Prepare for trouble part6

Chapitre 6 : Doutes

POV Victoire

Vv?

Toute cette effervescence me donnait le tournis : décidément cette conférence était placée sous le signe de l'émotion, et surtout du grand n'importe quoi.. Papa restait sur scène, sans bouger, raide comme un piquet avec son air d'ahuri, désemparé devant l'agitation apparente, tandis que Sacha se laissait électrocuter tranquillement par son Pikachu, lui ayant demandé un "petit coup de jus" pour avoir les idées claires... Entre lui, l'autre docteur Pokemon qui se proposait limite d'accoucher Ondine sur le terrain et Max qui lui tirait l'oreille comme un papa, ça commençait à faire beaucoup trop de fous furieux... 

Mais je mettais ça sur le compte de la situation d'urgence : je me souvenais clairement de la naissance d'Oliver, ou plutôt de maman qui se tordait de douleurs et jurait comme un charognard, et franchement ça poussait à la panique, même si dans le cas de papa, son délire chelou du match déguisé en inspecteur le Blanco n'était pas vraiment justifié... 


J'avais été extirpée de mon moment de flottement par la voix de Clyde qui s'excusait d'avoir insulté papa de "bouffon". Dans un sens, je ne lui en voulais pas vraiment, il ressemblait réellement à un gros bouffon et moi-même j'avais eu honte, alors... 

"C'est rien..."

Je lui avais rendu un sourire embarrassé tandis que j'avais récupéré mon frère, qui était on ne peut plus impatient de retrouver maman, comme d'habitude, puisqu'elle était son point de repère depuis qu'il était sorti de son œuf comme un petit Etourmi perdu...  Maman par ci, maman par là, s'il pouvait se greffer à elle, il le ferait c'était clair... Enfin je me moquais de lui, mais à son âge j'étais pareille, je passais mon temps a réclamer papa. C'était pas si cliché que ça finalement, le fait que les petits garçons soient plus proches de leur mère, et les petites filles de leur papa. Je me demandais si Clyde avait été dans le même cas avec sa môman quand il était gosse, et rien que de l'imaginer bavant partout en couche culotte en agitant un hochet me faisait rire... "Poussifeu"! Demain chez lui j'allais probablement la voir, et peut être même voir des photos de famille qui sait! Il devait en tenir une bonne couche enfant, si je puis dire. Mais j'étais encore en train de divaguer ... Clyde s'était rapproché pour me faire la bise et ce "baiser" m'avait rendu toute bizarre : c'était la première fois de ma vie que je lui faisais la bise en réalité, avant on se "saluait" plus ou moins, et encore, avant d'être son binôme, je lui adressais même pas la parole. Quoi qu'il en soit, j'avais quand même fini par retrouver papa qui semblait étrangement préoccupé par le sort des futurs parents et tout déboussolé. Il avait récupéré Oli dans ses bras et on avait pas échangé un mot jusqu'à la voiture... Ce n'est une fois installé que j'avais enfin daigné briser cet affreux silence malaisant...

"Euh papa... C'était quoi ça? Enfin j'veux dire cette... mascarade?..."

Il avait bafouillé en inventant un truc débile à propos de la championne, comme quoi on l'avait forcé alors qu'il revenait tranquillement de son appel urgent, et qu'afin de ne pas attirer l'attention pour avoir le poste, il s'était déguisé... Ça me semblait beaucoup trop louche pour être la vraie raison, mais je n'avais pas eu envie d'insister... et de toute façon je n'en avais pas eu l'occasion puisque maman avait appelé, et papa étant au volant, j'avais du répondre. Elle voulait savoir si on avait mangé et si on voulait qu'elle ramène des tenders de Galifeu et des frites, et évidemment j'avais dit oui, parce que j'étais comme ça, du genre fausse végan à prôner la défense des Pokémons, mais à ne pas hésiter à manger de la viande juste parce que je trouvais ça trop bon (oui bon ça va, ne m'regardez pas comme ça!).

"C'était maman, elle nous ramène le repas..."

Oliver dormait déjà et papa avait seulement lâché un bref "hmhm" accompagné d'un signe de tête furtif avant de se murer à nouveau dans le silence...

"T'as assuré... si le combat n'avait pas été stoppé, t'aurais gagné j'en suis sure... T'es un bon dresseur papa"

J'avais tenté de le rassurer un peu, après tout, même s'il avait été ridicule, il avait réussi à se reprendre et à mettre hors combat deux Pokémon d'une championne d’arène, ce qui était quand même un truc hyper cool, même si pas mal de jeunes dresseurs de 10 ans parvenaient easy à gagner le badge Prisme, fallait pas se leurrer... Mais quand même! 


"-Oui, merci chérie..."

J'avais regardé la route d'un air absent en me demandant ce qu'il pouvait bien me cacher... Toute cette soirée était bien trop bizarre pour n'être qu'une succession de circonstances malheureuses. Je réfléchissais à des questions pertinentes pouvant lui arracher une réponse digne d'éclaircir un peu ce mystère, lorsque je m'étais perdue dans un flot de pensées stupides et hors sujet en voyant le panneau "Attention aux Cerfrousses". C'était bizarre parce que j'avais jamais vu en 17 ans et demi de vie un Cerfrousse dévaler la route, et en fait c'était pas vraiment le genre de Pokémon carrément con à traverser la route, en général les gens avaient des accidents à cause de Grayénas qui traversaient à toute vitesse, ou alors de Cochignons en montagne... Enfin bon, je supposais qu'à une époque des gens se prenaient des Cerfrousses dans leurs parechocs, mais que depuis y avait eu une migrations ou quelques choses du genre, surement à cause des Dardargnans. Ces sales bestiaux volants fichaient le bordel, dès qu'un pokemon avait le malheur de s'approcher trop pres d'un Coconfort, ils venaient l'embrouiller en bande comme si c'était les racailles de la foret... J'allais commencer à dévier sur l'histoire malheureuse des petits Abo qu'on avait recueillis suite à l'attaque de leur nid par des Dardargnans justement, mais l'éternuement de papa m'avait remis les idées en place...

"-AAAaaaaaatttttchiiiii!"

"A tes souhaits... Dis... Tu le connais d'où le père de Clyde? T'étais à l'école avec lui?"

J'avais trop hâte d'en savoir plus à propos de cette amitié mystère, franchement j'aurai jamais pensé que papa puisse bien s'entendre avec un motard musclé, enfin, non pas qu'il soit ringard mais bon, ses amis étaient plutôt des gens un peu plus, euh... simples? 

"-Euh oui...enfin, c'est un ancien collègue"

"Maman le connaît aussi alors, non?" 

J'enchainais sans vraiment réfléchir : après tout, papa et maman se connaissaient de l'école, de la Pokémon Tech, et ils avaient bossé ensemble dans une entreprise, des sortes de VRP... Maintenant c'était plus clair, ils avaient donc bossé ensemble! C'était logique du coup, sinon je ne voyais pas vraiment comment ce type avait pu un jour traîner avec papa, ils n'avaient vraiment RIEN à voir... 


"-Ou...oui mais elle... elle ne s'entendait pas vraiment avec lui, ni avec sa femme d'ailleurs..." 

"Sa femme...? Tu veux dire, la mère de Clyde?"

Attendez, TEMPS MORT : là, j'avais mis le doigt sur un truc : Maman + les parents de Clyde? Qui se connaissent, tous les trois, à l'époque où ils travaillaient ensemble?! Cette configuration me rappelait quelques choses : les trouvailles de Jenny dans les papiers de sa mère... 


"-Oui la mère de Clyde, elles ont toujours été en compétition dans le travail, à vouloir faire plus de chiffre que l'autre... Enfin, tu sais comment est maman..." 

Papa semblait étrangement nerveux : regard fuyant, gouttes de sueurs perlant sur son front alors qu'il ne faisait pas chaud du tout, et je ne sais pas pourquoi mais je sentais qu'il ne me disait pas tout... Qu'est ce qu'il avait à cacher? J'étais certaine qu'il voulait protéger maman : elle avait du se disputer avec les parents de Clyde et ça avait du partir loin, trop loin, au point de faire intervenir les forces de l'ordre... 

"Tu crois que j'peux demander à maman pourquoi... où elle va mal le prendre..?"

Il avait changé de tête et sa conduite était soudainement devenue beaucoup plus nerveuse tandis qu'on s'enfonçait dans les petites routes sombres de campagne, sur les chemins sinueux...


"-Chérie... Promet moi que tu ne parleras de cette soirée à ta mère sous aucun prétexte. Ni de Hotch, ni de ce combat, ni des morveux... et ne me demande pas qui sont les morveux, ni pourquoi, c'est juste... Je ne peux pas te dire pourquoi Victoire, mais écoute moi mon trésor, il faut que tu me fasses confiance."

Sa voix était fébrile, tremblante, et surtout très sérieuse, j'étais parcourue de frissons tout à coup... Je ne doutais jamais de papa, jamais, et je savais que si quelques choses devait m'être caché, il y avait une raison, même si elle me dépassait. Je savais qu'en insistant lourdement, il aurait fini par craquer, ou me mentir, mais franchement je n'en avais pas le cœur... J'allais devoir faire mon enquête moi-même, enfin, avec Jenny, puisqu'elle avait des infos, en plus d'être un futur agent de police. J'avais donc acquiescé, même si dans le fond, je mourrais d'envie d'en savoir plus...

"D'accord mais... dis moi juste si c'est grave..."

Il avait souris en allumant les pleins phares, puisqu'on arrivait dans une zone où il n'y avait plus de lampadaires...


"-Non c'est... juste des choses que je pensais loin derrière nous, c'est tout..."

 

POV Satine

Sat

Le match était désormais fini. Les Staross avaient évidemment écrasé ces nullos d'Elekteks comme des Apitrini, et maman avait accepté qu'on fasse la queue pour que je puisse faire dédicacer les photos de mes joueurs préférés... jusqu'à ce qu'elle râle parce que c'était trop long.

"-Ces IMBECILES se prennent pour des rockstars, et je REFUSE de m'enraciner dans cette file d'attente remplies de ringards en sueurs mal fagotés : on s'en va!"

Alors on était partis. Je faisais un peu la tête, même si c'était vrai qu'on aurait du attendre encore des heures et que j'avais faim mais... mes autographes alors?.! Ca s'voit que maman n'avait jamais été fan d'autre chose qu'elle même! Tant pis, je comptais sur la prochaine fois : papa serait là, et je savais qu'il voudrait bien attendre avec moi, LUI! Enfin bref. Après avoir bien regagné le pick up, on avait tous faim, et comme la tradition d'après match c'était de manger au fastfood, maman avait appelé papa pour savoir si Vic, Oli et lui avaient mangé, histoire de savoir si on ramenait à emporter ou pas. Ma soeur avait confirmé, alors on était passé au KFC chercher des boites de tenders, des frites et des bouteilles de Peps'O'Max. Arrivés au drive, c'était le fils d'un copain de travail d'oncle Miaouss qui nous avait servi, du coup il nous avait offert les boissons et des sauces en plus entre deux blagues potaches... Puis on était rentré. J'avais mis mes écouteurs, j'écoutais les One Direction en m'imaginant dans un clip comme j'aimai bien le faire, lorsque j'avais baissé le son en entendant Maman et Miaouss parler sur le chemin, à propos de "morveux", qu'ils avaient hate d'en savoir plus et qu'ils allaient en parler ce soir en privé. J'avais complètement coupé le son, à l'affut de ragots croustillants, et j'avais entendu des brides, comme quoi "ils" étaient toujours dans leurs pattes et que papa avait vraiment trop la poisse de les recroiser après tant d'années, mais qu'il le cherchait bien parce que c'était "une bonne poire" et qu'il attirait les ennuis comme un Magnéti. J'avais rien osé dire parce que je n'comprenais pas tout, et surtout parce que j'étais pas sensée entendre, enfait, même si j'avouais quand même que parfois, papa faisait vraiment des trucs débiles... Mais de quoi ils parlaient? Pendant le match, oncle Miaouss avait reçu un message bizarre, serait ce possible qu'il soit arrivé quelques choses pendant la conférence?... Maman passait plus son temps à se regarder dans le miroir du rétro et à piquer des frites dans le sachet qu'à regarder la route, alors je n'pouvais plus rester cool, j'avais peur qu'on finisse dans le ravin, ou pire, qu'on percute un Cerfrousse à cause du panneau de mise en garde... Et ils avaient changé de sujet en parlant du mariage de Mondo le week end prochain... Maman avait acheté sa robe lundi avec moi, et j'avais déjà hate d'y être, déjà parce que j'adorais être belle et bien habillée, et surtout parce que j'aimais bien les mariages et les fêtes. Puis Miaouss et maman étaient parti sur le sujet du premier mariage de Mondo. Apparemment, il s'était marié trop jeune la fois d'avant, et il avait eu sa soirée un peu gâchée, mais maman avait dit que c'était tant mieux, parce que la mariée n'était qu'une "pauvre cruche jalouse"... Enfin quoi qu'il en soit, on avait fini par arriver à la maison, et en même temps que papa...

 

POV Victoire

Vv?

Une fois arrivés à la maison, le pick-up était arrivé en même temps que nous, enfin, avant nous, puisque maman s'était engagée comme une malade dans l'allée. Papa était descendu tandis que j'étais restée quelques secondes dans la voiture, sans me détacher, à penser à ces histoires de cachotteries. J'avais jamais eu autant de théories farfelues dans ma tête à la fois, mais fallait bien avouer que tout ça n'avait ni queue ni tête. J'avais l'impression d'être face à un puzzle tout désordonné dans lequel il manquerait des pièces... Maman, la police, les parents de Clyde, qui travaillaient avec papa et maman, le match, l'absence chelou de papa et Mr Ackermann, le déguisement, Empiflor... Bon ok, Empiflor n'avait rien à voir là dedans... mais quand même! Puis papa m'avait ramené de force dans la réalité en commençant à parler à mon frère

"-Allez, on est arrivé mon ange, viens voir papa..."

Oli se frottait les yeux de ses petites mains en baillant tandis que papa l'avait détaché et pris aux bras...

"-Mais moi ze vouyais... rester et de voir... de dessanimé à la télé..."

"-C'est l'heure de faire dodo trésor, on regardera demain..."

Mon frère jouait avec les mèches lavande de cheveux de papa, il en avait entortillé une et l'avait mise à la bouche, avant de rejoindre les bras de maman, fou de joie. Pour une fois, j'dois dire qu'il l'avait mérité, c'est vrai, il avait été sage toute la soirée, même s'il faut dire que Clyde y avait bien contribué, enfin bref. J'avais dévisagé maman d'un air suspicieux tandis que ma soeur était arrivée telle une Diva pour embrasser papa

"-Alors ma puce, ce match?

- Les Staross ont gagné donc forcément, c'était un bon match, mais j'ai pas eu mes autographes, ni mes photos dédicacées d'ailleurs... Alors je dirai que ce match était plutôt bien, malgré une fin un peu amère..."

J'avais levé les yeux au ciel, exaspérée, puis tout en discutant de futilités, on avait fini par s'installer tous autours de la table basse jonchées de junk food tandis que maman avait servi une sorte de purée verte à Oli... 

"-C'est quoi ça? Qu'est ce que j't'avais dit Victoire?"

Ca avait commencé à cause d'une tâche sur la robe de maman, probablement faite par Oliver avec une pâtisserie, quoi qu'il en soit, je m'étais prise une réflexion, mais ça m'avait pas empêchée de savourer le repas! Oncle Miaouss était arrivé après avoir raccroché de son coup de fil d'avec "Chacha", son ex femme : elle allait passer dimanche pour lui ramener les chatons, et comme à chaque fois qu'il entendait un peu trop longtemps sa voix sirupeuse, il râlait.


"-J'vous l'dis, j'ai l'impressiôn d'entendre Jezôbelle! Elle mô dit qu'si j'veux lo garde des ptits, j'ai qu'o apprendre l'ottaque Jackpôt pour m'payer un bon avocat..."

Jezabelle... Je ne la connaissais pas vraiment, mais je l'avais déjà vu une fois chez mes grands parents. C'était une femme mondaine et super conne qui ressemblait comme deux bulles d'O à maman, sauf qu'elle se fringuait comme dans "les malheurs de Sophie" et qu'elle parlait comme Marie Antoinette... Papa la détestait, en fait, maman et oncle Miaouss aussi, et pour cause : elle avait été la fiancée de papa à une époque, enfin la fiancée forcée, ces vieux fous qui me servent de grands parents avaient magouillé un mariage afin de "perpétrer la noble dynastie Morgan"... Vous aussi, vous facepalmez derrière votre écran? Quand je l'avais croisé, j'avais peut être... 10 ans, et elle m'avait snobé, elle et sa famille de cons, son mari Louis-Phillipin et ses deux grands dadais de fils aux noms à rallonges ringards! 

"-Je vois que tu n'as pas changé James, et que ta progéniture est à ton image... Ahahahahahah...."

Et aussi vite que la lumière, le repas s'était terminé tandis que maman était rapidement montée coucher mon frère...

 

POV James

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J'avais réussi à me contenir tout le repas, mais une fois dans ma chambre, je m'étais avachi sur le lit, ne pouvant plus cacher mon émoi : les morveux, Hotch... Oh non tout c'la était bien trop bouleversant! Seigneur les morveux, on les avait cotoyé si longtemps et voilà que tout mon passé me revenait en plein visage, comme si j'avais replongé 20 ans en arrière, je pouvais presque sentir une décharge d'électricité parcourir ma colonne vertébrale et me faire décoller vers d'autres cieux, quelle horreur Sainte Marie mère de Dieu... J'avais tenté de faire monter Miaouss pour en discuter mais cet idiot avait des "coups de fil" à passer, mouais à d'autres, moi je savais bien qu'il devait avoir un rendez vous galant, et je... je... n'sais plus ce que ce pensais, voilà, Jessie était entrée dans la chambre et m'avait interrompu en pleine nostalgie en me parlant d'autres choses!!

"...et j'irai demain après avoir emmené Victoire chez l'autre petit nigaud avec son Fantominus à la mord-moi-l'noeud"

Le "petit nigaud"... Bon sang, si elle savait que c'était le rejeton de sa pire ennemie, elle serait meurtrie et folle de rage... Elle s'était assise derrière moi, m'enlaçant de ses longues jambes fuselées qui pourrait pervertir Arceus en personne, me massant les épaules, avant de glisser ses doigts filous sur mon torse, par dessous mon polo... Mais malgré la chaleur dégagée par son corps parfait simplement vêtu d'un maillot de baseball trop grand et d'une petite culotte contre moi, j'étais trop mélancolique pour m'adonner à une partie de jambes en l'air, ah c'était hors de question...! J'avais esquissé un petit frisson dans un sourire un peu penaud

"Yiuh~.... T'as les mains froides..."

Jessie me connaissait par cœur, aussi elle avait quelques peu accentué son étreinte avant de déposer un petit baiser tout chaud dans mon cou, m'arrachant un nouveau frisson et un sourire un peu plus conciliant...

"-À quoi tu penses...?"

"Au centre Pokémon de Jadielle..."

Elle avait étouffé un petit rire avant de me caresser le torse plus tendrement pour finir en une étreinte rassurante, déposant un autre baiser...

"-Ah oui, et je peux savoir pourquoi!?"

"Oh je... pensais à la première fois qu'on les a vu, tu sais, les morveux... Ils avaient l'air tellement...."

"-Idiots?"

Jessie ne cessait pas ses caresses, et malgré mon humeur plutôt tristounette après une telle conférence, je devais reconnaître que c'n'etait pas désagréable... D'ailleurs une certaine partie de mon corps dont je tairais le nom s'était quelques peu réveillée... et voilà que je riais nerveusement

"Inoffensifs! C'est ce jour là qu'on a eu l'coup d'foudre pour Pikachu..."

"-Laisse les jeux d'mots douteux au placard tu veux, ce soir c'est MOI qui vais te faire décoller vers d'autres cieux..."

Et elle avait commencé à me suçoter le lobe d'oreille de la façon la plus sexy au monde dont elle avait le secret tout en descendant sa main le long de mon ventre jusqu'à m...

"Haaaahhamm...~ Mais non Jessie, j'... j'ai pas vraiment la tête à faire l'amour... Je suis bouleversé! Le morveux a eu un enfant avec la morveuse rousse tu t'rends compte..?!!!! Et le petit morveux à lunettes, il était si... si grand! On a rien vu v'nir!" 

"-Ah oui?! Et qu'EST C'QUE tu veux qu'ça m'FASSE?! À moins qu'on doive lui changer ses couches culottes et lui laver les fesses, ce qui est hors de questions, je crois pas qu'ça nous concerne!"

"A qui? Au morveux à lunettes?!..."

"-Mais non espèce de crétin, au bébé morveux! Et maintenant laisse moi faire... tu as pleins de noeuds, je vais t'masser..."

"Ahh avec plaisir, cette conférence m'a éreinté! Tu les aurais vu Jessie, le grand morveux, l'original tu sais, celui qui suivait l'morveux partout avec ses yeux bridés..."

Elle m'avait poussé d'un geste un peu brusque afin que je m'allonge sur le ventre avant de se placer à califourchon sur moi...

"-Mouais, et alors...?"

... tandis que je m'étais cambré au contact de ses mains glacées sur mon dos, après avoir entendu le bruit disgracieux du tube d'huile de massage qu'elle avait pressé dans ses mains

"Hhhha... Et bien crois le ou non il a épousé une infirmière Joëlle, il a réussi Jessie, et ils ont même une morveuse... Tu t'rends comptes, il est si jeune! Enfin il était... si jeune... ils l'étaient tous et là c'était des adultes, ils étaient différents mais je les aurais reconnu les yeux fermés, ils étaient là!! C'est incroyable comme le temps passe vite, pour un peu je croirais qu'hier encore on était en train de les pourchasser et qu..."

"-RaaaAAAah, arrête de remuer! Et puis j'vois pas en quoi c'est SI incroyable, tu croyais qu'ils auraient 10 ans toute leur vie?! Victoire va avoir 18 ans à la fin d'l'année, et ça c'est un VRAI coup d'vieux, ce p..."

"Ehhhh mais doucement! Je n'suis pas une pâte à pizza, que diable!"

J'étais tellement DÉCU... Toute cette histoire ne semblait lui faire ni chaud ni froid!

"-Si tu m'laissais faire, t'aurais pas mal!"

"Jessie DOUCEMENT BON SANG! T'as la poigne d'un Machopeur ma parole!"

"-Petite nature! Pour la peine c'est TOI qui va t'occuper d'moi! Le match m'a lessivée!"

"Eh dis donc, c'n'est pas toi qui a joué tout d'meme! Et moi alors? Tu m'avais promis un costume de Delcatty!"

POV Clyde

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Sentir la brise du soir sur mon visage était effectivement plus que bienvenu. Je ne savais même pas par où commencer avec mon père : trop de questions envahissaient mon esprit. Tandis que nous marchions vers la moto, je l'entendis allumer une cigarette. Je ne le regardais pas, jusqu'à ce qu'il s'adresse directement à moi.

"En tant que ton père et exemple, j'devrais pas te proposer ça, mais vu comme j'ai pas assuré ce soir, on n'est plus à ça près : t'en veux une ?"

Je tournai la tête vers lui, il me tendait son paquet de clope ouvert, l'un des cancer en stick déjà vissé au bec. Je le regardai, interdit, ne sachant pas trop quelle réaction adopter devant cette proposition. Papa coupa court à mes hésitation lorsque sa voix un peu rocailleuse s'éleva de nouveau dans un nuage, après qu'il ait expiré la fumée, un sourire en coin étirant ses lèvres.

"J'crois que ta mère est la seule qui ignore que tu crapote. C'est même étonnant, d'ailleurs.
- Tu lui diras pas, hein ?"

La question était sortie spontanément, alors même que je saisis une cigarette pour l'allumer à mon tour, avec une certaine aisance. J'étais même pas vraiment inquiet que ma mère m'engueule comme du Poissoroy pourri, mais fallait dire que quand je pouvais éviter l'un de ses interminables laïus, je le faisais. Je la trouvais franchement gonflée de me faire des remontrances vu son passé peu reluisant - dont je ne connaissais pas les détails mais que mon imagination fertile se faisait un plaisir d'inventer au gré de ses fantaisies -, mais elle trouvait toujours le moyen de me mettre le nez dans mon caca. Papa se mit à rire :

"Tu penses que j'ai envie d'avoir des problèmes avec ta mère ? Elle serait capable de dire que c'est de MA faute."

Il marquait un point, alors que je ne savais pas trop si on pouvait dire que c'était vraiment de sa faute, en l'occurrence. Enfin qu'importe. Griller une petite cibiche après toutes ces émotions, ça faisait du bien.

 

POV Butch

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On ne pouvait pas dire que j'étais très fan de l'idée que mon fils fume. Mais franchement, il faisait bien ce qu'il voulait et j'étais mal placé pour le juger. Même si je savais à quel point ça pouvait être difficile voire impossible d'arrêter de fumer. Mais comprenez-moi un peu : j'étais marié à Cassidy. Je l'avais voulu, me direz-vous... Et vous avez bien raison, mais là n'était pas le sujet ! Il fallait bien se trouver un moyen de décompresser et je devais bien admettre que la clope avait été le plus simple et évident pour moi. J'avais juste du mal à comprendre pourquoi mon gosse en avait besoin : à son âge, avait-il tant de contrariétés ? N'empêche, ça donnait à réfléchir.

"Dis-moi, t'as pas de problèmes à l'école, hein ? Ni dans ta vie en général ?"

Le gamin me regarda avec des yeux ronds tandis qu'il tirait sur sa cigarette : je remarquai avec amusement - et peut-être soulagement - qu'il prenait bien soin de ne pas avaler la fumée.

"Pourquoi tu m'demandes ça..? Hm, temps mort, tu veux ? C'est moi qui pose les questions !"

Minute, en quel honneur il me causait comme ça le Poussifeu ? Même si j'imaginais que quelque part, c'était légitime : j'avais disparu la moitié de la soirée et ce, comme un voleur, alors que je n'en étais plus un depuis des années. Il devait sans doute se poser des questions sur ce drôle d'oiseau de James, le père de sa petite copine... Enfin vu la petite bise timide qu'il lui avait faite en partant, ça ne devait être qu'une camarade de classe. Il n'avait pas encore dû conclure, le pauvre. Remarque, j'étais mal placé pour parler vu le temps que j'avais mis à conclure avec sa mère... Mais c'était une autre époque et puis... Et puis encore une fois, Cassidy, m'voyez ? Je me souvenais bien d'avoir vécu la friendzone et la concurrence pendant un bon moment. Parce que fallait pas se leurrer, y avait la blinde de mecs qui voulaient se la taper, rien qu'à l'académie de la Team Rocket. Je me souviens avoir été là quand il avait fallu essuyer ses pleurs quand cet espèce de dégénéré du bulbe de Daniel l'avait larguée le jour tant craint de la Saint Valentin, un an après notre entrée dans l'organisation... N'allez pas croire que j'étais un canard sans personnalité, je fréquentais d'autres filles qu'elle, surtout au début, mais... Nan mais c'était pas trop le moment de faire le fragile, là ! En plus, j'allais penser à cet empaffé d'Attila et il allait me falloir un paquet entier de clopes pour me calmer. 

Clyde me fixait d'un air décidé, qu'il ne maîtrisait peut-être pas encore aussi bien que Cassidy.


"Qu'est-ce que c'était que ça ?
- Va falloir être plus précis que ça, blondinet."
 

POV Clyde

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Et en plus, il se foutait de moi. Franchement, j'adorais mon père, hein. Vraiment. Mais pas quand il jouait les abrutis comme ça. Parce qu'il le faisait trop bien, quitte à semer le doute. Comme quand maman lui sortait souvent qu'"être persévérant" ne signifiait pas "avoir froid", à croire qu'il ignorait ou avait ignoré le sens de ce mot...

Je soupirai, blasé, lui jetant un regard signifiant "t'es sérieux ?" avant de m'adresser de nouveau à lui, les bras croisés, la clope dans ma main droite.


"J'sais pas. Tu le connais d'où le père de Victoire, pour commencer ?"

Papa resta impassible : il avait déjà terminé sa cigarette, lui. Il se tenait appuyé contre sa moto, une cylindrée plutôt imposante. Il semblait juste avoir envie de rentrer, ce que je pouvait comprendre. Mais l'inconvénient, c'est qu'il refusait de parler quand il conduisait son "bébé". Et je craignais qu'il esquive mes questions une fois à la maison : alors je prenais tout mon temps avec la mienne, de cigarette. Il semblait tout de même réfléchir à une réponse, comme si la question était trop compliquée, ce qui avait le don de m'agacer. Après quelques interminables secondes d'hésitation, il finit par cracher le morceau :

"On a été collègues. Mais promets-moi que tu parleras pas de lui à ta mère.
- Euh... Pourquoi ?"

J'étais trop surpris qu'il me demande ça : que venait faire maman là dedans ? Les questions que je posais étaient censées m'éclairer, pas m'enfoncer encore plus dans l'incompréhension, par Arceus ! Sans me rendre compte, je tirais à fond sur ma clope, me faisant tousser au passage, ce que papa ne sembla même pas remarquer, tant il était soucieux.

"Ta mère et celle de Victoire sont un peu comme Séviper et Mangriffe, si tu vois c'que je veux dire... Rivales dans le boulot comme dans la vie."

L'image était assez claire, pourtant, un truc me chiffonnait. Donc Papa connaissait M'sieur Morgan, Maman, M'dame Morgan, ils étaient donc tous collègues... Non..?

"Est-ce que ça veut dire que les parents de Victoire ont eux aussi fait des trucs pas clairs ?"

J'ignorais quels étaient exactement les "trucs pas clairs", mais j'avais le sentiment d'avoir mis le doigt sur un truc super important. Et surtout super déstabilisant vu l'air de bobo catho du père de Victoire avec son petit pull sur les épaules. Autant papa faisait crédible en ancien criminel, autant M'sieur Morgan faisait plus victime. Comme quoi, l'habit ne faisait peut-être pas le moine... Je me demandais déjà à quoi ressembler la mère de Victoire et surtout, si c'était si tendu que ça entre maman et elle. En tous cas, papa donnait l'impression d'avoir révélé un secret d'état tant il était mal à l'aise. Ça me donnait grave envie d'en savoir plus et comme pour exhausser mon souhait, il se racla la gorge avant de me répondre.
 

POV Butch

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Vous vous rappelez d'Hagrid dans Harry Potter ? Bah là, j'avais le même sentiment, d'en avoir trop dit. Je pensais déjà au scandale que Cass pourrait taper si elle apprenait que son Poussifeu était en binôme avec la fille de Jessie. Je pensais aussi à la réaction de la gamine si elle apprenait que ses parents n'étaient pas aussi blancs qu'ils semblaient l'être : parce qu'en vrai, elle le savait p't'être déjà que ses géniteurs avaient été les agents les plus nazes d'une organisation criminelle. Mais voyez-vous, j'avais des doutes sur la capacité de James à assumer ça devant ses gosses. Donc dans le doute... 

"Promets-moi de n'en parler à personne, que ça soit ta mère ou ta copine. Quand bien même ils ont fait des trucs pas clairs, le passé reste dans l'passé."

Que les choses soient claires, je ne disais pas ça pour Jessie et James. Je m'en fichais pas mal d'eux. Je disais plus ça par rapport à la gosse qui n'était peut-être même pas au courant de ces histoires. Et franchement, j'aurais pas eu envie que Clyde et Thelma apprennent notre passé un peu chaotique par quelqu'un d'autres que nous. Et d'ailleurs, ils ne savaient même pas tout et on ne comptait même pas tout leur dire...

"Du coup, j'peux même pas demander à maman pourquoi elle ne s'entendait pas avec M'dame Morgan ?"

Je levais les yeux au ciel, voyant le sourire en coin de Clyde : ce gosse me ressemblait un peu trop à jouer les crétins, parfois, c'en était fatigant. Et puis tiens, ces deux-là aussi étaient fatigantes quand elles le voulaient.

"Je n'ai jamais réussi à connaître la vraie raison, et crois pas que c'est parce que t'es son Poussifeu qu'elle te le dirait. Elle débarquerait plutôt à ton lycée telle un Dardargnan en colère pour demander à ce qu'on te change de binôme."

J'appréciai la mine d'effroi de mon fils imaginant un potentiel moment de honte extrême, avant de mettre le coup de grâce :

"Donc même si d'habitude tu ignore comment faire : la ferme à ce sujet. Fais comme si tu savais rien et les Mammonchons seront bien gardés."

 

POV Clyde

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Papa avait souligné un point important : le côté excessif de maman. J'en oubliais presque le fion qu'il m'avait lancé, tiens. Par contre, je sursautai quand ma cigarette me brûla un peu les lèvres : j'arrivais au bout, sans même m'en rendre compte. Il sembla s'en rendre compte puisqu'il ne me laissa même pas le loisir de répondre. Farfouillant dans le coffre de la moto en quête des casques, il s'adressa de nouveau à moi, sans même me regarder, cette fois.

"Ça t'enchanterais peut-être de passer la nuit là, mais pas moi. On rentre ?"

Je ne bougeais pas d'un millimètre, les sourcils froncés.

"J'ai d'autres questions à te poser...
- J'vais pas m'enfuir une fois à la maison, c'est bon. Tant que tu m'laisses boire mon p'tit kawa, ça me va."

C'est ainsi qu'on finit par grimper sur la bécane de papa pour rentrer à la maison. Je savais qu'on l'aurait pour nous puisque Thelma n'était pas là pour la nuit et que maman rentrerait sans doute plus tard. Je regrettais un peu que mon unique question en ait crée d'autres, comme si le mystère s'épaississait autour de mes parents et du coup, de ceux de Victoire que j'allais voir dimanche... Je me demandais sincèrement si elle se doutait de quelque chose, mais était-ce vraiment à moi de lui en parler ? Si elle était totalement ignorante à ce sujet, j'ignorais si elle prendrait bien mes révélations. Et puis quelles révélations, je vous prie ! Ce n'était pas comme si j'en savais beaucoup moi-même, au final. J'étais juste au courant que mes parents n'étaient pas tous blancs, qu'ils avaient déjà été en prison, sans doute pour vol. Mais honnêtement, j'avais jamais cherché à en savoir plus. Peut-être que je craignais de trouver des cadavres dans le placard ? Même si avec ces nouvelles petites infos, j'avoue être un peu curieux...

Une fois arrivés à la maison, papa se fit son "petit kawa" et on s'installa sur le canapé avec de quoi grignoter, juste par flemme de faire vraiment à manger. Maman râlerait sans doute quand elle rentrera, mais on était habitués : elle avait qu'à faire comme les gens normaux et se prendre un kebab sur le chemin du retour, mais non, madame faisait attention à sa ligne... Bref, il y avait plus intéressant que les habitudes de princesse de maman !


"Pourquoi tu t'es dégonflé ? Le numéro de place, c'était le tiens, non ? Et va pas m'faire croire que t'avais pas de Pokémon sur toi, on sait tous les deux que c'est du flan."

Vous vous dites que je suis peut-être un sale ado insolent avec son père, mais... Non. C'était juste notre relation, j'avais parfois tendance à oublier qu'il s'agissait de mon paternel plutôt que d'un pote à qui je foutais des déculottées à Rocket League ou PUBG. D'accord, il m'en mettait aussi, mais là n'était pas le sujet.

POV Butch

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J'allais peut-être pas aller trop loin dans les confidences, quand même. J'en avais déjà trop dit au gamin pour en plus lui parler des morveux, surtout qu'il semblait admirer leur chef... Il me restait quand même un peu d'amour propre, pas besoin d'avouer à mon rejeton que j'avais un peu peur qu'un gosse qui nous bottait les fesses à l'époque me reconnaisse.

"Bah... Evidemment, Caratroc aurait tout défoncé, m'enfin, hrm... J'voulais laisser sa chance à James, histoire qu'il brille un peu, tu vois ? Déjà que c'était pas une lumière dans le temps..."

Badum tss. Nan sérieusement, j'étais beaucoup trop drôle. Clyde n'avait pas l'air super convaincu, mais tant pis, il avait l'air de vouloir me lâcher la grappe avec ses questions. Il s'était levé du canapé, visiblement un peu blasé pour rejoindre le garage et sa batterie, me faisant déjà entendre les premières notes de Californication. Je savais qu'il essayait de faire un enregistrement avec l'un de ses amis qui lui, jouait de la guitare et je devais avouer que j'étais plutôt fier de lui. 

En tous cas, j'étais un peu surpris que ce soit aussi facile qu'il se contente de si peu de réponses, mais tant mieux d'un côté, ça me permettait de me poser pépère en attendant que Cassidy ne rentre...

POV Cassidy

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Presque minuit et je tournais la clé dans la serrure de la maison. Je riais bêtement toute seule en songeant que d'ici quelques minutes, ce serait peut-être une autre clé dans une autre serrure... Et puis je me dit que décidément, les mojitos ne me réussissaient pas. Harley venait de me déposer devant chez moi après une soirée bien arrosée, avec la promesse qu'on se referait ça rapidement. 

La maison était silencieuse : Clyde n'était de toute évidence pas ou plus dans son antre et avait dû se replier dans sa chambre. L'obscurité du salon me faisait dire que Butch n'était pas devant sa console. Les seuls mouvements que je discernais étaient ceux de Grahyena qui dormait paisiblement sur le tapis devant le canapé, alors qu'il savait pertinemment que je détestais quand il faisait ça, puisqu'il mettait des poils partout ! Hm, il faut croire que même pompette, j'arrivais à avoir ce genre de pensées. J'avançais jusqu'à la cuisine pour boire un peu d'eau avant de monter à pas feutré. Le trait de lumière que je vis sous la porte de ma chambre étira mes lèvres dans un sourire malicieux : il m'avait bien attendue et il n'allait pas le regretter. Ne m'avait-il pas dit qu'il avait besoin de réconfort ?

J'ouvris la porte, le découvrant vêtu simplement d'un boxer noir - je remarquai amusée que ce n'était pas celui affublé d'un Caratroc. Butch leva les yeux de son téléphone et je sentis son regard m'envelopper avec une certaine satisfaction. Je m'avançai vers lui, peut-être un peu plus chancelante que je voulais bien l'admettre, détaillant chaque parcelle de sa peau matte : malgré son âge, il avait encore tout pour plaire. Non, en fait, il s'était peut-être même bonifié avec l'âge. Mes yeux améthystes ne se détachaient pas de ses épaules larges, de ses bras et abdos secs. Il n'était pas une statue grecque, mais n'avait rien à leur envier. Et puis de toute façon, la musculature des statues grecques étaient là pour compenser autre chose... Mais je l'égarais.


"T'as pas idée comme j'ai attendu ça toute la soirée..."

Un petit rire étouffé s'échappa de mes lèvres tandis que je m'installais au dessus de lui avec autant d'assurance que mes verres non-comptés me le permettaient.

"Je crois que j'ai ma petite idée. Alors, besoin de réconfort, hm ?
- T'es encore un peu trop habillée pour ça."

D'abord sans lui répondre, je déposais mes lèvres dans son cou, que je mordillai doucement.

"Je t'en prie."

Ceci dit, je savais qu'il n'y avait pas besoin de le prier dans ce genre de situation.

POV Victoire

Vv?

"Tutututu tutututu tutututu..."

Dès l'entente de mon réveil, j'avais ouvert un œil en grommelant de concert avec Mangriffe et Phyllali, et je l'avais coupé avant d'enfouir ma tête dans l'oreiller : j'avais pas dormi de la nuit, trop occupée à faire des recherches sur le net à propos de la Team Rocket, et vu que ça n'avait rien donné de probant, j'avais fini par regarder une série sur Pokéflix jusqu'à pas d'heure. Jenny n'avait pas eu plus d'infos non plus, on avait discuté un peu après que je sois montée dans ma chambre, et tandis que Mangriffe baillait et que Phyllali se frottait les yeux de ses petites pattes, j'avais eu une prise de conscience...

"Oh merde... J'dois aller chez Clyde!"

9h déjà, MERDEEEE! J'avais rassemblé tout mon courage et j'avais bondit hors de mon lit avant de descendre, encore dans le flou...

"Coucou Sat'…"

J'avais lancé un bref coucou à ma sœur qui regardait "ContestTV" avec Feuforeve et Farfuret tandis que maman était au téléphone dans la véranda... J'avais baillé une énième fois en versant du café chaud dans une tasse, une GROSSE tasse remplie à ras bord afin de réveiller un peu...

"-Eh Vic, tu sais qui c'est toi, les morveux?! Papa a vraiment la poisse de les recroiser après tout ce temps...! 50 pokédollards et j'te dis tout c'que j'sais!"

Mon cœur avait fait un énorme bond lorsqu'elle avait parlé d'eux, des "morveux". Comment elle savait ça elle encore? Papa m'avait demandé de ne pas en parler, de nier en bloc, et je savais pertinemment que Satine n'achetait pas que moi dans cette maison, et qu'elle était prête à échanger des infos contre de l'argent de poche après de maman et même d'oncle Miaouss...

"Hein, qui!? La seule morveuse que j'connaisse, c'est toi sale escroc, j'te donnerai pas un centime! Où est papa?"

Elle avait ricané avant de monter un peu le son de la télé 

"-Mon offre est limitée dans le temps, à partir de mardi, ce sera 60 Pokédollards! Et il est dans sa chambre avec Oli"

"Merci, je vais monter"

"-Hm! Ouais, et tant que t'y es, peigne toi les cheveux, tu ressembles à un Bouldeneu!"

"Non mais laisse moi rire, en descendant j't'ai prise pour un Prédasterie avec ta tignasse pourrie!"

J'avais commencé à monter l'escalier en ricanant à moitié jaune lorsqu'elle avait surenchéri 

"-ET PREND TA DOUCHE, TU FOUETTES LA MOUFOUETTE!"

"Cette odeur de Miamiasme vient d'toi Satine, c'est a force de baver devant Drew comme un Ortide!"

"-VA T'FAIRE VOIR!"

J'avais dévalé l'escalier jusqu'en haut mais avant d'aller voir papa, j'étais d'abord passée par la salle de bain, sans cesser de me demander comment Satine avait pu obtenir ce genre d'infos... Je sentais que cette histoire allait me turlupiner pendant un moment, et qu'avant d'avoir eu des réponses je n'allais pas pouvoir prendre ça à la cool. Mais pour l'instant j'avais un problème pire encore : comment j'allais m'habiller pour aller chez Clyde? J'avais posé ma tasse sur mon lavabo avant de me regarder dans le miroir : un vrai Bouldeneu... Tout compte fait, j'allais peut-être me faire un masque d'huile de Noadkoko avant...



POV Jessie

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RaaaaAAAAAAAAhhhaaAAaaa!!!!!!! J'étais en RAGE! Des l'matin, comme ça, sans ménag'ment, il fallait que cette VIEILLE PEAU DÉFRAÎCHIE téléphone pour ENCORE essayer d'nous amadouer! A d'autres! Et comme de par hasard, c'était moi qui avait décroché! Dans un sens Dieu merci, c'n'était pas cette bonne poire de James qui aurait eu l'bon sens de les envoyer valser, mou et naïf comme il est, il serait ENCORE tombé dans l'panneau... J'avais regagné ma chambre comme une furie en claquant la porte, rejoignant mon mari qui était encore de bonne humeur, ne sachant pas encore la GRANDE nouvelle... Il avait relevé son visage de crétin hébété vers moi entre deux bisous esquimaux à Oliver...

"-Qui c'était?"

"Ta sorcière de mère"

Eh bah là, j'peux vous dire qu'il avait changé d'tête! Et encore il n'était pas au bout d'ses surprises...

"-Oh... Et qu'est-ce-qu'elle voulait?..."

"Hopkins est mort."

POV James

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En voyant débarquer Jessie dans mon tshirt de baseball bien trop grand pour elle, recouvrant à peine ses sublimes fesses rebondies moulées dans un petit short, des pensées peu convenables m'avait traversé l'esprit, puis mon fils m'avait remis les idées en place en tendant ses petites mimines vers moi... Impossible de jouer à criquon criquette avec lui sur les draps! Elle en tirait une tête, moi qui croyait qu'elle avait claqué la porte par pure indélicatesse comme à son habitude, je commençais à soupçonner ce coup de fil de l'avoir mise en rogne... 

"Qui c'était?" 

Et à l'annonce de cette effroyable nouvelle, j'avais eu une sorte de sursaut cardiaque, ah j'vous l'dis, Jessie me tuera un jour à force de ne pas prêter attention à ma sensibilité et ma tension artérielle, BON SANG!!!! Elle n'avait décidément aucune charité, elle ne savait même pas annoncer un décès avec tact! J'étais resté muet comme un Magicarpe, ne sachant pas vraiment si j'étais triste d'apprendre la mort d'un homme que je connaissais depuis ma plus tendre enfance et qui avait toujours été... euh... je ne trouvais pas de mots à vrai dire... Je ne pouvais pas vraiment affirmer qu'il avait mauvais fond, après tout, il ne faisait qu'obéir aux ordres, ni vraiment sympathique puisqu'il m'avait tout d'même trahi et dupé à plusieurs reprises.. C'était vrai après tout, il ne m'avait jamais défendu, jamais prêté main forte, et pourtant je ressentais une certaine compassion pour lui, ce bon vieux feu-Hopkins... Et dire que je ne savais même pas quel âge il pouvait avoir, il avait toujours fait vieux, même quand je n'étais qu'un enfant... Peut être... 80 ans? 90 ans? Peut être... 100 ans? Par Arceus, un centenaire si monotone, sacrifiant la possibilité d'avoir sa propre vie pour servir ma famille, je ressentais encore plus que de la compassion tout compte fait, j'avais pitié pour ce pauvre bougre...

"Seigneur... Mais que lui est-il arrivé...?"

Je me sentais tellement bizarre, comme si j'avais une boule dans l'estomac.. A moins que ce ne soit le Galifeu d'hier soir? Mais Jessie avait été bien moins touchée que moi... Elle s'était penchée sur le lit pour câliner Oli comme si de rien n'était!

"-J'en sais rien, il a clamsé cette nuit, comme ça, et bien moi j'te dis c'que c'est TANT MIEUX, c'est vrai! Il sera bien mieux loti six pieds sous terre qu'avec ces vieux tordus..."

"-Maman... on manze des crepo sucre avec de la cofiture apres..?"

"Jessie! Tu n'as tout d'même pas dit ça à ma mère...?"

Quelle horreur, j'en tremblais...

"- On f'ra des crêpes au gouter chéri... Bin tiens, j'me suis gênée! Elle voulait qu'on vienne à l'enterrement, et puis QUOI ENCORE?! J'ai mieux à faire que d'aller pleurer un vieux croûton dégarni qui a eu une vie lamentable... On va déjeuner? Je meurs de faim!"

POV Victoire

Vv?

Après avoir passé une bonne heure dans la salle de bain, j'avais fini par sortir et m'habiller avant de rejoindre le salon. Il était déjà presque 11h et j'avais franchement faim, surtout que ce que préparait maman sentait étrangement bon... C'en était louche car d'habitude, quand elle se mettait aux fourneaux, ça sentait plutôt le crâmé... J'avais pas trop envie de lui parler à la base, mais après réflexion, mes soupçons n'étaient pas vraiment fondés et puis, si je voulais en savoir plus, il fallait pas qu'elle se doute de quoi qu'ce soit... J'avais contourné la table et m'étais assise au bar, derrière elle...

"Tu prépares quoi...?"

"-Italien! Du risotto aux champignons et tomates du jardin!"

Elle ne s'était même pas retournée vers moi, trop occupée à goûter son plat.. 

"Ca sent bon. Tu as l'air de bonne humeur..."

"-Je suis d'humeur massacrante au contraire, j'ai mal dormi et ton père est au fond du gouffre..."

"Qu'est ce qu'il a..?!!!!!!!"

Ok, là ca rigolait plus. Si papa n'était pas bien, c'était forcément à cause de cette histoire, je SAVAIS que le père de Clyde était pas clair et lui avait fait un coup fourré hier s...

"-Ce vieux fou d'Hopkins est mort et tu l'connais, d'un coup c'est comme s'il avait été son meilleur ami depuis 10 ans..."

"Hein, QUI?"

J'étais rassurée, mais qu'à moitié. 

"-Mais si, ce vieux larbin du manoir avec son crâne de noeunoeuf qui passait son temps à faire des courbettes!"

"Haaaaahn... ouais peut être, mais il avait 120 ans aussi"

Pas de mensonges entre nous : j'étais rassurée, même carrément. C'était méchant c'est vrai, mais ce crouton n'avait jamais été sympa avec moi, en fait, c'est simple, j'avais JAMAIS été la bienvenue au manoir, toute cette bande de schnok m'avait toujours mise à l'écart, ma sœur était la seule à avoir des cadeaux pour Noël, des chocolats à Pâques, et tout ces trucs qu'on offre lors d'une fête de la part de mes grands-parents, et moi je n'avais jamais rien, nada, même pas une cacachuette ou un chewing gum, si ce n'était des réflexions au sujet de ma ressemblance physique avec maman, la "roturière mal élevée" qui avait "corrumpu et plonger dans le péché" leur "fils ingrat et dégoutant". Ils l'avaient toujours détesté, toujours, depuis le jour où papa était revenu au manoir avec elle enceinte de moi, les implorant de les aider et de faire quelques choses pour eux car ils ne s'en sortaient pas financièrement. Mais ils avaient été impitoyables, reniant totalement papa, ne le considérant même plus comme leur fils. Et pourtant avant la naissance de ma soeur ils avaient décidés d'être conciliants, de faire un effort suite au cancer de la prostate de mon grand-père. Ils nous avaient légué la maison, le terrain, et ils étaient venus voir maman à la maternité. Mais leurs "efforts" avaient des limites : ma soeur ressemblait à papa, et donc à "Grand-papa Georges", un ancêtre vénéré de la famille qui m'était totalement inconnu, mais maman et moi, on était toujours détestées. Ils réclamaient à papa de garder Satine afin de se "rattraper", et moi je n'avais même pas le droit de rentrer dans le manoir, même jouer dans les Magicarpes du cours d'eau m'était formellement interdit! Non mais sérieux, j'étais parquée dans la niche de Caninou qui habitait même plus là, comme une vieille Moufouette pendant que Satine jouait du violon, faisait de l'équitation, apprenait les bonnes manières avec des tuteurs qui lui faisaient des pâtisseries... Et cette vieille roubignole d'Hopkins était de leur côté à me tomber desus si je bougeais le petit doigt alors forcément, j'allais pas le pleurer non plus...

"-Ah, voilà! Je vais laisser mijoter 20 minutes, et m'occuper de tes ch'veux, assieds-toi..."

Maman avait posé sa cuillère en bois sur la casserole, toute contente. J'avais obéit, lui donnant la brosse, un peu suspicieuse..

"J'ai fait un masque mais ils sont indémélables..."

"-Comme si j'le savais pas... Tu sais que pendant très longtemps j'ai eu les cheveux en-dessous des fesses?"

Un sourire avide d'anecdotes au sujet de son passé avait fendu mon visage...

"Comment tu veux que je le sache, y a aucune photo de vous avant ma naissance ici..."

"-Mais qu'est ce que tu racontes? Y a la photo de notre mariage sur le buffet, une vieille photo d'papa sur le frigo..."

J'avais levé les yeux au ciel

"J'te parle de VRAIES photos... A croire que vous aviez pas pas de vie avant nous..."

En disant tout ça, je me demandais comment j'avais fait pour rester si longtemps dans le déni total : sérieux c'était vraiment trop bizarre!!!! Maman avait soit disant perdu toute sa famille dans un accident en montagne dans les Andes dont elle était la seule rescapée, ce que je trouvais déjà un peu bizarre, sans compter sur leur travail en commun avec les parents de Clyde dont on savait quasiment rien... Étant donné la rapidité avec laquelle elle avait changé de sujet, c'était désormais clair : mon investigation ne faisait que commencer...

POV Jessie

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Je me sentais mal. Depuis que James m'avait parlé des morveux, j'arrivais plus à faire comme si de rien n'était, j'étais beaucoup trop soucieuse et... mal à l'aise? Un peu comme quand on vous ressort un anecdote gênante, vous voyez?! Jamais j'aurai imaginé que notre passé resurgirait un jour avec ce drôle de goût d'café froid resté dans une tasse en céramique pendant deux jours, je pensais que c'était derrière nous toutes ces idioties, que c'était fini, et que plus jamais ça nous causerait d'ennuis... Mais depuis ce matin, et encore plus maintenant que ma fille me posait mille et une question tel un agent Jenny à l'affût d'indices, je n'pouvais pas penser à autre chose qu'à ces sales petits morveux, à nos nuits blanches de plans de capture, aux robots qu'on construisait -enfin, que je les regardais construire-, à nos entrées en matières...

"Nous sommes de retouuuur!

- Pour vous jouer un mauvais tour...

-Afin de protéger le monde de la dévastation..."

D'ailleurs, est-ce c'était "protéger" ou... "préserver"? Je commençais à avoir la migraine à cause de toutes ces imbécilités, mais c'était déjà l'heure de quitter le canapé et d'emmener Vic chez cette espèce de petit crétin pompeux avec qui elle devait travailler... 

"On y va Victoire, met tes chaussures."

Une fois Oli fichu dans son siège auto et attaché, on était parti, mais j'vous raconte pas mon état, j'en venais à vouloir réouvrir cette vieille malle cachée dans le faux fond du placard qui contenait ce qu'il restait de notre ancienne vie, nos uniformes, des gribouillis, des photos, des souvenirs... Les fragments de Pokéball de Papinox...

"-Ça va maman?..."

"Hm.."

J'avais tellement la tête ailleurs que je regardais la route d'un air plus dépressif qu'un Smogogo. Non mais QU'EST CE QUE JAMES AVAIT EU D'ALLER À CETTE CONFÉRENCE, HM?! À cause de tout ça, on allait finir par griller notre couverture d'honnêtes vendeurs itinérants! Je me souvenais encore de nos longues conversations à propos du mensonges à inventer : on avait hésité entre ouvriers, restaurateurs, Mère Theresa pour une œuvre caritative... Bah quoi?! Fallait bien justifier nos voyages à travers tout l'pays! Ne croyez pas, je me sentais coupable de mentir à mes propres enfants comme des malpropres, mais après tout on n'avait pas l'choix! C'était ça ou leur dire qu'on avait poursuivit un Pikachu pendant des années dans une montgolfière rafistolée avec du scotch, vous auriez assumé vous?! Et bien VOILÀ, c'est bien c'que j'disais!

"Oui, oui, ça va..."

J'avais allumé la radio histoire de couper court à la conversation. J'avais pas vraiment envie de discuter, non pas que Victoire soit agaçante, mais en réalité... si, elle l'était. Ses questions un peu trop confidentielles, elle semblait avoir décelé quelques choses, et pour ce qui était de s'obstiner, je devais me rendre à l'évidence, elle avait prit ce trait de caractère imbuvable de James, évidemment! Quoi!? Comment ça j'étais d'mauvaise foi?! J'avais laissé échapper un soupir en entendant une chanson bidon commencer...

"Midnight, you come and pick me up, no headlights... Long drive, could end in burning flames or paradise..."

Trad : "Minuit, tu passes me prendre, pas de phares allumés... Longue route, qui peut se terminer dans les flammes comme au paradis..."

RaaaAAAh la musique actuelle n'était vraiment un ramassis de niaiseries pour midinettes écervelées... Où étaient donc passées les VRAIES femmes fortes et libres?! Ça faisait bien longtemps que l'époque de Madonna était révolue! Et voilà que je commençais à penser comme une vieille aigrie, non mais décidément, rien n'allait aujourd'hui...!!!!! Victoire était silencieuse, jusqu'à ce qu'elle se mette à chantonner cette débilité... Ah non pas elle! On avait deja une adepte des boysbands à la maison, alors non, pas Victoire! Et dire que je remettais sur ses épaules l'avenir intellectuel de la famille entière, voilà qu'elle me trahissait elle aussi!! On ne pouvait décidément compter sur personne...

"-You got that James Dean daydream look in your eye... And I got that red lip, classic thing that you like... And when we go crashing down, we come back every time 'Cause we never go out of style, we never go out of style..."

Trad : "Tu as cette rêverie de James Dean dans le regard... Et j'ai les lèvres d'un rouge classique que tu aimes... Et quand on s'écrase, on revient à chaque fois, parce que nous ne serons jamais démodés, nous ne seront jamais démodés..."

J'avais soufflé au départ mais ces paroles m'avait fait un drôle d'effet, comme si j'avais mangé une baie avariée, je sentais mon cœur manquer des battements à mesure que cette idiotie semblait me connaître personnellement à l'époque de...

"You've got that long hair slick back, white t-shirt, and I got that good girl fate and a tight little skirt... And when we go crashing down, we come back every time 'Cause we never go out of style, we never go out of style..."

Trad : "Tu as ces longs cheveux coiffés en arrière, t-shirt blanc, et j'ai cette foi d’honnête fille et une petite jupe serrée... Et quand on s'écrase, on revient à chaque fois... parce que nous ne serons jamais démodés... nous ne seront jamais démodés..."

C'en était TROP! Je ne pouvais plus faire un geste sans que quelques choses me rappelle la Team Rocket ou les morveux maintenant?! Le reste de cette chanson de mes DEUX n'avait plus rien à voir, Dieu merci, mais cette petite impertinente reprenais le refrain sans cesse...

"You got that James Dean daydream, look in your eyes..."

J'avais souri niaisement, mais je m'étais très vite reprise : moi qui critiquait les midinettes, j'allais pas dev'nir ce genre de MEGERE à songer à son mari en minaudant, quelle horreur... Il n'avait pas changé depuis, toujours ce petit côté hagard... Tss. C'est vrai qu'il avait des rêves, enfin nos rêves à tous les trois à vrai dire... Je le revoyais, dans son uniforme noir, si heureux d'être promu à Unys...

"... and I got that red lip, classic thing that you like..."

Comme dirait Victoire, j'avais le "syndrome du Griknot", et autant vous dire que ça n'm'enchantait pas! Il faut dire que c'était vrai, James avait toujours aimé mon rouge à lèvres, et je savais qu'il l'aimait toujours. La première fois que j'en avais mis c'était au lycée, c'était Cassidy qui m'avait... prêté le sien... AH non pas cette greluche! Ça y était : je commençais à m'trouver mal! Je devais folle, la prochaine étape c'était l'hôpital psychiatrique...

"And when we go crashing down, we come back every time, 'cause we never go out of style, we never go out of style..."

J'avais eu envie de freiner, cette chanson commençait vraiment à M'AGACER et si j'avais eu l'interprète face à moi, autant vous dire que j'aurai pas hésité une seule seconde à lui envoyer un coup de MAILLET SUR LE CRÂNE À CETTE PETITE PETE SUFFISANTE! J'allais la retrouver moi, cette Taylor Swift, et elle allait voir de quel bois j'me chauffe, non mais! Comment savait elle tout ça, hm?! COMMENT POUVAIT ELLE SAVOIR QU'ON S'ENVOLAIT VERS D'AUTRES CIEUX CONTINUELLEMENT MAIS QU'ON N'ABANDONNAIT JAMAIS?! Néanmoins, c'est vrai que notre style, notre beauté et notre génie étaient intemporels et JAMAIS démodés... "

You've got that long hair slick back, white t-shirt, and I got that good girl fate and a tight little skirt..."

J'avais la nausée et beaucoup trop chaud tout à coup, elle connaissait même nos uniformes, c'était vraiment... trop!!! Mais co... comment? J'avais envie d'hurler, je ne pouvais plus bloquer les images dans ma tete, je nous revoyais distinctement, tous les trois, en train de faire des élucubrations près d'un feu avec... J'avais de si beaux cheveux laqués en arrière, et dire que James avait fini par m'avouer qu'il n'aimait pas, quel manque de goût! J'entendais presque Miaouss tenter de nous persuader... "Imaginez le Bôss..." Quel idiot. "...et vous savez c'qu'il dirô?! Je dôis remercier Miaouss et les deux imbéciles qui l'accompagnent, ils méritent une promotion!" Et notre joie démesurée alors que ce sale matou miteux venait de nous insulter gratuit'ment "OUIIIII!!! On est des escrocs, des menteurs, des voleurs mais bientôt on s'ra riiiiiiche!!!!!", je nous voyais encore feuilleter des magasines de bricolage en imaginant un nouveau super robot, et notre cabane, notre fierté quand on tenait ENFIN Pikachu... puis non. "Une fois d'plus la Team Rocket s'envole vers d'autres ciiiiieux... (Quuuuulbuuutoké!)" Nos trous, nos sous marins... La montgolfière Miaouss... et James répliquer après moi... "Bien sûr, c'est l'amie de notre destin!" "Comme dans ma chambre ou dans mon bureau". Il avait le don pour toujours trouver la rime appropriée

"-Maman...?"

"QUOI?!"

C'était plus fort que moi, je commençais à pleurer, oh non mais qu'est ce qu'fichais?! Mais j'y étais pour rien, c'était trop dur...

"-Qu'est ce qui s'passe, tu veux qu'on s'arrête?..."

Il fallait que j'me reprenne! J'avais épongé grossièrement mes larmes en vérifiant que mon mascara ne coule pas dans le rétro, évidemment...

"C'est rien, je... je crois que j'fais une allergie... Tu peux me passer hm, un mouchoir? Dans la boîte à gants.."

Victoire me regardait d'travers comme si j'étais un extraterrestre, mais elle n'avait pas moufté et m'avait passé un mouchoir. Apres tout, c'était crédible cette histoire d'allergie, au printemps avec tous ces arbres, et...

"-Manman illé ou qubutoké...?"

J'avais sursauté puis levé les yeux au ciel : quelle question bizarre et complètement stupide. Oliver portait bien trop d'attention à ce bulbe pour que ce soit sain...

"Hein..? Euh oui... Il est à la maison j'ai... j'ai pris que Seviper..."

Je tentais de rester calme mais en réalité ça n'allait pas du tout, et avec toute cette histoire je n'avais même pas remarqué qu'on était deja arrivé...

"-C'est là maman, la maison là, avec des tuiles oranges! Mais... tu veux pas appeler papa, je suis pas trop sereine que tu conduises si t'as les yeux comme ça..."

"Si, si... Je vais l'appeler mais vas y, je... je vais appeler papa..."

Elle me regardait d'un air vraiment inquiet

"-T'es sûre que ça va ? Tu veux pas rentrer avec moi? Ses parents diront rien je pense, viens au moins prendre un verre d'eau et un doliprane, allez maman ca me rassurerait..."

POV Victoire

Vv?

J'étais réellement inquiète pour maman, franchement c'était pas normal de pleurer en écoutant Taylor Swift (même si cette nunuche était un peu agaçante, je l'admet), mais l'envie de la confronter aux parents de Clyde était plus forte que moi...

"-Non ça va, j'ai encore des courses à faire..."

Elle tremblait et tout, sérieux c'était beaucoup trop bizarre, j'étais à deux doigts d'appeler papa moi-même pour qu'il vienne la chercher.. Roh et puis mince mon enquête avançait trop bien, il fallait qu'elle rapplique et que je la confronte avec les parents de Clyde!

"Allez maman, viens j'm'inquiètes là.."

"-J'ai tout c'qu'il faut dans mon sac, allez file... Je viendrai te chercher quand tu m'appellera, à tout à l'heure..."

Et j'avais accepté, à contre cœur..

"Bon... à tout à l'heure alors... Je t'appelle."

En réalité, j'avais la boule au ventre d'aller chez Clyde, mais j'avais pris sur moi, avançant prudemment, longeant les haies jusqu'au petit portail que j'avais poussé avec un faux semblant de certitude...

POV Butch

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Comme tous les samedis, mon réveil avait sonné à 7h. C'était un peu la loose de devoir bosser le weekend, mais je me disais que c'était toujours mieux qu'à l'époque où nous faisions partie de la Team Rocket : que ça soit jeudi, dimanche ou mardi, on était susceptibles de partir en mission n'importe quel jour à n'importe quelle heure. Ou en cabane quand on échouait. Mais ça, je préférais ne pas m'en souvenir, même si la pensée des cellules miteuses m'arrachait un frisson d'horreur. 

A mes côtés, Cassidy dormait toujours profondément : je ne pouvais m'empêcher de l'observer dans la pénombre, ce n'était pas comme si j'étais réellement en retard, après tout. Elle était légèrement recroquevillée de mon côté, une expression paisible sur son doux visage, malgré le filet de bave que je distinguais. Certains trouveraient ça dégueulasse, mais que voulez-vous, l'amour rendait aveugle et même après presque vingt ans de relation, j'en arrivais à trouver ça charmant. Des fois, je me faisais pitié et puis je me rappelais ce que ça faisait d'être avec une femme comme elle - surtout dans des moments comme hier soir... - et j'oubliais le côté un peu Sablaireau d'être autant à fond. Et puis c'est bon, je n'étais pas non plus comme ces Canartichos ringards à déclamer leur amour toutes les deux secondes ! Le jour où j'en arriverais là, il faudrait m'interner... Je déposai un petit bisou sur le front de Cass en prenant soin de ne pas la réveiller -ou je risquais d'en entendre parler encore dans trois jours - avant de prendre quelques fringues propres et de sortir de la chambre. 

La maison était silencieuse, comme d'habitude le samedi matin : Thelma se levait parfois quand je partais bosser, mais je savais qu'elle ne rentrerait sans doute que plus tard ce matin. Depuis quelques temps, ne me rendais compte que je voyais de moins en moins ma fille et je devais admettre que ça me rendais un peu triste - même si je ne le montrais pas, j'avais pas envie de passer pour un gros fragile. Je me demandais si à son âge elle avait déjà un petit ami et ça me tracassait pas mal... Je savais comment étaient les garçons à cet âge et sans vouloir me vanter parce que c'était ma progéniture, Thelma était vraiment une fille jolie et intelligente. Oui, justement, maligne comme elle était, elle ne se ferait pas avoir par un petit con, n'est-ce pas ?!

Après avoir pris ma douche, je descendais, déjà vêtus de mes habits de travail afin de gagner du temps une fois au garage. Je songeais aux conseils de Cassidy sur l'importance du petit déjeuner et soupirait, haussant les épaules en buvant mon café : elle était toujours dans les bras de Morphée et moi, j'avais pas faim le matin. Et puis c'était pas ma mère, alors une fois ma tasse vide, je filais comme le vent sur ma moto pour une nouvelle journée de taf, regrettant quelque peu la douce étreinte de ma femme.

POV Clyde

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"Nan c'pas moi j'vous l'jure m'dame..!"

Je m'étais réveillé en sursaut, tout suant et suffocant, comme si je n'avais pas été en mesure de respirer pendant de longues minutes. Assis dans mon lit, hébété et encore choqué, je distinguais Flagadoss totalement étalé par terre, l'air encore plus niais que moi ou même que d'habitude le concernant. Qu'est-ce que c'était que ça encore ?! Remettant mes cheveux blonds en place et reprenant ma respiration, j'utilisai les quelques neurones que j'avais pu sauvegarder de l'étouffement et je finis par comprendre. Madame Moisinville n'était présente que dans mon rêve, ou plutôt mon cauchemar. Excédée par mes imitations d'elle, la bonne-femme s'était assise sur moi pour me punir, obstruant mon visage de son gros cul. Alors je savais ce que vous vous disiez mais... Non, je ne m'amusais pas à mater les fesses de mes profs, je ne m'appelais pas Mathias. Pour tout vous dire, j'avais jamais fait gaffe si le cul de Moisinville était gros et je m'en moquais à peu près autant que de ses remontrances. Quoique vu mes songes, mon inconscient ne devait pas tant s'en moquer que ça... Bref, je m'égarais ! 

Me frottant les yeux, je jetai un coup d’œil hagard sur mon réveil : 11h30. Pour un samedi, ça allait, franchement. D'habitude, je me réveillais plus autour des 14h du matin, si vous voyez ce que je veux dire. Mon regard se porta ensuite sur Flagadoss, toujours étalé par terre, qui m'observait avec toute l'expressivité dont il était capable, c'est-à-dire à peu près aucune. Il me faisait parfois un peu pitié ce Pokémon, mais il avait quand même failli m'étouffer en voulant me faire un câlin et c'était même pas la première fois ! On était aimé par ses Pokémon ou on ne l'était pas, que voulez vous ! 

Cette agitation dès le matin me fatiguait déjà, alors que ce n'était pas franchement un jour à être à côté de ses pompes. Il était prévu que Miss Grahyena arrive vers 14h à la maison et pour être honnête, je ne savais même pas trop quoi en penser. Le point positif, c'est que je n'étais absolument pas nerveux : en même temps, aurais-je du l'être ? J'étais pas un vieux puceau comme ce naze d'Arthur qui m'avait apparemment envoyé plusieurs messages ce matin pour savoir comment avait été la conférence, sur un ton que je n'appréciais guère. Ok, vous pouvez me rétorquer deux choses : moi aussi j'étais puceau et définir le ton de quelqu'un dans un SMS était compliqué. Cependant, force est d'admettre que la teneur de ses messages était bien moins chaleureuse que d'habitude. D'ailleurs, la personne n'était pas du genre à me spammer de message pour savoir comment s'était passé le moindre petit évènement de ma life. Faut croire qu'il n'y avait pas que Mathias qui était mort de faim, sauf qu'à défaut, notre queutard de pote avait le mérite de rester marrant et pas
 trop relou. Je levai les yeux au ciel, abandonnant mon Ipoke sur ma table de nuit, sans répondre à mon snob de pote. 

La maison était plutôt silencieuse : je savais que papa était parti travailler depuis longtemps, que maman savourait sans doute sa gueule de bois en paix. Quant à Thelma...


"Bonjour."

Je sursautai une fois de plus - une fois de trop -, manquant de lâcher le jus d'orange que je buvais à même la bouteille. J'étais descendu à pas feutré afin de grignoter un petit truc avant de prendre ma douche, mais ma sournoise de frangine était arrivée derrière moi sans doute dans le but de me faire peur. Enfin peur... De me surprendre, n'allez pas croire que j'ai peur de ma soeur, quand même ! Enfin j'avoue qu'elle faisait fort aujourd'hui : robe noire froufroutante digne d'une poupée de porcelaine, ses longs cheveux verts lâchés en une cascade de boucles, ses yeux maquillés tels ceux d'un Pandespiègle. Pas sûr que maman apprécie beaucoup ce dernier point et je ne parle même pas de papa qui considère encore Thelma comme son bébé. Un sourire étire mes lèvres encore humides de jus d'orange.

"C'est carnaval ? Halloween ?"

Je la vis hausser un sourcils en croisant les bras, visiblement pas impressionnée pour deux sous de mon trait d'esprit désopilant. Ou pas, j'vous l'accorde. Mais c'était le matin, après tout. A midi, parfaitement. 

"On sait au moins que si tu as hérité de la plastique de maman, les parents ont oublié de te fournir l'intelligence.
- Roh ça va, le prend pas mal frangine ! Mais avoue que ça surprend. Enfin la robe, je connaissais, mais il s'est passé quoi avec tes yeux ? Du cirage ?"

Elle leva les yeux au ciel, me poussant doucement pour pouvoir elle-même accéder au garde-manger familial. Thelma ne me répondit pas de suite, préférant préparer de quoi se restaurer. Je remarquais tout de même que son expression avait changé : elle n'était plus aussi blasée, presque amusée ? Non, c'était autre chose.

"C'est mon amie qui a voulu tester un smokey dramatique sur moi. Pense ce que tu veux, je trouve ça réussi."

Je ne préférais pas nier. En plus, c'était pas moche en soi, juste chelou de voir ma petite sœur autant maquillée. Et puis surtout, elle semblait préparer de la bouffe pas que pour elle, alors autant aller dans son sens pour qu'elle m'en file. 

"Alors, cette conférence ?"

Thelma avait beau me poser la question, j'avais la vague impression que la réponse lui importait peu. Alors malgré les souvenirs de la soirée de la veille, je décidais de rester évasif. Je ne lui parlais pas de la scène de Moka, de monsieur Morgan, de l'accouchement d'Ondine et surtout, de la discussion que j'avais ensuite eue avec papa. Tant pis pour Thelma, elle avait l'air bien plus perdue dans ses pensées et franchement, même si j'étais un peu curieux, j'étais bien trop fier (ou idiot) pour lui retourner la question.

"C'était cool, t'aurais kiffé."

Et ainsi continuait l'échange de banalités, comme si ma sœur s'éloignait de moi au fil des jours et des semaines sans que je puisse y faire grand chose. Est-ce que c'était le fait de grandir ou autre chose ?

POV Thelma

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Je ne pouvais même pas lister tous les bienfaits d'être une fille sage tant il y en avait. D'accord. "Faire semblant d'en être une", si vous préférez. Tout le monde chez moi pensait que je révisais tranquillement les maths chez une copine. Si j'étais bien chez ladite copine, ce n'était pas franchement des équations à deux inconnues que nous tentions de résoudre hier soir. Quoique, ça aurait peut-être une bonne idée de tenter de faire notre DM sous l'emprise de poudre de Rafflésia. Mais il faut croire qu'on avait des choses bien plus intéressantes à faire... C'est fou ce que les mathématiques pouvaient être fades en comparaison de ses lèvres parfumées au rhum piqué à un père trop absent. 

Monsieur Tanaka n'avait jamais été très doué pour parler à sa fille, c'est du moins ce qu'Elsa m'avait toujours dit. On ne pouvait pas dire que c'était un mauvais père : il faisait en sorte qu'elle ne manque de rien et qu'elle aille bien au lycée. Pour le reste, il n'avait de père que le statut. Les sentiments n'avaient jamais été son fort et si Elsa ne lui reprochait rien, elle avait bien conscience de s'être élevée toute seule. Quelque part, elle savait que son père l'aimait et ça lui suffisait. Même si leur relation ressemblait plus à celle de deux colocataires qu'à une vraie famille. Et à côté de ça, moi je mentais à une famille, certes trop naïve, mais qui se montrait parfois vraiment soucieuse à mon égard. En sale gamine classique de quinze ans, alors même que mes parents ou mon frère étaient loin d'être les pires individus, j'arrivais parfois à m'en plaindre. M'en plaindre à une personne qui n'a jamais trop connue sa mère et dont le père n'a pas eu trop d'autres choix que de s'occuper un minimum d'une progéniture dont il ne voulait pas nécessairement à la base. Mais même pour ça, Elsa ne trouvait pas de reproches à faire. 

C'était peut-être pour ça que je l'aimais tant. Mais malgré ça, je n'arrivais pas à dévoiler ce que nous vivions au grand jour, aux yeux de tous. Aux yeux de ma famille, surtout. Les autres pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient, mes parents, mon frère, c'était différent. Même si les commentaires de mon frère sur mon maquillage trop chargé ne m'avaient guère atteinte, honnêtement. Je me demandais parfois si c'était moi qui était bizarre ou si c'était normal pour une ado de quinze ans d'avoir une relation autant basée sur le mensonge avec sa famille. Et en même temps, étaient-ce vraiment des mensonges ? Je ne le savais même plus trop moi-même, tandis que je nettoyais la cuisine.

Clyde et moi avions déjeuner ensemble, lui en pyjama avant d'aller prendre sa douche, moi toujours pensive après ma nuit chez la petite amie dont je suis si fière et que pourtant je ne présenterais jamais comme telle. Je songe à ses courts cheveux bruns, à ses yeux en amandes, à son Drascore qui faisait flipper beaucoup de gens au LIPC, à son maquillage aussi chargé que le mien aujourd'hui, à son tatouage, à ses piercings. La principale les déteste, bien qu'elle ne puisse rien dire au vu du dossier scolaire irréprochable d'Elsa. Mon frère m'avait remerciée avant de finalement se décider à se bouger un peu, parce qu'une de ses camarades venait travailler à la maison cet après-midi, la fille au Delcatty en origami. Un sourire avait étiré mes lèvres : avaient-ils la même notion de travail qu'Elsa et moi ? Non, Clyde n'avait pas tellement de raison de dissimuler la vérité. Et puis après tout, maman lui avait bien fait le speech sur la banane et le préservatif, donc pas de soucis, n'est-ce pas ? Je ne l'avais d'ailleurs pas encore vue aujourd'hui : elle récupérait sans doute moins bien de sa soirée que moi. A chaque fois c'était la même chose, elle râlait à propos des barmen sournois qui cherchaient à l'enivrer en chargeant trop les mojitos. Dans ces moments-là, nous étions trois à nous regarder et à nous dire "mais non, tu deviens juste vieille". Mais papa, Clyde et moi tenions à la vie. Elle n'était pas vieille en soi, jeune dans sa tête et très bien conservée physiquement, mais restait susceptible quant à son âge. L'autre option était qu'elle bossait dans le bureau qu'elle s'était aménagé, son bureau spécial "correction de copies", probablement vêtue d'un t-shirt de papa et d'une petite culotte en dentelle. Je connaissais bien maman et je vous en fichais mon billet que je ne devais pas être loin de la vérité.

13h45. Je vaquais à mon occupation la plus classique qui soit : lire, avec Lainergie installée sur mes pieds et Canarticho blotti contre moi, à faire la sieste. En ce moment, je m'employais à lire surtout des auteures femmes. N'allez pas vous méprendre : ce n'était pas pour correspondre à l'énorme cliché - pas forcément vrai comme tout bon cliché qui se respecte - de la lesbienne qui déteste les hommes. Je m'étais juste rendu compte au fil de mes lectures que beaucoup d'écrivains remplissaient ma bibliothèque et parmi eux, trop peu d'écrivaines, comme si les femmes n'avaient jamais rien écrit qui valait la peine d'être lu. Or, il n'y avait aucune raison que ce soit le cas, si ? Cela constituait une bonne raison de vérifier et j'étais revenue de la bibliothèque de Céladopole avec le maximum de romans et de biographies empruntables. 

14h. La sonnette retentit. Cela devait être le rencard-boulot de Clyde, qui jouait présentement de la batterie dans le garage, totalement au calme comme s'il n'attendait rien ni personne. Fallait vraiment tout faire dans cette maison, mais au moins, j'aurais le privilège de voir cette fameuse "Grahyena", comme avait dit mon frère...


Chapitre précédent : La conférence, partie 2

A suivre!

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Date de dernière mise à jour : 23/01/2018

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