instant, la tête enfouie dans son menton, la moue boudeuse...

« Oui, j’en suis même certain… »

« Oui c’est vrai qu’il est terriblement idiot, mais pas sur ce genre de sujet ! Il en connait un rayon là-dessus, j’en suis persuadée ! »

« Permet moi d’en douter, je su… »

« Et je te ferai remarquer que ce n’est pas le sujet, avoue le James, tu as honte de moi ! »

« Je n’ai pas honte de toi Jessie, arrête de dire ça ! »

« Alors pourquoi tu ne veux pas que Miaouss le sache ? »

«  Mais sache QUOI Jessie, tu perds l’esprit !! Il n’a pas à le savoir et on n’a pas à s’en vanter, c’est pas bien c’qu’on fait ! »

Elle croisa les bras, le visage rouge et brûlant, prête à exploser à tout moment…

« PAS BIEN MAIS QU'EST CE QUE TU VEUX DIRE? »

Il se recula un peu, livide, prêt à se protéger d’éventuels coups…

« Je voulais dire que c’est notre secret, ce n’est pas quelques choses… de mauvais ou… enfin, si je ne puis dire, mais c’est… il vaut mieux qu’on le garde… pour nous … on n’est pas obligé de partager ça avec Miaouss tu vois, c’est notre… intimité ?»

« Donc tu n’assumes pas le fait de te « souiller » avec moi ? Je ne suis pas assez DISTINGUÉE pour Môssieur James Morgan, si j’ai bien compris ? »

« Mais noooon Jessie ça n’a rien à voir, tu te méprends, j’t’assure ! »

« Et au-delà du sexe James, tu assumerais de sortir avec moi publiquement ? Tu assumerais de relever notre relation à Miaouss par exemple ? »

« Je viens de te répondre ! »

« NON JAMES, tu ne m’as pas répondu ! »

Evidemment, James assumait et il en avait plus qu’envie… mais c’était trop brutal, devoir tout révéler à Miaouss comme ça, d’un coup… il n’était pas sur, ça faisait beaucoup de bouleversement, il aurait préféré lui faire signer un contrat de confidentialité au préalable, le faire asseoir dans un fauteuil confortable, avec de la nourriture, une masseuse Givrali sexy pour le détendre, de la ventoline à proximité, au cas où...

« Je veux que ça reste juste… entre nous pour l’instant, on est pas… obligé de le dire à tout le monde, enfin je n’ai pas besoin de le crier sur tous les toits, je te le dis à toi Jessie, je t’aime et tu le sais, c’est tout ce qui importe, non ? »

« Non. Pas pour moi ! Tout ce que je vois c’est que tu ne m’estimes pas assez bien pour toi ! »

« Noooon Jessie, mais arrête, c’est juste que… je ne voulais pas t’offenser, tu n’as pas compris ce que je voulais dire… »

« Oh mais si, ne t’inquiète pas, je suis une roturière défigurée, moche et stupide qui corrompt ton pauvre petit corps pur et innocent, EXCUSE MOI ! »

« Je n’ai jamais dit ça, tu vois, on ne peut rien te dire, t’es susceptible ! »

« MOI SUSCEPTIBLE ? »

« Oui tu vois, et là encore : tu es susceptible quand je te dis que t’es susceptible ! »

« JE NE SUIS PAS… SUSCEPTIBLEEEEEE ! »

« Qui s'offense, se vexe facilement, c'est le dictionnaire qui le dis Jessie, c'est pas moi... »

La jeune femme sorti du bain à remous, à bout de nerfs, excédée par les remarques de son équipier et par son comportement, s’enroulant dans une serviette rapidement pour cacher ses fesses nues, et s’engouffra dans la chambre sans un mot…

« Raaaah mais Jessie, s'il te plait, ne soit pas si susceptible, attend!!! »

-

Sacha arriva jusqu’au somptueux hôtel, s’en prenant plein les yeux à chaque recoin de cette grandiose salle d’accueil ancienne de décorée de dorures, sculptures, vitraux merveilleux représentant des Pokémons et des membres de la famille Morgan, sans parler des meubles tous plus imposants et impressionnants les uns que les autres, jonchant le sol de marbre… Il leva les yeux pour admirer les moulures au plafond encerclant un immense lustre en cristal… avant d’être coupé dans son émerveillement

« Je peux vous être utile, jeune homme ? »

Sacha sourit à son interlocuteur, un grand homme brun d’une quarantaine d’années, terriblement distingué, semblant lui aussi surgir de l’Angleterre victorienne, s’accordant à la perfection avec cet endroit.

« Ouep ! Bonjour j’m’appelle Sacha, et voici mon ami Pikachu ! »

« Pikachu ! », le salua la souris jaune à son tour dans une inclinaison de tête adorable

« Non sommes venus voir le professeur Ebène ! »

« Je me prénomme Edgar, je suis le maître d’hôtel. Suivez-moi, je vous prie. »

Sacha s’avança d’un pas décidé derrière l’étrange majordome mais il fut bousculé par une jeune femme…

« Pardon Madame !», Et il emboîta le pas à Edgar dans le prestigieux et sombre escalier en colimaçon…

Jezabelle se retourna vers Sacha d’un air malicieux « Madame… pas encore mais ce ne serait tardé !», Se dit elle dans son fort intérieur tandis qu’elle se précipita vers le téléphone près de l‘accueil avant de composer énergiquement un numéro d’un geste minutieux en faisant tourner la roulette du vieil appareil, et alors elle colla le combiné contre ses bouclettes framboises… Elle restait placide mais arborait un incommensurable sourire diabolique, trépignant intérieurement à l’idée de…

« Oui allo, bonjour Sébastien… Je m’excuse de vous déranger, mais j’ai une information de la plus haute importance à communiquer à Monsieur et Madame… »

-

« Sacha, bonjour, je vous attendais Pikachu et toi, entre, met toi à l’aise ! »

Le curieux professeur se leva d’un bond, lâchant son microscope et serra la main du jeune garçon ainsi que la petite patte jaune de son pokémon avant de l’inviter à s’asseoir dans un large fauteuil près de son imposant bureau en acajou massif…

« Je suis content que tu sois là ! Je vais pouvoir continuer mes recherches ! »

« Oh d’accord, mais de quoi s’agit-il exactement ? », demanda le jeune dresseur en détaillant de ses yeux noirs les étranges instruments de ce savant…

« Comment ? Samuel ne t’a donc pas expliqué ? Installe toi confortablement Sacha, je vais te montrer… » Il fit le tour de la pièce en sautillant et trifouilla parmi des piles de vieux ouvrages sous le regard curieux de l’enfant qui ne bougeait pas, le suivant curieusement des yeux…

« Alors euh… par où commencer… »

Le jeune dresseur aperçu non loin du microscope une petite fiole noire ornée du symbole du pique, identique à celui des cartes à jouer, et la saisi énergiquement, la détaillant, la dévorant des yeux comme s’il avait trouvé un trésor…

« Waw… Qu’est-ce que c’est ? »

Le professeur répondit sans détacher son attention de ses grimoires…

« J’ai nommé cet élixir le Mentio, c’est un sérum qui pousse les gens qui le boive à ne divulguer que des mensonges pendant les heures qui suivent… Et celui que tu as en ta possession orné du symbole du cœur, conduit à la stricte inverse, et s’avère être un sérum de vérité ! »

« C’est incroyable professeur, c’est vous qui les avait créé ? »

Le professeur s’assombrit tout en saisissant enfin un gros livre poussiéreux, avant de s’avancer vers son bureau et de s’asseoir près du jeune dresseur

« Non malheureusement… Je vais t’expliquer Sacha, regarde –il ouvrit le bouquin et montra une page précise à l’enfant, et à son Pikachu qui s’approchait pour suivre également, contenant une enluminure dépeignant deux gros arbres fruitiers...- Ceci est un Mentionier, c’est un arbre très courant et connu pour ses baies toxiques, les baies Mentio. On ne peut en extraire le jus qu’en les faisant chauffer à plus de 70°C et en les pressant d’une certaine manière, après avoir limé leurs dangereuses épines, bien entendu… C’est avec... –Le professeur tourna les pages jusqu’à s’arrêter sur une en particulier, illustrée d’un chaudron et ingrédients mystérieux- …cette baie et d’autres fruits et plantes qu’est mis au point le sérum que tu as dans ta main Sacha ! La baie Mentio est la base de cet élixir et maintenant sur la page suivante… voilà… nous avons la même recette, mais avec une baie Vérus…»

Il se tu un instant, l’air dépité et reprit d’un ton expressif avant que le jeune garçon n’ai pu sortir un seul mot…

« Cette recette que tu vois là Sacha est impossible à réaliser tout simplement parce que les baies Verus n’existent pas, ou plutôt n’existe plus : elles ne sont mentionnées que de très vieux textes datant de l’époque des Amonita… Et pourtant… »

Sacha écoutait extrêmement attentivement, passionné par ce récit, aux côtés de son Pokémon qui avait les yeux tout aussi brillants que son dresseur, captivé…

« Ton professeur m’a appelé il y a quelques jours pour me parler de cette fiole qui lui avait été rapporté par l’agent Jenny suite à une arrestation… Les malfrats avaient en leur possession un petit flacon étrange, et la police a voulu le faire analyser. C’est comme ça que Samuel a obtenu ce sérum Sacha. Sachant que je suis expert en potions, il m’a contacté et c’est là pour nous avons découvert l’incroyable… »

« Et qu’est-ce que c’est professeur ? »

« Le Verus… Cette recette-là Sacha, a été réalisée et le résultat obtenu le prouve… les baies Verus n’ont pas disparues ! C’est alors que j’ai trouvé ce livre… - le professeur attrapa un autre ouvrage et l’ouvrit à l’endroit où il avait placé préalablement un marque page en forme de Lugia- …d’histoire qui parle de ces baies : à l’époque Antique, le Verus était très utilisé avait de délier les langues des prisonniers de guerre, mais… comme tu t’en doutes, les Vérutiers ont fini par disparaître, les camps ennemis les abattant afin de protéger leurs secrets les plus importants. Il resterait un seul endroit au monde où l’on peut encore admirer ces grands arbres mystiques et c’est la raison de ma présence ici… »

Le jeune dresseur se releva un peu, étalant ses mains sur le bureau, les yeux flamboyants… 

« Vous voulez dire qu’il y a des Vérutiers sur cette île ? »

« Il y en a un précisément, dans les montagnes, et je compte bien le trouver Sacha, et percer les secrets de ce fruit étrange… »

« On vient avec vous professeur ! »

« Ce peut être dangereux Sacha, ces montagnes sont plutôt hostiles… Mais je dois reconnaitre qu’il faut que je m’y aventure… Ces affreux malfaiteurs vont se mettre à la recherche de la baie quand ils sortiront de prison, ce sérum doit être leur arme pour faire parler quelqu’un, il faut que je trouve l’arbre avant eux… »

« Alors nous n’avons pas de temps à perdre ! En route Pikachu ! »

« Pika ! »

-

Miaouss arriva au pied du prestigieux escalier de marbre, à l’accueil, et se mit à chercher le restaurant des yeux quand…

« Il va falloir être prudent Sacha... »

« Ne vous en faites pas professeur, on en a vu d’autres Pikachu et moi, pas vrai mon ami ? »

« Pikapi ! »

Miaouss se cacha directement derrière une colonne victorienne, suivant des yeux le morveux et son insupportable rat jaune : quelle poisse, ils ne pouvaient plus aller nulle part sans que ce sale mioche soit sur leur chemin… !!!!

« Hinhaaa… Je crois qu’on ferait mieux de manger un p’tit quelques choses avant d’partir… », dit le jeune dresseur dans un large sourire gêné, son bruyant estomac trahissant son appétit…

« Pika… » Son pokémon avait faim lui aussi, et à vrai dire, le professeur n’était pas en reste

« Oui tu as surement raison Sacha, il faut prendre des forces ! Je vous invite à déjeuner ! »

Miaouss les suivi bêtement du regard, bien décidé à leur emboiter le pas quand…

« Monsieur, Madame, vous avez fait bon voyage ? »

« Infect ! La climatisation était trop forte, cet indien masseur de pied m’a froissé un muscle et ce satané vent d’ouest a fait valsé notre jet du manoir jusqu’à l’hôtel, nous n’avons pas même pas pu prendre le thé… Je suis éreintée Edgar, débarrassez moi de ça et conduisez nous jusqu’à notre suite je vous prie… »

Le maître d’hôtel rattrapa au vol l’épaisse ombrelle de Theresa Morgan et fit tinter sa clochette afin que les larbins du couple ne viennent s’affairer à monter les lourdes valises dans la suite royale, et ils disparurent tous dans l’escalier sous le regard déconfit et terrifié de Miaouss qui était à la limite de fusionner avec la colonne tellement il la serrait de ses pattes fébriles…

-

« Merci d’avoir payé not’ caution M’sieur… »

« BANDE D’INCAPABLES VOUS AVEZ PERDU LA POTION ! C’ETAIT MON DERNIER ESPOIR POUR FAIRE PARLER CETTE GARCE ET VOUS VOUS FAITES CHOPER PAR LES FLICS POUR CONDUITE EN ETAT D’ÉBRIETE VOUS VOUS MOQUEZ DE MOI ? »

Les deux sbires idiots se regardèrent, haussant les épaules, avant que le principal intéressé ne daigne répondre à Elias dans le combiné de téléphone…

« Euh… nous sommes presque arrivé sur l’île où se trouve le fruit m’sieur, on va vous refaire le même machin-bidule pour que la fille parle, vous en faites pas… »

« VOUS AVEZ INTERET ! Bon… j’ai envoyé des hommes à Unys pour la chopper, vous avez vingt-quatre heures pour me ramener le sérum sinon je vous préviens vous finirez dans le bassin à Carvanhas bande d’incapables ! », Et il leur raccrocha au nez, furieux, sous les regards étincelants des deux malfrats qui se sourient diaboliquement…

« Ca va l’faire Bob… »

« Ouais, les doigts dans l’nez… »

-

« JESSIIIIIIIE !!!! JAAAAAAAAMES !!! »

« Quoi encore ? », grogna Jessie qui releva le menton de son téléphone, encore agacée par cette altercation avec son équipier…

« Y a l’morveux et son rat au restaurant ! 

« Hm… » Jessie se mit à réfléchir : voler ce Pikachu était tentant et surtout facile puisque son dresseur était insouciant et en vacances…

« On s’en fiche Miaouss, on est là pour se détendre, laisse le un peu tranquille ce gamin… », Ronchonna James en s’asseyant sur le lit près de Jessie qui le dévisagea, exaspérée par son comportement précédent, accompagné de Sepiatop qui était posé sur sa tête comme sur un perchoir

« Boh j’ai rien fait, je l’ai juste croisé et d’ailleurs y avait pas qu’lui ! »

« Ah bon, il était avec toute sa bande de mioches ? », demanda Jessie, intéressée par ces informations capitales à sa future machination pour capturer la souris électrique…

« Moh non il était avec un vioc en blouse blanche… par contre j’ai vu tes parents, James… »

Le cœur du jeune homme se serra et il eut l’impression que le sol l’avalait…

« Mes… parents ? » Sa bouche lui semblait se détacher et balayer le sol tandis que ses paumes devenaient moites, son tient livide, il était pris de panique, quelle horreur, c’était un cauchemar, pas eux, pas maintenant…

« Si je les ai bien r’connu ils avaient des fringues toutes vieilles et moches avec des ombrelles… »

« Oh mon dieu c’est bien eux, c’est terrible, il ne faut pas qu’ils me voient… », Marmonna-t-il en se cachant derrière le lit comme s’ils allaient arriver…

« Pitoyable… », Lança son équipière en le toisant, se relevant du lit en commençant à farfouiller dans sa valise…

« Bah qu’est-ce que tu fais Jessie ? »

« Je prends mes Pokéball, je vais aller capturer Pikachu pendant que le morveux se rempli l’estomac sans se douter du mauvais tour que je suis en train d’élaborer… »

« Non c’est hors de question Jessie ! Tu restes avec moi ! Je n’ai pas dilapidé toutes mes économies pour que tu partes en mission toute seule c’est ridicule, c’était censé être notre journée ! A tous les deux ! »

« Ehhhh on a jamais appelé ça l’duo rocket, ON EST TROIS BANDE D’ÉGOÏSTES !!!!! »

« J’aimerai bien t’expliquer ce qu’il a voulu dire Miaouss, mais je tiens à mon dos… » 

« Jessie commence pas, s’il te plait… »

« Je suis occupée là, tu n’as qu’à partager ce que tu avais prévu avec Eoko, lui au moins tu n’as pas honte de sortir avec lui ! »

La moutarde commençait vraiment à monter au nez du jeune homme, c’en était trop, elle ne voulait pas comprendre et ça le rendait fou ! Il avait prévu tout un programme pour passer la journée avec elle, et elle le lâchait pour aller… en mission Pikachu ? Sérieusement ?

« Je n’ai pas honte de toi, arrête de tout prendre personnellement, c’est agaçant à la fin ! »

« Tu recommences avec ça ? De toute façon tu ne pourras pas me courir derrière puisque tes parents sont en bas ! »

« Allez, c'est ça, va capturer Pikachu, t'as raison, vas-y, vas! Vas faire ton numéro, reçois toi une bonne attaque tonnerre dans les dents et envole toi vers d'autres cieux, ce sera bien fait pour toi, et tu pourras pas dire que je t'aurai pas prévenue!!"

 

Jessie serrait les poings, les dents pour ne pas exploser, ne déviant pas son regard assassin de son équipier, les trempes gonflées sous les battements de son cœur désordonné sous l'emprise des nerfs, et elle se retourna vers le félin bipède, provocatrice

 

« Oh tu entends ça Miaouss, ce crétin pense que je suis incapable de mener à bien une mission sans lui... EH MAIS REDESCEND SUR TERRE JAMES, JE suis la meneuse depuis toujours, et toi t'es qu'un fainéant, c'est pas vrai Miaouss?! C'est à cause de toi qu'on ne parvient jamais à rien, tu n'es qu'un boulet James... »

 

Miaouss n'avait réellement pas envie de répondre, agacé d'être sans cesse prit à partie alors qu'il n'avait rien demandé, et heureusement pour lui, le jeune homme enchaîna, vexé, le visage rouge et brûlant, au bord de la crise de nerf lui aussi...

 

« C'est TOI le boulet Jessie, avec tes idées à la mort-moi-le-noeud qui nous mettent toujours dans le pétrin! Tu ne renonces jamais, t'es bornée et susceptible, il faut toujours que tu nous entraînes dans tes pitreries, on ne peut pas passer une soirée tranquille, juste une seule? »

 

« Tu plaisantes j'espère? Tu ramènes encore ça sur le tapis? Non mais tu t'es pas r'gardé, t'es qu'une sale chochotte, t'es pire qu'une fille! »

 

« Moi une chochotte? J'ai faillit brûler dans un incendie pour toi, je me suis pris un laser glace en pleine figure parce que t'avais encore fait n'importe quoi! »

 

« Et moi j'ai bien faillit me faire tuer par un Metalosse à cause de tes imbécilités! »

 

« C'était parce que t'étais ENCORE partie en pensant qu'à toi! »

 

« Tu changes de sujet parce que tu veux pas admettre que c'est toi le problème, tu n'assumes jamais rien! T'as jamais rien assumé de toute façon, tu passes ton temps à fuir et à pleurnicher! »

 

« C'est la meilleure! C'est sûr que c'est mieux de faire semblant de... »

 

« Ah oui, tiens, parlons en! Faire semblant, tu en connais un rayon la dessus... »

 

« Ne change pas de sujet pour avoir raison je te préviens Jessie, je ne me laisserai pas avoir! »

 

« Si c'est comme ça, je m'en vais! »

 

« Allez et c'est reparti, madame se vexe et après c'est moi qui fuit! »

 

« On verra quand j'aurai eu une promotion pour avoir ramené Pikachu au boss, tu regretteras de m'avoir provoqué! »

 

« Je ne préfère ne même pas répondre, à quoi bon... »

 

« Parce que tu sais que j'ai raison! Assume et descend, va voir tes parents et dis leur ce que tu penses une bonne fois pour toute! »

 

« Je répondrais pas à tes provocations, c'est inutile et de toute façon c'est déjà tout vu alors... »

 

« En effet c'est déjà tout vu, alors bonne journée! »

 

« Mais merci, bonne journée à toi aussi Jessie! »

 

« Je vais franchir la porte James, c'est ta dernière chance... »

 

« Je ne te donnerai pas raison, je ne suis pas obligé d'aller contre CE QUE JE VEUX, ÇA SUFFIT MAINTENANT JESSIE, ARRÊTE OU JE VAIS M'ÉNERVER! »

 

« Boooooouh... j'ai peur... »

 

Ils restèrent un instant à se dévisager, placides, dans le silence glacial sous les regards empreints de gènes de Miaouss et de Sepiatop qui n'osaient même plus respirer de peur de briser cet angoissant calme plat...

 

« Bon et bien comme d'habitude je vous demande d'applaudir la piètre démonstration de James, mesdames et messieurs : James qui s'énerve! C'était vraiment très expressif et... explicite, merci, et maintenant je m'en vais! »

 

« C'est ça, vas t'en espèce de....raaaaaah! »

 

Jessie attrapa son téléphone, à bout de nerfs, le cœur battant trop vite, les mains tremblantes sous l'emprise de la rage qu'elle avait au ventre : James était vraiment trop stupide et immature, il ne comprenait décidément rien à rien, et quel était ce comportement : s'enfermer pour ne pas affronter ses parents, c'était d'un ridicule, quel gosse!

 

« De quoi? Vas y James, je t'en pris, tu voulais dire quoi? Espèce de... traînée par exemple? »

 

« NON JE VOULAIS DIRE UNE GROSSIÈRETÉ MAIS JE NE LA DIRAIS PAS PARCE QUE JE NE SUIS PAS DISCOURTOIS COMME TOI! »

 

« Discourtois? Je ne connais même pas ce mot et à vrai dire je m'en contre fiche! VAS TE FAIRE VOIR! »

 

Et elle claqua la porte sous le regard déconfit de Miaouss qui n'avait même pas osé leur faire goûter à son combat griffe pour calmer le jeu de peur de se prendre un revers bien pire par son équipière... Après tout elle avait quand même mis KO Seviper à mains nues... Sepiatop croisa le regard de son dresseur et pressa sa Pokéball, préférant se mettre à l'abri d'éventuelles jérémiades...

James serra plus fort ses points, ravalant ses hurlements, le visage crispé par l'énervement et il se retourna vivement, donna un violent coup de pied dans le lit pour se calmer... se cognant l'orteil dans le coin de l'épais pied de bois

 

« RAAAAAAAAAH MIAOUSS FAIT QUELQUES CHOOOOOSES SINON JE VAIS... JE ... AHHHHH!!!!!!! JE N'SAIS PAS CE QUE JE VAIS FAIRE... MAIS JE VAIS LE FAIIIIIRE! »

 

Il sautait fébrilement en se tenant son doigt de pied endolori, frisant la crise de folie, totalement hors de lui tandis que le félin bipède se moquait intérieurement : quelle bande d'imbéciles... James était tout bonnement ridicule, il avait encore voulu faire le dur et voilà qu'il s'était fait mal... pfff... Il afficha un sourire narquois, détaillant ses griffes d'un air détaché

 

« Tu t'sentirai p't'être mieux si tu me disais que tu couches avec Jessie, mais j'veux po t'forcer la main... »

 

« Oui peut être j'en sais ri... MAIS QUOIIII? Non mais Miaouss, ca n'va pas la tête?! »

 

« Boh tu crois que j'suis complètement stupide? »

 

« Mais je... »

 

« Tu cris plus fort qu'elle et on partage la même maison... »

« Je quoi...? Mais non Miaouss je t'assure que tu... »

 

James se sentait s'enfoncer sous le niveau de la terre de même que toute la pièce, l'hôtel, l'île, il sentait son cœur cogner à tout rompre contre sa cage thoracique, des frissons gelés le parcourir, la honte lui glacer le sang, quelle horreur, ce crétin savait tout : son pire cauchemar se matérialisait devant ses yeux ébahis!!

 

« C'est pas la peine de nier... Y a po qu'les murs qui ont des oreilles, les Miaouss aussi! »

 

C'était de pire en pire, le jeune homme restait immobile mais son corps tout entier lui paraissait se liquéfier

 

« Je n'ai jamais rien fait à Jessie, je te le jure Miaouss, tu me connais quand même! Jamais de ma vie je ne lui manquerais de respect... »

 

« Mais c'est po c'que j'ai dis... Au contraire je crois qu'elle apprécie tes... »

 

« Il vaudrait mieux qu'on change de sujet... », le coupa le jeune homme aux cheveux lavandes, livide, porté par la gêne et la culpabilité, suant à grosses gouttes, quelle horreur il n'était qu'un sale monstre répugnant, un pêcheur, il n'aurait jamais dû faire Ça mon Dieu, il voyait désormais clair : il avait commis l'irréparable et Miaouss devait le juger, le prendre pour une pourriture...

 

« Comme tu veux mais tu devrais être fier de toi, c'est pas tout le monde qui parvient à faire crier Jessie de cette façon... »

 

« Bah elle crie tout le temps... »

 

« Ouais mais pas de cette manière, enfin je l'ai jamais entendu crier aux morveux « Han oui comme ça, haaa James c'est bon haaaaan ha, oui, prend moi comme u... »

 

« CA SUFFIIIIIIIT JE NE VEUX PAS EN SAVOIR PLUUUUUS! »

 

« Facile à dire, c'est moi qui doit subir ça tous les jours! »

 

C'en était trop, le jeune homme explosa en sanglot et se laissa glisser sur les genoux face à son équipier Pokémon, les mains jointes, tremblant comme un fou, à la limite de la syncope... 

 

« MIAOUSS JE T'EN SUPPLIE N'EN DIS PAS PLUS JE SUIS DESOLEE C'EST PAS MA FAUTE C'EST ELLE QUI M'A FORCÉ... »

 

« Boh Ça va te met pas dans tous tes états Jamesounet... C'est rien d'grave, la vraie question c'est POURQUOI VOUS M'AVEZ RIEN DIT ESPÈCE DE TRAAAAITRES J’PENSAIS QU’ON ETAIT AMIS !!!! »

 

« Quuuuuuulbutoké ! Okéééé oké Quuuulbutoké ! »

« Tu vois, même Qulbutoké l’a mal prit ! »

« Qulbut… Mais… Oh non Miaouss… Jessie… Elle a oublié ses Pokéball ! »

-

Jessie descendit rapidement les marches quatre par quatre, excédée. Elle n’avait même pas prit la peine de revêtir son uniforme tant elle était pressée de sortir de la suite, mais tant pis, un agent aussi doué qu’elle n’avait pas besoin de cet accoutrement, elle prouverait à James que même en robe longue elle parviendrait à ramener ce satané rat électrique, et qu’en effet, c’était à cause de ces deux imbéciles que toutes leurs missions échouaient lamentablement… Les battements de son palpitant résonnaient dans ce froid et oppressant escalier tandis que son visage se crispait : elle avait les nerfs contre son équipier et elle ne parvenait pas à relâcher la pression, il n’assumait pas de révéler leur relation pff… Elle avait eu tant de déceptions amoureuses, elle était pourtant sûre que James était la bonne personne et voilà qu’il lui faisait ce coup-là ! Alors qu'elle s'était donnée corps et âme à lui! Quel abruti... Elle arriva enfin à l’accueil, les poings serrés, qu’elle traversa rapidement avant de…




« Je n’avais jamais vu quelqu’un manger aussi vite Sacha, c’est incroyable, tu pourrais aisément battre un Ronflex haut la main à un concours de nourriture ! », plaisanta professeur Ebène en passant le porche sculpté en compagnie du morveux et de Pikachu


« Ahah ça c’est bien vrai professeur… »


« Pikaaa ! », gazouilla le Pokémon, repu après ce délicieux repas


« Et encore il n’a pas vu Miaouss manger, ce matou puant serait capable d’engloutir un Tauros rôti sans mâcher… », Pensa Jessie en les espionnant perfidement de l’encolure des marches…


« Vous savez professeur, je pensais au départ qu’il s’agissait d’un filtre d’amour… C’est bête mais comme il y avait un cœur sur le flacon… »

Jessie se cacha derrière une épaisse colonne comme Miaouss précédemment tandis que Jezabelle traversait le grand hall elle aussi, en direction de la prestigieuse salle de restauration, quand elle s’arrêta net dans ses agissements… Elle fit doucement demi tour et releva ses yeux ténébreux vers Jessie, qui ne l´avait pas vue, absorbée par son espionnage, et la détailla : ces longs cheveux roses filasses, cette robe informe noire et blanche, ces savates toutes érodées, juste ciel mais que faisait cette manante au juste, cachée derrière une colonne…? La jeune aristocrate ne connaissait pas Jessie personnellement mais ses airs hautains et dédaigneux l'agaçaient au plus haut point, sans parler de son manque évident de classe et de tenue, cette pauvresse n'avait de toute évidence aucune éducation, elle semblait tellement vulgaire et irrévérencieuse, prosaïque... Quelle horreur, et dire que James passait tout son temps avec elle, il était tombé bien bas...


« En réalité on peut en effet utiliser les baies Verus pour créer des filtres d'amour mais c'est très difficile à élaborer, il faut d'autres ingrédients assez compliqués à obtenir, comme par exemple une poussière provenant d'une roche brune que l'on ne trouve qu'au mont Sélénite ou encore... »
 
Jezabelle détourna doucement son attention de Jessie, ayant entendu une bribe de conversation plutôt intéressante à son goût... Elle tendit l'oreille, les suivant discrètement d'un pas distingué...
 
« Et ça fonctionne vraiment? »
 
« Oui ça fonctionne Sacha, évidemment je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux mais si on trouve assez de baies on pourrait essayer d'en créer une si tu veux... »
 
« Ouaiiiiis trop cool, mais à qui on pourrait bien la faire boire? »
 
« Hm... et bien... il n'y a pas une jeune fille que tu convoites secrètement Sacha? », plaisanta le professeur en lorgnant d'un œil rieur sur le jeune garçon


« Et bien... euh… c’est-à-dire que… » mais il ne rigolait plus du tout, nerveux, gêné, les traits crispés, louchant sur son fidèle Pikachu pour s'extirper de cette question on-ne-peut-plus malaisante....
 
« Je plaisaaaante mon garçon, on la fera boire à un Rattata de laboratoire enfin, allons! »
 
Il s'esclaffa de rire en voyant le visage de Sacha reprendre doucement des couleurs et soupirer de soulagement suite à cette blague douteuse tandis que Jessie glissait de colonne en colonne pour ne pas perdre une miette de cette histoire, à l’affut de toutes les informations, peut etre y avait il quelques choses de valeurs à voler? , pendant qu’en parallèle la jeune aristocrate aux anglaises framboises se rapprochait un peu plus du chercheur qui déposait sa clé de suite à l'accueil...
 
« Mais au fait professeur, quand on boit cette potion, de qui tombe t on amoureux? »
 
« Et bien de la première personne dont on croise le regard! -il tendit sa clé à l'employée- Oui c'est la suite numéro 11, merci Madame, à tout à l'heure!- et reprit en direction de la sortie- Tu verras Sacha, Rattata croisera le regard d'un Rattata femelle et alors ce sera le coup de foudre! Nous aurons des Rattata dans l'année, soit en sûr! »
 
Jezabelle jubilait, souriant jusqu’aux oreilles en se faisant un film entier dans son esprit, un film perfide et sournois, tout comme elle : elle allait obtenir cette potion, la faire boire à James, et alors il serait fou amoureux d'elle, elle l'épouserait, comme convenu! Ses parents étaient déjà là et le guet-apens préparé : la cérémonie se tiendrait ici même demain à 11h... mais voilà que cet érudit, ce chérubin et ce Pikachu allaient lui faciliter la tâche, quelle chance! Ces histoires de Rattata étoffèrent encore plus son scénario : ils auraient même un bébé dans l'année! Un Morgan, c'est tout ce dont elle avait toujours rêvé : elle assurerait la descendance de cette prestigieuse et noble dynastie... A cette simple pensée elle se senti pousser des ailes ; elle replaça ses cheveux correctement et se mit à suivre le morveux, son rat et le prof Ébène d'un pas décidé, ses yeux sombres et marécageux rivés sur son plan machiavélique, sans quitter ce sourire effroyable de son visage... 
 
« James mon chéri, ce soir tu seras à moi ! », pensa t elle se marquant un peu plus son affreux sourire glacial
 
Elle les suivit discrètement, de loin, sorti de l´hôtel et avanca sur la plage privée du complexe, bondée de monde, évitant de marcher sur les serviettes et les chateaux de sable, toujours plus loin, prenant du retard à cause de ses fins escarpins à talons de créateurs, continuant à visionner dans les méandres de son esprit sadique les détails de son entourloupe, se délectant des imaginaires images de son futur mariage, elle se voyait déjà vivant au manoir de Monsieur et Madame avec James, avec leurs futurs rejetons bien élevés et si distingués, elle se voyait déjà en train de poser pour leur portrait de famille près d’un imposant sapin de Noël de 4m, ignorant le sable qui s’infiltrait dans ses chaussures… quand elle vit le morveux et le savant s'arrêter au pied de la falaise bordant la plage, sortir du matériel de leur sac... mais... que... QUOI? Ils se mirent à escalader le flanc rocheux sous le regard hagard de Jezabelle qui commençait à se demander si tout compte fait elle ne ferait pas mieux d'attendre en bas avant des soudoyer à l'aide de billets de banque pour obtenir les baies sans se froisser, quand ses songes se stoppèrent net à la vue d'une jeune femme qui les prenait également en filature : de l'autre côté de la montagne, elle la distinguait distinctement, cette peste de bas étage en train de grimper habilement… Elle voulait la baie pour que James tombe amoureux d'elle, elle avait tout entendu,  c’était sûr, elle devait en vouloir à son argent, et ça elle l’avait bien compris quand James était rentré pour avoir son héritage suite à la fausse annonce de décès de ses parents! Quelle immondice, et dire que James n’y voyait que du feu et l’estimait comme une amie, c’était insoutenable ! Elle préféra ignorer cette paysanne et se concentrer sur son but premier : trouver la baie. Cette vile et sauvage jeune femme ne l'obtiendrait pas avant elle, ah ça non! Alors elle remonta ses manches, souffla un bon coup, s'accrocha fermement à une pierre à son tour et essaya de monter, tant bien que mal, jusqu'à au sommet de cette maudite falaise...
 
-
« Va la chercher, c’est ridicule y vont pas t’manger ! » 
Miaouss était indigné, Jessie allait se mettre dans le pétrin et il fallait reconnaître que James n'avait pas assuré...
« Sepiatop… », souffla le poulpe, à bout de nerfs lui aussi
« Banshi ! » grogna la citrouille à son tour, vexée
« Ca va Banshitrouye, t’énerves po… », essaya le chat parlant pour calmer le jeu...
« Qulbutoké oké qulbuuuu ! », enchéri ce cretin, surgissant de nulle part comme à son habitude
« Mi-mime mimimime ! » 
Mais rien à faire, ils s'excitaient tous comme des puces et personnes ne se faisait entendre...
« Vortente mais dis leur toi, enfin tu les connais, tu sais de quoi ils sont capables ! »
James déperissait rien qu’à l’idée de voir ses terribles parents au loin derrière un miroir sans teint, alors prendre le risque de les croiser… non ça lui était insurmontable. Toutes ces années à les fuir, à tout faire pour tenter de panser ce terrible manque affectif et traumatismes qu'ils avaient engendrés chez lui à force de le rabaisser, de le rejeter, de vouloir le changer, à le réprimander, le punir, le priver, le forcer, l'opprimer, le persuadant qu'il n'était qu'un moins que rien... Non. Il n'en était pas question, il ne sortirait pas. Elle n'avait qu'a pas etre si capricieuse aussi, il n'aurait rien pu faire, quand Jessie a une idée en tête, a quoi bon essayer de la résonner...? Les pokémons de la jeune femme insistaient pour qu’il aille la chercher, inquiets, mais James ne pliait pas et s’agitait dans tous les sens afin de se défendre : non mais noooon, il n’irait pas, c'était indiscutable ! La conversation était sans issue, stérile, les pokémons campant sur leurs positions, prenant partie pour leurs dresseurs respectifs…
« Vortente… Vortente, vortente…» La plante verte ne pouvait que confirmer ses dires…
« Banshiiiiiiiii banshitrouye trouye ! Banshi ! » 
Mais la citrouille n’en démordait pas, pour elle, James était égoïste et immature, si j’ose traduire exactement ses dires, Banshitrouye l’avait carrément insulté de lopette…
« Sevipeeeeeeeer ! Sevip… »
« Eoooooo ! Eo eoko eoooo ! », le coupa le carillon tout rouge d’énervement, vexé par les insultes de la citrouille et acquiesçant les paroles de son dresseur, ayant déjà côtoyé ses affreux personnages durant sa convalescence chez pépé et mémé…
« Mime… ? » Mime Jr, lui, n’osait pas vraiment s’interposer, préférant consoler James de son chagrin, tiraillé entre l'inquiétude s'il arrivait quelques choses à sa chérie, et la peur panique d'être confronté à ses abominables géniteurs… 
« Vortente… » Lui aussi commençait à en avoir assez de ces chamailleries et cajola son dresseur à son tour… Miaous perdit patience, son cœur prêt à exploser
« Vous faites aucun effort, dis-lui toi Sepiatop ! Il faut qu’il fasse preuve de courage tout comme toi face aux Sepiatroces, tu t’souviens ? »
« Sepia… » 
Le pauvre petit Pokémon ne voulait plus être mêlé à Ça, aussi il retourna se percher sur la tête de James sans un mot...
« Ca suffit Miaouss, t’y vas toi et c’est tout ! Elle doit pas être loin de toute façon… »
« BANSHI ? BANSHITROUYE ! »
« J’suis d’accord avec elle, t’es vraiment qu’une poule mouillée… »
« Je n’suis pas une poule mouillée Miaouss mais essaie de comprendre… S’ils savent que je suis ici ils vont me ligoter et me forcer à rentrer et Jessie ne sera même pas là pour me sauver… Et tu connais la suite, ils vont me conduire à Jezabelle et je vais me retrouver paralysé sous l’emprise de paraspore et je... et... NOOOON JE T’EN SUPPLIE VAS Y TOI MIAOUSS JE FERAI TOUT CE QUE TU VEUUUUUX !!! »
Le jeune homme aux cheveux lavande se remit à pleurer en implorant son équipier comme s’il était Arceus en personne… Il était à bout de force : le fait que ses parents soient ici, cet endroit, tout, c'était trop, il ne tenait pas... Mais cette proposition n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd : le chat sourit narquoisement et releva la tête vers son ami qui était totalement à sa merci…
« Tout, vraiment ? »
James redressa un peu son regard émeraude, timidement, les mains jointes, hésitant…
« Tant que je ne risque pas de dommages physiques… ou que ça n’inclut pas de me séparer d’un objet de mes collections… oui, tout Miaouss ! »
« Je veux que quand elle revienne… tu lui dises que tu l’aimes devant nous tous… et je veux un mois entier de nouilles séchées à tous les repas ! »
« A… tous les repas ? Non mais c’… »
« C’est ça où je reste là et j’regarde le match à la télé ! »
« Boooooon c’est d’accord, t’es vraiment dur en affaires… », ronchonna James en serrant la patte du félin perfide tandis qu'il reniflait en séchant ses larmes de sa manche
« Appelle Christopher et commande lui un mois de nourriture en livraison pour moi... A tout à l’heuuuure ! »
« Banshi !! » La grosse courge croisa ses cheveux comme si c'était des bras, ne parvenant pas à calmer ses nerfs. Décidément, tel Pokémon, tel dresseur...
« Ouais s’tu veux, viens avec moi… »
La citrouille s’empressa de suivre Miaouss, inquiète pour sa meilleure amie et surtout furieuse contre ce gamin de James... Elle en avait assez et elle se souvenait très bien de James qui jouait au pauvre petit garçon malheureux dans les jupons de Jolene pendant que sa dresseuse souffrait le martyr rejetée de tous comme une vulgaire chaussette sur le divan !
« Quuuuuulbutoké ! », dit cet empafé en se joignant à eux son tour, fièrement, en brandissant sa patte gluante au coin de sa tête comme à son habitude
« Sevipeeeeeeeeeeeer ! », s’écria le serpent, ce qui signifiait « Je viens aussi »
« Yanmega… », Dit la libellule en leur suivant juste avant que la lourde porte ne se referme sur eux... 
James restait impassible mais une fois qu'ils furent partis, il s’effondra sur le lit, se sentant coupable bien que rassuré, essayant encore une fois d’appeler Jessie avant de tomber sur sa messagerie, à nouveau, Sepiatop volant au-dessus de lui près d’Eoko, Mime Jr imitant sa posture, avachi lui aussi sur l’oreiller, sous le regard mitigé de Vortente qui mâchouillait le drap de soie…
« Bon sang mais qu'est-ce qu'elle fabrique...? »

-

« Brrrrbrrrr... brrrrbrrrr... »

 

« Raaaaah mais qui est-ce-qui me HARCÈLE bon sang??? »

 

Jessie était en train d'escalader difficilement la falaise et son téléphone ne faisait que vibrer, ce qui l'agaçait et la déconcentrait au plus haut point... C'était sûrement James pour s'excuser, c'était bien son genre de l'appeler en boucle en pleurnichant pour lui dire de rentrer, forcément, il n'avait pas pu lui courir après, puisque ses parents étaient dans l'hôtel et que par conséquent, il se cachait comme un fugitif... Ridicule.

 

Elle s'accrochait du mieux qu'elle pouvait, sans aucun matériel, à la seule force de ses bras, au-dessus du vide, s'efforçant de ne pas regarder en bas afin de ne pas perdre l'équilibre... 

 

« Allez Jessie, tu peux l'faire ma grande, si tu tombes c'est James qui va encore dire "Tu vois j'avais raison nianiania" je l'entends déjà avec sa voix d'imbécile en train de sautiller, je ne perdrais pas la face! J'y arriverais! Non mais c'est qui le Boss ici? C'est moi, et je ne lâcherais rien, je vais y arriver et j'aurai cette augmentation! »

 

-

 

Sur le flanc opposé, Sacha grimpait lui aussi, à la différence qu'il avait une corde accrochée au grappin que le professeur avait lancé. 

 

« Ça va Pikachu? »

 

« Pikaa! », lui répondit la souris en levant pour petit pouce jaune

 

« Fais attention Sacha, ne regarde pas en bas... ahhhh... »

 

Le professeur, qui le talonnait, avait lui-même baissé les yeux en lui donnant ce précieux conseil et manqua de tomber dans les pommes à la vue du sol qui était désormais très éloigné d'eux...

 

« Bah dites ça pour vous... », rétorqua le jeune dresseur, moqueur, en lui tendant la main pour qu'il reprenne ses esprits

 

« J'ai l'vertige... », souffla prof Ébène en empoignant sa main tendue dans un petit sourire crispé 

 

« Ah oui? J'avais pas remarqué... », se moqua Sacha à nouveau..

 

« Pikapika... »

 

-

 

De son côté, Jezabelle n'était qu'à trois mètres du sol, mais elle ne perdait pas espoir, prenant soin de rester classe et élégante en tout circonstances... 

 

« Allons Jezabelle, tu peux y arriver, tu es une vraie athlète, après tout, tu chevauches le Galopa comme personne! »

 

Elle se souriait à elle-même en pensant à quelle jeune femme fabuleuse elle était... Elle avait vraiment toutes les qualités du monde, c'était tout bonnement incroyable : même en varappant comme une vulgaire aborigène elle avait de l'allure, c'était dire... 

 

« Ooooh...ah... » Elle avait failli tomber, ses chaussures étant terriblement glissantes contre la roche... mais heureusement elle se rattrapa a une sorte de source et continua à monter, ne faiblissant pas : elle n'avait qu'un seul et unique but et c'était d'épouser James! S'il lui fallait franchir milles montagnes aux confins de la planète, se battre à mains nues contre Groudon ou si, pire que tout, par malheur elle était contrainte de porter un jogging, peu importait. Et maintenant qu'elle avait une concurrente, le jeu en valait doublement plus la chandelle...

 

-

 

Miaouss n'avait fait que quelques pas que son estomac ronronnait déjà... 

 

« Boh il est d'ja presque 15h c'est incroyable comme le temps passe vite... bientôt l'heure du goûter... »

 

Il avançait sur la plage en cherchant Jessie ou le morveux des yeux, à l'affût, car après tout si Pikachu était à sa portée, il pouvait toujours saisir cette opportunité et le capturer... et c'est alors il vit, trônant au milieu des vacanciers, comme un mirage, une oasis au milieu du désert... la plus belle chose qu'il n'avait jamais vu de sa vie... un marchand de glace! 

 

« JACKPOOOT!!! »

 

Il se mit à courir, des étoiles pleins les yeux en bavant, mettant ses sales pattes pleines de sables sur les serviettes des gens, poussant tous les enfants qui faisaient la queue comme des malpropres, donnant même des coups de pieds gratuits aux Kokyas qui avaient le malheur de se trouver dans le sable sur son chemin, et il commanda dans un soupir de joie intense un cornet triples boules chocolat-fraise-pistache chantilly copeaux de chocolats et double sauce caramel...

 

« Mais qu'est ce que c'est qu'ça...? Un Miaouss qui parle? »

 

« Fais moi ma glace mon gars si tu veux pas d'ennuis avec la Team Rocket! »

 

Le vendeur le regardait bêtement, se demandant ce que pouvait bien être ce délire... et s'exécuta sans se détacher de ses pensées... Mais mince, alors les Pokémon pouvaient donc parler...? Et ce chat avait un lien avec cette organisation criminelle..? Il ne préférait pas poser de questions, effrayé par le souvenir d'un couple de tarés appartenant à cette affreuse Team de malfrats qui avaient tenté de lui voler son Tortank il y a quelques temps. Ils étaient inoubliables, s'étant présentés en chantant une chanson bizarre... heureusement que cet enfant avec son Pikachu et ses amis étaient arrivés à temps! Il tremblait un peu en repensant à cette jeune femme machiavélique aux cheveux roses qui se prenait pour une star... elle avait d'ailleurs donné un... Oh seigneur, tout lui revenait à présent! Il avait déjà vu ce Miaouss! Il avait eu le malheur de miauler pendant leur chanson et la fille l'avait envoyé vers d'autres cieux d'un coup de pied aux fesses pendant que le jeune garçon androgyne l'avait réprimandé parce qu'il gâchait leur belle hymne...

 

« Merci! » s'enthousiasma Miaouss en lui arrachant le cornet de glace des mains, pendant que le pauvre homme rêvassait, qu'il engouffra en un rien de temps avant de s'enfuir en courant sans payer...

 

« MERCI M'SIEUR ET HASTA LA VISTA! »

 

« EHHHH REVIENS ICI SAC À PUCES!!!!! », s'époumonait le vendeur qui ne pouvait pas lui courir après et abandonner sa roulotte, impuissant...

 

-

 

« Voilà, c'est là, c'est la montagne où y l'fruit Bob, on va jeter l'ancre là et après on va grimper... » commença le première sbire idiot de l'homme en noir...

 

« Boh t'es sur Max...? C'est pas plutôt cette petite colline la bas? »

 

« Mais non bougre d'imbécile, c'est la falaise du bouquin regarde! », s'exclama t il en lui montrant le dit livre avec l'illustration identique au paysage...

 

« Ah bah ouais, t'avais vu juste Bob, jetons l'ancre ici! »

 

« Bande d’idiots, vaut mieux ramer jusqu'aux rochers et attacher la barque derrière pour pas être repérés, décidément y a rien à faire vous n'avez donc pas de cervelles? », s'énerva une jeune femme aux cheveux blonds derrière eux...

 

« Rah les femmes... Qu'est ce qu'elles peuvent être prétentieuses! »

 

« Boh elle a raison Max, d'ailleurs j'y avais pensé aussi j'allais justement proposer la même chose mais elle m'a devancé! »

 

« J'te crois pas Bob, t'avais dit de jeter l'ancre, c'est toi qui l'a dit... »

 

« Fermez-la... », souffla-t-elle, exaspérée

 

« Pardon Shelby, c'est encore cet abruti de Max qu... »

 

« Vous êtes tous les deux aussi débiles l'un que l'autre, vous me donnez des maux de têtes... Ramez jusqu'aux rochers la bas, et en silence. »

 

« Chef, oui chef! », s'écrièrent ils en chœur en s'affairant dans le calme le plus plat...

-

 

« Waaaaaaw c'est magnifique ahah !! Vous avez vu ça professeur ?»

 

« Pikaaaaa! »

 

Sacha venait d'atteindre le sommet et vit alors se dévoiler une clairière luxuriante, de l’herbe verte et brillante, des fleurs de toutes les couleurs, des pokémons bruissant un peu partout : des Mystherbes, des Charmillons, des Chetiflors… Il releva la tête et regarda le paysage : la vue était à couper le souffle, l'océan à perte de vue, la plage, la forêt, les bâtiments paraissant soudain insignifiants...

 

« Euh... oui mais je... tu… tu pourrais m'aider Sacha? »

 

Le pauvre professeur Ébène était accoudé au sommet, le corps encore suspendu dans le vide, en proie à sa phobie panique du vertige…

 

« Oh euh, oui bien sûr!" Le jeune dresseur lui tendit la main et le hissa dans un sourire, un peu navré d’avoir oublié le savant…

 

« Merci mon garçon, c'est la dernière fois que je fais de l'escalade, j'ai passé l'âge... », souffla t il en réajustant ses vêtements, exténué...

 

« Allez tout le monde dehors, regardez comme c'est beau les amis! » s’enthousiasma le jeune garçon en lançant toutes ses pokéball en l'air, laissant sortir ses fidèles compagnons...

 

« Maaaaaacronium! », s'exclama en premier l'imposante créature, qui s'empressa de câliner son dresseur qu'elle aimait tant...

 

« Ah... moi aussi je t'aime Macronium... », répondit Sacha, le visage un peu crispé dans un rire jaune, la repoussant quelques peu, avant de lui assigner un caresse affectueuse 

 

« Heledelle! »

 

« Mustébouée! »

 

Donphan sorti de sa ball à son tour et s'empressa de faire une roulade de joie dans la clairière avant de rejoindre le petit attroupement. 

 

« Allons-y! Le Vérutier doit se trouver là-bas! », Dit le professeur le nez dans son vieux plan imprimé, pointant du doigt une direction

 

« C'est parti, en route les amis! Hélédelle, préviens nous quand tu verras l'arbre, d'accord? »

 

« Hélé! », et l'oiseau s'envola au-dessus des cimes à la recherche de cet arbre tant convoité... 

 

-

 

Jessie arriva enfin en haut. Elle tira sur sa robe et esquissa un petit sourire ravi en balayant des yeux le paysage rapidement…

 

« Alors... par où ils ont bien pu aller...? »

 

Elle attendait une réponse de la part de son équipier, un jeu de mot vaseux venant de Miaouss... Elle fit quelques pas avant de se sentir terriblement seule… Elle se dit que la compagnie de Banshitrouye serait la bienvenue mais…

 

« Oh non mais… mes pokéballs… ? Où sont elles, ce n’est pas possible… » Elle tatait ses poches mais rien, mais non… elle les avait laissé à l’hôtel quelle poisse !!!! Elle se mit à rager toute seule… avant de se figer à l’entente d’un bruit. Un bruit étrange, effrayant, venant de nulle part... elle avança timidement sous un arbre, essayant de se cacher et de voir d’où venait ce bruissement effrayant…

 

« HELEDELLE! »

 

Le cœur de la jeune femme fit un bond, elle sursauta et vit le volatile s'agiter et tourner en rond au-dessus d'elle… avant de repartir aussi vite qu'il était venu. Ce satané pokémon lui avait fichu la trouille, quel imbécile ! Elle leva la tête plus haut : cet immense arbre était vraiment différents des autres… Il était très imposant, immense, épais, ses branches avaient de drôles de formes tressées et arrondies, ses feuilles étaient larges, en forme de cœurs et ses baies étaient blanches, immaculées... Elle n’était pas rassurée, dévisageant les ombres terrifiantes se dessinant au sol entre les branches…

 

« Pifeuille, pifeuille feuille? »

 

« Chenipotte... »

 

« Mwho... »

 

Elle fixa bêtement un instant ce Pifeuille discutant avec un Chenipotte et un Chenipan, apparemment à son propos puisqu'ils la dévisageaient du regard, avant de se cacher derrière le tronc à l'entente de bruissements à nouveau...

 

« Ça y est nous y sommes Sacha, le voici, le Vérutier... », dit calmement le chercheur, les yeux larmoyants et pleins d'étoiles...

 

« Waaaawwww professeur, il est magnifique! » Le jeune garçon s'empressa de se mettre sous les branches et de détailler la merveilleuse anatomie de l'arbre en compagnie du savant et de ses Pokémons, tandis que Jessie faisaient le tour du tronc, restant cachée, à mesure qu'ils tournaient sous l'arbre, pour ne pas qu'ils la voient...

 

« Allez on peut commencer la récolte ah ahhh! », s'enthousiasma Sacha en laissant son sac à dos au pied du Vérutier, et attrapa à pleine main une baie. 

 

« Une baie Verus c'est fou Sacha, je tiens une baie Verus dans mes mains! », s'extasiait le prof Ébène et dévorant du regard ce fruit mystique

 

« Pikaaaa! » Macronium décrochait les baies à l'aide de son fouet liane et les passaient à Pikachu qui remplissait un panier, tandis que Mustebouée lançait son pistolet à O sur les baies pour les décrocher, Donphan les rattrapant dans ses défenses, et qu'Hélédelle coupait les queues de fruits de son attaque pic-pic...

 

« Qu'est-ce qu'il fait chaud ici... », souffla Sacha en épongeant son front avec son t-shirt et en jetant sa veste sur son sac, laissant dépasser de sa poche deux petits flacons...

Jessie sorti discrètement sa tête de derrière le tronc et empoigna les fioles... 

 

« Hm, c'est les filtres dont ce grand père et le morveux parlait tout à l'heure... le Boss sera sûrement ravi d'avoir ça, ça peut toujours servir... », se dit-elle dans un ricanement perfide en les glissant dans sa propre poche avant de lorgner à nouveau sur Pikachu...

 

Si James était là il lui dirait sûrement qu'elle a déjà obtenu quelques choses et que ça ne vaudrait pas la peine de se faire repérer pour ce stupide Pikachu...

 

« C'est pas bien d'avoir les yeux plus gros que le ventre Jessie... On va avoir des ennuis…» et Miaouss l'aurait coupé...

 

« Ouais mais réfléchissez un peu... on pourrait voler toutes ces baies très rares et les revendre à prix d'or... »

 

« Ooooh tu as raison Miaouss, on pourrait même ouvrir un salon de thé dont cette baie Verus serait la spécialité! De la baie en salade de fruit, de la baie en confiture, de la tarte aux baies... des baies natures avec du sucre sur une gaufre bien croustillante... »

 

Elle pouffa toute seule, c'était bien le genre de James... Et Miaouss aurait alors reprit…

 

« Et c'est pas tout! On devrait aussi voler tous les Pokémon du morveux pour le Boss! Imaginez un peu… le Boss se réveillerait chaque matin et en allant dans son jardin, il verrait que sa pelouse est parfaitement tondue grâce aux roulades de ce Donphan et fraichement arrosée grâce à Mustébouée… Hélédelle lui apporterait son courrier et ce Macronium pourrait lui servir de Pokémonture pour en faire le tour sans s’mouiller les pieds et alors il se dirait … « La journée ne pouvait pas mieux commencer, Miaouss et les deux imbéciles qui l’accompagnent m’ont fait le plus beau cadeau qui soit, mon herbe n’a jamais été aussi verdoyante, ils méritent une promotion ! »

 

Les yeux de la jeune femme brillaient de mille feux mais c’était sans compter sur…

 

« Plus un geste ! »

 

« Eh mais qui êtes-vous… ? »

 

Face au morveux et au professeur se tenaient désormais trois individus : un gros maigre, un plus petit trapu et une jeune femme blonde à la chevelure bouclée avec un béret…

 

« Ça c’est pas tes oignons petit, vous, les idiots, ramassez l’panier qu’on en finisse… », commença la fille, sûre d’elle, les bras croisés dans un sourire à glacer le sang

 

 

« Surement pas ! On vous laissera pas faire, Pikachu, attaque tonnerre maintenant ! »

 

« Pika ! »

 

« C’est c’la oui… Sepiatroce, occupe toi de ces minables… », susurra-t-elle en lançant sa pokéball

 

« Sepiatroce ! »

 

« Préparez vous les amis, on va pas se laisser faire ! », reprit le jeune dresseur tandis que le professeur, trouillard, se cacha derriere lui afin de ne pas être blessé malcontreusement dans ce combat Pokémon à venir…

 

« Maaaacronium ! »

 

« Mustébouée ! »

 

« Hélédeeeeelle ! »

 

« Pikapi ! »

 

« Donphan… »

 

« A toi d’jouer Smogogo ! »

 

« Vas-y Grayéna ! »

 

Jessie regardait toute cette scène d’un œil curieux… Si James était là il aurait probablement proposé de fiche le camp… et c’est ce qu’elle allait faire !

 

Elle se leva tout doucement, chipa le panier discrètement et se mit à partir sur la pointe des pieds, sans un bruit, laissant le morveux se disputer avec ces malfrats lorsque…


« Eeeeeh mais qu'est-ce-que c'est que cette fourberie...? », s’écria le professeur en la voyant au loin partir avec leur précieux panier

 

Jessie avait envie de s'enfuir, plus que tout, elle avait déjà pris de l'avance... mais sa réplique lui brûlait les lèvres… alors se retourna dans une pause épique et triomphante

 

« C'est ma fourberie, et elle a l'âge de la galaxie! »

 

« Oh non pitié... », soupira Sacha en reconnaissant la jeune sbire malgré ses cheveux lâchés et sa robe longue

 

« Et oui morveux, et c'est pour te voler tes babioles que je suis ici, et je vous fais la version courte afin d'écraser l'amour et la vérité, afin d'étendre mon pouvoir jusqu'à la voie lactée... JESSIIIIIIIE... toute seule... et maintenant je m'en vais avant que le KO ne prospère... Saluuuuut! »

 

Et elle se mit à dévaler la pente à toute vitesse sous les regards complètement abasourdis de Sacha, du professeur, ainsi que des trois sbires totalement hagards et sans voix qui ne réagirent pas immédiatement après un tel spectacle d'une étrangeté sans nom… avant de se rendre soudainement compte…

 

« C’est elle ! C’est la fille que veut l’boss !! Vite, on y va les gars !!! »

 

« Le boss… ? » Sacha fit le lien en une seconde : ce logo sur leurs uniformes, les malfaiteurs arrêtés à Jadielle, ce bunker où il avait été enfermé avec ses amis, la torture qu’avait subi Jessie, ils voulaient la baie pour la faire parler, elle avait dû voler le panier pour se protéger…

 

« JESSIE COUUUUUUUUUURS !!! »

 

-

 

James faisait les cent pas dans la suite, à bout de nerfs, essayant de joindre Jessie encore et encore mais rien à faire, elle ne décrochait pas et Miaouss qui ne revenait jamais mais bon sang, que faisait il lui aussi ? Il stressait comme un fou, lorgnant sans cesse sur la grande horloge boisée, tuant le temps comme il pouvait mais il n’avait pas le cœur à s’amuser avec ses Pokémons, il était furieux contre elle et contre lui-même, quelle dispute stupide… et pourquoi diable fallait-il que ses parents soient là, comme par hasard aujourd’hui ? C’était vraiment insupportable, il ne pouvait donc jamais être pleinement heureux ? Il fallait toujours que quelques choses clochent : quand ce n’était pas le manque d’argent, c’était le manque de chance ou le manque d’amour et il fallait toujours qu’une catastrophe s’abatte sur lui, quelle poisse ! Il avait enfin Jessie, c’était ce qu’il voulait depuis toujours… et non ! Il avait fallu qu’elle se fasse enlever, maltraiter, traquer, et quand enfin ils pouvaient passer des vacances agréables… et bien non, ses parents étaient là non mais sérieusement ! Ca le rendait dingue, c’était surement le karma pour avoir embêté le morveux toutes ces années durant, probablement… Et il continuait à surveiller l’heure, à l’appeler, à tourner en rond, encore et encore…

 

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« ATTRAPER LA MOI NE LA LAISSEZ PAS S’ECHAPPEEEEEEEEEEER !!! »

 

Jessie courrait comme une folle, portée par ses jambes qui allaient toutes seules, comme un réflexe, paniquée, le cœur prêt à bondir hors de la poitrine, serrant contre elle les petits flacons et le panier, se dirigeant dans une direction quelconque, ne sachant pas vraiment où, mais peu importait : il fallait qu'elle s'échappe, qu'elle les sème, ou juste qu'elle arrive à prendre un peu d'avance pour retarder l'instant où ils l'attraperont... Elle ne parvenait plus à penser, terrifiée, quelle horreur : voilà qu'elle était à nouveau en danger, et elle était toute seule! Elle aurait tant voulu être à l'hôtel avec James en train de se disputer pour des broutilles plutôt que d'être ici, traquée comme un Pokémon !! Elle avait voulu prendre un risque juste pour capturer ce stupide Pikachu dont le boss ne voulait même pas, et qui en plus l'aidait...

 

« PIKACHUUUU ATTAQUE TONNERRREEEEEEE! »

 

Jessie entendait ses détracteurs prendre du retard suite au choc électrique, et elle courrait plus vite, dévalant le flanc escarpé de la montagne à toute vitesse, dans les cailloux, le cœur battant beaucoup trop rapidement, dérapant parfois, mais elle avait moins peur de tomber dans le vide que de retourner sur un de ces brancards face à Elias qui lui faisait tellement mal, lui donnait des coups et lui crachait au visage, elle pouvait encore sentir sa cigarette s'éteindre après qu'il l'ai enfoncé dans sa peau... Les larmes lui montaient aux yeux, il fallait qu'elle se calme, mon Dieu... Elle savait qu'elle ne s'en sortirait pas, c'était impossible, elle était toute seule, et ils étaient trois, et il y en avait surement d’autres dans les parages... 

 

« PIKACHUUUUUU TONNERREEEEEEE, COUUUURS JESSIIIIIE! »

 

Elle eut à peine le temps d'entendre ce que Sacha lui criait qu'elle se retourna un instant et perdit tout sens des réalités, elle glissa, d'un coup, dans le ravin et son cœur sembla s'arrêter, elle senti le choc sous son poids, elle se mit à glisser, à tomber la tête à avant, à rouler jusqu'en bas à toute vitesse, perdant le panier, éparpillant les baies de partout, prise de panique, pendant de très longues minutes jusqu'à la plage, encaissant les coups, notamment ce coup dans le dos que James lui avait déjà assigné tout à l'heure en la poussant contre le bord du bain à remous... Elle s'écrasa violemment dans le sable, de l’autre côté de la falaise, étourdie et terrifiée, pétrifiée par le stress et la peur et elle leva les yeux à l'entente de cris…

 

« Descendez, on la loupera pas, elle porte une longue robe à rayures! »

 

Elle regarda un instant sa robe, en proie à l'angoisse, ne sachant que faire... et elle pénétra une cabine de plage, forçant un peu sur le verrou branlant en bois, ne trouvant pas de meilleure idée d'où se cacher bien que ce soit ridicule... Mais si elle courrait sur la plage déserte ils allaient la voir...

 

« Allez Jessie calme toi, souffle, calme toi... »

 

Elle s’agitait dans tous les sens, ne sachant plus par où commencer…Elle voulait au moins cacher les sérums mais où?? Elle se mit à fouiller dans les affaires de cette pauvre personne qui avait laissé ses effets personnels dans cette cabine, totalement paniquée, et elle vit dans le grand sac en toile des choses, des lunettes, une trousse, des papiers, une combinaison de plongée et des vêtements, un pantalon, et un polo... un chapeau... elle se mit à fouiller, jetant tout au sol, et enleva sa robe qui l'aurait trahi, prête à l'abandonner, tant pis, et elle s'empressa de mettre cette combinaison de plongée, glissa à l'intérieur la fiole... la fiole? Mais il y avait deux!!

 

« Oh non... » Elle se mit à s’agiter, à chercher cette fichue fiole dans ses poches, de partout mais elle n'était nulle part, et elle était prise de court... Elle regarda entre les barreaux de bois et vit les sbires qui courraient encore pour descendre sur la plage, suivi par Sacha et le professeur Ebène qui leur mettaient des bâtons dans les roues, mais ils s'approchaient, ils venaient vers elle, elle ne pouvait pas se résoudre à retourner entre les griffes de l’homme en noir...alors tant pis pour ce flacon, elle sorti discrètement et couru dans l'eau, mettant rapidement son bâton d'oxygène, et elle se mit à nager aussi loin qu'elle le pouvait, sans regarder derrière elle, allant extrêmement vite, toujours plus rapidement, cachée sous le niveau de la mer, parmi les Pokémon eau qui la dévisageaient, elle n'avait plus de force mais pourtant elle continuait, toujours tout droit...

 

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Jezabelle essayait encore d'escalader la montagne, difficilement, perchée sur ses talons, prenant soin de ne pas abîmer son épaisse robe verte, lorsque les sbires d'Elias et Sacha se mirent à tomber eux aussi du flanc rocheux en direction de la plage, entraînant la jeune aristocrate dans leur chute...

 

« Ahhhhhhhhhhhh..!!!!!!! »

 

Elle essaya de s’accrocher à une branche mais c’était trop tard, elle lâcha prise et se sentir partir, tomber, une immense boule de chaleur sembla exploser au creux de son ventre, son cœur s’arrêta un instant tandis qu’elle faisait un monumental vol plané incontrôlé, ne comprenant rien à ce qu'il lui arrivait, c'était trop soudain, trop rapide, et bientôt elle tomba dans l'eau, bruyamment, comme une crêpe, elle s'écrasa contre l'océan avant de s'y engouffrer, coulant tout droit vers le fond dans sa robe trop lourde…

 

« Lupio ? »

 

« Poissi-poissi… »

 

« Otaria… »

 

Des Pokémons sauvages la regardait bêtement sombrer au fond de l’océan, s’agitant dans tous les sens mais entraînée au fond comme une pierre par le poids de sa robe, de son jupon, sans pouvoir rien faire, elle n’avait plus d’air et son corset était trop serré…

 

« Poissoroi… »

 

Ce Poissoroi avait déjà eu à faire aux humains et il ne les détestait pas, bien au contraire… Il prit les devants et fonça sous la pauvre Jezabelle, bousculant ses amis qui restaient là, sans rien faire, avant de la faire remonter à la surface aussi vite qu’il le pouvait…

 

« HHHHHHHHAAAAAAAAAAAAAAANNNN !! »

 

Jezabelle prit une intense respiration en fendant le niveau de la mer, et s’accrocha fermement au Pokémon qui l’avait sauvé d’une mort certaine… mais une fois qu’elle eut pied, elle le vira dans un geste de dégout comme un malpropre avant de détailler avec horreur l’état de sa précieuse robe… Mon Dieu quelle horreur, non pitié, elle était trempée et toute abimée, ses cheveux était tous plats, son maquillage avait probablement du couler et… juste ciel où étaient donc passé ses chaussures…? Elle se mit à paniquer, en rage, et alors elle hurla, de toutes ses forces, à bout de nerfs, dans cette crique déserte de l’autre côté de la falaise, se laissant tomber sur les genoux, les bras au ciel…

 

« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!! »

 

-

 

Sacha se senti tomber, avant de se faire rattraper au vol par le fouet liane de Macronium tandis qu’il attrapa le professeur Ebène de justesse par la manche… et le Pokémon plante les ramena sur la falaise avant de s’empresser de faire un câlin affolé à son dresseur…

 

« Macrooooonium… »

 

« Merci Macronium tu as été géniale ! », lui répondit-il en la serrant contre lui, rejoint par tous ses Pokémons qui avaient eu la peur de leur vie

 

« Bon sang d’bonsoir Sacha mais qui étaient ces gens ? », paniqua à son tour le savant….

 

« Ce sont eux dont je vous ai parlé au repas et qui nous ont séquestré mes amis et moi professeur ! Ces criminels sont les mêmes que ceux que l’agent Jenny a arrêté a Jadielle et qui avaient le sérum ! Ils veulent faire parler cette fille qui nous a volé le panier ! Elle a dû vouloir voler les baies pour se protéger… J’espère qu’ils ne la retrouveront pas professeur, c’est une membre de la Team Rocket mais elle ne mérite pas ça… Il faut faire quelques choses, on peut pas la laisser comme ça… »

 

-

 

Les stupides sbires roulèrent comme des tonneaux le long de la pente de l’autre côté et atterrirent complètement de à l’opposé de la crique et de la plage de l’hôtel, dans la foret…

 

« RAAAAAAAAAAAAAH MAIS C’EST QUOI C’BORDEL OU EST LA FIIIIIIIIIILLE ????????? », s’énerva Shelby en s’appuyant sur ses deux comparses afin de relever

 

« C’est c’mioche avec son Pikachu il a tout fait rater, on a meme pas une baie ! »

 

« Faut r’monter sinon c’est l’bassin à Carvanhas… », frissonna Bob

 

« Ouais tant pis pour la fille de toute façon ils vont la trouver ils sont déjà à Unys… »

 

« Espèce d’imbécile, elle est pas à Unys elle est là !!!! »

 

« Oh ouais, faut appeler l’boss ! Qui a l’téléphone ? »

 

Ils se dévisagèrent tous comme des idiots avant de…

 

« C’est toi qui l’avait Max ! »

 

« Moh non, c’était Shelby ! »

 

« Non c’était pas moi, t’as appelé Elias en dernier Bob ! »

 

« Bah j’l’ai pas moi ! »

 

« BANDE D’INCAPABLES !!! Je refuse de finir dévorer par ces créatures VOUS ALLEZ REMONTER ET CHERCHER LES BAIES TOUT DE SUIIIIIIIIIITE !!!!! », explosa Shelby à bout de nerfs…

 

« Elle a raison, pas d’temps à perdre ! »

 

-

 

 

Jezabelle cessa de crier et regarda tout autour d’elle…Par Saint Georges, où avait-elle atterri ? Quelle était cette plage déserte, bon sang, elle était tombée du mauvais côté de la falaise ! Elle se releva, toute rouge d’énervement, prête à exploser à tout moment à nouveau, au bout du rouleau, et commença à se relever péniblement et à escalader à nouveau pour retourner sur la plage du bon côté… Quelle poisse mais ZUUUUUT le sort s’acharnait ! Elle se figea et reposa le pied à terre : impossible de monter avec cette épaisse robe trempée qui pesait une tonne ! Elle jeta en arrière l’une de ses bouclettes gorgées l’eau et soupira… Que faire, elle était bloquée ici… Elle avança sur la plage et regarda les petites cabines boisées disposées plus loin : peut-être allait elle trouver quelques choses de sec… ? Elle essaya d’ouvrir la première et, miracle ! La porte était ouverte, quelle aubaine ! Elle pénétra à l’intérieur et vit alors un terrible capharnaüm, pleins d’affaires jonchaient le sol, des vêtements mais ils appartenaient de toute évidence à un homme… Oh mon Dieu… Elle saisit entre ses mains tremblantes la robe marinière de Jessie : mais pourquoi sa robe était là ? Elle la détailla, la senti : beurk, cette odeur étouffante de Jasmin, ce devait être un parfum bon marché… Elle regarda l’étiquette : « H&M »… Elle connaissait de nom cet affreux bouiboui immonde où les femmes du peuple sans le sous comme elle achetaient leurs habits… Quelle immondice, elle ne pouvait pas se résoudre à porter ça… Et quelle en était la matière ? Elle lut l’étiquette de plus près…100% Polyester ? Non mais quelle horreur ! Elle fouilla encore dans les vêtements mais rien à faire, il n’y avait rien d’autre qu’elle pouvait mettre… mais cette odeur de synthèse, ce tissu bas de gamme, et rien que cette robe en elle-même : mais qui (à part les troisièmes classes comme cette affreuse jeune femme) pouvait assumer de porter cette grande robe informe à rayures noires et blanches ? Beurk…

Néanmoins elle n’avait pas d’autres choix : sa robe était trop lourde et gorgée d’eau, alors elle l’enleva rapidement et enfila celle de Jessie dans un frisson de dégout…

 

-

 

« Hélédelle, cherche Jessie, je vais, je… AHHHH !!!! »

 

Sacha se tu sur le champ à la vue de son pire cauchemar : en face de lui, micro à la main, souriant naïvement, le fixant de ses grands yeux ronds, il était là, en chair et en os, près à chanter à tout moment…

 

« Rondoudouuuuu ! »

 

« Oh non… vite professeur, il faut partir…. »

 

« Mais pourquoi Sacha, enfin, mais qu’est-ce qui s’passe ? », demanda le chercheur en remontant ses lunettes sur son nez, excédé par cette journée riche en péripéties…

 

« Il va se mettre à chanter, il va… »

 

« Roooooooondoudoudoudou… rondoudou, rondouuuudouuuu… douuuuuu doudoudou… »

 

« …nous end…ahhhhhh zzzZZZZzzzzzzz » Sacha tomba au sol endormi de même que ses Pokémons qui baillaient avant de tomber comme des mouches sur le sol…

 

« Oooooh mais quelle jolie chans….. ahh… ZzzzzzZZZZzzzzz… » Le professeur s’avachi pres d’eux à son tour, dormant à poings fermés…

 

« … douuu doudoudou… d… dou ? RONDOUDOUUUUUUUUU ! » Le Pokémon gonfla ses joues rondes et fronça les sourcils en retirant le capuchon de son marqueur dans une mine renfrognée et s’avança dangereusement, prêt à gribouiller ces impolis qui ne l’avaient pas écouté chanter jusqu’au bout…

 

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 Jessie avait déjà parcouru une très longue distance quand tout d'un coup elle réalisa qu'elle nageait en eaux troubles, sombres, elle ne voyait plus le fond, le soleil qui commençait à se coucher perçait l'océan qui lui apparaissait désormais carmin, effrayant... Elle releva la tête, ne comprenant pas très bien ce qu'il était en train de se passer ; elle avait nagé trop longtemps, elle n'avait plus de forces, elle était trop loin, perdue au large, étourdie... Elle regarda tout autour d'elle, désemparée, sentant que quelques choses n'allaient pas, comme un instinct... et c'est alors qu'elle distingua dans le flou des ombres autours d'elle, difformes, noires... Elle était désormais parmi elles, dans cette mer rouge sang, une dizaine qui l'encerclaient comme des vautours, menaçantes... Elle essaya d'avancer à tâtons plus encore mais l'un de ces dangereux prédateurs lui coupa la route, et elle distingua un Sharpedo, ce Pokémon comminatoire, et derrière elle il y en avait d'autres, ainsi que de tous les côtés, au-dessus d'elle, la survolant, des Sharpedo, un banc tout entier, ils formaient un cercle oppressant, elle n'avait plus d'issue, plus de solutions... 


« C'est la fin, je vais mourir ici dévorée... » Elle était terrorisée, prise de panique, épuisée, manquant d'air, leur faisant des signes qui ne signifiaient rien... Elle pensait à James, dans cet hôtel, qui devait s'inquiéter de ne pas la voir revenir, et si elle ne remontait jamais à la surface...? Elle se refusait à rester sur les dernières paroles qu'elle lui avait dite « VA TE FAIRE VOIR! », et elle avait claqué la porte, elle avait été injuste et méchante alors que dans le fond elle aurait préféré rester à l'hôtel, elle allait mourir sans jamais avoir mangé de Colhomard, sans jamais avoir partagé avec lui cette journée qu'il avait planifié, pour elle, juste par avidité et pure fierté, sans jamais avoir vécu son amour au grand jour avec son équipier, sans jamais avoir eu de réponses à propos de sa mère... elle avait tant de rêves, tant de choses qu'elle aurait aimé vivre, elle ne pensait plus aux mauvais souvenirs, seulement aux bons, à lui, elle aurait tant aimé le voir une dernière fois et lui dire qu'elle l'aimait, qu'elle regrettait d'avoir été agressive, mon Dieu elle espérait tellement qu'il le sache, qu'il sache qu'elle l'aimait de toute son âme comme une folle... 

« Sharpedo... »

 

Les tyrans des mers rodaient, se rapprochant toujours plus, comme pour la faire languir... Elle se préparait déjà à encaisser leurs attaques peau dure, morsure, et quoi d'autre encore... Son pauvre cœur terrifié tapait contre sa poitrine comprimée dans cette combinaison visqueuse, elle n'avait pas de moyens de s'échapper, prise au piège sous l'eau, dans l'immensité de l'océan, toutes les directions étaient vouées à l'échec, elle allait mourir, se faire déchiqueter, disparaître à jamais entre les crocs acérés de ces terribles brutes, sans que personne ne le sache, elle était prisonnière, respirant fébrilement dans ce bâton à oxygène, tremblant comme une feuille, gelée, épuisée, en proie à la peur... Un Sharpedo la frôla, lui arrachant une sueur froide, c'était la fin, c'était sur... Elle ferma les yeux, laissant ses larmes se mêler à l'eau salée, serrant ses lèvres plus fort autours de son respirateur, entendant distinctement les battements de son palpitant résonner comme une onde électromagnétique se répandant dans ces eaux ténébreuses, récitant dans son esprit ses derniers songes...

 

« Je t'aime James, pitié entends moi, je t'aime et je suis désolée... On n'est pas obligé de le dire à tout le monde, le principal c'est qu'on sache qu'on s'aime, pardon, tu avais raison, tu as toujours raison... Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée, la meilleure personne que je connaisse... tu as tellement de talents ne doute plus de toi... S'il te plaît... Je suis tellement fière de toi... James, je t'en supplie ne m'oublies pas... Ne crois pas que je t'ai abandonné... »

 

-

 

Jezabelle avait trouvé une solution : des rochers émergeants de l’océan, bordant la falaise, pouvaient la conduire à la plage de l’hôtel, elle n’avait pas besoin de remonter au sommet pour redescendre… !! Elle commença alors à sauter de rochers en rochers, pieds-nus, soulevant la robe pour ne pas se prendre les pieds dedans, le cœur palpitant de peur de tomber et se blesser, sous les regards curieux des Ramollos qui péchaient de leurs queues sans bouger comme des idiots…

 

-

 

Il commençait à faire nuit et Miaouss était caché dans un arbre depuis des heures, n’osant pas retourner sur la terre ferme, observant d’un air exaspéré Granbull avec son ridicule nœud rose qui tournait autour du tronc en grognant en attendant qu’il descende… Décidément cet hôtel était le lieu des pires rencontres !

 

« Graaaaaaaaaaaaanbull… » Et ce stupide Pokémon sautait afin d’essayer de saisir entre ses crocs la queue de Miaouss qui grimpait plus haut

 

« Dégage mocheté ! J’ai des trucs à faire moi, j’suis un Miaouss très occupé ! »

 

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La musique provenant de l'orchestre philharmonique de Féli-cité était beaucoup trop forte et il y a avait beaucoup trop de monde... Certains dansaient, d'autres tenaient des conversations barbantes, d'autres encore restaient tout prêt du buffet à s'empiffrer de foie gras ou de caviar... James était assis sur une haute chaise baroque, balançant ses pieds dans le vide, le regard perdu dans ce brouhaha angoissant, empaqueté dans un petit costume bleu avec une chemise à col en froufrou qui comprimait son petit cou, déprimé au possible... Il se leva discrètement et fila en douce sur le balcon, comme à chaque soirée mondaine organisée par ses abominables géniteurs. Il adorait regarder les étoiles et s'amuser à les relier imaginairement entre elles pour leur donner des formes de Pokémon et voilà qu'il voyait déjà un Rondoudou... Il repensait à ce souvenir en fixant le ciel sur la terrasse de ce magnifique hôtel, se sentant seul, fixant un Rondoudou étoilé comme s'il avait été propulsé plus de dix ans en arrière... Il se demandait ce que pouvait bien faire Jessie à cette époque : voyait elle des Rondoudou elle aussi par sa fenêtre? Il aurait tellement aimé la connaître, il l'aurait protégé de tout ce qu'elle a vécu, il l'aurait soutenu après le décès de sa mère, il l'aurait empêché de terminer enrôlée dans la Team Rocket, il se serait enfui bien plus tôt de chez lui s'il avait été avec elle et ils auraient probablement perdu moins de temps... Elle serait peut-être différente aujourd'hui, actrice et lui éleveur de Pokémon, qui sait... Il s'inventait des souvenirs, les yeux rivés sur ce Rondoudou, il aurait aimé faire toute sorte d'activité avec elle quand il était enfant comme de la danse, du théâtre, du patinage artistique, s'amuser à se créer un univers, à jouer ensemble des heures durant, ils auraient fait toutes leurs bêtises à deux, casser des objets et s'accuser mutuellement, sonner aux portes avant de s'enfuir en courant, manger tout un tas de bonbons avant le repas... Ils auraient eu l'occasion d'en faire des vertes et des pas mûres à l'école s'ils avaient été amis... Ils auraient grandis ensemble, ils n'auraient jamais vécu d'anniversaires ou de Noël chacun dans leur coin, se sentant seuls et mal-aimés, et jamais Jessie n'aurait eu le cœur brisé, il n'aurait pas été si lâche et si timide s'il l'avait connu plus tôt, elle l’aurait endurcit dès son plus jeune âge, il lui aurait probablement dit avant qu'il l'aimait suite à des jalousies, parce qu'elle serait tombée amoureuse du capitaine de l'équipe de baseball et lui n'aurait pas supporter de voir ce crétin se payer la tête de sa meilleure amie... Il l’aurait embrassé un jour après une dispute, sous la pluie, et ils se seraient retrouvés après les cours pour se bécoter à l’abri des regards… Ils auraient goûté aux plaisirs de la chair bien avant, en cachette à l'internat, il l'aurait rejoint en douce la nuit dans le couloir des filles et lui aurait fait l'amour sous la couverture en prenant soin de ne pas réveiller sa voisine de chambre... et un matin il se serait réveillé auprès d'elle et se serait fait prendre par la surveillante, et ils auraient fini par en rire... Ils se seraient pris le bec parce qu’elle aurait eu de mauvaises fréquentations, et un jour il l’aurait surpris en train de fumer une cigarette, mais elle aurait tout fait pour se faire pardonner et il aurait fini par passer l’éponge… Jamais elle n'aurait voulu devenir une star car elle aurait su qu'elle était déjà une véritable étoile à ses yeux et ça lui aurait suffi... Il l'aurait encouragé à devenir infirmière Pokémon et elle aurait été la seule Jessie parmi les Joëlle, elle aurait eu une vie simple et heureuse, comme cette vie qui la tentait tellement quand elle a rencontré le docteur... Bon sang mais qu'est-ce -qu'elle faisait ?! Il était déjà tard, il commençait vraiment à faire nuit et elle n'était pas là! Et Miaouss, mais faisait cet imbécile ? Elias la cherchait, il avait dû se rendre compte que le Boss l'avait dupé en l'envoyant à Unys, il essayait de demander à Jolene, il la harcelait de sms mais elle ne lui répondait jamais!! Il était mort d'inquiétude, se rongeant frénétiquement les petites peaux autours de ses ongles, attendant que le vibreur de son téléphone retentisse, espérant que Jolene daigne lui donner une réponse, en scrutant l'horizon, s’attendant encore à l'apercevoir sur la plage dans la longue robe marinière... Elle était tellement contente quand elle avait su qu'ils partiraient dans les îles Sevii... à la simple idée de s'allonger dans le sable chaud, au soleil, elle était déjà aux anges... Il ne supportait tellement pas de la voir pleurer et mal dans sa peau, cet hôtel lui semblait une idée brillante de prime abord mais il avait encore eu faux sur toute la ligne : voilà qu'elle avait encore disparu et il se retrouvait piégé dans ce donjon doré comme un imbécile... Mon Dieu si quelques choses lui était arrivé, il ne s’en remettrait pas, il se sentait tellement mal, tellement coupable, il n’aurait jamais dû la laisser partir toute seule… Et voilà qu’il sentait son nez le piquer, ses larmes poindre, rendant le Rondoudou imperceptible…

 

-

 

Jezabelle avait enfin fait le tour, très lentement, en chancelant, dans le noir, à la seule lumière de la lune, et elle sauta du dernier rocher sur la plage avant d’avancer, marchant dans le sable en grommelant, repensant au contact répugnant de ce Poissoroi, bien qu'au fond d'elle elle soit obligée d'admettre que sans cet imbécile heureux visqueux elle serait probablement décédée mais enfin, c'était tout bonnement dégoûtant, sans parler de cette robe de seconde main sans forme ressemblant à un vulgaire sac poubelle... Elle n'osait même pas repenser à ses pauvres cheveux et à son maquillage qui avait tout coulé sur son visage déconfit, à sa robe de couturier, à ses chaussures qui devaient être à présent dans les abysses... sous peine de faire une crise de nerfs, ce qui lui était impensable, non, pas une seconde fois : elle savait contenir ses émois, elle resterait calme... lorsqu'elle vit l'hôtel tout proche. Il était déjà tard, elle devait agir maintenant, tant pis pour son allure de bohémienne, James avait payé pour une nuit seulement et à la première heure il serait à coup sûr déjà parti avec sa miséreuse et son matou plein de puces... Il fallait qu'elle se presse, qu'elle se dépêche de trouver une solution, qu’elle…

 

« Mais… ? » Elle sorti la main de la poche et dévisagea le petit flacon, le cœur battant la chamade… mais non, ce n’était quand même pas…

 

« Dieu du ciel !! » Elle avait le filtre d'amour en sa possession, c'était inespéré, elle avait presque envie de pleurer de joie : c'était la chance de sa vie!!! Mon Dieu quel bonheur, elle avait l’impression d’avoir gagné à la loterie du destin ! Au diable cet accoutrement, après tout ils s'aimaient pour le meilleur et pour le pire, ils allaient faire vœux de cette clause sacrée devant le curé demain, il supporterait bien de la voir dans cet état digne du pire quelques heures avant la cérémonie tout de même! De toute façon il n'aurait pas le choix! Et après avoir bu ce flacon il allait de toute façon la trouver sublime… Elle se mit à rire bruyamment en pensant à tout ça et passa la porte du hall sans un mot, ne saluant même pas le veilleur de nuit, et s’empressa de monter dans sa suite en esquissant un rire diabolique qui faisait un écho dans tout l’escalier…

 

-

 

« Sharpedo… »

 

Jessie pleurait, figée, tremblante, prête à mourir… mais son heure n’avait pas sonné.

 

« Sharpedooooo ! Sharpedodo ! Sharpe ! »

 

Tous les affreux requins se tournèrent vers le chef de leur meute qui avait grogné solennellement, avant de tous se regarder, et de se précipiter ensemble vers lui rapidement, ignorant complètement Jessie qui les regardait faire totalement décontenancée, ne comprenant rien… Elle se retourna et aperçu un Wailord un peu plus loin… Ce devait être lui qui avait faire fuir les Sharpedo, ils étaient surement sur son territoire… Mais peu importait l’explication, Jessie s’en fichait, tant mieux, cette bonne baleine l’avait sauvé d’une mort certaine, c’était un miracle, merci Arceus, elle s’en sortait trop bien, c’était fou, irréel !!! Elle avait presque envie de faire un faire un câlin à ce Wailord… mais se ravisa et se mit à agiter ses jambes, à fendre l’eau de ses bras afin de remonter à la surface sans cesser de trembler, sous l’emprise de milles émotions différentes, mon Dieu elle ne parvenait pas à croire qu’elle était en vie, c’était trop beau…

 

-

 

Jezabelle pénétra dans sa suite et sorti d’un geste précis et dynamique une bouteille de champagne du minibar ainsi que deux coupes, un peu tremblotante, sans se détacher de son sourire diabolique, et elle ouvrit le petit flacon et le vida dans l’une des deux coupes, avant de remplir de champagne les deux flutes, sentant le stress lui donner des sueurs froides… C’était la chance de sa vie, grand Dieu, ce n’était pas le moment de flancher ! Elle se tourna un instant vers le miroir, replaça ses cheveux mouillés, et saisi la coupe de champagne entre ses mains, sans détacher le regard de son reflet, avant de la boire d'une traite, d'un geste précis et décidé.

« Ca n'ira pas, ça n'ira pas et je n'irai pas voir James, il aura une échappatoire et je ne vais pas l'épouser que ça ne lui plaise pas ou oui! »

Jezabelle se tu un instant, fixant bêtement sa flûte, choquée de ses paroles absurdes et insensées, alors qu'elle était persuadée d'avoir prononcé la stricte inverse!!! Elle se dévisagea dans le miroir, incrédule, se sentant tout d'un coup toute bizarre, comme si la terre tournait au ralenti, sa vision se brouillant, s'assombrissant sur les bords, elle avait l'impression d'être complètement saoule et pourtant elle n'avait bu qu'un verre! Elle se plaça plus près de la grande glace, le doigt levé, dans un état second

« Je… ne suis pas Jezabelle Bourgeoys! »

Elle se sentait comme possédée par une force extérieure, délirant comme si elle n'était plus elle-même alors qu'elle était sûre de ce qu'elle disait, elle en était certaine, mais ses cordes vocales et ses lèvres tremblantes n'obéissaient plus à son cerveau!! Elle était complètement paniquée, ne pouvant pas y croire, que lui arrivait-il, c'était impossible!

« Je ne suis pas… je ne… je ne… AHHHHHH JE NE SU… AHHHHHHHHH JE NE SUIS PAS JEZABELLE!!!!!!!!! JE NE SUIS PAS JEZABELLE BOURGEOYS FILLE DE RICHARD ALMOND BOURGEOYS ET DE MARIE VALENTINE DE NETTANCOURT NÉE LE 26 MAI 1992 DANS LA REGION DE SINNOH OUUUUUUUI MAIS OUIIII ÇA NE SUFFIT PAAAAAS !!!!! » Elle pointait son doigt vers le miroir, accusatrice, perdant son sang-froid...

"JE NE SUIS PAS JEZABELLEEEE!!! AHHHHHHHHHH CE N'EST PAS MOI ET JE NE DIS PAS DE MENSONGEEEEES JE SUIS FOLLE, JE SUIS COMPLÈTEMENT FOLLE DE COOOOOORPSSSSSS!!"

Elle sortait littéralement de ses gongs, horrifiée, essayant de hurler qu'elle était saine d'esprit mais elle n'y parvenait pas, malgré son extrême concentration, bon sang mais quelle était cette diablerie? 

« JE NE DOIS PAS RESTER AGITÉE, IL NE FAUT PAS QUE JE NE PERDE PAS MON SANG CHAUD MAIS OUIIIII MON DIABLE OUI QUE NE DIS JE PAAAAAAAS !!!!! QUE NE M'ARRIVE T IL PAAAAAAAS???!!! »

Elle se mit à tourner dans tous les sens, fermant les yeux fermement, se disant qu'elle devait rêver, c'était un cauchemar, un effroyable cauchemar!! Elle attrapa la bouteille de champagne pour en lire la composition, elle devait avoir été droguée ou quelques choses comme ça... mais rien ne lui semblait suspect!!! Et si c'était...

« Oh oui je n'ai pas bu la coupe où il n'y avait pas le filtre de haine!!! Je suis folle, je ne vais pas me réveiller, c’est possible, C’EST AHHHHHHHHHHH »

Elle se mit à courir dans la salle de bain, s'aspergeant le visage d'eau gelée, il fallait qu'elle garde son calme, ça devait être une hallucination.... 

« MON DIABLE MON DIABLE… »

Elle retourna dans la chambre en courant… Quelle horreur, il était déjà très tard, tant pis, il fallait qu’elle le voit… Et elle se mit à courir en direction de sa suite, complètement chamboulée…

 

-

 

Jessie fendit le niveau de la mer et regarda tout autour d’elle, paniquée : il n’y avait que de l’eau, l’océan à perte de vue, et tout était sombre, noir, elle ne voyait rien, seulement les petites loupiotes des Lupio scintiller dans les abysses….

« A L’AIIIIIIIDE !!! EST-CE QU’IL Y A QUELQU’UN ???? VENEZ M’AIDER !!!!!! »

-

James faisait les cents pas, encore, lorsque des cognements retentirent contre la porte…

« Jessie? »

Jezabelle s'immobilisa, terrorisée, le cœur battant à mille à l'heure tandis que James s'avança vers elle dans la pénombre.

"Mais qu'est-ce que tu faisais, je me suis fait un sang d'encre!"

Elle le dévisageait bêtement, ne sachant pas quoi répondre... Il la prenait pour cette sale roturière! C'était tout bonnement insultant et grotesque : cette bougre n'avait aucune élégance, aucune grâce, aucunes manières... Mais elle portait sa robe et ses cheveux mouillés n'avaient plus aucune allure alors forcément, cela lui donnait peut être un air de famille avec cette pauvresse vulgaire, du moins c'est ce qu'elle se répétait dans son for intérieur pour s'auto convaincre... 

« Je... »

« Non mais franchement je suis vraiment énervé Jess, ne disparaît plus comme ça, j'étais mort d'inquiétude, j'ai cru que..! »

Il se tu, étouffant un sanglot, tandis qu'il tremblait, soulagé tout en restant effrayé par ces horribles images qu'il avait eu en tête, les yeux larmoyants, son pauvre cœur tourmenté cognant à tout rompre contre sa poitrine fébrile, restant planté là face à elle, attendant qu'elle dise quelques chose... mais Jezabelle ne pouvait pas ouvrir la bouche sous peine de dire n'importe quoi... Il avait l'air tellement inquiet, pourquoi? Ils étaient donc si proches? Elle était jalouse de cette Jessie, il semblait tellement l'estimer... Mais pourquoi avait-il eu peur? Qu'est-ce qu'il se passait? Elle le fixait dans l'ombre, et sous l’emprise du sérum qui lui faisait perdre la tête elle commençait à divaguer : elle le trouvait tellement attendrissant, tellement beau, tellement... raaaah il fallait qu'elle lui dise la vérité, qu'il retourne à la raison et à elle... Mais comment? Elle était piégée, il la prenait pour l'autre maintenant...

« James... »

Et il s'avança plus vers elle, la serrant dans ses bras tremblants

« T'es trempée, viens avec moi... »

Jezabelle se laissait faire, conquise, aux anges, dans un rêve éveillé et il l'escorta jusqu'au grand lit à baldaquins, la fit s'asseoir avant de l'envelopper de la couverture en laine de Wattouat en la serrant de toutes ses forces contre lui... 

« Je ne veux pas te perdre Jessie, je serai mortifié s'il te retrouvait, je me suis imaginé le pire, mais sérieusement tu pensais à quoi? »

Il la cajolait, passant sans cesse ses doigts dans ses cheveux humides et gorgés de sel, étouffant ses pleurs... Jezabelle détestait en temps normal qu'on touche à ses cheveux mais là c'était différent... Elle était sur une autre planète, elle prenait ses mots personnellement, coincée dans ses bras réconfortants et tellement chauds, son étreinte la transportait, elle aurait pu mourir sur place tellement elle était bien, elle se sentait à sa place, dans les bras de celui qui lui était promis depuis si longtemps... et pourtant avant ce jour elle n’avait jamais ressenti d’attirance particulière pour son fiancé, elle voulait l’épouser pour son titre, pour s’assurer une descendance digne de ce nom… Il renifla et la serra encore plus fort, caressant ses épaules au travers de la couverture, il avait envie de la comprimer encore jusqu'à fusionner avec elle, il était trop amoureux, il ne supportait pas l'idée qu'elle ait pu prendre des risques inutiles en partant comme ça pour une mission Pikachu improvisée, c'était stupide! 

« Je vais te faire couler un bain... »

Il se redressa un peu et se dirigea dans la somptueuse salle d'eau sous le regard hagard, placide et décontenancé de son abominable fiancée qui ne disait mot, stupéfaite... Elle ne comprenait rien mais elle ne pouvait pas sortir de ce mensonge par omission, avoir été dans ses bras, contre son cœur, c'était trop agréable, trop... Il apparut à nouveau dans la chambre et s'avança vers elle, fébrile, avant de se mettre à genoux face à elle, lui prenant les mains dans les siennes, tout tremblant…

"J'ai tout dit à Miaouss Jess..." 

Il lui souriait de cette phrase, timidement, attendant une réaction de sa part mais elle n'en avait aucune : Jezabelle était complètement sonnée et elle ne pouvait pas comprendre, elle restait clouée au lit par un sentiment de bonheur intense provoqué par la seule présence de James qui avait un comportement tellement différent de ce qu'elle connaissait de lui, et il était tellement beau, elle le détaillait dans l'obscurité, se fichant qu'il ne soit pas un "parfait gentleman", se moquant de tous ces préceptes, de tout, elle voulait que le temps s'arrête et contempler son visage parfait si mignon, innocent, malicieux, sa petite mèche lavande rebelle devant ses yeux émeraudes envoûtant, son petit nez plissé adorable, son fin sourire joueur, elle avait envie de rester face à lui de la sorte pour toujours... 

Elle prit son visage entre ses mains, inconsciente, ne contrôlant plus ce qu'elle faisait et elle le fixa à son tour... avant qu'il ne se redresse vers elle et... *boom boom* pose... *boom boom* ses lèvres... *boom boom* contre les siennes.... *boom boom*...

Le cœur de Jezabelle allait exploser, elle attendait ça depuis des années et des années, toute sa vie durant elle n'avait attendu que ce moment, elle vivait pour ce mariage avec lui, uniquement, toutes les secondes composant son quotidien bien vide n'était qu'attente, mais elle n'aurait jamais imaginé que c'était si bon, si délicieux, si envoûtant, mais non! Pas avant le mariage, quelle honte, quel affront! Ce n'était pas correct, il était fou, aliéné, complètement ind... Eh mais quoi? Il... il la prenait pour l'autre, il... embrassait qui là au juste?

Elle se laissait faire mais à l'intérieur elle était comme morte face à cette déchirante et abominable évidence : il entretenait une liaison avec cette sale roublarde, elle voyait soudainement clair dans son jeu : elle avait failli l'avoir, deux fois, la première au manoir et la deuxième à Sinnoh, et à chaque fois il s'était enfuit... avec elle! C'était donc à cause d'elle, depuis le début! Il devait tout le temps être avec elle, partout où il allait, cette misérable peste du tiers-état, et voilà qu'il avait une idylle avec ELLE! Quelle horreur, il était vraiment tombé bas, quelle naïveté, il s'était fait corrompre, elle profitait de son innocence et il n'y voyait que du feu!!! Il avait déjà une fiancée, quel MUFLE! Diantre c'était inconcevable, dégoûtant, tout bonnement ignob... mais elle s'en fichait, il avait glissé ses doigts sous la couverture, sur ses hanches, dans la cambrure de son dos en dévorant sa bouche avidement et elle se sentait aspirée dans la folie, jamais elle n'avait goûté aux lèvres d'un garçon, c'était trop agréable, cette sensation nouvelle lui faisait perdre la raison, elle se fichait soudainement de toutes les règles, de la morale, de tout, si elle devait être déshéritée ou aller en enfer pour ça alors tant pis, elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était trop exquis... Quand soudain il s'arrêta avant de la dévisager... Il ne savait pas vraiment pourquoi mais son baiser n'était pas semblable à d'habitude, il connaissait Jessie par cœur et elle n'embrassait pas comme ça, sa peau semblait avoir une texture différente, ses courbes n'étaient pas les mêmes, elle ne sentait pas cette odeur de parfum de luxe étouffant, elle n'avait pas... Il détailla son visage dans la pénombre et même s'il lui semblait identique... son nez lui semblait changé, ses yeux lagons lui paraissaient moins bleus, plus vert, plus sombres, plus perçants aussi... Son nez était plus pincé, ses lèvres plus fines, moins charnues et... où étaient ces cicatrices? Il esquissa un reste de recul, dans un frisson glacial

« Jessie? »

« Oui... »

Jezabelle aurait voulu lui dire la vérité, seulement l'emprise du sérum l'en empêchait! Et voilà que James paniquait : que lui était-il arrivé? Il lui prit les mains, dans tous ses états, tremblant comme une feuille, les yeux larmoyants

« Jessie, qu'est ce qui s'est passé? »

« Rien, je n'ai absolument rien fait! »

Il la dévisageait, incrédule : sa voix lui semblait bien plus mielleuse et fausse, et il ne connaissait cette voix que trop bien... Il se sentait mourir sur place, livide, et ses mains moites lâchèrent les siennes...

« Jezabelle...? »

« Non ce n'est pas moi! James, enfin, tu ne me reconnais pas! Oui mais ne fais pas d'effort puisque je te dis que ce n'est pas moi! Je suis Jessie! Je ne dis que la vérité, ne comprend pas l'inverse, c'est moi! »

Il était totalement paniqué, serrant à nouveau ses mains tremblantes, la bouche déformée par la peur...

« Qu'est-ce qu'ils t'ont fait? C'est lui c'est ça? C'est la machine? »

« Oui c'est cela! Ahhhh Oui je ne voulais pas dire... Oui c'est bien cela James! Je n'ai rien bu, rien du tout! »

« Jessie, ils t'ont drogués, dis-moi, bon sang, qu’est-ce qu’il t’a fait ???! »

« Tout exactement, c'est... je... ne... RAHHHHH NE M'ÉCOUTE PAS MAINTENANT JE SUIS JESSIE JE NE SUIS PAS JEZABELE, JE-ZA-BELLE! »

« Tu n'es pas dans ton état normal, il faut appeler un docteur... »

« Oui! Oui! Surtout! Appelle donc un docteur! »

« Calme toi, je vais l'appeler... »

Il se leva, tournant dans tous les sens pour chercher le téléphone, en proie aux tourments, s'efforçant de rester calme, serrant les dents pour ne pas pleurer, pour ne pas tout casser, il était en transe... Et il l'attrapa, essayant d'appeler le boss, ne sachant pas quoi faire...

« OOOOUIIIIIIII James appelle, appelle n'attend pas! », s'écria-t-elle en lui arrachant le combiné des mains « Tu dois le faire parce que je n'ai pas bu dans le verre! Je ne l'ai pas fait et ce n'est pas à cause de ça que je dis la stricte vérité! Tu NE dois PAS me croire, sous aucun prétexte! »

« Jess, calme toi, ça va aller ma chérie, je vais appeler le boss... »

« MA CHÉRIE ???? TU NE TE MOQUES PAS DE MOIIIIIII JE PEUX SUPPORTER ÇA JAMES! CA NE SUFFIT PAS, JE SUIS JESSIIIIIIIIIIEEEEE!!! »

James se remit à pleurer en serrant de sa main frêle le téléphone de toutes ses forces…

« Euh mais non je ne me moque pas de toi, qu’est qu… »

« CA NE SUFFIT PAS JE VAIS ME LAISSER FAIRE DE LA SORTE OUI MAIS TU NE CROIS PAS QUE JE NE VAIS PAS SUPPORTER CA ENCORE LONGTEMPS JE NE VAIS PAS TE LE DIRE UNE MAUVAISE FOIS POUR AUCUUUUUNEEEEEEEEE JE NE SUIS PAS JEZABELLE !!!!! AHHHH MAIS RAAAAAHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!! »

Elle s’agitait comme une folle et chercha dans la pièce un papier et un stylo pour lui écrire, s’affolant, faisant tout tomber…


« Jessie calme toi, mon amour c’est moi, je ne te veux aucun mal, calme toi, s’il te plait… »

-

Jessie était épuisée et gelée, battant des jambes faiblement pour se maintenir à la surface en grelottant, quand elle aperçut soudainement dans le ciel des ombres se déplacer à toute vitesse, fondant sur elle.


« Oh non, c'est quoi ca encore...? », pensa t elle en se remettant à pleurer fébrilement, se repliant sur elle-même, avant de distinguer Banshitrouye et Yanmega qui s'empressèrent de l'aider, la soulevant de l'eau, s'affolant en parlant entre elles 


« Yan Yan! Yanmega! »
« Banshi! »
« Noooon Yanmega ne part pas... », gémit elle en s'accrochant fermement à son amie citrouille tandis que la libellule s'éloigna rapidement dans le noir...
« Banshitrouye... »
« Banshi j'ai... je... co... comment vous m'avez retrouvé...? »
« Banshi... banshi banshitrouye... »

-

Miaouss somnolait sur l'arbre au son de l'affreux grognement de Granbull, ne pouvant toujours pas descendre, inquiet... Banshitrouye et Yanmega avaient elles retrouvé Jessie...? Que faisaient-ils tous...? Et où était passé Qulbutoké...? Et Seviper...? Il commençait à en avoir ras le bol, cherchant encore une solution pour s'enfuir de ce maudit arbre de malheur... comment berner cet affreux croqueur de queue?

-

Jezabelle trouva un bout de papier plié et prit un stylo plume à l'effigie de l'hôtel qui se trouvait prêt du téléphone. Elle ouvrit le papier et se mit à lire en tremblant, se concentrant pour parvenir à déchiffrer l'écriture en pattes de mouches de James, ayant en plus la vision totalement altérée...
 

« Jessie, je suis plutôt maladroit quand il s'agit de dire ce genre de choses mais voilà aujourd'hui devant tous, devant notre famille : nos Pokémons et Miaouss, notre ami le plus cher, je voudrais te dire à quel point tu comptes pour moi. Tu es non seulement mon équipière, ma meilleure amie, mon alter ego, ma sœur jumelle, mais tu es aussi et surtout la fille que j'aime, que je désire plus que tout au monde. Je suis amoureux de toi Jessie et je ferai tout pour ne jamais te décevoir et que tu sois la plus heureuse sur terre. C'est tout... et j'espère que tu vas m'embrasser pour que je me taise car je suis nul en chûte. James »


Jezabelle se décomposa, sentant son cœur lâcher, ses mains devenir moites, sa peau brûler, et elle chiffonna la lettre avant de la jeter violemment au sol en grommelant, ayant envie de tout casser, à bout de nerfs. 
 

« Ce n'est pas une plaisanterie James? Tu ne te paies pas ma tête? CA NE SUFFIT PAAAAAAAAAAS CE NE SONT PAS DES CALOMNIES!!!! JAMES!!! ELLE NE SE MOQUE PAS DE TOI CE N'E... AHHHHH TU NE VAS PAS OUBLIER CETTE FILLE ET TU NE VAS PAS M'ÉCOUTER CETTE FOIS CI! TU AS LE CHOIX, JE TE LAISSERAI LE CHOIX! » Elle sortait de ses gonds, prenant tous les objets qui passaient sous sa main pour les exploser au sol

« QUE TU NE LE VEUILLES PAS OU OUI TU NE DEVIENDRAS PAS MON ÉPOUX JE N'EN FAIS PAS LE SERMENT ET JE N'EMPLOIERAI AUCUN MOYEN POUR NE PAS Y PARVENIR, AUCUUUUUUUUUUN ! »
James pleurait au sol comme un imbécile en serrant le mot tout abîmé qu'il avait pris soin d'écrire pour elle, avant de se lever pour l'empêcher de se blesser, désemparé, livide, le cœur battant la chamade, dans un cauchemar...


« Jessie arrête je t'en supplie, arrête, je comprends rien à ce que tu me dis... »

-

Banshitrouye soutenait Jessie du mieux qu'elle pouvait mais la jeune femme était à bout de forces, complètement épuisée et gelée, baignant dans l'eau glaciale, remuant toujours ses jambes endolories qu'elle ne sentait même plus... quand Yanmega arriva en trombe suivie d'un bateau 
 

« Banshi... »


Jessie releva un peu la tête et vit entre ses longs cheveux trempés et gorgés de sel le pneumatique se rapprocher avec un homme à son bord, dans le noir, comme un mirage. Elle tendit faiblement sa main vers lui, sentant la buée s'échapper de ses lèvres gercées et violettes tellement il faisait froid 
 

« Monsieur... monsieur s'il vous plaît... aidez-moi... »


« Mademoiselle est ce que ça va? », s'empressa de demander le jeune homme en la soulevant avec l'aide de Banshitrouye pour la mettre sur le bateau avant de l'enrouler dans une couverture, tout tremblant, affolé


« Vous allez bien? »


« Ou...oui je... j'ai froid... »


« Ce Pokémon est à vous!? Ça va aller, je vais vous ramener chez moi, vous pourrez vous changer... »
 

« O... oui Yanmega et... et Banshi... atchouuum! Banshitrouye sont à moi... mais no...non je dois.. je... mes amis doivent me chercher mais mon... mon téléphone à du prendre l'eau... », paniqua t elle en grelottant, fouillant dans sa combinaison sans parvenir à le trouver... Le jeune garçon la prit dans ses bras pour la réchauffer et lui donna un mouchoir en lui frottant les épaules 
 

« Calmez vous, ça va aller, je vais vous raccompagner, d'accord? »


« Ou...oui mer...merci... », gémit elle en se mouchant avant de se blottir contre Banshitrouye avec Yanmega perchée sur la tête 


« Yanmega va me montrer le chemin, tu veux bien Yanmega...? »


Et la libellule acquiesça, faisant un bref câlin à sa dresseuse avant d'indiquer la route vers l'hôtel à leur sauveur 
 

« Me...merci », murmura Jessie a ses Pokémons ainsi qu'au jeune homme, éreintée, sentant son corps se réchauffer peu à peu, en somnolant dans les cheveux réconfortant de Banshitrouye, enroulée dans la couverture...


« Banshi... » La citrouille accentua son étreinte. Elle avait dit en langage humain « Ça va aller ma Jessie, on rentre... »

-

« Sevi sevi... »


« Quuuuuuuulbutoké! »


« Seviper... »


Les deux Pokémons, composant le 3eme groupe de recherche après Miaouss et le duo Banshi/Yanmega, avaient fouillé l'île de fond en comble à la recherche de leur dresseuse, sans succès... Ils étaient morts d'inquiétude, mais ils décidèrent après un dernier tour dans les environs de rentrer à l'hôtel bredouilles, espérant au fond d'eux, de toutes leurs forces, que Miaouss, Banshitrouye ou Yanmega n'aient fini par la retrouver, ou qu'elle soit rentrée d'elle-même, qui sait...


Ils hésitèrent une dernière fois, ne voulant pas se résoudre à abandonner les recherches, puis finirent par passer le seuil de l'hôtel, épuisés, avant de se diriger vers les marches... Ils se prirent un peu la tête en montant, Qulbutoké ne sachant plus vraiment où était la suite et Seviper maintenant qu'elle était au second étage... Ils finirent par passer devant toutes les portes, étage par étage, une à une, pour essayer de reconnaître laquelle ça pouvait être, avant d'être interpellés par un capharnaüm sans nom venant du fond d'un couloir : des bruits de fracas, des cris, des pleurs, des voix, des... James!? Ils échangèrent un long regard inquiet avant de s'avancer jusqu'à la porte que Seviper déverrouilla de sa queue, avant de se retrouver face à face avec l'inattendu, l'impossible : face à leurs yeux ébahis se trouvaient Jezabelle vêtue de la robe de leur dresseuse, toute pleine d'eau, en train d'hurler des brides incompréhensible tandis que James essayait de la calmer, de la retenir alors qu'elle renversait les meubles... La porte grinça en s'ouvrant, ramenant brutalement le jeune homme dans la réalité qui la lâcha immédiatement, sans cesser de trembler, la bouche déformée par la peur, en larmes, sous le choc de l'ouverture de la porte, et la jeune femme le poussa de toutes ses forces, hors d'elle


« ENTREZ D'ICI BANDES DE GENTILSHOMMES, ENTREZ DOOOONC! », hurla-t-elle encore en les poussant dehors


« Jessiiiiiie mais qu'est-ce que tu fais? C'est Seviper et Qulbutoké... », s'affola encore James, ne comprenant plus rien, ne reconnaissant pas son équipière, mais que lui était-il arrivé mon Dieu, il avait l'impression qu'elle s'était faite lobotomisée ou quelques choses comme ça, quelle horreur, pas elle, pas sa Jessie, c'était impossible, même physiquement elle était différente juste ciel, elle était totalement différente mais il était en plein déni, ne s'en rendant pas totalement compte tellement il était bouleversé, choqué... Son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine fébrile, il avait l'impression de vivre un cauchemar, parcouru par des sueurs froides...
Mais les Pokémons n'étaient pas dupes : ils savaient très bien que ce n'était pas Jessie face à eux. Seviper ligota la jeune aristocrate de toutes ses forces sous le regard effaré de James qui ne comprenait plus rien, tétanisé, aux côtés de Qulbutoké qui s'affolait dans tous les sens sans pouvoir sortir un mot...
 

« ARREEEEEETE SEVIPER!!! »


« Seviper!!! SEVI SEVIPER PER !!! »


« NE ME LACHE PAS OH DOUX SERPENT DE BONHEUR !!!! », hurla Jezabelle au contact crispant des écailles du reptile sur sa peau, essayant de se débattre dans tous les sens, se sentant comprimée, prisonnière, ayant mal de partout, la vue brouillée et sombre...


« LACHE LA SEVIPER TU VAS LUI FAIRE MAL!!!! », supplia James en tombant à genoux, à bout de forces...


Mais le Pokémon la serrait plus fort, ce n'était pas sa dresseuse et il allait lui faire cracher le morceau : que lui avait elle fait? Pourquoi portait elle sa robe, pourquoi était-elle déguisée en Jessie?


« J'AI DE L'AIR, PLEIN D'AIR, NE ME LACHE PAS AHHHHHHH », pleurait la jeune femme sans cesser de se débattre, sentant sa gorge se serrer, l'étreinte de Seviper lui couper le souffle, toute rouge de rage, perdant l'esprit...


James ne pouvait pas admettre que son Pokémon la blesse, elle avait déjà assez souffert, ce n'était pas de faute...


« Tu n'me laisses pas l'choix Seviper, VORTEEEEENTE A TOI DE JOUER! »


La plante verte sorti de sa Pokéball et s'immobilisa, de même que James, de même que Seviper, que Qulbutoké, que Jezabelle...
 

« James...? »


Ils dévisageaient tous la porte ouverte dans le noir, et cette voix tremblotante s'avança doucement pour se dévoiler à la lumière : Yanmega soutenait Jessie sous son bras et Banshitrouye la soutenait de l'autre côté, fébrilement...
 

« J...Jessie? »

 
James ne comprenait plus rien... Il l'avait immédiatement reconnu, c'était bien elle, il le savait, il ne pensait même plus à l'autre, plus rien n'existait autours de lui, plus rien d'autre qu'elle...


« James... », gémit elle encore en essayant de marcher, totalement épuisée 


Jezabelle était pétrifiée, totalement immobile, nauséeuse, à la limite du malaise, comprimée par l'attaque ligotage de Seviper tandis que James se leva précipitamment vers Jessie, trébuchant au sol, les yeux remplis de larmes en la serrant contre lui de toutes ses forces
 

« Oh mon Dieu Jessie, mon Dieu mon Dieu mais qu'est ce qui t'es arrivé? J'étais mort d'inquiétude!!! »


En retrouvant les bras chauds de son meilleur ami elle fondit en larmes, s'écroulant contre lui, le serrant aussi fort qu'elle le pouvait, tandis qu'il relâchait la pression, l'entourant de ses bras plus fort, leurs pauvres cœurs tourmentés battant à l'unisson l'un contre l'autre...


« J'te d'mande pardon... », chuchota-t-elle dans ses sanglots en se rapprochant encore plus de son corps, rassurée par sa simple présence : elle était avec lui maintenant, en sécurité, plus rien ne pouvait lui arriver...


« Je t'en supplie, ne t'excuse pas.... », gémit il dans son cou, retenant ses larmes, serrant de ses mains tremblantes ses cheveux trempés, tourmenté, fou amoureux... 


Le calme était plat dans la pièce mais les esprits s'échauffaient autours de ces émouvantes retrouvailles... Banshitrouye et Yanmega ne supportaient pas de voir Jessie si forte, si combative, perdre toute once de fierté dans les bras de cette sale chochotte imbécile qui l'avait laissé partir sans rien faire. C'était à cause de lui tout ça et elle ne captait rien, elle était trop amoureuse mais mince, c'était insoutenable! Que lui trouvait-elle bon sang? Et dire qu'elle couchait avec lui, quelle horreur!
Seviper, lui, ne quittait pas Jezabelle de ses yeux perçants, bien décidé à en découdre avec cette imposture, tandis que Qulbutoké et Vortente restaient en retrait, plutôt émus. Jezabelle ne bougeait plus du tout, laissant Seviper la comprimer sans rechigner, complètement sous le choc, touchée en plein cœur, blessée et hors d'elle, totalement chamboulée, pétrifiée, immobile... James aimait... vraiment cette fille? Elle se sentait se désintégrer, mourir sur place, son cœur lâcher et exploser, les larmes lui monter aux yeux, elle se prenait cette déchirante vérité en pleine figure : il était amoureux de Jessie... et il ne l'aimerait jamais, et elle pourrait tout faire, tout tenter, le forcer, le battre que rien ne changerait... il était amoureux d'elle et c'était indéniable... Il avait été si inquiet, il lui avait écrit ce mot, et là il la... il la serrait contre son cœur, il... l'aimait... mais non! Elle avait envie d'hurler, de le frapper, de rouer de coups cette sale roturière qu'il... 


« Je t'aime Jessie... je t'aime tellement, pardon j'aurai jamais du te laisser partir... »


Jezabelle était parcourue de sueurs froides, une boule dans l'estomac, elle avait envie de crier mais elle n'y parvenait pas tellement elle était mal...


« Je t'aime aussi, c'est moi, je voulais encore je... je suis vraiment trop stupide... », sanglota encore Jessie en serrant plus fort James contre elle... et elle se releva un peu... avant de dévisager à travers ses larmes Jezabelle emprisonnée par l'attaque ligotage de Seviper, incrédule, ne comprend rien du tout... 


« Mais qu...qui c'est ça...? », demanda-t-elle la voix tremblante en lâchant un peu James, se relevant sans détacher son regard de la jeune aristocrate qui restait placide, bouleversée, dégoutée…

« Mais je euh… j’en sais rien… », se mit à paniquer James en se relevant brusquement, tombant presque au sol, une boule dans la gorge, apeuré et tout tremblant, livide

« Seviper, lâche là… », murmura Jessie en dévisageant toujours Jezabelle sans sourciller, et le serpent obéit malgré le fait qu’il ne comprenait pas très bien ce que sa dresseuse avait en tête…

Il la balança au sol et la pauvre fille se releva en tremblant, collant son dos contre le buffet de bois…

« Jezabelle, hein… », commença Jessie les bras croisés tandis que James se cacha derrière le lit, terrorisé, ouvrant enfin les yeux, suant à grosses gouttes face à son pire cauchemar, dégouté de l’avoir embrassé à pleine bouche…

« No…non… » La jeune bourgeoise ne bougeait plus, pétrifiée par le stress et la panique tandis que Jessie restait calme malgré une irrésistible envie de péter un plomb et de lui envoyer son poing dans la figure mais elle était trop fatiguée, à bout de nerfs…

« Ça fait combien de temps au juste que tu cours après MON James ? T’en as pas marre de te prendre des vestes ? Jamais tu le laisseras tranquille ? Tu NOUS laisseras tranquille ? Jamais tu N’OUVRIRAS LES YEUX SALE MINABLE ? Quand je pense que tu l’as frappé, rabaissé, et Dieu sait quoi encore !!!!! Tu vois j’ai toujours rêvé de te dire que tu n’étais qu’une sale peau d’vache sadique, une saleté de riche qui ne sait pas la chance qu’elle a d’avoir déjà tout, mais en fait j’ai bien plus que toi ! Et c’est quelques choses que tu ne pourras jamais te payer avec tout ton fric ! Moi je l’ai lui, et je l’aime pour ce qu’il est ! POUR CE QU’IL EST REELLEMENT ! Tu ne connais pas James, tu ne sais ce qu’il est, ce qu’il aime, tu es complètement à la masse alors que moi je sais TOUT de lui, TOUT, jusqu’à ce qu’il pense et là en l’occurrence, il pense que je devrais me taire, n’est-ce-pas James ? »

« Oh mon Dieu… » Le jeune homme se sentait partir, tomber dans les pommes sous le poids de l’émotion provoquée par cet endroit, par toutes ses peurs, Jezabelle, par cette déclaration, mon Dieu c’était trop… et il s’écroula dans les pattes de Vortente qui ne comprenait plus rien, sous le regard hagard de Qulbutoké…

« TU DEPASSES LES BORNES ! T’as volé ma robe et mon identité pour faire quoi là ? Tu croyais quoi ? Et réponds quand j’te parle ! », s’énerva Jessie encore plus en la saisissant par le col, en la secouant comme un prunier

« Je euh…je… »

« EVIDEMMENT TU SAIS PAS QUOI DIRE HEIN ? Je devrais fouetter ta sale face comme tu le faisais avec lui dans cette vieille cave ! TU TE SOUVIENS DE CE QUE TU LUI AS FAIT ? QUAND IL N’AGISSAIT PAS COMME TU LE VOULAIS ? TU CROIS QU’IL FAUT FRAPPER LES GENS POUR QU’ILS T’ECOUTENT ? Je sais de quoi je parle morue, parce que je me suis moi-même fait FRACASSÉE par un fou dans ton genre ! Et il n’a rien tiré de moi ! Ça me rend MALADE que tu aies pu toucher UN SEUL CHEVEUX LAVANDE de James ! TU LUI FAIS PEUR ! T’ES QU’UNE TARÉE ET IL NE T’AIMERA JAMAIS JAMAIIIIIS PARCE QU’IL M’AIME MOI ET TU NE M’ENLEVERAS PAS CA !!! On m’a déjà enlevé mon visage, ma dignité, mais toi là, toi sorcière tu ne m’enlèveras pas la seule et dernière chose que j’ai, la plus importante, alors tu vas enlever ma robe et dégager, sans ouvrir ta sale gueule, et dire à tout le monde que le mariage est annulé, et si je te revois un jour, si j’ai le malheur de te croiser dans la rue, je te préviens que JE FERAI DE LA BOUILLIE DE TA SALE TRONCHE DÉCONFITE EST-CE QUE C’EST CLAAAAAAAAAAAAIR ??? Vous tous, faites les valises on s’en va. »

Les pokémons s’affairèrent à empaqueter les affaires sous le regard effaré de Jezabelle qui ne bougeait toujours pas, terrorisée par Jessie qui restait hors d’elle…

« Qu’est-ce-que tu fabriques encore là GRELUCHE SORS DE CETTE SUITE SUR LE CHAMPS AVANT QUE JE NE T’ECRASEEEEEEEE COMME UN VULGAIRE BOMBYDOUUUUU !!!!!!!!!! », s’écria la jeune sbire en la soulevant par le col avant de reprendre

« ET REND MOI MA ROBEEEEEEEE !!!!!!!!!! » La pauvre Jezabelle n’avait pas sa Pokéball et donc ne pouvait rien faire, alors elle s’exécuta, enlevant la robe en tremblant et sorti dans le couloir en courant, en sous-vêtements, tétanisée tandis que James reprenait ses esprits

« Ca va James ? », grogna Jessie qui ne parvenait pas à se calmer…

« Ouu…oui mais euh je… »

« C’EST PAS L’MOMENT D’FAIRE LA SIESTE ! Tais-toi et fais les valises, on s’en va ET SANS PAYER ! »

Et c’est ainsi que les amis s’enfuirent de l’hôtel, par la fenêtre, extirpant Miaouss de son perchoir au passage, Jessie envoyant Granbull vers d’autres cieux au passage, folle de rage, avant de voler une barque et de naviguer jusqu’à l’île du Bigorneau salé pour rejoindre l’entrepôt du boss…

-

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiing… driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing…

« Hmmm… » James se retourna dans son sac de couchage, tout bougon, à moitié endormi, essayant de taper sur le réveil matin pour l’éteindre, quand il se rendit compte que c’était son téléphone qui sonnait… Il faisait presque jour et les pauvres n’avaient dormi que quelques heures après ce voyage nocturne des plus pénibles… Il le prit fébrilement, les yeux dans le flou

« Hm.. oui allo ? »

« Bonjour James, c’est Jolene… »

« Jolene ? » Le jeune homme ouvrit totalement les yeux et se redressa d’un bond dans son sac

« Oui je… je m’excuse de te déranger, j’aurai préféré ne pas avoir à te dire ça mais voilà… le… le Boss a reçu des menaces directes, Elias a déjoué la supercherie à Unys et a fait sauter notre base… un… un agent est mort dans l’explosion, ça devient grave, il… il faut que vous rentriez immédiatement à Kanto, nous sommes en alerte, un… logement vous attend dans le QG d’urgence… » La jeune femme était terriblement mal à l’aise, ne pouvant s’empêcher de penser aux lèvres de James contre les siennes, à son sexe dur et gonflé palpitant entre ses cuisses, à ses doigts sur sa nuque… à ses sanglots, à Jessie qui l’implorait de s’en aller…

« Co…comment ça ? Jessie est en danger ? » James était tout stressé, le cœur battant la chamade

« Je… j’en sais rien, je crois qu’il se fiche de Jessie désormais, il va s’en rendre à quiconque est sur son chemin, il veut Giovanni, il parle de choses que l’on ne comprend pas à propos de clonage ou quelques choses comme ça... 009 est arrivée à la base cette nuit, et elle repartira avec les agents d’élite dans la journée… dont moi… »

« Non ! Jolene c’est trop dangereux, tu peux pas y aller ! Laisse Domino gérer ça toute seule ! »

Jessie ouvrit un œil et, portée par l’épuisement, la faim, les courbatures d’avoir ramé toute la nuit et la rage de sa dispute précédente avec Jezabelle, elle explosa

« Je ne VEUX PAS ENTENDRE PARLER NI DE JOLENE NI DE DOMINOOOOOOO !!!!!!!!! », s’énerva la jeune femme en lui arrachant le téléphone des mains

« JE T’AI DEMANDÉ DE NOUS FICHE LA PAIX, NON MAIS C’EST PAS POSSIBLE, QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ TOUTES APRES JAMES, MAIS RAAAAAAAH !!!!! CA SUFFIT !!!! RESTE A L’ECART, IL EST A MOI, A MOI C’EST CLAIR ? A MOI ! VOUS N’ETES QU’UNE BANDE DE JALOUSES, VA T’TROUVER UN AUTRE GARCON, NON MAIS QUEL CULOT ! ET DIS A DOMINO D’ALLER SE FAIRE VOIR ET DE SE METTRE SA TULIPE LA OU J’PENSE, JE NE VEUX PLUS ENTENDRE PARLER DE CETTE SALE PESTE QUI NOUS PREND POUR DES MINABLES NON PLUS ! BON VENT ! », et elle raccrocha d’un geste énergique avant de se coller à James et de lui faire un câlin le plus calmement et tendrement possible, replaçant correctement le sac de couchage sur eux…

« Euh… Je…Jessie c… c’était quoi ça encore? »

« Rendors toi mon chéri, on a du pain sur la planche avec cet inventaire, il faut qu’on soit en forme… »

« Jessie… tu… tu m’fais vraiment peur… »

Elle l’enlaça d’un geste mignon et amoureux avant de déposer un petit baiser sur sa joue

« Je suis fatiguée d’accord, j’ai pas la patience de l’entendre geindre… »

Le jeune sbire aux cheveux lavande restait immobile, tremblotant et un peu effrayé par le comportement un peu trop impulsif de son équipière…

« Jessie… il faut qu’on rentre à Jadielle… »

« Jamais d’la vie, je veux plus retourner à Jadielle, je veux rester ici sur cette île avec Miaouss et toi, pour toujours, je ne veux plus jamais voir personne… », chuchota t elle en le serrant plus fort dans ses bras, fermant les yeux fermement, se voilant la face, à moitié endormie…

« On est en alerte rouge, Elias veut mettre la main sur le Boss… Y a une histoire de clonage, je crois que ça a un rapport avec ta mère, je sais pas, on doit rejoindre la base d’urgence, il faut qu’on rentre Jessie, ça peut être dangereux… »

« Je me contre fiche de cette histoire, je veux plus en entendre parler James, je veux vivre d’amour et d’eau fraiche comme dans les romans… »

Il soupira en caressant ses cheveux roses…

« Tu lis jamais Jessie, c’est des téléfilms à la noix que tu regardes avec Banshitrouye… »

« Ce sont des adaptations de bouquins James ! Et puis j’ai déjà lu dans ma vie… »

« Jessie… on va rentrer, c’est plus prudent… Y a un ferry qui passe sur l’île voisine demain matin, on la rejoindra avec la barque et on le prendra, j’ai pas envie qu’il te retrouve ici, on est sans défenses sur cette île… »

« Cette île est invisible et inconnue, elle n’apparait sur aucune carte, c’est pas c’que l’Boss a dit …? »

« Ce type a été un agent de la Team Rocket à une époque et puis il est partout, c’est trop risqué, ehhh tu m’écoutes quand j’te parle ? »

Jessie se fichait complètement de ses dires et commença à l’embrasser dans le cou, des petits baisers chauds et glissants…

« Arrête Jess, je plaisante pas… »

« Roooh j’ai compris, on rentrera demain, je sais qu’t’as raison… », ronchonna t elle encore

Il la regarda un instant : ses fins sourcils expressifs, ses grands yeux bleus encerclés de ses longs cils, son petit nez en trompette si mignon, ses joues toutes rondes qui lui donnaient un air de petite fille malicieuse, sa bouche charnue abîmée... Comment lui en vouloir… ? Il se redressa un peu en souriant

« Vous savez que vous êtes trop belle, Jessica Sâto… ? »

Elle lui sourit en retour, en passant ses bras autours de son cou…

« Ah oui ? Vraiment ? Parce qu’avec mon corps tout jaune et mes cicatrices tu vois, j’en suis pas si sûre… »

« Pfff qu’est-ce que tu racontes encore ? Tu cherches le compliment c’est ça ? »

« Non vraiment James… je suis sérieuse… regarde-moi… »

James pencha un peu la tête vers elle et la détailla : elle portait une fine chemise de nuit blanche et ses cheveux étaient défaits, mon Dieu son col était ouvert, les boutons ne tenaient pas à cause de sa poitrine et il pouvait voir ses tétons dressées pointer à travers le tissus... Pas si sûre? Sérieusement? Il avait envie de lui sauter dessus... 
 

« T’es la fille la plus narcissique du monde Jessie, tu sais qu’t’es belle… en tout cas je ne te savais pas aussi jalouse… », plaisanta t il avant de l’embrasser, ayant auparavant lorgné sur Miaouss qui ronflait un peu plus loin, s’assurant qu’il soit bien dans les bras de Morphée… Elle rompit le baiser doucement

« C’est les autres qui sont jalouses de moi parce que je fais équipe avec le plus garçon le plus sexy de la terre… », rougit-elle en riant un peu pour cacher son embarras

« Booh noooon Jessie voyons, il ne faut pas exagérer, quel baratin… » Il était encore plus rouge qu’elle

« Miaouss dort donc si tu veux faire quelques choses c’est maintenant… »

« Quelques choses m… mais… qu… quoi par exemple ? », dit-il dans un geste de recul, un peu effrayé

« Oh j’en sais rien comme… déboutonner ma chemise de nuit… », lui chuchota-t-elle au creux de son oreille en le faisant elle-même, faisant sauter les boutons un à un sans le quitter des yeux tandis qu’il sentait son cœur battre plus vite, son sang affluer à toute vitesse entre ses cuisses…

« Jessie… t’es vraiment une petite débauchée… t’es pire que le diable lui-même… »

« Bon… si tu veux pas, je vais pas te forcer… », souffla t elle dans un sourire provocateur en rattachant ses boutons

« Noooooon attends… » Et il reprit son baiser, gardant quand même un œil sur son équipier au cas où il se réveillerait…

« Hm... » Jessie se laissait faire, joueuse, sentant des papillusions se réveiller au creux de son ventre... James ressentait la même chose mais il n'osait pas la toucher, ce n'était pas vraiment le contexte idéal, il avait trop peur que Miaouss ne les surprenne... mais son cœur battait tellement vite, il avait trop envie de faire voyager ses mains sur elle... alors il remonta ses doigts jusqu'à sa joue en se penchant sur elle pour l'allonger, sans briser leur baiser, et sa chemise de nuit s’ouvrit complètement, dévoilant ses seins parfaitement galbés, tous ronds... 
 

« Hm... » Elle frissonna en sentant le corps de James se pencher au-dessus du sien, en le sentant frôler son corps fébrile, et il lâcha prise, glissant ses doigts le long de ses côtes avant de descendre ses baisers sur sa poitrine…


« Huuum... » Il passa sa langue autours de ses mamelons durs et dressés en l’effleurant de partout, sentant qu'elle avait la chair de poule alors qu’elle lui caressait les omoplates en tremblant...
 

« J'ai env... »


« Chuuut laisse-moi faire, et surtout tais-toi Jessie, d’accord? »


« Oui... » La jeune femme jubilait intérieurement, trop contente qu’il prenne enfin des initiatives… Il remonta ses baisers dans son cou et glissa sa main entre ses cuisses, l'effleurant tout doucement du bout de ses doigts à travers sa culotte...

« Hm… » Elle faisait de son mieux, se mordant les lèvres pour étouffer ses gémissements aigus


« T'es toute mouillée Jessie... »

« Et… ? »

« Euh… rien, je sais pas je disais ç… »

« Ferme la, tu gâches tout imbécile ! », râla-t-elle en l’embrassant de nouveau pour qu’il se taise. Non mais sérieusement, quelle remarque idiote…Il était un peu vexé mais ne dit rien, s’efforçant de lui faire plaisir…

« Haaan… » James senti son cœur lâcher à l’entente de cette plainte bruyante et se retourna vers Miaouss, tout paniqué : il avait doucement passé ses doigts sur le côté de sa culotte et commencé à la toucher, à les faire glisser sur son clitoris tout gonflé...

« Jessie, ne crie pas sinon j’arrête… »

Elle ne répondit que d’un bref petit signe de tête tandis qu’il ne cessait pas de l'embrasser dans le cou comme un fou, son cœur battant à 1000 à l'heure et résonnant dans son corps tout entier, il avait envie de lui faire l'amour mais c’était vraiment trop risqué, il la connaissait trop bien et il savait qu'elle allait faire du bruit...

« Hmmm… »  James allait toujours plus vite, puis il faufila deux doigts en elle, tendrement, en dévorant ses lèvres à nouveau... sans détacher son regard furtif de son équipier pokémon qui ronflait comme un Mammochon


« Haaa... » Jessie souriait, les sourcils froncés, les yeux roulants sous ses paupières tandis que sa tête s'enfonçait dans l'oreiller et qu'elle se cambrait afin qu'il la touche encore plus, qu'il aille plus loin... Son cœur battait beaucoup trop rapidement, elle le sentait pulser contre sa poitrine et son esprit s'embrouiller tandis que James allait toujours plus vite, plus profond, caressant son clitoris avec son pouce, sentant sa main se tremper sous l'excitation de son équipière qui soufflait pour ne pas crier... Il rompu son baiser et mit ses cheveux roses humides derrière son oreille dans une caresse avant de lui murmurer dans son cou, tremblant

« Je t’aime Jessie… »

« A… arrête James… je…haan… »

James avait envie de la faire venir, il sentait qu’elle était au bord, mais sa peur d’être pris en flagrant délit la main dans la culotte de son équipière par Miaouss était trop grande… Il retourna la tête vers lui et le vit se tourner dans son sommeil en grommelant des brides de miaulements… Mince, c’était trop tentant… et alors il descendit ses baisers doucement le long de son cou, de sa clavicule, de son ventre, il se glissa dans le sac de couchage, descendant ses baisers plus bas…

« Huuumm… » Jessie agrippa ses épaules et se cambra encore plus, l'incitant à la lécher plus précisément, elle allait venir dans sa bouche, elle essayait de se maîtriser mais c'était impossible, il allait trop vite et c'était tout glissant, sa langue était trop douce et l'électrisait toute entière...

« Haaaannn… »

« Miaouss dort toujours ? », s’affola James en se relevant d’un coup, la tête entre ses cuisses brulantes, trop stressé

« Raaaah mais oui il dort ! », s’énerva Jessie, excédée, impatiente, pas prête à attendre…

« Tu surveilles hein… ? »

« Oui t’inquiètes p…hann… », et il reprit, s’efforçant de s’auto-convaincre qu’elle surveillait bien le sommeil du félin parlant, bien qu’il en doute fortement, mais la situation était trop excitante….

« Haaaa…an… » C'était le moment... James ne déviait pas son regard d'elle et il continuait, faisant rouler le bout de sa langue sur son clitoris gorgé de sang tandis qu'elle souleva son bassin dans une secousse, froissant le sac de ses mains tremblantes, des frissons la parcourant toute entière, sa tête tournait pour flancher sur le coussin humide... Elle gémissait en sentant qu'elle perdait pied, qu'elle perdait la tête, c'était tellement agréable qu'elle prit peur de ses propres sensations, elle sentait James au plus proche d'elle, sa langue entre ses cuisses, mon Dieu... son cœur lui semblait se décrocher, ses yeux rivés sur Miaouss, la vision floue, son bas ventre brûlant retenant une intense boule de chaleur, prête à exploser à tout moment, le paroxysme arrivait...

« Hmmm… ha…»

James senti sa bouche se remplir tandis qu’elle lui tirait les cheveux en se cambrant plus fort….

 « Haaa…haaa… » Bon sang, d’accord elle avait un orgasme, mais quand même, elle faisait trop de bruit ! Il se releva précipitamment, le menton tout mouillé, en dévisageant Miaouss qui ronflait toujours, paniqué…

« Il dort encore ? »


Jessie gardait les yeux fermés, sous le choc, le cœur battant trop vite et l'onde de ses battements se répandant dans le sac... 


« Mon Dieu James... »


Jessie était toute chamboulée, elle n'avait jamais ressenti quelques choses d'aussi fort de toute sa vie, c'était trop intense et délicieux, elle avait l'impression d'avoir failli mourir mais c'était trop agréable... et elle ouvrit les yeux, ayant l'impression de voir des étoiles, reprenant difficilement ses esprits….
Le jeune homme stressait un peu, s'essuyant fébrilement les lèvres avec sa manche en tremblant, tout fébrile 

« Ca va Jessie… ? »

« Ou…oui ça va… »

Miaouss se releva violemment, dans un sursaut, s’extirpant d’un terrible cauchemar dans lequel une grosse pierre tombait tout droit sur lui…

« Aaaaahhhhhhhh !!! »

La chance était du côté de Jessie et James, pour une fois, cet imbécile s’était réveillé au bon moment !

« Tais-toi Miaouss, j’ai pas envie de t’entendre… », gémit la jeune femme en reboutonnant sa chemise de nuit dans le sac, discrètement…

« Boooooon… et si je faisais du café pour tout le monde ? », proposa James en se levant, tout enjoué et tout sourire, ignorant son caleçon déformé par son érection…

Ils prirent un petit déjeuner tous ensemble avec leurs Pokémons qui discutaient entre eux, s’échauffant autours du sujet de discorde de la nuit agitée qu’ils avaient passé… Banshitrouye ne digérait pas la relation de sa dresseuse avec James et elle n’arrivait pas à passer au-dessus… Personne n’osait la contredire, sachant pertinemment qu’elle avait le même tempérament de feu que Jessie, mais quand même, c’était insoutenable pour les pokémons de James de l’entendre parler de lui de la sorte…

« Sepiatooooop ! », grogna t il en premier, à bout

« Vortente… » « Ignore la, on sait que c’est faux, laisse cette névrosée cracher son venin dans son coin… », répliqua t il en lançant un regard provocateur à la citrouille qui se vexa aussitôt…

« Banshi ! »

« Yanmega… »

« Eo eokoo eooo !!! »

« Quuuuuuulbutoké !!! »

« Regarde comme ils sont mignons, ils communiquent entre eux et se chamaillent, tout comme nous Jessie ! », s’enthousiasma James tout seul avant de boire une gorgée dans son mug en forme de Boustiflor tandis que Miaouss glissait son oreille perfide pour suivre la conversation et ne pas en perdre une miette…

Et ils se préparent gaiement, laissant les pokémons « jouer » ensemble, avant de s’affairer à faire l’inventaire. Ils prirent une pause vers 14h00 afin de grignoter des sandwiches qu’ils avaient volés à l’hôtel dans le minibar avant de partir, puis ils finirent leur affaire tandis que Jessie sorti avant eux de l’entrepôt, fatiguée…

Les garçons ne dirent pas un mot, comprenant le fait qu’elle soit plutôt contrariée, et finirent l’inventaire dans une ambiance bon enfant…

« Eh Jamesounet, on avait pô passé un marché… ? »

« Un marché… ?

« Oui tu devais m’commander des nouilles et faire ta déclaration à Jessie tu t’souviens… ? »

-

La jeune femme était assise près de l’entrée, ses yeux se perdant dans l'éternité, entre la mer et le ciel carmin... Le soleil commençait à descendre tout doucement et il commençait à faire un peu froid... Elle redressa un peu son châle avant de baisser les yeux. Elle était nostalgique, un peu triste, pensive... Quand une musique retentit derrière elle, la faisant sursauter...

 

« JAMES! Tu m'as fait peur, imbécile! »

 

Il lui répondit par un sourire avant de l'inviter à danser, la tirant par la main, et elle se laissa faire, sans entrain, la moue boudeuse... La première fois qu'ils avaient dansé ensemble, c'était dans la grande salle des fêtes du QG... Les lumières tintaient dans tous les coins, reflétant les visages au rythme de la musique, et les nouvelles recrues dansaient, célébrant leur intégration dans la Team Rocket… Le champagne coulait à flot, des étreintes, des rires, des poignées de mains, tout ce capharnaüm sonore et lumineux donnaient le tournis à James qui était resté planté au milieu de la piste de la danse, les bras ballants, ne sachant pas quoi faire, prit au piège au milieu de cette cohue oppressante, ayant l’impression de voir cette scène de l’extérieur quand la chanson se termina, enfin. Il avait esquissé un petit soupir de soulagement, mais ce répit fut de courte durée et la musique avait repris : un air entrainant, léger, pétillant, comme celui-ci, et alors elle était apparue, face à lui, lancinante, faisant danser ses épaules, rayonnante dans sa robe rouge, son sourire fendant son visage de porcelaine, surmonté de son épais rouge à lèvres rouge, les yeux plissés, heureuse, avec son petit nez pincé et sa coiffure improbable rose laquée en arrière… 

 

« Jessie… »

 

Il n'avait pas pu détacher ses yeux d’elle, elle était trop belle… Comment avait il fait pour se voiler la face si longtemps...? Heureusement qu'Emma avait perdu sa lettre ce jour-là chez Roucoups Airlines sinon mince, il aurait probablement continué à vivre comme si de rien n'était... Il l’avait toujours trouvé magnifique, depuis qu’il l’avait vu au fond de la classe entrain de rêvasser pour la première fois il y a plus de 10 ans, il n’avait cessé de la voir, de loin, elle avait toujours eu un chemin étroitement lié au sien, et voilà qu’ils venaient de réussir leur intégration au sein de la Team Rocket, et qu’elle était son équipière…

 

« C’est sympa cette soirée hein… C’est vraiment c… »

 

« Tais-toi et danse avec moi ! »

 

Elle l’avait coupé, stoppant net son cœur battant à toute vitesse, prit son bras pour l’entrainer au centre de la piste de danse, et il était totalement angoissé : il n’avait appris que le classique durant son enfance, il ne savait pas comment apprécier cette musique que ses parents qualifiaient de "païenne"… Il lui agitait ses mains pour qu'elle le laisse tranquille, terrifié 

 

« Noooon Jessie... je ne sais pas danser... » Il regardait tout autour de lui, fébrile, hésitant, mal à l'aise, et elle l'entraîna de plus belle, tirant sur sa manche... 

 

« Ne regarde pas autours de toi, garde tes yeux sur moi! »

 

Il s'en souvenait distinctement, elle avait des escarpins tous moches et abîmés, mais elle semblait s'en fiche complètement, elle n'était peut-être pas la plus sophistiquée parmi toutes ces filles cependant elle était elle-même, elle était la plus belle à ses propres yeux et c'était la seule chose qui comptait, elle le surprenait terriblement, elle avait une telle aisance... Il voulait s'enfuir mais c'était trop tard, il était là, avec elle, et elle faisait n’importe quoi et pourtant ses mouvements se callaient exactement sur le rythme, elle était tellement enjouée, fofolle, terriblement belle, libre, il ne ressenti pas cette gêne longtemps, se laissant guider par son équipière qui le faisait tournoyer, et il se sentait vivant, pour la première fois, impuissant face à elle, sentant les basses résonner dans tout son corps… Et alors il avait fermé les yeux et s'était mis à danser, se laissant guider par Jessie, par la mélodie, par les lumières tamisées dansant sur la foule qui n'existait plus, il ne faisait qu'un avec elle, et il la faisait tourner à son tour, la piste leur appartenait, il était né pour être avec elle, elle était sa destinée, sa dernière chance, le début d'une nouvelle aventure et il n'avait plus peur, laissant s'envoler dans le néant tout ce terrible joug de convenances qui l'avait toujours étouffer, virevoltant dans cette vieille salle sombre... et c'était à son tour cette fois. Il l'entraîna près de lui sur la musique et la fit tourner un peu, avant de l'enlacer...

 

"Je regarde le soleil se coucher

Je le regarde avec distance
Et j'ai l'impression de m'approcher
Un petit peu plus de toi..."

 

Jessie esquissa un geste de recul, n'ayant pas envie de danser, encore moins sur cette musique idiote... mais il rattrapa sa main...

 

"Cette mélodie, je la chante partout

Pour qu'elle te poursuive

Qu'elle te rappelle à nous..."

 

La jeune femme lui souriait, un peu bêtement, se laissant guider par son équipier dans le sable tandis que les Pokémons sortirent de la tente pour voir ce qu'ils faisaient à l'entente de la musique, restant spectateurs de cette scène si touchante, en retrait... et il la fit tourner encore, dans une étreinte, lui souriant sur ces paroles si mignonnes...

 

"Je suis là, devant le soleil...

Loin de toi, devant le soleil...

Tu n'es pas là, mais nous partageons le même..."

 

Elle lui sourit tendrement, ne comprenant pas vraiment le sens de cette chanson, mais conquise et appréciant le rythme quand meme, le trouvant tellement gentil et attendrissant... Elle l'aimait plus que tout, son meilleur ami, cet idiot aux cheveux lavande, avec son sourire niais mais adorable, son nez en trompette, des grands yeux verts, ses mains réconfortantes sur sa taille...

 

"Je suis la, devant le soleil...

Loin de toi, devant le soleil..."

 

James la fit encore tourner, lui faisant presque perdre l'équilibre sur le sable tiède, la cajolant en dansant...

 

"Je le tiens dans mes mains,

Jusqu'à ton réveil...

Et je me fou d'être seul au monde..."

 

Jessie appuya son regard dans le sien, incrédule, et il la serra plus fort, la faisant trébucher en la rattrapant contre son torse, dans une étreinte..

 

"Devenir fou... compter les secondes..."

 

Avant de la soulever du sol et la faire tournoyer dans le crépuscule, la déboussolant, et elle souriait, laissant ses cheveux virevolter dans le ciel rouge, heureuse, libre, avec lui... 

 

"Tant que j'ai le soleil... oh oh... tant que j'ai le soleil... tant que j'ai le soleil..."

 

Il la fit tourner encore et l’embrassa, comme un fou, glissant ses doigts dans ses cheveux, devant tout le monde, fier

« Je t’aime Jessie… » La jeune femme ne répondit pas tout de suite, se sentant rougir, dévisageant les Pokémons qui les regardaient, gênée au possible…

« Euh James… »

« Je plaisante pas… écoutez-moi, tous, j’ai quelques choses à vous dire, de très important… », dit-il fermement, en s’adressant aux Pokémons qui étaient tout ouïe, intrigués…

« Vous voyez cette fille là, méchante et stupide, qui nous met toujours dans le pétrin et qui n’a aucun savoir vivre ? »

« Ehhhh ! », s’offusqua Jessie en le tapant doucement sur l’épaule, feignant d’être vexée, toute embarrassée…

« … et susceptible aussi ! J’ai failli l’oublier, merci Jess… », plaisanta-t-il sous le regard amusé et attendrit de leurs amis, excepté Banshitrouye qui commençait à bouillir… « Et bien… vous la connaissiez comme mon équipière, comme ma meilleure amie, comme mon double au féminin… ou… au masculin, enfin comme vous voulez… mais… je l’aime différemment aujourd’hui… et je vous le dis à tous, je vous le dis clairement car je suis fier d’elle, et c’est vrai Jessie, même si parfois je dois admettre que tu me fiches vraiment la honte… Je suis probablement dingue et… j’irais même jusqu’à dire téméraire ou inconscient, voir masochiste mais je… je crois que je peux affirmer que je suis… amoureux d’elle… sincèrement…»

Il sentait qu’il avait une boule dans la gorge, les mains moites, le cœur battant plus vite… tandis que leurs compagnons étaient tous chamboulés et émus, les yeux larmoyants, bien qu’ils le savaient tous plus ou moins… Le silence régnait sur la plage, la musique s’étant coupée car il n’y avait plus de réseau…

« Et moi aussi je… je ressens la même chose que lui, et je vous le dis afin qu’il n’y ait plus de doute permit : je suis amoureuse de James et on… enfin je peux dire qu’on… sort ensemble, enfin si c’est le cas, c’est bien le cas James ? », stressa t elle un peu, soudainement, n’ayant jamais vraiment posé d’étiquette sur leur relation…

« Oui euh… enfin si t… tu es d’a… d’accord… » James balbutiait, tout mal à l’aise alors que d’habitude parler en public ne les effrayaient pas le moins du monde…

« Oui alors c’est réglé ! James est mon petit ami désormais alors je vous demanderai de l’accepter… même toi Banshitrouye. »

« Banshi… », minauda son amie en croisant ses bras et en leur tournant le dos, à bout de nerfs, ayant envie de péter un câble…

« Sepia… » Le poulpe essaya de calmer le jeu, étant plutôt proche de Banshitrouye… mais elle se renferma et pénétra la pièce en boudant, ayant presque envie de pleurer…

« Mais… » James ne comprenait pas sa réaction, n’ayant jamais eu de soucis particulier avec elle mais qu… qu’est-ce qu’il lui prenait… ?

« Laisse-la… » murmura Jessie en voyant Miaouss la suivre, essayant de recoller les pots cassés tandis que le soleil se couchait sur la petite île déserte…

 

Je vous souhaite à tous et à toutes une bonne année 2017, en espérant qu’elle soit plus belle encore que la précédente !!!! ♥

 

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Date de dernière mise à jour : 02/04/2017

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