Pendant ce temps, dans le présent, une agitation inimaginable tournait autour de l’organisation. Le trio avait provoqué une explosion dans les sous-sols lors de leur téléportation vers le passé. C’est ce qui avait interpellé deux sbires qui avaient alors découvert l’horrible scène : un ancien laboratoire entièrement détruit, des éclats de verre sur le sol, et une étrange odeur planant dans l’air. Ils avaient immédiatement averti les lieutenants, qui inspectèrent la pièce de fond en comble et firent alors une étrange découverte. L’objet en question avait été dérobé. Ils écrivirent un rapport détaillé à Giovanni. Des équipes passèrent le lendemain même, à essayer de mettre la main sur les coupables. Toute la journée, des scientifiques avaient alors prélevé des mèches de cheveux et de poils. C’est après des tests d’ADN qu’ils découvrirent l’identité des voleurs.
Le soir venu, une cellule de crise se réunissait dans le bureau du boss. Ce dernier avait organisé une sorte de réunion privée et avait alors invité les quatre commandants de la Team Rocket. En vérité, tous devaient être en déplacement pour Johto, mais l’affaire ne tolérait aucun délai et devait être jugée trop importante pour pouvoir l’éviter. Il fallait agir au plus vite. Mais les réactions ne furent pas celles escomptées : Ariane restait neutre ; Amos se trouva être stressé et choqué par les soudaines révélations ; Lance était aussi révolté que son patron, et ne manqua pas de le démontrer en tapant du poing sur la table ; quant à Lambda, qui venait tout juste d’apprendre la nouvelle, il n’avait pas l’air aussi préoccupé que les autres, mais était plus amusé qu’ébranlé par l’averse de sourires et de détournements de regard qu’il procurait.
– Je suis navré, mais hélas, trois agents ont réussi à rentrer dans les caves et…
– Pourrais-je savoir leur identité ? interrompit Giovanni, sur les nerfs.
Amos lui avoua, son visage en sueur.
– Eh bien, il s’agit de Jessica Austin, James Morgan ainsi que Miaouss.
Giovanni tapa du point sur la table, de rage.
– EUX ?! J’aurais dû m’en douter… grogna-t-il.
Lance posa alors une question.
– Monsieur, qu’allons-nous faire ?
Celui-ci soupira et se rassit, les sourcils froncés.
– Je vais devoir me débrouiller pour les faire sortir de cette galère…
Au même moment, sa femme se leva et lui massa les épaules, un sourire en coin.
– Mon ami, essayez un peu de vous détendre, allez donc prendre un café pour vous calmer.
– Décidément, cette bande d’imbéciles m’aura donné du fil à retordre… ronchonna-t-il en regardant sur sa droite.
– Monsieur, vous avez reçu un appel très urgent dans la salle 110.
– Bien, j’arrive. La réunion est maintenant terminée, vous pouvez prendre congé.
Le boss quitta la pièce de ce pas.
– Comment l’organisation a pu engager des minables…
– Lance, voyons…
– Ahlala, c’est si dommage ! Je les imaginais bien plus intelligents que ça.
– Eux, intelligents ? Arrête tes conneries, Lambda… Ce sont bien les seuls à n’avoir jamais monté en grade ou encore moins à avoir réalisé une mission !
– En tout cas, ils ont enfreint l’une des règles, et ça, c’est grave, fit Amos. Ils risquent de passer un sale moment auprès du patron.
– Mais je ne pensais pas qu’ils allaient le faire pour de vrai… fit Lambda.
Mais Lance l’interrompit, irrité.
– Tu as fait quoi ? hurla-t-il, choqué.
Ce dernier lui adressa un sourire mesquin comme pour le provoquer.
– Ce chat avait l’air plutôt perdu et triste, je devais tout de même l’aider, le comprends-tu ?
Pris dans une colère sombre, le jeune lieutenant l’attrapa par le col.
– Écoute-moi bien, espèce de salaud, si tu as quelque chose à voir avec cette histoire, je te jure que…
– Ahhww… tu… tu m’étrangles… LANCE !!!!
La femme se mit entre les deux et leur dit calmement.
– Allons messieurs, inutile de vous quereller pour un simple malentendu…
– Un malentendu ?! J’ai cru mal entendre. Je vous rappelle, Ariane, que cette pourriture a divulgué des informations de l’organisation, aussi personnelles soient-elles dans les mains mal attentionnées de stupides sbires.
– Je suis désolé, j’ai cru bien faire… dit-il en riant.
– De toute manière, Giovanni va le savoir tôt ou tard. Tu devrais commencer à préparer ta valise avant qu’il te vire pour de bon cette fois-ci.
– Ou… Nous pouvons toutefois trouver un arrangement pour que le boss soit complètement aveuglé par cette affaire. Ria t-elle, en s’approchant du sbire.
– Comme à notre habitude, Ariane. Fit t-il, en lui serrant la main.
– Mais bien entendu, Lambda…
Lance, soupira exaspérer.
– Rahh je n’y crois pas… Je travaille avec trois morveux, c’est complètement aberrant !
***
Pendant ce temps, dans les hautes collines, on pouvait entendre et sentir le souffle de la tempête de neige dans les Andes. Il neigeait, il faisait froid. De quoi attraper une bonne grippe, pensaient les deux amis, grelottants de tous leurs membres, essayant tant bien que mal de se réchauffer corporellement. Rien qu’une petite brise glaciale les refroidit sur place.
Ils avaient une nouvelle fois attendu, pendant des heures dans cette immense grotte sans s’adresser un mot. Ils se contenaient seulement de réparer ou de changer les batteries des appareils auditifs qu’ils placeraient un peu partout dans la montagne.
La tempête de neige venait de se calmer, et le froid semblait moins glacial qu’avant. Ils décidèrent de sortir pour voir s’ils pouvaient commencer leur travail. Pourtant, la jeune femme qui les accompagnait ne semblait pas être atteinte par le froid, au contraire. Elle n’arrêtait pas de bouger et d’être active, à l’opposé de notre duo, elle était complètement déterminée. En effet, cette dernière continuait de chercher tout au long du trajet, ne pensant plus au danger de la montagne. Le trio avait beau l’avertir et la prévenir que ce n’était pas encore le moment pour entamer sa mission, mais celle-ci se tut et continua malgré tout. Pensant comme des gentlemen, ils décidèrent de ne pas la laisser seule. C’est vrai, abandonner une personne errant dans la nature de la sorte ne serait pas très digne de leur part. Ils continuaient donc de la suivre. Celle-ci semblait se balader avec un magnétophone.
– Mew ! Mew ! Où es-tu ? Après tout, je suis Miyamoto. Je ne veux pas être séparée de ma fille au moment où elle se mariera... Je veux lui permettre de porter une belle robe de mariée. Mew ! Sors ! C’est moi, Miyamoto-chan.
– J’en ai marre d’attendre, je vais demander de l’aide, dit Jessie en se levant.
– Attends, où comptes-tu aller, Jessie ? demanda James, stressé.
– Je vais voir s’il n’y a pas de station dans les environs. Vous deux, restez là pour la surveiller.
– Mais attends, c’est vraiment dangereux de partir seule, surtout avec cette neige qui…
– QUOI ?! Tu me sous-estimes maintenant ?! dit-elle, toute irritée.
Le jeune homme battit en retraite.
– Mais non… Ce n’est pas ce que je voulais dire…
Jessie s’en alla au loin, seule dans le froid.
– Bravo, tu l’as fait fuir… fit Miaouss.
– Ce n’était pas voulu…
Les deux amis regardèrent Miyamoto avec attention. Elle avait l’air plutôt sérieuse quand elle disait qu’elle était à la recherche de ce fameux Pokémon. Néanmoins, ils s’installèrent sur un de ces rochers pleins de neige, contemplant son magnifique numéro de loin. En réalité, elle leur avait donné l’ordre d’attendre pendant qu’elle enregistrait un morceau pour « le travail » quelques mètres plus loin. Ça leur permettait aussi de se reposer de toute la marche qu’ils avaient dû subir jusqu’à présent.
– Tu crois qu’on devrait lui dire que Mew n’est plus ici ? demanda ironiquement Miaouss.
– Je t’avoue que je ne sais pas trop... souffla James, définitivement désespéré.
Au bout d’un moment, la jeune femme vint à eux, affolée et leur montra son appareil complètement cassé et inutile.
– Je suis désolée, le GPS a cessé de fonctionner…
– Jessie va péter un câble cette fois-ci… soupira James.
– Je le crains.
James demanda donc, désespérément.
– Autrement dit, nous sommes perdus ?
– Non, faites-moi confiance, je connais les moindres recoins de cette forêt ! dit la femme aux cheveux violets.
– Comme si c’était facile à dire ! fit remarquer Miaouss.
La femme essaya tant bien que mal de régler sa machine, mais en vain. Elle ne fonctionnait plus. Elle la jeta alors au loin, énervée. Soudain, elle s’avança près du jeune homme, avec une idée bien particulière dans la tête.
– Permettez..., lui dit-elle, le prenant par le bras comme un couple de jeunes mariés.
Ils marchèrent tous les deux, côte à côte au milieu de la neige, s’éloignant peu à peu du jeune chat qui les observait de loin, sans se douter de quoi que ce soit. Le jeune homme l’observa attentivement. Il n’y avait pas de doute, c’était le portrait craché de Jessie.
– Donc comme ça, vous vous appelez James ?
– Oui, oui… tout… tout à fait, madame, bégaya-t-il.
Elle se colla à lui, l’air insistant.
– Vous savez, c’est un joli prénom pour un si beau garçon…
– Merci, pour vos compliments… fit-il avec gêne, les joues cramoisies.
Le chaton commençait à perdre patience et se demandait bien ce qu’ils pouvaient tous les deux comploter pour pouvoir tourner en rond de la sorte.
Miyamoto s’arrêta et lui prit les mains. Elle l’observa un instant et lui demanda directement avec un sourire mesquin.
– Est-ce que par hasard vous avez une petite copine ? Vous savez, vous pouvez tout me dire ! lui dit-elle en rigolant. Est-ce que je la connais au moins ?
– Euhhhh…
James allait bel et bien éclater au vu de ses questions. Il n’avait qu’une envie, c’était de partir mais il ne pouvait pas, c’était la mère de sa meilleure amie.
– Ou bien, amoureux ! Ohhh amoureux, c’est tellement mignon. Qui est l’heureuse élue ?
– Haha, pourquoi vous me posez ce genre de questions ? Est-ce de la plaisanterie ?
– Je ne plaisante jamais, vous êtes si beau, si fort, vous feriez un excellent gendre si ma fille devait avoir votre âge.
Le jeune homme ne trouvait plus les mots pour lui répondre tant le malaise était présent mais surtout prêtait à confusion. Il se contenta tout simplement de lui sourire timidement.
– Ah bon ? Haha… Vous… vous trouvez ? lui dit-il tout en se grattant nerveusement la nuque.
Cette dernière le regarda, toute ravie, et continua de le chahuter.
– Oui bien sûr ! Je veux la marier plus tard, dit-elle avec joie. Je veux qu’elle puisse trouver l’amour, un homme beau et gentil qui la rendra sûrement heureuse !
James rit malgré lui, même si cet humour-là n’était pas trop au rendez-vous.
– Vous avez une belle vision de l’avenir…
– Mais c’est important de l’envisager, lui dit-elle, en lui souriant.
Ils aperçurent la jeune rouquine au loin, revenant énervée et toute frustrée.
– JE SUIS DE RETOUR ! ET IL Y A RIEN AUTOUR ! C’EST LE VIDE…
– Boh tu t’attendais à des centres commerciaux pôt-être ?! Fit Miaouss, en s’approchant d’elle.
– C’est normal, Jessica, nous sommes en pleine nature.
– Bah merci, comme si je ne m’en serais jamais douté !
La jeune femme s’était contentée de pousser une pomme de pin devant elle à coup de pied. Et il fallut qu’un Groupix jaillisse soudain devant elle, lui provoquant un petit sursaut avant de disparaître quelque part derrière un rocher. James se frottait les yeux, incrédule quant à Jessie, celle-ci semblait immergée dans ses pensées, contemplant le lieu naturel. Était-ce pour cela que toutes les feuilles s’agitaient ainsi ?
Le chemin qui menait jusqu’aux collines leur avait semblé long. Seulement, entre temps, la tempête de neige était de retour, et beaucoup plus forte que la précédente. Ils décidèrent une nouvelle fois de se protéger dans une grotte le temps qu’elle se calme.
Date de dernière mise à jour : 02/07/2020