Le premier mariage de Mondo

C'était un jour banal, une après-midi de fin d'été, douce et agréable. Les rues de Jadielle étaient bondées de monde et pour cause, c'était le jour du vide grenier. Entre les stands jonchés de vieilleries, James tentait de se frayer un chemin jusque chez le notaire, pour donner un papier manquant. Il aurait pu y aller avant, c'est vrai, mais Jessie était fatiguée, et avec sa grossesse avancée il ne vallait mieux pas prendre de risque : il s'était occupé de Victoire toute la semaine, et entre le travail, les allers-retours au manoir et à l'hôpital pour voir son père, les rendez-vous avec l'entrepreneur pour la maison... Et bien il avait oublié. Une douce odeur de Barbapapa embaumait tout le vieux Jadielle, et les terrasses des cafés étaient remplies, d'ailleurs, au bar du coin de l'avenue, d'anciens membre de la Team Rocket discutaient autours de divers cocktails, disposés sur la grande table...

"-A notre vieil ami Mondo, le comdamné à mort qui s'est fait passer la corde au cou, félicitations mon vieux..."

Attila avait levé son Whisky le premier, et ses amis avaient suivi. Les rires et les anecdotes fusaient autours de la table : Moka était là, avec ses anciens équipiers, ainsi que quelques autres sbires. Les temps avaient changé depuis toutes ces années, et son amitié avec Monika lui avait permit d'appréhender les choses différemment : aujourd'hui, c'était eux qu'il fréquentait, même si au fond il n'avait jamais oublié ses amis, ses équipiers, qui eux, s'étaient évaporés dans la nature sans donner de nouvelles. Finalement, il n'y pensait plus vraiment, même s'il avait hésité longtemps avant de demander Chiara en mariage : après tout, quelques parts dans ce monde, Jessica était là, probablement toujours aussi belle, et elle était peut-être seule, disponible, peut-être qu'un jour, il finirait par la recroiser, qui sait... Mais il s'était résigné : elle devait avoir fait sa vie, et probablement l'avoir oublié. 

"- ...du coup on fait comme ça, on y va à deux voitures, j'passe prendre Hun et premier, et Cass et Bitch j'passe vous récupérer quand la babysitter est là. Moka tu prends Christopher à l'aéroport?"

"-J'm'appelle BUTCH"

Butch avait tout juste marmonné sa réplique entre ses dents, en replaçant correctement ses lunettes de soleil sur son nez, tandis que son fils, assis sur les genoux de Cassidy, chatouillait le nez de sa petite soeur dans la poussette, avec le palmier qu'il avait chippé dans le mojito de sa mère...

"Ca suffit Clyde, laisse ta soeur tranquille et bois ton jus d'baies."

Le mariage... La plupart des agents rentraient dans le moule, se disait Attila, et fondaient leur p'tite vie pépère comme s'ils n'avaient jamais été des criminels, et dans un sens, ils avaient raison : ça sentait le roussi pour l'organisation, le Boss commettait des erreurs, d'autres malfaiteurs venaient fiche le nez dans ses affaires et il ne pesait plus autant dans l'game qu'avant. Si Mamma savait ça, elle devait se retourner dans sa tombe en marbre noir...

"-On va y aller, Namba a besoin de moi pour un projet et Butch a le bain à donner aux enfants..."

Attila avait ricané en toisant le jeune papa ax cheveux verts qui récupéra son fils dans ses bras

"-Tu dis aurevoir Clyde? Allez, fais un bisou à tonton Atti..."

Et en parralèle de ce départ , la patience de James se réduisait à néant

"-OUI, je sais Jessie, je passerai faire des courses après...

-Ouais, n'oublie pas de passer à la pharmacie, et t'en qu't'y es, passe à Sephora m'acheter un masque pour les ch'veux!"

Des Granola. Elle l'appelait pour lui faire des remontrances parce qu'il n'y avait plus de ces fichus biscuits à la maison et voilà qu'elle allongeait sa liste de choses à faire, quelle barbe, elle n'avait vraiment aucune pitié...! Il avait acceléré le pas, soufflant en songeant à quel point elle abusait : sa grossesse avait bon dos, c'était pas comme si en tant normal elle se permettait déjà tout! Les gens flânant dans les rues ne lui facilitaient pas la tâche, aussi il avait foncé dans l'tas pour rejoindre le trottoir et longer les bars. Il n'avait jamais vraiment supporté la ville, et il comptait presque les jours jusqu'à l'emmenagement près de Céladopole, en campagne, dans cette villa Victorienne isolée de toute pollution sonore et sociale. Enfin, il pourrait mener une vie tranquille, dans une vraie maison, fini la misère, fini l...

"Rah, bon sang!"

Son pied avait buté contre un pavé cassé, et il avait faillit tomber sur une table. Se rattrapant de justesse, la vision de lui, s'écrasant au milieu et tous ces verres, renversés et collant à sa chemise neuve, lui arracha un frisson d'effroi, et il se releva d'un air penaud en défroissant ses vêtements.

"-Veuillez m'excuser, je...

-JAMES???"

Le jeune garçon aux cheveux lavandes eu un peu de mal à reconnaître ses anciens collègues au premier abord, au contraire de la tablée qui l'avait identifié en un clin d'œil... Mondo se leva le premier

"-Seigneur, Mondo! Qu'est c'que j'suis content d'te voir! Comment ça va mon grand, qu'est ce que tu deviens depuis tout ce temps?! Ça fait quoi? 10 ans?"

Le jeune mécanicien n'avait pas vraiment changé : brun, cheveux plutôt court, le même visage souriant, toujours aussi intimidé par son vieil ami qu'il avait toujours considéré comme un "grand frère", un modèle. Il lui avait tendu gauchement la main 

"-Je vais bien, je... je travaille chez Yamaha, je suis directeur maintenant! De tout le département contrôle qualité... Et aujourd'hui on fête la fin imminente de mon célibat... Oh et toi?"

Et soudainement, James avait prit conscience que les choses avaient changé : Mondo n'était plus un ado chétif, et il avait de nouveaux amis...

"Quelle surprise, c'est génial mon grand, quelle belle réussite! Ça te fait quel âge maintenant? Oh, mais quel idiot, je suis terriblement en r'tard! Je te donne mon numéro de téléphone, il faut à tout prix que tu viennes dîner dans notre toute nouvelle maison!"

Et c'est ainsi que sans poser de questions, Mondo avait pris le numéro de James. Autours de la table, ça jasait, évidemment, mais toujours est-il que c'est comme ça que Mondo l'avait invité à son mariage, via un message laissé sur son répondeur, le priant de venir avec sa "dulcinée" et de prévenir ses vieux amis, Jessica et Miaouss... 

***

Trois semaines plus tard : 

"-Vas y ma puce, je vais me garer..."

Jessie avait acquiescé et était descendue de la voiture, un peu chancelante, étouffant dans sa longue robe bleue marine qui comprimait sa poitrine, et elle s'était avancée jusqu'à la grande porte avant de s'engouffrer dans la grande salle des fêtes décorée de lampions et ballons colorés, bondée de monde, tous vêtus sur leur 31. Ce remue-ménage était parcouru par le regard inquisiteur de Jessie qui détaillait tout, et particulièrement les tenues de toutes les femmes présentes ici, en les critiquant dans son fort intérieur, lorsqu'elle s'était arretée sur une en particulier...

"-J'te l'dis Cass laisse tomber, il est tendu en c'moment et Wendy fait d'la merde avec les plannings parce qu'elle veut partir avec son mari et son gosse à la neige et avoir Noël et Nouvel an, elle est chier sérieux, t'as vu qu'elle m'a foutu d'astreinte toute la s'maine?"

Près du bar, Cassidy discutait avec Attila au sujet des vacances de décembre, déçue de ne pas avoir obtenu les mêmes dates que Butch après demande... 

"-J'vais aller la voir cette greluche, on verra si j'ai pas mes vacances!"

Jessie était restée plantée là, muette, perdue au milieu du brouhaha ambiant et cette foule de parfaits inconnus, face à son pire cauchemar, jusqu'à sentir une main sur son épaule. Le marié était venu l'accueillir, nerveux, une coupe de champagne à la main, son cœur battant à toute vitesse. Il avait regardé la porte toute la soirée, et enfin, il avait vu son visage au loin, son visage de poupée, ses grands yeux bleus encerclés de ses longs cils noirs, et sa bouche carmin qu'il avait toujours rêvé de dévorer... Il savait que son attirance pour la jeune femme n'avait jamais faibli malgré les années, et pourtant il était plus troublé que jamais, le jour de son mariage, par son amie qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps, la dévorant des yeux à mesure qu'il se rapprochait d'elle : il la trouvait magnifique et si séduisante en civil, encore plus belle qu'avant, dans sa petite robe bleue marquant parfaitement ses fesses, avec ses cheveux tirés en queue de Ponyta...

"-Je suis... content de te voir Jessica..."

"-Mondo!! Moi aussi et.. oh euh, James arrive il est parti se garer, et Miaouss sera en retard.."

"-Oh d'accord c'est... tu es sublime ce soir..."

Il était resté planté là, comme un idiot, fébrile, et il lui avait finalement tendu la flûte de champagne...

"Oh euh, tiens Jessica, tu viens avec nous? Je vais te présenter à ma femme..."

Il tremblait tant il était stressé, et ce n'était que le commencement, puisque la jeune femme avait quelques peu levé sa main en signe de refus 

"C'est gentil mais je ne peux pas boire, j'allaite..."

Et le monde s'était écroulé autours de lui tandis qu'il avait difficilement avalé sa salive 

"-Oh tu... tu as un bébé, c'est... bien..."

La soirée commençait sur les chapeaux de roues, de toute évidence

"-Cass... Te r'tourne pas, morue à 10 heures..."

Et forcément, la jeune femme s'était retournée dans la seconde, jusqu'à apercevoir au centre de la piste de danse, cette sale peste immonde de Jessie en train de parler avec son ancien larbin... Elle en avait lâché son mojito

"-Non mais je REVE! Qui a invité cette greluche?"