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Oubliette 7

Epoque passée. Jadielle (Kanto)

Le néant. Le rien, le vide, un trou noir qui l’aspirait dans les abysses, sans fin, un tourbillon d’angoisse et d’horreur, une chute brutale, une plaie cicatrisée qu’on viendrait rouvrir sans états d’âmes et torturer jusqu’à l’évanouissement, une noyade, lente et cruelle, le souffle qui se coupe progressivement jusqu’à ce qu’on n’en puisse finalement plus et que …
« AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!! »
Jessie avait laissé échapper ce hurlement du fin fond de son cœur serré et en proie aux vagues déchainées de son âme tourmentée, elle avait crié, fendu cet oppressant silence comme un SOS lancé dans le vent doux et printanier qui pourtant semblait lui entailler les joues en caressant les traces acides laissées par ses larmes… Elle tomba assise devant le QG, se sentant, seule, étourdie, perdue. 

 

Oubliette. Partie 7


Une semaine s'était écoulée et le trio était enfin arrivé à Jadielle. 
Miaouss avait posé quelques heures auparavant la montgolfière à son effigie tout près du QG tandis que James était tellement stressé qu'il se rongeait frénétiquement les ongles, au contraire de Jessie et de son comparse Pokémon qui jubilaient à l'idée de se remplir les poches de billets verts... Seulement voilà : le Boss n'était absolument pas au courant de leur venue et James n'avait toujours pas trouvé d'excuses crédibles, aussi il se retrouva au pied du mur, ou plutôt de la bâtisse, et il n'avait pas d'autres choix que de dire la vérité à son équipe...
« Attendez, avant d'y aller il hm... -il toussa pour dénouer sa gorge- il faut que je vous dise quelques choses... »
-
Le calme, la sérénité, le bonheur à l'état pur : James était allongé dans une source chaude aux côtés de Jessie, de laquelle il s'était énormément rapproché... Miaouss passant quasiment tout son temps avec Nymphali, le jeune homme restait avec son équipière à longueur de temps, et regrettait de devoir retourner dans sa chambre improvisée le soir venu... Il la trouvait tellement drôle, tellement gentille et intéressante, il ne parvenait pas à l'expliquer mais c'était sa Jessie, sa meilleure amie... mais en encore mieux. Il s'était laissé berner au départ mais elle n'avait pas vraiment changé : elle était toujours aussi égoïste, râleuse, impulsive et idiote... mais toute cette panoplie de défauts (et encore j'en oublie) lui apparaissait tout à coup terriblement touchante, presque futile à côté de la merveilleuse jeune femme qu'elle était devenue. Le pauvre James avait énormément de mal à décrypter ce qu'il ressentait mais une chose était sûre, il était bien avec elle et il se faisait vraiment à l'idée de sa nouvelle vie de futur papa, malgré le fait qu'il ne partageait toujours aucune intimité avec Jessie : il avait des attentions, des gestes tendres, des regards, des petites actions anodines mignonnes envers elle, mais pas un bisou, rien, nada. Peut-être par peur ou tout simplement parce qu'il n'en ressentait pas forcément le besoin pour l'instant...? Quoi qu'il en soit, il fit une pichenette à la surface de l'eau qui vint éclabousser le visage détendu de Jessie... Elle ouvrit un œil en fronçant les sourcils
« Et t'es content ? Espèce d'imbécile ! », grogna t elle en le dévisageant, adossée contre un rocher près de lui, son ventre rond émergeant de l'eau bouillonnante 
« Euh... » James se senti un peu coupable et stupide un instant, avant que Jessie ne l'éclabousse à son tour
« Eeeh!! »
Elle se mit à rire en le voyant tout trempé, ses cheveux lavande se collant à ses paupières mi closes. Il fit mine de râler en se laissant couler afin de remettre ses cheveux en arrière, et ressorti les joues gorgées d'eau avant de cracher sur elle
« AAAAAH! Tu vas m'le payer! »
-
Jessie pleurait déjà depuis plusieurs longues minutes, après avoir d'abord pété un câble, puis eut peur, re-pété un plomb, hurlé, giflé James, tremblé dans le couloir, écouté Giovanni en se pinçant les lèvres pour ne pas crier ou fondre en sanglots... puis elle avait craqué : tout ça était bien trop difficile à admettre. Elias, sa mère, le clonage, les secrets, Mme Boss qui n'était pas morte... Tout son passé lui revenait comme une grande claque dans la figure, et Giovanni, qui ne supportait pas ces jérémiades, lui avait conseillé de sortir prendre l'air. Elle était assise devant le QG, recroquevillée sur elle-même, se demandant comment tout cela pouvait être réel… Elle avait eu l’impression que cette vie rapportée n’était pas la sienne, c’était impossible, il devait y avoir une erreur… Mais malheureusement pour elle, ce n’était pas un cauchemar et cette atroce réalité s’accrochait à elle, la pénétrait à mesure qu’elle sortait de son déni. Sa vie était foutue, brisée. Elle avait mis tant de temps à se construire, à se forger, à enterrer son passé dans les méandres de ses souvenirs, comme un mécanisme de défense, et voilà que tout lui revenait en pleine figure… 


« Maman, tu m’aimes plus… ? »
« Tu comprendras quand tu seras plus grande pourquoi je pars Jessie… »


Elle se voyait petite fille, avec ses longs cheveux attachés par un petit nœud, en chemise en nuit, dans un grand lit chaud... Elle revoyait distinctement la pièce : des murs ternes, gris, d'épais rideaux orange hideux et démodés empêchant la lumière de la lune de pénétrer la pièce... Un parquet de bois usé au milieu duquel trônait un lourd tapis chaud et poussiéreux sur lequel elle jouait avec sa poupée parfois. Il y avait un petit bureau à droite, une maison de poupée en bois, et un coffre... une armoire en bois usé décorée de gravures en formes de Pokémon. Des Dracolosses ou peut être autre chose... Et une cheminée qui crépitait doucement. Elle pleurait à chaudes larmes, sa maman était à côté d'elle assise sur le lit et essayait de la réconforter mais elle ne se calmait pas parce qu'elle ne voulait pas qu'elle s'en aille. 


« Tu vois ma poupée, il ne faut pas pleurer, je serai de retour très vite et avec pleins de jolis cadeaux des Andes pour toi... »


Elle pleura plus fort en cognant le mur : même après toutes ces années, elle ne comprenait toujours pas sa mère, et sans en savoir plus à propos de cette sombre histoire, elle ne le comprendrait sans doute jamais. Fébrile, elle sorti la lettre de son uniforme et ouvrit doucement l’enveloppe en tremblant… lorsqu’elle senti une main sur son épaule. Son cœur fit un bond
« Ça va ?... »
Elle releva son regard brillant rempli de tristesse vers son équipier, sans cesser de trembler, ne sachant plus comment réagir tant elle était vidée, à bout… Elle essuya grossièrement ses larmes de sa manche
« A ton avis… »
James se sentait terriblement mal de l’avoir blessé à ce point, et la voir si désemparée et malheureuse, la savoir souffrir lui brisait le cœur… C’était malheureusement nécessaire, il savait que ça lui éviterait bien des soucis à l’avenir, mais cette fois encore il avait été maladroit, et il avait fait du mal à sa meilleure amie, sa Jessie, la fille qu’il aime, et ça, il ne pouvait pas se le pardonner… Il avala difficilement sa salive mais sa gorge était trop serrée, tout comme son estomac, et à mesure que les secondes s’envolaient, James sentait la culpabilité le ronger : il devait agir. Il lui tendit la main sous son regard effaré

« Viens… »

-

"Un autre!"
James reposa son pic à olives dans le bol vide sur le comptoir de bois, et regarda son équipière d'un air inquiet avant de l'attirer plus près de lui, afin qu'elle l'entende, malgré la musique latine qui résonnait dans le vieux café rupestre qui lui donnait l'impression d'être dans un vieux film espagnol. L'ambiance oppressante, brimée de fumées grasses filtrant au travers des rideaux de satin orange moches, qui séparait la cuisine de la salle remplie de tables en bois usées, surmontées de nappes rouges jonchées d'assiettes de tapas colorés dans des bols en terre cuite, et des verres de Sangria trop chargés en vin rouge, donnaient le tournis au jeune homme qui toussait tandis que l'odeur du cigare venait lui gratter la gorge... Les murs étaient jaunis, ornés de reproductions de Picasso dans des cadres abîmés, et faisaient résonner les rires, les cris, les cliquètements des talons des danseurs de tango sur le parquet.
"Jessie je crois que tu as assez bu, viens, on rentre..."
"Eeeeh mais qu'est ce que tu m'fais? Tu as dis que c'était MA soiree! Alors c'est MOI qui décide!"
Elle s'éloigna violemment avant d'empoigner le verre ébréché aussitôt que le serveur l'avait posé sur le bar, le buvant cul sec sans sourciller, avant de le claquer sur le comptoir et de fixer un point quelconque, se concentrant au maximum pour garder la face alors qu'elle voyait double, voir triple, son regard se perdant dans le flou tandis qu'elle sentait ses sens flancher et son cœur battre au rythme désordonné des basses de la musique andalouse bien trop forte. James n'osait rien dire, se sentant responsable de son état de détresse. Il baissa le regard, n'admettant plus de la voir dans cet état, ça lui était tout simplement insupportable et il n'aimait pas qu'elle boive.
"Jessie..." 
"QUOI?!"
Le jeune sbire aux cheveux lavande se releva un peu en se penchant à son oreille à nouveau, profondément triste
"Je voulais t'emmener danser, pas vider toutes les bouteilles de ce troquet miteux..."
"Ah! Ahaha..." Elle se mit à rire nerveusement, saoule, avant de se lever de son tabouret, chancelante, et de tituber quelques pas avant que James ne se précipite pour l'aider
"Qu'est ce que tu fais, enfin Jessie! Tu tiens pas d'bout!"
Elle lui sourit avant de l'enlacer, d'enrouler ses bras autours de son cou en essayant de le regarder dans les yeux malgré sa vision dédoublée, rapprochant son corps contre lui comme pour se soutenir, ne pas tomber..
"Viens James, j'ai envie d'danser!"
Il la souleva un peu pour la tenir droite ; sa tête tournait terriblement, elle était trop saoule, fébrile, mais au moins elle ne pensait plus à sa mère, à Elias, à son passé... James tiqua et secoua nerveusement la tête en faisant virevolter ses mèches lavande, la serrant un peu plus contre lui comme pour l'empêcher de partir, la protéger.. 
"Tu veux pas qu'on aille... prendre l'air?"
Elle lui sourit en chancelant, l'attirant vers la droite, ne tenant plus en équilibre sur ses escarpins noirs tout pourris
"Pour quoi faire???" 
"J'ai... j'ai chaud pas toi?.."
Il était terriblement mal et nauséeux, ne supportant plus du tout de la voir dans cet état, étant trop oppressé par cet endroit immonde, saoulé par ces gens, ces odeurs, cette affreuse musique ringarde... Il ne la laissa même pas répondre et empoigna son manteau et son sac à main, avant de la tirer par le bras vers la sortie 
"Allez, viens Jess, on s'en va!"
"Eeeeh mais attend!!"
Elle se laissa traîner, se cognant dans les gens autours desquels son équipier slalomait, trébuchant sur sa robe, ne comprenant rien, comme si elle était dans un wagon de montagne russe en train de traverser la pièce et soudain, le froid de l'extérieur la pénétra et lui fit perdre la tête un peu plus, comme si le manège venait de s'arrêter, lui donnant une violente envie de vomir... Elle s'accrocha péniblement à James, riant encore comme une idiote en se pendant à son cou, levant un sourcil comme pour tenter d'être sérieuse
"Tu veux danser ici...?"
Mais le jeune homme n'avait pas forcément envie de rire...
"No...non, je voudrais juste qu'on rentre... au QG, tu es saoule Jessie, et tu vas attraper froid...", s'inquiéta t il encore en lui mettant son manteau sur ses épaules fébriles
"Noooon.. attend James..."
Elle l'enlaça à nouveau en plongeant son regard embué dans le sien, se mordant les lèvres en faisant valser sa longue queue de cheval dans le vent glacial... Il était dubitatif, gêné, et il la regarda d'un air hébété tandis qu'elle enlevait ses chaussures
"Qu'est ce que tu fais encore...?"
"Ehh chuuut! Laisse toi faire... t'entends la musique...?"
James leva les yeux au ciel, n'entendant strictement aucune mélodie, navré de la voir se ridiculiser lorsqu'elle se plaça afin de mener la danse, saisissant sa main et plaçant la sienne au creux de ses reins, on-ne-peut plus sérieuse. Il sourit et se laissa guider quelques secondes, restant statique, rigide, avant de s'abandonner un peu entre ses bras et de la faire tourner sur les pavés froids de la rue sombre mal éclairée par les vieux lampadaires des bas fonds de Jadielle...
"S'il y a des ténèbres à la fin de l'univers, laissez nous vous montrer la lumière..."
James lui sourit tandis qu'elle chantait faiblement en dansant... il la serrât un peu plus en lui répondant de sa douce voix réconfortante
"Cours, pétille, montre nous comme tu brilles..."
Jessie rit un peu avant de l'enlacer plus fort 
"L'amour est la... la justice... la justice c'est le mal..." 
Elle commençait à perdre le fil de la chanson en titubant dans les bras de son équipier, le dévorant des yeux avant de se coller un peu plus à lui en reprenant, ne sachant plus vraiment l'air
"C'est un... un coup de théâtre.. James...?"
"Hum?" Il riait à moitié, un peu amusé, et plutôt triste, finalement
"Tu m'aimes toi au moins, pas vrai?..."
Son cœur fit un bond et il se senti vraiment mal et terrifié à l'entente de cette question qui ne semblait malheureusement pas être une blague
"Euh je..."
"Je sais qu'tu m'aimes et je... j'ai vraiment besoin qu'on m'aime ce soir..."
Il la tenait éloigné de lui, sachant pertinemment qu'elle n'était pas dans son état normal, n'ayant pas envie de mal agir avec elle alors qu'elle souffrait terriblement, qu'elle était bouleversée, en état de choc... elle s'approcha pour l'embrasser mais il la repoussa un peu
"Allez, remet tes chaussures, on va rentrer..."
"Roh James... fais pas ton timide, je sais que t'en as envie, m'abandonne pas toi aussi, s'il te plaît...", lui chuchota t elle encore avant de s'approcher plus près, le forçant presque...
"Arrête Jessie... c'est pas une bonne idée..."
"J'te plais pas...?", demanda t elle en détachant sa queue de cheval avant de réajuster son soutient gorge. James la dévisageait, gêné, rouge et bouillant comme une baie Tomato, ne sachant plus quoi faire pour qu'elle revienne un minimum à la raison..
"Nooon c'est pas... Jessie tu as trop bu... tu n'es pas dans ton état normal..."
La jeune femme l'ignora et se rapprocha plus près, n'admettant pas un rejet, se voilant la face, sourde à ses dires... Elle lui prit faiblement la main en le poussant dans ses retranchements, le faisant reculer, jusqu'au mur en pierres grises et ternies par le temps, le piégeant entre cette vieille bâtisse et son corps avide d'affection. Elle approcha suavement ses lèvres des siennes en caressant ses poignets 
"J'ai besoin d'toi..."
"Jessie.. arrête..."
Elle sentait son souffle se saccader et son cœur battre plus vite à mesure qu'elle se rapprochait de lui, mais il la coupa encore, ne pouvant pas craquer : il aurait l'impression de lui manquer de respect, de profiter d'elle, de sa vulnérabilité, et il n'était pas sur quelle soit sincère : elle n'avait aucune lucidité, aucune possession de ses moyens, et s'il agissait il avait peur de la décevoir, de la trahir, et il n'avait pas non plus le droit de trahir sa Jessie à lui, celle du futur, celle qui portait sa fille, même si c'était la même personne, et il s'embrouillait, stressant comme jamais, se sentant bouillonner, a la limite de peter les plombs, de tomber à genoux, d'hurler, de pleurer, de la supplier... Et elle dépassa les bornes, elle dégrafa son soutient gorge en l'embrassant dans le cou tandis qu'il se réprimait, sentant ses lèvres sur sa peau comme des lames de rasoir lui torturant le cœur, l'esprit...
"ARRÊTE!" Il l'avait repoussé fermement, la tenant par les poignets, fixant son visage fatigué, son regard larmoyant, et son sourire redescendit peu à peu pour se transformer en un air de rage, de haine. Elle explosa en sanglots en dégageant son emprise sur elle
"C'est bon laisse moi! LAISSE MOI!"
"Jessie... non s'il te plaît..."
Elle se retourna en regardant la ruelle tourner autours d'elle, se rapprocher, l'encercler, l'étouffer, les faibles lumières des lampadaires l'aveugler, le ciel noir et menaçant gorgé de nuages épais s'écrouler sur elle, et elle tomba à genoux, gémissant de douleur : il ne l'aimait pas. Il ne l'aimait pas, comme absolument tout le monde, elle n'était qu'une sale merde, la sale petite Jessie de Soleilville abandonnée par son père, sa mère, Mme Boss et les autres, par ses amis, et maintenant par lui, son équipier, la seule personne en qui elle croyait, finalement il était comme les autres, et elle était seule, toute seule, avec ces angoissants secrets, avec la menace du mystérieux Elias qui pesait trop lourd sur ses épaules fébriles, elle s'écroula un peu plus contre les pavés noircis, n'ayant plus de force, la terre tournait trop vite et elle était prisonnière de cette force centrifuge de desolation, elle avait envie de disparaître, de mourir... 
"Jessie..."
Et la main de James qui agrippa son épaule arreta sa danse folle en orbite autours de sa misérable existence et elle senti la nausée l'envahir, les vapeurs d'alcool l'enivrer, son estomac la brûler, elle voyait déjà flou mais bientôt sa vue s'assombrit, et elle vomi sur le sol, à cause de l'alcool et à cause de ses soucis, de son dégoût, de sa haine... James se précipita pour lui tenir les cheveux et elle tomba dans les méandres d'un trou noir tandis qu'il l'aida difficilement à se relever, pleurant lui aussi, son cœur tambourinant a tout rompre... 
"Ça va aller, on rentre Jess, je suis là, c'est pas grave..."


Époque actuelle. Bourg Palette (Kanto)
"Je peux do... enfin... ne te méprend pas hein... mais je me euh... demandais enfin j'ai... j'ai un peu peur..." James se dandinait, tout timide, jouant nerveusement avec ses mains, écarlate, face à Jessie comme s'il parlait à sa maman, restant penaud dans l'encolure de la porte de la petite chambre blanche décorée de meubles en bois clair et de vases contenant des fleurs de toutes les couleurs.
"... de l'orage? Oui, tu peux dormir ici"
Jessie lança un regard moqueur a son équipier (quel bébé...) en lui souriant tendrement tandis qu'elle ouvrit le drap comme pour l'inviter à venir auprès d'elle, alors que James avait le cœur battant à toute vitesse, tout gêné, les jours chaudes et empourprées, et il s'avança en tremblant, comme s'il était dans un rêve, jusqu'au lit où il s'assit doucement, sans oser faire un mouvement de plus. Le désir le consummait : il avait envie de lui sauter dessus, il la trouvait tellement belle, tellement attendrissante, tellement hm... Il se mordit les lèvres en regardant sa bouche charnue surmontée d'un fin sourire aguicheur, son esprit se perdant dans des pensées nouvelles qu'il avait du mal à décrypter.. 
"Merci..."
La jeune femme éteint la lumière et il se mit à trifouiller dans les draps à tâtons pour s'allonger auprès d'elle avant de se figer, son cœur s'affolant, au bord du malaise, se sentant au paroxysme de la tension beaucoup trop forte qui fit presque saigner son nez : il avait les doigts sur sa cuisse nue et il ne put contrôler sa tremblote nerveuse et son sang affluant à toute vitesse entre ses cuisses fébriles...
"Ooooh non, pardon..."
Jessie l'observait dans la pénombre de ses yeux pétillants remplis d'envie de lui
"C'est rien, viens..."


Epoque actuelle. Jadielle (Kanto)

"Allez, encore un ptit effort, mon...NON Jessie, non attention ma puce, y a une marche, voilà..."
James ne se rendit même pas compte qu'il l'avait appelé ainsi, comme un réflexe inconscient, et il poussa difficilement la porte derrière lui, soutenant Jessie qui était totalement affalée sur son épaule, comme une poupée de chiffon, trébuchant sur tous les obstacles, dans un état second, à la limite du coma, sa si belle robe rouge pleine de vomi, que le jeune homme avait grossièrement enlevé à l'aide de mouchoirs... Elle ne comprenait plus rien, marchait sans savoir où elle mettait les pieds, comme si elle voyait le monde extérieur à travers des lunettes de réalité virtuelle mal réglées.. Il l'allongea sur le sofa dur comme un bois de la suite miteuse du QG que Giovanni leur avait proposé, prenant soin de ne pas réveiller Miaouss, et se dépêcha de fermer la porte sur la pointe des pieds avant de retourner auprès de Jessie et de lui enlever ses chaussures
"Pardon James... pardon pardon pardon...", gémit elle encore, trop honteuse, voyant la pièce en double tourner tout autours d'elle
"C'est rien Jessie, allez, redresse toi..." Il n'avait pas envie de discuter avec elle, de peur de la froisser encore plus, de la vexer, de la faire partir dans une colère noire.. et honnêtement il était à bout de nerfs, fatigué, lessivé émotionnellement. Il saisi sa robe doucement et lui enleva tandis qu'elle pleurait faiblement, ayant bien trop honte, se sentant comme la pire raclure de la terre, et voilà qu'il la déshabillait, qu'il s'occupait d'elle après qu'elle se soit ridiculisée, qu'il l'ai rejeté. Elle vivait une véritable humiliation. La sentence suprême. Il déposa la robe sale dans un coin
"Allez, viens..."
Le jeune homme prit doucement ses mains et l'aida a s'assoir, la stabilisant tandis qu'elle tanguait, se sentant comme sur un voilier en proie à une houle déchaînée de vapeur d'alcool, avant de la soutenir sur son épaule à nouveau pour la conduire jusqu'à la salle de bain 
"Ne pleure pas Jessie, ca va aller, j'te l'promet..."
"James j'ai tellement honte..."
Elle se cachait le visage, comme pour ne pas admettre cette réalité trop dégradante, se mordant les lèvres pour ne pas craquer davantage, elle se sentait partir, tomber dans les pommes, la pièce tournait trop vite, les faibles néons de la salle de bain lui semblaient être d'affreux et aveuglants stroboscopes qui l'assaillaient un peu plus et...
"Jessie, t'endors pas..."
James la secoua doucement pour ne pas qu'elle perde connaissance et souleva un peu sa jambe afin de lui enlever sa culotte. Elle avait eu une absence, ne sachant même pas combien de temps s'était écoulé... et elle explosa en sanglots, croisant les jambes en essayant tant bien que mal de cacher sa poitrine...
"Laisse moi tranquille, je t'en supplie..."
Mais elle n'avait plus de forces, elle ne comprenait plus rien, elle voyait flou, sombre, elle avait l'impression d'être dans un terrible et malsain jeu de colin maillard... quand tout à coup elle senti l'eau chaude s'écouler sur elle, sur ses épaules, glisser le long de ses bras, de sa poitrine, lui brûlant presque la peau de honte, faisant contraste dans les carreaux froids qui lui gelaient le cœur, engourdissaient tous des membres fébriles 
"Ferme les yeux..."
Elle obéit et bientôt elle senti le liquide l'encercler et imprégner sa longue chevelure, ruisseler sur ses paupières gonflées et douloureuses, rouges, irritées, sur ses cernes rongées par le sel de ses larmes...
"Je suis désolée, je suis désolée..."
James lui donna le pommeau avant de faire mousser le shampoing. Elle perdit connaissance quelques instants avant de sentir la main de son meilleur ami glisser le long de son bras avant de caresser sa poitrine afin de la savonner. Elle se remit à pleurer
"Arrête... c'est humiliant..."
James ne sourcillait pas : il descendit sa main et la passa entre ses cuisses : il connaissait son corps par cœur, et bien que les années aient passé, qu'Elias ait abîmé sa plastique, que Victoire ait déformé ses courbes, elle était toujours la même... Mais il avait l'impression de la violer, de lui faire du mal, et chacun de ses gestes semblaient assaillir Jessie d'un violent coup de couteau... mais malheureusement c'était nécessaire. Il ne s'attarda pas trop, le cœur lourd, la gorge nouée, ayant l'impression d'être un bourreau, de la torturer, et rinça minutieusement sa peau et sa chevelure avant d'éteindre l'eau et de se précipiter vers elle avec une serviette pour ne pas qu'elle prenne froid.. 
"Tiens toi à moi, je vais t'emmener dans le lit..."
Il essaya de l'habiller mais elle s'écroulait sur le lit à peine assise, aussi James la glissa sous les draps tandis qu'elle sombra aussitôt, se sentant à l'abri, en sécurité, écrasée par le poids des couvertures, mais ses larmes ne cessaient de couler, elle avait besoin d'évacuer toute cette pression, la honte ne la quittant pas tandis que son équipier posa la brosse à cheveux sur la table de chevet après lui avoir démêler les cheveux...
"Je suis désolée..", gémit elle encore dans une plainte de douleur profonde  en sentant ses doigts caresser tendrement sa joue et recueillir ses larmes 
"Eh chut..."
Elle ouvrit difficilement les yeux et le regarda dans la pénombre, bouleversée par son sourire attendrit et terriblement sincère 
"Je suis désolée...", chuchota t elle encore en lui prenant la main qui glissait sur sa peau
"Ne t'excuses pas Jessie... c'est moi qui m'excuse, j'aurai du te dire la vérité... je m'en veux tellement et je... je t'aime Jessie, et maintenant je veux que tu dormes d'accord...?"
Et il resta la, des heures et des heures, à la regarder dormir, la cajoler, la protéger de son passé, de ses demons, s'efforçant de la rassurer dans ses rêves, caressant ses cheveux tendrement, chamboulé, ne sachant plus quoi penser, fou amoureux d'elle, sa Jessie... et s'il ne pouvait jamais retourner dans son époque...? 
Il se releva et se mit sur l'ordinateur, épuisé. Il ne lui en voulait pas d'avoir trop bu la veille, de toute façon il était vraiment trop fatigué pour y réfléchir davantage... mais il avait d'autres projets pour la matinée : il avait préparé son intervention et il disposait maintenant de toutes les informations indispensables. Après avoir tapé "Jolene Parker" dans la barre recherche Google, il était tombé sur divers articles de journaux régionaux vantant son intelligence précoce extraordinaire, des sites de chimie, puis le plus important, des petites annonces comme quoi elle donnait des cours particuliers, puis un numéro, une adresse... 

 

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Date de dernière mise à jour : 18/04/2017

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