Nos maux d’amour
Le concert avait débuté. La foule dansait et connaissait les paroles de la chanson par cœur. Des paroles simples, certes mais vite. C’était une discothèque en plein air. Vous savez, cette nouvelle mode qui venait à peine de se propager à travers tous les réseaux sociaux et dont les jeunes venaient pour s’amuser toute la soirée jusqu’à trois heures du matin. Oui, c’était un endroit parfait pour oublier tous les soucis de la vie commune.
Un jeune homme d’une vingtaine d’année venait de rentrer dans la salle, l’air triste et soucieux.
Il ne savait même pas comment il s’était retrouvé là, était-ce sûrement son subcontinent qui l’avait guidé jusqu’ici ? il n’en n’avait pas la preuve, mais il était certain que c’était un coup du destin. Celui-ci se dirigea d’un pas tranquille vers le comptoir pour commander un verre. Il revenait ensuite avec deux verres de vin rouges à la main. Il avait un rire un peu ironique qui vous atteignent de côté comme un sourire. Il était romantique et charmeur, et presque la moitié des femmes dans la salle tombèrent sous son charme.
En seulement une soirée, les regards étaient braqués sur lui et il en était fière. C’était une première fois, mais ça ne le déplaisait pas. En effet, le jeune homme essaya de noyer son chagrin à travers l’alcool, ce qui était tout à fait normal. Il venait de se disputer avec une amie, et cette amie comptait plus que tout au monde pour lui. Cependant, elle avait juré de ne plus jamais le revoir et souhait même qu’il disparaisse.
C’était seulement après la troisième bouteille, et il était saoule. Il n’était plus le même et se prenait pour un autre. Dans les bras des filles en tenue légère, il flirtait sans même se rendre compte. Il venait à peine de rencontrer quelques-unes, que ces dernières lui ont donné leurs adresses de leurs maisons. Si cette situation paraissait à la fois si bizarre, James, lui, trouvait cela mystérieux mais surtout excitant. Quant à faire, quoi de plus joyeux que de faire de nouvelles rencontres pour se remonter la morale.
Alors que tout se passe bien pour le jeune homme, une curieuse connaissance venait de rentrer dans la pièce. Elle était aussi de son âge, grande, belle, aux yeux bleus. Elle cherchait quelqu’un en particulier, regardant naïvement à droite et à gauche jusqu’à qu’elle finisse par le trouver. Elle s’avança d’un pas sûr devant lui.
- James ?! je peux savoir ce que tu fais là ? Gronda-t-elle.
Ce dernier se retourna, tout irrité.
- Ça ne se voit pas que j’picole ?
La jeune rouquine s’avança près du groupe d’un air agressif en pointant du doigt la femme qui était sur les genoux de son coéquipier.
- Tu peux m’expliquer ?!
- Tiens, c’est qui celle-là ? Demanda la blonde.
- Oh, Juste ma collègue de travail. Fit-il en finissant d’un coup sec sa boisson.
- Ce n’est pas celle qui t’avais rejeté parce que tu n’étais pas un homme pour elle ? elle et nulle !
Cette prétentieuse avait touché le fond. La jeune rouquine commença à monter en crescendo.
- C’EST TOI LA NULLE ! ET JUSTE TA COLLEGUE DE TRAVAIL ?! JAMES ! Mais… Elle boucha son nez. Tu pues l’alcool ! il faut que je te ramène à la maison !
Si James s'était retrouvé dans ce lieu, ce n'était pas un hasard. Quelques heures plus tôt, il s'était disputé avec sa meilleure amie qui ne cessait de le ridiculiser devant chaque personne, le traitant d'incapable à tout vent au point de lui dire qu'il n'était pas un véritable homme. C'en été trop, il piaqua une colère noire et il partit. Jessie le chercha toute la journée en vain pour le trouver au soir dans ce trou perdu.
Jessie prit James par le bras avant de se prendre une réflexion de la part d’une de ces filles arrogantes.
- T’es sa copine, peut-être ?
La jeune femme fronça ses sourcils.
- Eh, toi miss j’me tartine trop l’visage, j’te conseille de ne pas trop t’approcher de mon meilleur ami car sinon, je te refais la face toute entière !
La jeune brune ria aux éclats avant de poser son verre narcissiquement.
- Bah quoi, t’es jalouse ?
- Je suis le maitre maintenant, celui qui dirige tout sur tout. Fit James d’un air déterminé, en repoussant légèrement sa coéquipière sur le côté.
- Oh James, tu es tellement adorable ! s'exclama une fille.
- James, épouse-moi ! Rajouta une autre.
Des inconnus commencèrent à regarder de travers l'homme aux cheveux bleus qui se donnait en spectacle, ce qui avait don d'énerver encore plus son équipière. Elle le tira vers elle.
- James, rentrons maintenant. C’est un ordre !
Il la repoussa violement à nouveau.
- Non. Je ne retournerai pas chez nous. Finalement, je sais ce que tu ressens quand tous tes regards sont braqués sur toi !
- Mais qu’est-ce que… Fit Jessie, choquée.
Il se mit dos au bar.
- C’est ma tournée les filles !
James prit plusieurs types d’alcool, en essayant de cocotter un mojito ou une pina colada sous les commentaires des filles qu’il attirait.
- Moi, j’le trouve trop mignon en barman…
- James est le petit copain parfait !
La jeune brune au premier rang dévoila son décolleter au jeune homme de manière provoquante.
- Dis-moi James, tu ne veux pas qu’on se fasse un rencart, juste toi et moi ?
- QUOI ?! Allez James, on s’en va…. Insista Jessie.
- Jess, franchement, tu avais raison, il est temps que je devienne un homme, et un vrai ! Il se retourna vers la demoiselle. Donc accordé, c’est où ? Demanda-t-il au groupe, le sourire narquois.
- Non ! ses intentions sont mauvaises. Viens avec moi, tu me remercieras plus tard !
Jessie entraina de force James par le poignet et essaya de se frayer un chemin à travers les danseurs sur la piste.
- Oh non mais lâche-moi ! Jessie… ! chouina -t-il.
- James, tu es bourré ! dit-elle en serrant les dents.
- Boh non pas du tout…
Bien que James se débattait, il n’arrêtait pas de coller sa main devant sa bouche, ce qui alerta sa meilleure amie qui se tourna vers lui.
- Quoi ?! qu’est ce qu’il y a ?
Elle l'observa et remarqua qu'il était devenu plus pâle que d'habitude.
- Attends… je crois que je vais…VOMIR !
- AH NON, PAS SUR MA ROBE ! Hurla t-elle.
- Jessie !
Le bruit assourdissant de la musique n'aidait pas. Si James s'arrête, il est claire qu'il va tomber dans les pommes. La jeune femme accéléra plus vite la marche.
- On y est presque ! regarde James ! la sortie !
- Il est trop…
Et l’irréparable se produit. James, au beau milieu de la foule finit par donner la pire image de lui en recrachant tout ce qu’il avait ingurgité sur le beau tapis rouge qui ornait l’entrée. La jeune rouquine se trouait humiliée, et sa robe fut saccagée. Puisque l’alcool aggravait son syndrome du côlon irritable, sa meilleure amie a alors accepté d’être son chauffeur. La route fut longue et interminable, et le jeune homme s’endormit pendant quelques minutes. Jessie quant à elle, puait le vomi à plein nez. Elle marmonnait des insultes à tout vent, non pas parce que sa robe était fichue, mais parce qu’elle s’était laissée insultée par trois filles. Elle ne pouvait tout simplement pas l’avaler. Elle ne cessait d’appuyer sur le champignon, et frôla l’accident.
Arrivé à la maison, Jessie porta le corps de son ami avec l’aide de Miaouss et l’emmena jusqu’au salon. Ils le déposèrent délicatement sur le sofa sous le regard neutre de la jeune rouquine qui était tout autant désespéré que le jeune chat.
- Tu penses que ça va aller ? Demanda son ami, encore inquiêt.
- Oui. Je vais m’occuper de lui. Pars donc te coucher, Miaouss. Demain, une longue journée nous attend.
- Bien, bonne nuit Jessie !
Il monta les escaliers. La jeune femme lui adressa un sourire fatigué, puis s’avança vers James, encore endormi.
- Toi alors, qui aurait cru que tu plairais à autant de mégères…
Elle alla ensuite à la douche, pour se débarrasser des autres substances qu’elle a reçu sur son corps. Elle se démaquilla et enleva tout le maquillage sur son visage, se dévoilant alors au naturel. Une heure plus tard, elle sortit avec une nuisette noire sur elle. Comme si elle ne crevait pas de chaud comme ça ! L’été n’aide vraiment à rien. Une fois propre, elle s’en alla au rez-de chaussé avec un gang de toilette humide. Se trouvant debout, elle resta figée pendant quelques instants, n’ayant plus la force de descendre la dernière marche. En face d'elle, James dormait encore à poing fermé. On aurait dit un Ronflex mélangés à l’odeur l’alcool et de la transpiration. Jessie soupira. Il était une heure du matin, et elle en pouvait plus. Le miroir posé sur la table lui traduisait déjà des cernes importantes.
La jeune femme s’accroupit malgré elle, et admira le visage calme de son meilleur ami. Il semblait apaisé, c'est ce qui l’intriguait. Elle remarquait chaque détail : Son nez pointu, sa bouche toute fine empestant la pourriture, ses petites joues encore toutes rouges et chaudes. Après ce temps de réflexion, elle mit délicatement le tissus mouillé sur l’une de ses joues brulantes.
- Ahhh… Gémit t-il.
- Tiens-toi tranquille, j’essaye de t’aider… Chuchota-t-elle, doucement.
Mince, il venait de se réveiller, mais ça n’empêcha pas sa meilleure amie de continuer ce qu’elle avait à faire. Elle taponnait aux extrémités de son visage, puis releva ses cheveux de devant et les mis directement en arrière afin de déposer un peu d’eau fraiche sur son front pour de le rafraichir.
- Franchement, dans quel état t-es-tu encore mis ? tu ne m’avais jamais fait ça….
James ne répondit pas, il se contenta seulement de braquer son regard vers son équipière qui l'engueula encore un peu sans émettre la moindre expression.
- Ne me fais plus ça, tu sais que j’ai eu la peur de ma vie !
Il ne dit rien, ce qui avait don d’énerver soudainement sa meilleure amie.
- Eh, tu m’écoutes au moins ?! décidément, tu fais tout de travers depuis hier.
Elle continua de le rafraichir, mais lorsqu’elle leva la tête, elle constata qu’il regardait sa poitrine à moitié dévoilée et l’ensemble de sa corps dénudé. En même temps, sa position ne l’aidait pas. Elle était accroupie sur lui.
La jeune femme corrompue, fronça alors les sourcils en le disputant à nouveau.
- Qu’est-ce que tu regardes, là ?! Tu as vraiment changé en à peine une soirée.
Un silence fut. Il émit un profond soupire avant de déclarer quelque chose qu’il n’oserait jamais lui dire auparavant.
- Qu’est-ce que tu es belle…
- Hein ?
Elle resta abasourdie.
- J’avais oublié à quel point le visage d’une femme était si doux…
La jeune femme arrêta ses mouvements d’un geste brusque, puis fixa James droit dans les yeux.
- Tu délires avec tout ce que tu as bu….
- Non, c’est vrai. Je t’ai toujours trouvé magnifique, resplendissante, époustouflante ! si je le pouvais, je te donnerai tous les adjectifs du monde pour te qualifier de déesse. Tu es la seule femme qui me fait ressentir des choses qui me sont inconnu. Comment expliques-tu que mon cœur bat à la chamade à chaque fois que je te vois.
- James…
- Tu es si belle sans maquillage, Jessie !
- Qu’est-ce que, tu…
- Bon sang… Je… Je crois que je suis amoureux.
- Attends ! tout ça part un peu trop vite, tu…. Tu ne crois pas ?!
- J’ai passé dix années de ma vie à t’aimer, et toi tu n’avais que dieu pour tous ces abrutis ! mais comment peux-tu être aussi aveugle Jessie ?!
La jeune femme sursauta, la bouche grande ouverte, les yeux toujours écarquillés, le regardant fixement avec crainte. Celle-ci n’osait faire un geste, elle resta muette et chiffonna maladroitement sa serviette qu’elle venait de prendre sur sa table de nuit. En effet, prenait doucement conscience des paroles de son partenaire, et resta dans le néant encore pendant quelques secondes avant de réaliser ce qu’il venait de se passer. James, comment a pu-t-il dire un chose pareil ? pour elle, c’était nouveau, une nouvelle révélation, pourtant les éléments ne trompait pas : Il avait de l’admiration pour elle, et ça se voyait. Le fait qu’elle n’ait pas pris conscience la fait en quelque sorte culpabiliser. Jessie détournait le regard pour ne pas avoir à faire au jeune homme même s’il était ivre et dans le délire, car elle voulait au minimum conserver sa fierté de femme forte et autoritaire.
James quant à lui, suffoqua. Il avait la tête qui tourne, et les mots sortaient de sa bouche sans relâche.
- Jessie, pourquoi sommes-nous arrivé là ? si tu m’avais au moins regardé une fois, tu aurais su, et nous serions peut-être ensemble aujourd’hui !
- OH MAIS ! si tu avais franchi le premier pas, peut-être… Peut-être que les choses auraient changées… Mais qu’est-ce que je raconte ?! dit-elle, en rougissant.
Il commençait à devenir gênant, et le malaise se faisait ressentir. Même la jeune femme s’emportait sans trop le vouloir.
- De toute manière, je ne suis pas à ton goût, alors … Fit -il en détournant le regard.
- Ah oui, pourquoi ? Demanda-t-elle, de dos.
Le jeune homme se mit en tailleur sur le lit, certaines mèches se collaient sur son visage, et il dit d’une voix, tremblante.
- Bah voyons, tu aimes les mecs qui sont baraqués, macho et bourré de frics. Moi, je ne suis rien de tout cela… Je ne suis qu’un pauvre type sensible, pas fort et, qui pleurniche pour tout et pour rien… Qu’est-ce qu’un homme comme moi pourrait t’apporter davantage ?
- C’est drôle, je t’ai connu bien autrement, tu sais, là tu te sous-estime.
- Me sous-estimer ? Tu… Tu m’as toujours traité comme un moins que rien… Dit-t-il, en levant les yeux.
Jessie s’approcha à quelques millimètres du visage de James avec insistance. Elle fit une pause, puis reprit sérieusement en le regardant droit dans les yeux.
- Tu sais pourquoi j’essaye d’en voir d’autres ?
- Pourquoi ? Fit-t-il, en restant attentif.
- C’est parce-que tu es justement le genre de garçon qui me fait craquer imbécile !
Il resta sans voix. Il n’y croyait pas. Alors depuis tout ce temps, elle l’aimait de la même façon que lui ? c’était à peine incroyable. Toute leur relation qu’ils avaient construite à deux cachait en réalité des véritables sentiments amoureux. Jessie se retrouva toute rouge devant son équipier, qui resta bloquer, la bouche ouverte.
- James, tu comptes beaucoup pour moi…. Tu le sais…
Elle détourna son regard, vite fait. James adressa un sourire de soulagement.
- Et toi, tu m’as jeté un sort depuis qu’on se connait…
La jeune femme le regarda à nouveau, se sentant à nouveau désirée.
- James…
- Jessie, est-ce que tu pourrais me faire une faveur ?
Elle le regarda sérieusement.
- Quoi donc ?
- Est-ce que… Est-ce que je pourrais te voler un baiser ?
Ils rougirent en même temps.
- JAMES ! Ce n’est pas parce que je te fais des compliments qu’il faut s’emporter ! De quoi aurai-je l’air après pour toi ? de Miaouss demain ? tu te rends compte que….
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle senti des lèvres chaudes et agréables se poser sur les siennes. Elle ouvrit grand les yeux, et vit ce qu’elle vit. Elle et ne pouvait pas le croire, c’était la première fois que James prenait les dessus envers sa partenaire. Ce soir, il avait une confiance tellement inouïe qu’il l’a pris à califourchon sur lui et l’enlaça de toutes ses forces. La chaleur était toujours aussi écrasante et brulante, mais ils étaient bien dans cette position qu’ils finissement par s’endormir collés l’un à l’autre durant toute la nuit.
Le lendemain matin, alors que le soleil se filtrait à merveille avec les carreaux des fenêtres, James fut le premier à se réveiller avec des douleurs crâniennes.
- Rahh ! J’ai mal à la tête… Ça fait mal !
Jessie se réveilla à son tour, confuse et mal à l’aise.
- Ah pardon, je me suis endormie sur toi !
- Ce…Ce n’est pas grave. Au fait, qu’est-ce que je fais ici ?
Il se re rappelait de rien, et Jessie le fixa avec des gros yeux. Tout lui revient avec ce fameux baiser…
- Tu… tu ne te souviens de rien ?
- Non, pourquoi ?
Jessie se rendit compte qu’elle avait les yeux fixés sur lui, ce qui la déstabilisa.
- Euhh Pour…Pour rien.
La jeune femme se trouva immobile face à son ami désorienté. Elle prit son courage à deux mains, et se déclara.
- James, je suis si désolée pour ce qu’il s’était passé hier….
Il n’en croyait pas ses oreilles mais resta calme.
- Attends, tu viens de te t’excuser ?
- Oui pourquoi, ça t’étonne ?!
- Non pas tellement… Allons bon. Nous devons commencer à nous préparer, fit-il. Le pikachu du morveux ne va pas nous filer à nouveau !
- Attends, James !
Elle ne comprenait plus son attitude. Comment peut-il ne plus de se souvenir de quelque chose de si important ? fait-il exprès pour que tout revienne à la normal ? Peu importe. A ce moment précis, Jessie comprit que son coéquipier était enfin devenu un homme. Miaouss quant à lui, buvait son thé, assistant alors à toute la scène. Il était assis par terre et lâcha un immense sourire au coin de sa bouche.
- Ah, ces deux-là ne manquent pas d’air.
Date de dernière mise à jour : 02/07/2020