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Flash-back 8: Acte II

 

La lumière rouge de l'aube s'exfiltrant au travers des vieux voilages décousus faisait danser des formes abstraites sur le papier peint jauni par le temps dans le vieux hall d'entrée qui n’avait jamais changé malgré les années… Jessie balaya rapidement la pièce des yeux et lâcha la valise, épuisée et bouleversée : une tasse de café froid à moitié remplie était encore posée sur le buffet de bois usé... Sa mère l’avait posée là avant de partir, ayant failli emporter sa boisson chaude avec elle ; Elle était tout rouge, emmitouflée dans sa doudoune, alors qu’ils faisaient plutôt bon ce matin-là à Soleilville, ses cheveux violet en spirale dépassants de part et d’autres de son bonnet noir... Il y avait aussi cette vieille poterie qu'elle avait faite à l'école pour la fête des mères, qui contenait autrefois des fleurs mais elles avaient dû faner et se désintégrer... Jessie senti son cœur chavirer et les larmes lui piquer les yeux, mais elle serrât plus fort sa mâchoire pour ne pas se laisser aller à ce sentiment de mélancolie. C'était bien réel, et pourtant elle voyait cette maison dans ses rêves, sans arrêt, mais là c'était différent, tout lui revenait en pleine figure, encore plus violemment, la happant dans la réalité, lui faisant remonter tous ses souvenirs... 

"Bonne fête maman!" Elle lui avait tendu cette poterie dans un grand sourire hypocrite espérant que Miyamoto ne remarque pas que cette affreuse jarre avait été cassée puis recollée... C'était la faute de Giovanni : ils avaient joué dans le jardin avec les Pokémons du QG de la Team Rocket sous le regard bienveillant de Mme Boss comme tous les mercredis mais il avait envoyé le ballon trop loin, écrasant le petit baluchon dans lequel elle avait emballé ce précieux cadeau... "IMBECILE!" Et elle avait pleuré longtemps avant qu'il ne le lui rende tout recollé, un peu grossièrement... "Merci ma chérie c'est magnifique!" Miyamoto mentait bien sûr, comme toutes les mamans, à la vue de cette immonde poterie ornée de peintures très mal réalisées d'Eliatrons... Mais comme c'était sa précieuse fille unique qui l'avait réalisé de ses petites mains, elle avait une place toute particulière sur le buffet de l'entrée... Aux côtés d'une écharpe mauve décousue qui pendait au porte manteau tout rouillé, et d’un chapeau dont le feutre était poussiéreux, et là, au sol, il y avait encore la gamelle vide de ce mystérieux pokémon que Jessie voulait appâter avec de la nourriture quand elle était enfant, mais qu'elle n’avait jamais réussi à prendre en flagrant délit...

James apparu derrière elle et déposa lui aussi les affaires qu’il portait, haletant d’avoir du soulever une charge aussi lourde. Il n’avait pas l’impression qu’elle soit plus bouleversée que ça et pourtant il savait qu’elle devait l’être, forcément… "Ça va Jessie?" Il posa sa main sur son épaule, doucement, mais elle esquissa un geste de recul et continua à avancer en reprenant la hanse de la valise d’une main de fer, feignant d'être emprise d'émotion "On sera en sécurité ici."
En sécurité… Rien n’était moins sur et pourtant ils n’avaient pas trouvé de meilleure solution... Six mois à se cacher et voilà que Jessie poussait le vice jusqu’à aller dans cet endroit maudit qu’elle voyait continuellement au travers de ce satané extracteur de conscience… 
"On aurait jamais dû venir ici, on aurait dû écouter le boss, tu n’es pas en état de supporter autant de stress, c’est dangereux pour le bébé…" James était en réalité encore plus angoissé qu’elle, terrorisé par cette vieille maison branlante et délabrée, terrorisé par le fait qu’Elias puisse les retrouver à tout moment, inquiet au possible à propos de l’état de son équipière ...

 

Flash-back numéro 8 : Acte II

Gone by goldfish078

 

"Tu comprendras quand tu seras plus grande pourquoi je pars Jessie..."

"Maman... tu m'aimes plus?"

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"Jessica, que voyez-vous?" La psychologue Joëlle était penchée au-dessus de la jeune femme aux cheveux roses et perdait patience "Parlez nous, Jessica, qu'est-ce que vous entendez?!" Elle parlait d'une voix sèche et rapide, agacée qu'elle ne réponde pas à ses questions tandis que le savant fou tirait sur sa barbiche violette en feuilletant un magazine de mode sur les tendances actuelles 

"La reine de Kalos a été élue pire tenue de la semaine, regardez-moi ça Joëlle, c'est injuste, ces critiques n'ont aucun sens du style..." Il était consterné par ces écrits qu'ils jugeaient diffamatoires, étant un réel fan d'Aria...

"Cette greluche ne lâche pas un mot et j'en ai ASSEZ d'entendre ces sales gosses brailler..." Joëlle n'en avait rien à fiche d'Aria et de sa robe à froufrou, tout ce qu'elle voyait c'était que Jessie n'avait pas dit une seule phrase depuis des jours et que l'extracteur de conscience la fatiguait énormément...  A ce rythme-là, elle allait finir par mourir sans qu'ils n'aient eu le temps de lui soutirer une seule information... 

"C'est l'heure de sa poche..." dit alors le scientifique, saoulé de cette expérience décevante qui ne menait à rien à l'entente du bip de sa montre en forme de Kokyas : Elias ne les paieraient qu'une fois les résultats obtenus, alors ils travaillaient sans relâche, mais rien à faire : la jeune sbire restait désespérément plongée dans un état végétatif, immobile, fronçant les sourcils parfois ou se mettant à sangloter en hurlant des morceaux de phrases décousus qui ne rimaient à rien... Rien de conséquent en somme, mais les deux acolytes ne perdaient pas espoirs et poussaient Jessie à bout en stimulant la partie de son cerveau où était enfouie sa mémoire à long terme, fouinant dans son inconscient, violant ses souvenirs, tailladant au couteau son lourd passé douloureux...

L'affreux savant ouvrit le grand placard noir et en sorti une grosse poche d'alimentation parentérale qu'il relia à la tubulure qui pendait du bras totalement amorphe de Jessie, qui s'agita un peu en sentant l'épais liquide passer dans sa veine engourdie lorsque le scientifique déclampa le robinet... 

-

"OUVRRREZZZZZZZ CETTE POOOOOOORTE!!!!!!!!!" James ne cessait de cogner violemment contre la cage dans laquelle il était enfermé comme un vulgaire Pokémon de cirque, enragé à l'idée que l'on puisse faire du mal à son équipière, dans un état second, les poignets tous bleus et endoloris, sans relâcher ses vains efforts malgré des jours sans sommeil, sans même savoir quelle heure il était dans ce bunker sans aucune luminosité, sans eau ni nourriture, tandis que Sacha et ses amis accompagnés du garde forestier avaient fini par se faire une raison, tapis dans l'ombre derrière le jeune homme, épuisés et las de s'être fait embarquer dans cette sale affaire et plus qu'inquiets pour leur ennemie qui semblait être torturée de sang-froid, d'après les explications de James à propos de leur dernière rencontre avec cet homme malveillant...

Miaouss, lui, était recroquevillé sur lui-même aux côtés de Pikachu et Tiplouf, dans une autre cage destinées aux Pokémon, un peu plus loin. 

"Ça sert à rien d'taper, ils ouvriront pô, James... on est fichu..."

Sacha et ses amis avaient déjà tout tenté pour en venir à bout et s'échapper mais sans leurs pokéball c'était impossible...

"CASSIDYYYYYYYYY!!!!!!!!!!" Et il secouait les barreaux plus fort, donnant des coups de pieds de toutes ses forces, pleurant à chaudes larmes, encore, alors qu'il pensait qu'il ne pouvait plus y parvenir tant il en avait verser ces derniers jours.... mais il gardait espoir que ses rivaux ne finissent par les secourir ; ils appartenaient quand même à la même organisation, et ils n'étaient pas vraiment méchants... Si? Ils n'allaient pas le laisser pourrir dans cette prison de métal et Jessie se faire...

Un frisson le parcouru : il n'osait même pas imaginer ce qu'ils pouvaient bien lui faire, pas elle, non, ils n'avaient pas le droit, c'était effroyable, ça le rendait complètement fou et alors il tapa plus fort contre ces maudits barreaux de malheur, mais tout ce qu'il récoltait c'était cette douleur insoutenable au contact de ses importants hématomes, la cage étant indestructible...

"BUUUUUUUTCHHHHH!!!"

"Ils t'entendent pas et de toute façon ils viendront pas... En plus il s'appelle Boutch..." 

James savait que c’était inutile mais c'était plus fort que lui...

"JESSSSIIIIIIIE mais qu'est-ce que vous lui faites......?" Et il se mit à sangloter, à hurler en se tenant le visage de ses mains gantées chancelantes, se laissant glisser au sol le dos contre le mur... "CASSIDYYYYYYY BUTCCCCHHHHHH !!!"

"SILEEEEEEEEENCE!" Joëlle était à bout de nerfs : elle était sorti de la pièce pour lui dire sa fermer sa grande bouche.

"Qu'est-ce que vous faites à Jessie? Je VEUX la voir, je veux savoir si elle va bien!!!!"

Elle ricana "Si tu continues à brailler je vais la buter et toi avec!"

Il se tu alors sans cesser de pleurer, terrorisé, nauséeux, fou de rage et de craintes, fou d'amour pour elle : il voulait défoncer ces affreux barreaux et la sauver mais il était bloqué, impuissant, prit au piège comme un Rattata... 

"Viens James...", murmura Ondine, attristée et effrayée tout comme lui, en le tirant timidement par la manche sous les regards sombres et sans étincelles de ses amis qui ne bougeaient pas... 

Il se laissa faire comme un pantin et s'allongea la tête sur les genoux de la jeune dresseuse, en fermant les yeux de toutes ses forces pour chasser l'image de cette cave immonde. Ses oreilles bourdonnaient, il n'en pouvait plus, il voulait arrêter le temps, ou revenir en arrière et rester dans cette grotte pour toujours...

"Tu l'aimes hein...?" Chuchota Ondine qui sentait ces choses-là... Elle lui caressa doucement ses doux cheveux lavande comme elle cajolerait Togepi, le cœur lourd. Elle avait toujours détesté Jessie et James mais le voir si vulnérable et épris d'émotions, si tourmenté et blessé lui brisait le cœur. Dans le fond elle avait toujours su qu'il n'était pas vraiment méchant, il était simplement lourd et dans son délire, c'était simplement son travail, une rébellion contre son éducation stricte, une façon de se placer contre ses parents... 

"Oui... je l'aime..." Il se remit à pleurer de plus belle mais plus faiblement, dans un gémissement de douleur profond. 

"Elle le sait...?" Il était aveuglé par des images qui lui revenaient en pleine figure... Lui dans la montgolfière la soulevant du sol "On ne gagne peut être pas des millions mais par contre nous sommes libres..." Jessie qui s'en va avec le Docteur Blanc... Jessie qui lui vole son dernier carré de chocolat, qui fait des jeux de mots nuls, qui s'écrie "EST CE LA VICTOIRE QUE J'ENTENDS AU LOIN?...", sûre d’elle, qui se déguise en infirmière Joëlle, qui danse le tango, qui rayonne sur le terrain en Jessilina, qui tressailli quand il ouvre le mur au festival des mécaniques... qui prépare un plan minable pour voler Pikachu, qui se vexe, qui imite comme un pied un Dracaufeu en ombres chinoises... qui le serre contre elle quand il s'était blessé et qu'elle l'avait désinfecté au saké... "Tu vas te... te dégonfler c'est ça...?" Jessie avec son apparence d'enfant qui boude... Jessie sous son corps qui gémit de plaisir quand il lui a fait l'amour dans la grotte "N...on continue..." "Tu n'imagines même pas Jessica à quel point je t'aime moi aussi..."

"Oui elle le sait" Ondine entendit ce petit trémolo tremblant et terrorisé au fond de sa gorge et elle le serrât plus fort "On va la sortir de là..."

Sacha perdit patience et sorti de sa torpeur violemment

"OUVREZ NOUS BANDE DE MALADEEE!!!" Il tapait à son tour contre les barreaux froids, de ses poings, de ses pieds, hors de lui. 

"CA SUFFIIIIIIIT!" Joëlle sorti à nouveau de la pièce mais avec une seringue cette fois-ci "FERMEZ LA OU JE VAIS VOUS LA FAIRE BOUCLER MOI MÊME!" 

James enfoui sa tête dans les genoux d'Ondine et Aurore se cacha un peu derrière Pierre tandis que le morveux en chef résistait "On n’abandonnera pas, on n'a pas peur de vous!"

-

Cassidy se regardait encore dans le miroir, sous plusieurs angles et frimait dans son nouvel uniforme que l'homme en noir lui avait fourni 

"Ça marque parfaitement ma taille de guêpe, je suis une vraie bombe là-dedans, n'est-ce pas Chuck?" 

Son équipier ne la reprit même pas, absorbé par les maquettes des prototypes de robots que leur nouveau Boss avait spécialement fabriqué pour eux. 

"C'est pas la team Rocket qui nous fournirai des joujoux aussi cher..." souffla-t-il, époustouflé. 

"C'est sûr mais quand on ramènera Mew au Boss et qu'Elias sera son associé, on sera riche à en pleurer... et enfin débarrassé de ces abrutis de Jessie et James!!!!" 

À cette idée, elle jubilait. "Bon, j'en ai marre d'être enfermée dans cette pièce, on va visiter?", proposa Cassidy qui en avait assez de faire les cent pas, bien que s'admirer soit son passe-temps favori... Butch questionna sa montre : il était tard mais ils n'avaient pas sommeil, complètement décalé par le manque de lumière et de repères temporels.

"Ouais, allons voir notre nouveau QG..."

Ils sortirent de la pièce, curieux et enjoués, les yeux glissant un peu partout en plaisantant avant de voir une lourde porte noire jonchée d'un logo triangulaire rayé d'une croix rouge surmontée de l'écriteau "INTERDIT".

"Interdit pour les non membres j'imagine!", lança la jolie blonde désinvolte en tournant la serrure énergiquement... mais elle était verrouillée. 

"Bah qu'est-ce qu’il y a?" 

"C'est fermé!" Ils étaient offusqués. "Vas-y défonce la porte Buff..."

Il serra les poings à s'en arracher le canal carpien et ravala sa réplique "Je m'appelle BUTCH!" Cette haine soudaine lui insuffla une force incommensurable et il donna un coup de pied sec dans la serrure qui céda sous l'impact du choc et alors Cassidy écarta la porte du bout de ses doigts et avança timidement dans le noir... 

"C'est quoi cet endroit?" 

"Fait gaffe c'est peut être un entrepôt de produits toxiques..." dit Butch qui se voulait prudent : après tout l'inscription n'était probablement pas là par hasard... 

L'obscurité se dissipait quelques peu au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du gros néon plaqué au fond de la salle et ils virent alors se dessiner faiblement une immense cage métallique... 

"Hey regarde par-là..." Ils s'avancèrent, terrorisés, et alors ils examinèrent les formes abstraites couchées dans cette prison froide et oppressante…

"C'est les mioches et l'autre nigaud...", chuchota Cassidy à son équipier en voyant se dévoiler James et les morveux dans la pénombre.

"Viens voir, y a une autre porte là..." Ils étaient tétanisés mais en même temps beaucoup trop curieux pour s'arrêter... 

"Ouvre!" 

"Non toi!" 

Butch ouvrit alors la porte sans un bruit tout doucement et vit qu'il y avait une personne assise dans le noir dans le coin de la pièce… Ils n’osaient plus bouger, de peur d’être découvert, mais la personne semblait assoupie alors Cassidy poussa un peu plus la lourde porte et la psychiatre Joëlle se dévoila à la lumière, effectivement endormie dans son fauteuil en cuir  et alors ils virent le pire… 

Ils n’auraient jamais imaginé voir une telle chose, une telle cruauté, un tel spectacle, non ce n’était juste pas possible, mais qu’est-ce que c’était, que faisait-il subir à Jessie? Ils avaient les yeux écarquillés devant la jeune femme semblant sans vie, allongée sur un brancard, reliée à une immense machine qui bipait machinalement, par divers tuyaux, le front couvert d’électrodes, son uniforme déchiré laissant entrevoir sa poitrine elle aussi couverte d’électrodes, le doigt comprimé dans un saturomètre et le bras serré dans un brassard de tensiomètre et le tout connecté à un grand scope relatant son état clinique, tandis que divers produits bizarres passaient dans son sang s’écoulant de plusieurs perfusions avec des inscriptions « DANGER ». Elle était mal en point, baignant dans sa propre urine, couverte d’ecchymoses et de blessures, des brûlures, des coupures, et du sang avait séché au coin de ses lèvres abimées… ses longs cheveux n’avaient plus aucune tenue, elle avait la tête sur le côté et alors ils jonchaient le sol.

"Qu’est-ce qu’ils lui ont fait… ?" Cassidy fit un pas en arrière en se couvrant la bouche, horrifiée. Elle avait beau détester Jessie de toutes ces forces, jamais elle ne lui aurait souhaité un tel sort : c’était juste abominable. Butch détourna le regard et examina le savant à barbiche habillé d’une chemise en peau d’Arbok : ils étaient tous fous ici, ça partait bien trop loin, dans quoi avaient-ils été embarqués…?

"On s'en va Cass." Le jeune homme aux cheveux verts avait parlé rapidement, entre ses lèvres hésitantes, restant digne, calme et l'air impassible mais à l'intérieur il était complètement terrorisé, bouleversé, choqué par ce spectacle morbide et malsain, inhumain, et il ne voulait pas en savoir plus : ils pouvaient encore s'enfuir, en pleine nuit, s'échapper et ne jamais revenir, et quand ils seront en sécurité le Boss enverrait quelqu'un pour Jessie mais là c'était trop dangereux.

Le cœur de Butch cognait à pleine puissance contre sa cage thoracique ; il tira un peu sur la manche de Cassidy pour qu'elle le suive et qu'ils partent, maintenant, sur le champ, tant qu'il en était encore temps… mais la jeune femme ne bougeait pas, entravée par une peur panique. 

"Il faut l'emmener..." Elle sentait les larmes lui monter aux yeux, des souvenirs la submerger... Elles avaient été si proches autrefois... Et tout ça avait été gâché à cause de rumeurs, d'histoires débiles de gamines, de rivalités amoureuses... Elles n'auraient jamais pu rester inséparables comme elles avaient pu l'être auparavant car leurs caractères similaires et leurs tempéraments explosifs auraient fini par avoir raison de leur amitié, mais de la voir comme ça... Non c'était trop difficile, insurmontable. Elle avança timidement 

"Cass non, viens ici on s'en va!" 

Et lui souleva un peu le menton... c'était juste horrible : Jessie avait un œil au beurre noir, la pommette apparemment cassée toute rouge et boursouflée... Elle commença à détacher les liens qui l'entravaient de ses mains tremblantes "On ne peut pas la laisser ici, ils vont la tuer..."

Dans la tête de Jessie les visions se poursuivaient, toujours plus douloureuses, plus intimes, plus noires... 

"Il t'a abandonné parce qu’il ne voulait pas d'une famille, c'est un loup solitaire, il en a rien à fiche de toi Miya... Tu veux un autre verre?" 

Miyamoto était affalée sur le vieux canapé marron délavé, la mine inquiète, perturbée, face à son amie qui, elle, était sur le canapé noir tout ratatiné avec de la mousse s'exfiltrant par endroit, séparés par une lourde table basse en bois plein jonché de tâches rondes laissées par des verres.

"Chuuut! Ne parle pas si fort, tu vas réveiller Jessica! Mais oui, sert moi un peu de ça..."

Elle avait bu un verre de Whisky Akashi, les mains tremblantes, cul sec, tandis que Jessie était cachée derrière la porte, dans le noir, espionnant sa maman et son amie Greta qui discutaient très tard dans le vieux salon à la décoration simpliste et ringarde.

"Je n'aurai jamais cru le revoir un jour, ça m'a fait un choc... Il était avec Elias, ce sale traitre... J'ai perdu la face, j'ai fait échouer la mission..." Elle avait enfoui son visage dans ses mains, bouleversée, fébrile, et Jessie ne comprenait pas tout, elle comprimait très fort sa poupée bon marché dans ses petits bras, effrayée, sans vraiment savoir pourquoi, mais le fait de voir sa mère en proie à l'angoisse et aux tourments, en train de boire de l'alcool fort lui faisait peur... 

"Ce type est fou Miya, il est dangereux, tu devrais en parler à la police pour avoir une protection, Mme Boss ne fait rien, elle n'a pas l'air de prendre ça au sérieux..."

"J'ai confiance en elle, je n’irai pas voir les flics, je vais bientôt avoir de l'argent Greta, avec cette mission on va pouvoir déménager dans un endroit meilleur, j'ai espoir, ça ira..."

-

Cassidy tremblait, la vision troublée par des larmes qui commençaient à poindre, elle n'arrivait pas à détacher les sangles métalliques qui avaient fait saigner les poignets de sa rivale tellement elles étaient serrées... 

"Eh mais qu'est-ce que vous faites là vous!!?" Le scientifique s'était réveillé et Butch se plaça devant son équipière pour la protéger tandis que Joëlle se releva également. Les quatre protagonistes ne bougeaient pas, tétanisés, Butch et Cassidy dos à dos chacun face à l'un de ces affreux malfaiteurs, se tenant prêt au cas où ça tournerait mal.

"Vous n'avez pas le droit d'être ici, c'est confidentiel!" Le savant poussa la porte pour les enfermer : ils étaient bloqués, pris au piège. 

"Qu'est-ce que vous lui faites subir?", s'exclama Cassidy, choquée et décontenancée, en quête de réponses, oubliant presque la peur, portée dans un élan de rage intérieure...

-

"C'est là, éteint la caméra de surveillance." Patrick était calme malgré la pression évidente et Jolene s'exécuta, sûre d'elle.

"Restez sur vos gardes, je lancerai l'assaut quand le périmètre sera sécurisé." Le Boss leur parlait dans une oreillette ; il supervisait l'opération du QG, Jolene et Patrick étant les agents spéciaux d'élites assignés. Une horde de sbire de la Team Rocket restait derrière, en retrait, prête à intervenir. La jeune surdouée pianotait sur son mini-ordinateur et alors un bip retentit. "L'accès est déverrouillé, nous allons pénétrer la base."

"Très bien. Je veux un visuel. Si la connexion est perdue je lance l'offensive."

La jeune blonde et son équipier entrèrent dans le bunker en rappel sans un bruit à l'aide de leur lampe frontale, le cœur palpitant contre leurs poitrines comprimées dans l'épais gilet pare attaque. Ils touchèrent le sol tout doucement, paniqués mais s'efforçant de rester sereins, du moins en apparence, bien que ce soit clairement impossible. Ils savaient qu'ils n'y avaient personne à l'intérieur et que l'alarme ne sonnerait pas mais ils ne pouvaient s'empêcher de lorgner dans tous les coins, terrorisés, à l'affût d'une éventuellement menace. Mais rien de se passait, ils étaient seuls.

"On a un visuel des couloirs, on se dirige vers la salle centrale."

Jolene accompagna sa parole d'un pas prudent et ils se mirent à avancer, prudemment toujours, vers la salle qu'ils avaient identifiés sur le plan de la base comme étant le noyau de l'opération, mais cette dite salle n'était pas équipée de système de vidéosurveillance, et ils ne savaient par conséquent pas à quoi ils devaient s'attendre...

Ils passèrent devant plusieurs portes, sur la pointe des pieds, ne se dissipant pas, suivant à la lettre le plan sur l'ordinateur, sentant leurs cœurs résonner contre les parois froides et opprimantes, rappelant une prison de guerre.

"On est devant, Boss, j'active la caméra infrarouge." Jolene alluma la petite puce vidéo clipsée à son gros gilet noir et vit que la serrure était cassée. Elle échangea alors un regard inquiet avec son équipier qui lui fit signe de la tête d'entrer la première : il la couvrait. Elle ouvrit alors la porte en entier pour s'assurer qu'il n'y avait personne derrière et passa prudemment son joli minois afin de déterminer si l'accès était libre : "On y va." Les deux agents d'élite pénétrèrent la pièce qui était remplie de bibliothèques contenant des caisses en cartons dans lesquelles étaient rangées des classeurs, des photos, des documents : mais que se passait-il ici...? Et alors ils se rapprochèrent, gardant leur objectif en tête, un peu plus près du néon bleu qui tapissait le fond de la salle. Au sol elle pouvait distinguer dans un coin très sombre un petit objet brillant, un sorte de petite étoile scintillante... une capsule de bouteille... "James?"

Elle accouru, oubliant presque la mission à la vue de son ami recroquevillé sur le sol près d'un jeune garçon aux cheveux bruns avec un gilet vert, mat de peau, d'une jeune fille brune avec un bandana rouge, une autre encore, une rouquine avec une couette. Jolene était bouleversée, tachycarde, les mains moites : quelle horreur, ce n'était que des enfants... il y a avait d'autres gens derrière eux dans le noir, et des Pokémons enfermés à côté. Un pauvre Pikachu, un Tiplouf et

"Miaouss?"

Le chat se releva un peu, les yeux rouges et boursouflés

"Jolene?"

"Chut! Ne bouge pas, on va vous sortir de là, où est Jessie?"

Le chat lui montra la petite porte noire dans l'encolure un peu plus loin, tremblotant. Un espoir naquis en lui : il ne savait pas comment ni par quel miracle mais Jolene les avait retrouvé, c'était impensable, ils allaient s'en sortir!

"Ouvre moi..."

La jeune femme lui adressa un geste comme pour lui dire de se taire et attrapa sa pokéball fermement : elle allait avoir besoin de Noctali très rapidement, et Patrick avança derrière elle, la couvrant, main sur la pokéball également. Ils encerclèrent la porte qui était entre-ouverte et alors ils entendirent un cri qui les fit sursauter, tressaillir. 

"Eh mais qu'est-ce que vous faites là vous?"

Mais ce ne leur était pas adressé, il y avait quelqu'un d'autres dans cette pièce... Ils restèrent  immobiles, cloués sur place par une peur panique, un effroi qui leur glaçait le sang... et la porte se ferma sèchement.

"Vous n'avez pas le droit d'être ici c'est confidentiel!" Cette voix qui raille, un peu grave et à la fois aiguë les assaillit un peu plus...

"Qu'est-ce que vous lui faites subir?!" Cassidy avait parlé, dans une intonation trahissant sa peur et son angoisse, et alors tout s'enchaîna très rapidement, trop rapidement... Jolene enfonça la porte de son pied et alors les morveux et James se réveillèrent subitement "JESSIIIIIIE!!!" Ils cognaenit à nouveau contre les barreaux, se demandant ce qu'il se passait "OUVREZZZZE CETTE CAAAAAAGE!!!!" Sacha et ses amis aidaient James, frappant de toutes les forces, enragés, tandis que Miaouss, Pikachu et Tiplouf faisaient de même... "PIKAAAAA!!!!!!!" "TIIIIII!!"

"Noctaliiiiii ONDES FOLIES MAINTENANT!!!!"

"ATTENTION!!" Butch sauta sur Cassidy afin qu'elle évite l'attaque qui défonça l'extracteur de conscience, extirpant Jessie de ses visions mais elle restait désespérément dans un état comateux et alors le scientifique sauta et éclata sa pokéball au sol

"LUCARIO CALME MOI CES IMBÉCILES!"

"TENEFIX A TOI D'JOUEEEER!"

"VAS-Y TYRANOCIF!!!"

"AIRMUUUUR!"

"KAPOERA!!"

Les Pokémons s'avançaient dangereusement les uns des autres, tous comprimés dans si petit espace, les attaques fusaient dans tous les sens tandis que les prisonniers s'agitaient, hurlaient, tapaient contre la cage et Jessie restait impassible au milieu de cette cacophonie ... "MIMIIII ATTAQUE TONNERREEEE" Le Raichu de Jolene sorti de sa pokéball dans un rugissement et n'eut même pas le temps de.........

Black-out. 

-

"Bip... bip...bip... bip..."

Les doigts de James se mirent à trembloter sur le drap froid et alors il ouvrit les yeux, difficilement : tout était blanc autours de lui, du blanc à perte de vue... Il pensa un instant qu'il était mort et qu'il devait être au paradis mais sa vision s'accommoda doucement et alors il entendit plus fort ce "bip" qui résonnait à l'intérieur de sa tête, plus distinctement cette fois,  s'apercevant que ce bruit aiguë et régulier venait bel et bien de l'extérieur...

Il prit une grande respiration et se releva, paniqué, ne comprend pas où il se trouvait, tournant sa tête dans tous les sens, fouillant les draps blancs de ses mains fébriles, et alors il reprit peu à peu ses esprits, en sueur, et fixa bêtement la perfusion qui s'écoulait lentement dans ses veines sans vraiment comprendre ce qu'il était en train de se passer... Il baissa un peu les yeux, tout tremblant, la bouche déformée par une expression d'inquiétude profonde, sur ses poignets tous bleus et des brides lui revirent alors à l'esprit... L'hélicoptère, la cave, les morveux, Jessie... Il releva brusquement la tête lorsque la porte s'ouvrit, faisant virevolter des jolis cheveux lavande. 

"Oh bonjour James, vous êtes déjà réveillé c'est fantastique!" L'infirmière s'avança vers lui affichant un joli sourire sincère et se pencha un peu pour prendre ses paramètres vitaux tandis qu'il se laissait faire, médusé, fixant d'un air idiot le brassard du tensiomètre se gonfler autours de son bras.

"Vous n'avez pas de fièvre, vos yeux réagissent à la lumière, et ... votre tension est bonne aussi. Tout m'a l'air en ordre, il vous faudra juste du repos..."

James ne répondait pas, il la regardait parler, gesticuler, sans réagir, comme si elle parlait une langue étrangère.

"Vous avez des gens qui vous attendent dehors, vous voulez que je les fasse entrer maintenant...?" James hocha la tête 

"Euh..." Des gens? Mais qui? Il aurait eu besoin d'un repère, de Jessie, de Miaouss ou de ses Pokémons, de Sepiatop.... Il aurait voulu qu'il soit là, le serrer contre lui pour retrouver un peu de paix intérieure, et il aurait tant aimé que Vortente soit là, qu'il lui mâchouille les cheveux, qu'il le console, avec Eoko qui s'enroulerait autours de ses yeux comme une caresse pour sécher ses larmes et sa clochette lui redonnerait du baume au cœur... Mime Jr aurait ressenti sa douleur et l'aurai cajolé, ils se seraient étreints et alors James se serait laisser aller dans leurs bras réconfortants, même le câlin piquant de Cacnéa lui aurait fait le plus grand bien ce matin... et les autres... Gaulet, Caninou... Il se senti terriblement seul tout à coup et serra son oreiller en pensant à ces Pokémons qu'il chérissait tant... Il avait besoin d'eux, plus que tout... et de la petite mine perfide de son meilleur ami Miaouss, il aurait tant voulu qu'il soit là lui aussi... Il s'efforçait de ne pas penser à Jessie tandis que ses larmes s'écoulaient chaudement sur l'oreiller blanc... Il fallait qu'il se reprenne, qu'est-ce qu’elle dirait...

"Arrête de geindre James, je ne supporte pas les chochottes dans ton genre!" Il esquissa un sourire à cette pensée avant de se replier sur lui-même dans un frisson d'angoisse, serrant l'oreiller de toutes ses forces... 

-

Jolene faisait les cents pas devant la machine à café avec son bras dans le plâtre, ce qui stressait énormément Flora, Pierre, Maya et Aurore qui étaient assis sur les sièges usés de la salle d'attente quand tout d'un coup

"Il s'est réveillé, vous pouvez aller le voir." Les visages des amis s'illuminèrent alors et ils se mirent à courir, enjoués, en direction de la chambre de Sacha sous le regard soulagé de Jolene qui ne désangoissait pourtant pas...

"Tout le monde va bien...?", demanda-t-elle timidement. 

"James s'est réveillé mais il reste confus, tout comme le jeune garçon et son amie la petite rousse, mais ils vont bien, rassurez-vous. Vos autres collègues vont s'en sortir, ils sont juste un peu sous le choc."

"Et Jessie...?" 

"Elle est en réanimation et son état est stable. Cependant à ce stade, on ne peut pas garantir qu'elle se réveillera... Elle a été gravement intoxiquée."

Jolene se senti un peu nauséeuse tout à coup, perdue, triste pour son ami qui aimait tellement cette jeune femme... Comment allait-il réagir? Devait-il savoir exactement ce qu'elle avait subi? N'allait-il pas être trop sous le choc en le voyant "défigurée" de la sorte? Et si elle ne se réveillait pas?... Jolene sentait les larmes lui piquer le nez,

"Je peux la voir?"

"Bien sûr... suivez-moi." 

-

Ses longs cheveux roses avaient été soigneusement lavés et elle arborait une coiffure bien différente de d'habitude, sa chevelure étant juste au naturel avec une raie au milieu... Ses sourcils restaient un peu froncés, son joli petit nez était plissé et ses lèvres abîmées étaient surmontées de points de suture tout comme plusieurs autres zones de son visage... Un large pansement couvrait sa pommette cassée et elle avait des égratignures et des bleus autours de son œil qui avait probablement du accuser un violent coup de poing.

Jolene la détailla : elle semblait si différente, si fragile comme ça, c'était dur à croire qu'elle soit si tyrannique à l'extérieur quand on la connaît... Elle se demanda ce que James pouvait bien lui trouver : elle était plutôt stupide, sans aucune culture générale, narcissique et elle était méchante la plupart du temps... Elle était tout de même jolie et attirante physiquement mais enfin il n'y avait pas de quoi fouetter un Miaouss... La jolie blonde était jalouse dans le fond, mais elle n'avait aucune chance de rivaliser avec Jessie, elle savait à quel point il était fou amoureux d'elle… Alors elle s'était résignée à ne rien tenter  et à souffrir en silence, préférant que James soit heureux malgré tout. Et alors elle se releva vers l'infirmière

"Je voulais juste voir comment elle était... Je pense que ça ira, vous devriez accompagner son équipier ici, s'il peut marcher..."

-

"James?"

Le jeune homme sursauta à l’entente de son prénom, l’extirpant de son chagrin.

"Vous pouvez aller voir votre équipière si vous à le souhaitez. Elle ne s'est pas encore réveillée mais..."

Le jeune homme se releva brusquement à l'entente de cette proposition : il fallait qu'il la voie, avant de devenir fou... Et alors il s'habilla rapidement avec l'aide de l'infirmière, agrippa son pied à perfusion qui grinçait en roulant sur le sol glissa et il avança dans le couloir, le cœur battant... 

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Date de dernière mise à jour : 02/04/2017

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