Drabble 1

1. Naissance

Reposant bien au chaud sous une grande serviette, la petite fille tout juste venue au monde somnolait paisiblement, à mille lieux du futur périlleux qui allait être le sien. Une jeune femme aux cheveux mauve, dont les mèches fourchues s'emmêlaient les unes aux autres, signe que leur propriétaire venait d'accomplir un accouchement harassant, se pencha sur le front opalin du nourrisson en y appuyant ses lèvres avec tendresse. Elle souleva la petite dans ses bras, avec la plus grande des délicatesses. Cette-dernière ouvrit de grands yeux bleus saphir en apercevant la femme qui venait de lui donner vie. Pour toute réponse, sa maman emprisonna ses minuscules mains dans la sienne, les serrant avec douceur. 
" Ma princesse...tu sais, Maman ne pourra pas toujours être là...mais sache que tu ne quitteras jamais mes pensées. Tout ce que je ferais, sera pour te permettre de vivre un jour, un magnifique conte de fée. Mais en attendant, personne ne peut nous enlever ce moment-là...Alors profitons-en."
La jeune mère couvait son enfant du regard, tel un artiste qui achevait sa plus belle œuvre et la contemplait avec paternalisme. Miyamoto ne savait pas si cela était possible pour un nouveau-né, mais elle eut l'impression que la petite venait d'effectuer une légère pression sur sa main à elle, comme pour acquiescer. Des larmes de bonheur montèrent aux yeux de la femme qui, malgré la froideur de la vieille chambre d'hôpital de Jadielle qu'elle avait du trouver en urgence, se sentit envahie d'une bouffée de chaleur incommensurable. Peu importe à quoi ressemblerait sa mission du lendemain, ou ô combien son existence allait se compliquer par l'arrivée de son bébé; elle l'aimait plus que tout au monde et rien d'autre ne comptait désormais. 
"Tu es ce que j'ai de plus précieux, mon petit ange, mon trésor, mon plus beau cadeau...Ma Jessica." 


Quelques mois plus tard, dans un opulent hôpital à une multitude de kilomètres de la ville de Jadielle, un petit garçon vint au monde à son tour. Emmitouflé dans une épaisse couverture brodée, il dormait dans un berceau taillé dans un bois d'ébène tandis que ses parents discutaient à côté de lui. 
" Alors très cher, comment désirez-vous baptiser notre héritier ?", demanda la toute jeune mère aristocrate, dans une robe toute pimpante, elle qui refusait de porter cette vulgaire blouse d'hôpital une seconde de plus. 
" Je n'en ai strictement aucune idée ma chère mais voyez-vous, j'avais songé lui donner un nom appartenant à l'un des ancêtres de la famille Morgan qui a participé à la renommée de notre illustre dynastie, histoire de redorer davantage notre blason. " lui répondit son mari tout en frisant sa moustache entre ses doigts, fier de sa trouvaille. 
" Je trouve cette perceptive tout à fait ingénieuse. Oh, Hopkin, veuillez nous apporter l'ouvrage dédié à notre famille, je vous pries ! ", ordonna la jeune femme sans même hausser la voix, une lady n'ayant pas besoin de crier pour se faire obéir, après tout. Le majordome posté à côté de la porte sortit de son frac un épais livre qu'il devait emmener dans tous ses déplacements afin de répondre à n'importe quelle possible interrogation concernant la famille et ses prestigieux membres. Une fois l'ouvrage entre les mains du couple, tous deux s'empressèrent d'en tourner les pages pour déceler un prénom d'un potentiel arrière-arrière grand-père qu'il aurait été fort charmant de remettre au goût du jour. Après quelques minutes seulement, ils s'arrêtèrent sur un patronyme, qui leur semblait plutôt distingué et qu'évidement, aucun homme de la famille n'avait porté depuis au moins deux décennies. 
" Eh bien voilà qui est décidé : notre fils se prénommera James. Espérons qu'il réussira à préserver et élever le nom des Morgan au plus haut rang comme tous ses prédécesseurs. "
" En a t-il seulement le choix, très cher ?" répondit sa femme, dans un grand rire pompeux et forcé, que son mari s'empressa d'imiter. 
A seulement quelques mètres plus loin, bien que cela aurait pu paraître semblable à des milliards de bornes, le petit James ouvrit ses grand yeux verts émeraude pour se retrouver seulement face au plafond ornementé de la pièce, alors que des larmes commençaient d'ores et déjà à se former au bord de ses pupilles.

 

Suite.

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Date de dernière mise à jour : 20/02/2017

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