L'amour du temps (2)

Chapitre 2
Prisonnier du temps


 
Le soir venu, après avoir vérifié au moins quatre ou cinq fois que toutes les lumières des bureaux étaient éteintes ainsi que tous les employés avaient déserté les lieux, les trois amis sortirent de leur planque puis se faufilèrent en douce jusqu’à la porte d’entrée, déguisés en sbires. Il fallait dire que la casquette et les uniformes noirs ne leur avaient pas échappé. Ainsi, Jessie marmonnait que cet accoutrement lui donnait un teint beaucoup trop discret. James, lui, se plaignait que son pantalon était beaucoup trop serré alors que Miaouss étouffait à l’intérieur du tee-shirt de son ami. Ce qu’ils faisaient n’était pas seulement un cambriolage, mais bel et bien une intrusion. Bien que celle-ci fût angoissante, le trio y prit un malin plaisir. Ils n’avaient jamais été aussi excités de toute leur vie.
Ils étaient à présent dans le hall 124, se baladant, mine de rien, leurs casquettes baissées au niveau des yeux. Ils avaient alors croisé quelques sbires qui marchaient dans les longs couloirs, armés jusqu’aux dents, montant dangereusement la garde. Leurs regards s’étaient portés sur nos trois infiltrés, haussant des sourcils à chacun de leurs pas tout en les fixant d’un air sceptique. Ces derniers étaient horrifiés à l’idée de se faire prendre par ces professionnels, aussi prédateurs que meurtriers. En voyant que les vrais sbires commençaient à avoir des doutes, ils n’avaient pas d’autre choix que de prendre leurs jambes à leur cou et de fuir. Ils ne devaient pas se louper, c’était leur seule chance et ils n’avaient vraiment pas envie de recommencer. Ceux-ci se précipitèrent vers les portes automatiques, puis dévalèrent les escaliers quatre par quatre bruyamment, estimant que l’ascenseur serait bien trop dangereux. Ce n’est qu’une fois arrivés dans une impasse, cachés entre deux murs qu’ils mirent au point leur plan.
– Ok, on se sépare. James tu vas aller à gauche, Miaouss à droite et moi… Tout droit. Le premier qui aura trouvé la porte du labo prévient les autres et revient immédiatement au point de ralliement qui se trouve juste ici. Fit-elle, en pointant du doigt un des murs. Faites attention de ne pas vous faire chopper par les sbires et ne les regardez surtout pas dans les yeux. C’est compris ? Go ! 
Les deux amis n’eurent pas leur mot à dire car leur coéquipière partit à une vitesse folle. Complètement inconsciente. Ils s’étaient tout de même introduits dans une organisation criminelle dans laquelle ils étaient à deux doigts de se faire prendre, en plus du risque d’être licenciés de leur seul véritable emploi. James s’inquiétait beaucoup au sujet de Jessie. Le fait de la perdre ou encore pire, de se séparer d’elle de la sorte ne le ravissait pas plus que ça.  Malgré les consignes que leur avait dictées la jeune femme, les deux amis partirent ensemble pour éviter de se perdre dans ces longs couloirs.
 
À présent, la jeune femme se trouvait seule. À l’inverse de son meilleur ami, celle-ci était beaucoup plus confiante car elle connaissait les moindres recoins du bâtiment. La Team Rocket n’avait plus aucun secret pour elle. Le chemin de gauche et celui du milieu formaient une boucle, donc il y avait de grandes chances pour que son équipier et elle arrivent à se croiser. La troisième galerie, en revanche, semblait beaucoup plus étroite, en plus d’être interminable, une mission parfaite que pouvait exécuter un Miaouss malin, pouvant se camoufler avec une telle rapidité que nul ne pourrait le percevoir. Jessie avait tout prévu, et continuait de se féliciter de son ingéniosité à travers quelques murmures.
Néanmoins, elle eut le sentiment bizarre qu’on la suivait. Cette sensation qui l’envahissait s’accentua au fur et à mesure qu’elle avançait dans les sombres couloirs. Peut-être un sbire qui l’avait repérée ? Ou bien un de ces fous furieux de scientifiques voulant à tout prix mettre un terme à leurs plans diaboliques ? Un fantôme ne serait guère mieux. Peut-être était-ce stupide de sa part d’avoir eu l’idée de partir ainsi, seule et sans protection. Elle songea aux risques que son ami pokémon avait récemment cités. Mais cette nuit, elle comptait bien l’emporter, peu importe ses craintes. Alors qu’elle était plongée dans ses pensées, elle sentit une grande main qui serra brutalement son épaule. Elle bondit soudainement sur le côté, épouvantée. Son cœur battait à toute allure. Cette fois-ci, c’était bien la fin, elle le sentait, elle s’est fait choper. En l’espace d’un instant, mille questions lui passèrent à l’esprit. Reverrait-elle un jour ses deux amis ? Et surtout, comment allait-elle justifier la raison de sa venue ? Personne n’allait la croire. Payer un avocat serait bien trop cher. Alors qu’elle pensait réellement avoir été prise en flagrant délit, elle entendit la personne rire. Elle tourna soudainement la tête. Oh ! Elle reconnut facilement l’individu qui la retenait, et elle en fut toute rassurée. Ce n’était pas un gars de la sécurité, ni un professeur déjanté mais bel et bien quelqu’un qu’elle avait déjà vu. Que ne fut donc pas sa surprise de recroiser une vieille connaissance ! 
– Mademoiselle Jessica, quelle chance de vous revoir ici.
– Oh ! Jason, souffla-t-elle lentement tout en gardant la main sur sa poitrine. Vous m’avez fait peur ! Ça faisait bien longtemps… J’ai failli avoir une crise cardiaque à cause de vous, dit-elle, en essayant tant bien que de mal de respirer. 
– Oh vraiment ? Je vous ai surprise ? Mais pendant toutes ces années, vous devez maintenant bien me connaître, fit-il, en s’avançant près de la jeune femme, l’air charmeur. 
– C’est vrai, dit-elle, mais vous n’avez pas changé d’un pouce. 
Tous deux se mirent soudainement à rire en se serrant dans les bras.
Jason Williams est un homme de quarante-cinq ans. Il est plutôt grand et mince. Ses cheveux mi-longs sont teintés en rouge. Il les attache souvent en une queue de cheval. Son visage est hâlé, légèrement ridé, ses yeux sont clairs, son regard plutôt fatigué. Il possède d’énormes mains, qui savent néanmoins être minutieuses et délicates. Il connaît la jeune femme depuis sa plus tendre enfance et lui a toujours accordé sa confiance, c’est d’ailleurs lui qui lui a donné certains conseils et techniques pour pouvoir réussir à avoir son diplôme à la Team Rocket Academy. 
C’est alors que celui-ci desserra son étreinte et la regarda en souriant.
– Mais qu’est-ce que vous faites ici, si tard ? 
Par cette question, celle-ci commença à bégayer, ne trouvant plus vraiment ses mots. Alors, elle lui raconta un bobard, inventé de toute pièce.
– Je…. Euhhh… En fait, le professeur Semba nous a convoqués pour une mission des plus importantes et… Oui c’est ça ! Et il faut que nous venions dans son labo dans la soirée… Afin… de… d’effectuer quelques modifications à ce qu’on avait prévu de faire ! finit-elle par articuler. 
C’est comme s’il était un de ses supérieurs, à un grade près des commandants. Imaginez un instant la déception sur son visage s’il apprenait que la femme qu’il avait formée durant deux ans avait complètement trahi sa confiance et abusait de son empathie. Même si Jessie comptait énormément pour lui et qu’elle lui avait fait part de son stratagème, il la dénoncerait auprès du boss, malgré lui. C’était son job. C’est pour cela qu’elle restait muette comme un magicarpe, et qu’elle était gênée à chaque question qu’il lui posait. En soit, il la connaissait plutôt bien, elle pensait qu’il allait se douter de quelque chose mais finalement non. 
Ce dernier haussa les sourcils puis lui tapota doucement l’épaule comme pour l’encourager. 
– Eh bien, ça m’a l’air fortement intéressant. 
– Vous êtes obligé de parler si fort ?! Quelqu’un pourrait nous entendre… murmura-t-elle. 
Ce dernier ne comprenait pas pourquoi celle-ci voulait à tout prix l’éviter. Il pencha la tête sur le côté et observa les alentours, visiblement déserts. 
– Pourquoi vouloir se cacher alors que nous nous trouvons dans notre lieu de travail ?
– Je monte la garde, lui fit-elle, toute téméraire.
– Vous êtes toujours aussi ravissante à ce que je vois. 
Le revoilà, ce drôle de ton charmeur qu’il utilisait au début de leurs échanges. Ce qui perturba la jeune femme qui se retourna, l’air interrogateur. 
– Hé, mais dis donc, est-ce de la drague où je me trompe ? Je vous avais connu bien plus sérieux et responsable. 
Il lui sourit, s’avança davantage vers elle, et lui lança un regard insistant. 
– Ah ? Je n’ai plus le droit de complimenter une jolie demoiselle maintenant ?
Elle haussa les épaules.
– Ça va de soi, d’ailleurs, vous n’étiez pas supposé rejoindre Amos et toute sa clique ? 
En effet, il fait partie des meilleurs agents d’élite de l’organisation, et en outre, de l’histoire de l’agence. Il adore son métier, mais déteste être subalterne puisqu’il doit alors des comptes à ses supérieurs. Tout ce que Jessie sait sur lui, c’est qu’il n’a jamais été marié, n’a pas d’enfant et a consacré sa vie à son travail. Il a peu d’amis et refuse toute activité sociale en dehors des bureaux. Jason est quelqu’un de très mystérieux, il ne confie jamais rien à personne, gardant sa vie privée à l’écart. 
En voyant apparaître son regard implorant, il lui déclara :
– J’ai décliné leur offre, il est clair que je ne suis pas fait pour me joindre à eux. 
– Mais non pourquoi dites-vous ça ? fit-elle. C’est une offre très rare qu’on ne donne à presque personne ! Roh, je n’y crois pas ! J’aurais accepté, moi enfin, vous êtes vraiment bon, tout le monde vous le dit !
En voyant sa naïveté, il se mit soudainement à rire puis la regarda toujours avec son air fatigué.
– Croyez-moi, Jessie, si vous m’aviez rencontré bien avant, vous ne diriez pas cela aujourd’hui. 
Cette dernière l’observa, bouche bée, bras croisés, l’air perdu. Elle était complètement perdue. Celle-ci ne savait pas trop ce qu’il avait voulu dire par « rencontrer bien avant ».  Elle essaya de comprendre mais en vain. Au moment de revenir à elle, ce dernier lui fit comprendre qu’il devait repartir. Il lui fit alors un signe et s’en alla, la laissant sûrement dans ses pires doutes. Alors qu’elle était encore absorbée dans ses pensées, elle entendit des bruits de pas venant de derrière, ce qui la terrorisa. Elle se retourna, sur la défensive mais fut rassurée quand elle aperçut au bout du couloir James, qui courait droit vers elle. Lui aussi fut ravi de la revoir. Il se trouvait seulement à quelques centimètres d’elle, et exprima un peu trop fort sa joie : 
– JESSIE ! On a trouvé le labo ! 
Sa meilleure amie accourut à son tour vers lui, tout irritée. 
– Chuuutttt ! Moins fort, abruti ! Tu veux nous faire repérer ou quoi ?! 
– Désolé, mais je suis si heureux ! chuchota-t-il, l’air simplet. 
– Oui bah garde ta bonne humeur pour toi, merci. 
Après cinq minutes, ils rejoignirent Miaouss qui se trouvait tout juste devant une porte entrouverte, semblable à toutes les autres du hall. 
La porte ouvrait sur un tunnel menant certainement dans une destination des plus effrayante. Le trio hésitait vraiment à rentrer, pourtant, ils avaient enfreint toutes les règles sans exception, pourquoi s’arrêter ici même après tout le chemin parcouru ? Cela serait incorrect de leur part. Mais ils devaient le faire pour leur honneur, pour l’honneur du boss, pour le satisfaire et montrer à la Team Rocket qu’ils étaient aussi capables de faire des choses interdites.  
– C’est dans ce trou immonde ? souffla Jessie à ses deux amis.
– Bah en fait on n’a pas vraiment le choix…
Le jeune homme éclaira avec une lampe torche dont les rayons lumineux se reflétaient doucement sur les parois du tunnel ainsi que sur les marches d’un nouvel escalier en colimaçon. La descente en revanche fut plus rude que prévu. L’escalier, creusé à même la roche, s’enfonçait rapidement dans le sol. Il n’y avait pas de rampe et les marches étaient humides, et l’on pouvait entendre des rats qui grouillaient en contrebas. Jessie se plaça devant ses équipiers afin de leur servir de guide, et alors qu’ils en étaient à peine à la moitié du chemin, James fut pris d’une panique irrationnelle. Son cœur céda à l’angoisse, à l’idée qu’une quelconque chose survienne dans le noir. 
Ils s’enfoncèrent de plus belle dans l’ombre. Les grincements que faisaient leurs chaussures étaient si fort que c’était un miracle que personne ne soit venu à leur rencontre. La galerie s’enfonçait encore sous la terre, quand soudain, leur route s’acheva devant une porte. Celle-ci avait l’air un peu rouillée, plus épaisse et plus lourde qu’une porte ordinaire ; sans doute parce qu’il s’agissait d’un des plus vieux endroits de l’agence.
Malgré tout, James parvint à l’ouvrir grâce à une petite épingle qu’il avait trouvée quelques heures plus tôt dans la ville. À peine étaient-ils rentrés qu’une odeur de pourriture se répandit dans les environs.  La pièce obscure était remplie de poussière, de toiles d’araignées, et d’objets éparpillés un peu partout. Elle sentait horriblement l’humidité, sûrement due à l’absence de conduit d’aération.
– C’est si vieux ici ! fit Jessie avec un frisson. Ça donne presque la chair de poule et qu’est-ce qu’on se caille…. 
James contemplait la pièce avec émerveillement, si bien qu’il se mit à avancer sans regarder où il allait, et manqua de se retrouver en tête à tête avec le sol.
– Ohh, rendez-vous compte ! Jessie, Miaouss, nous marchons dans des vieux laboratoires datant presque d’un siècle ! 
– Non, seulement quelques années, James, lui dit-elle avant d’observer à son tour le parquet. On dirait que ça a été abandonné… 
– Il a dû se passer quelque chose ici, c’est certain… dit Miaouss, avec méfiance. 
Ils commencèrent de ce pas les fouilles. Cherchant dans chaque placard, chaque tiroir, ils n’y trouvaient rien. Jessie alla donc vers un grand bureau se trouvant au fond du labo. Là, les affaires et les notes d’un certain docteur Marc Down s’y trouvaient. La jeune femme prit le temps de lire mais fut vite déçue par toutes les formules chimiques inscrites dedans. Celle-ci commença à perdre patience et s’assit brusquement sur la table. C’est alors qu’elle sentit comme quelque chose de désagréable dans son postérieur. Elle se leva soudainement et fit une drôle de découverte. Jessie trouva une boîte marronne, plutôt une vieille horloge, rongée par la poussière mais qui semblait encore utilisable. Les chiffres inscrits dessus étaient en écriture romaine. Elle pesait affreusement lourd malgré sa petite taille. Sur le côté, elle aperçut un petit mot, plié en deux, accroché à cette antiquité. Toute curieuse, Jessie brûlait d’impatience de savoir ce qu’il y était écrit. Elle l’ouvrit donc et y découvrit une drôle de phrase, inscrite à la main.
« Veuillez ne pas y toucher, cet objet peut vous être fatal. » 
– Euh… Qu’est-ce que…
En apercevant ce que Jessie tenait dans ses mains, Miaouss sortit vite de la poubelle et accourut vers elle, en criant.
– Oawww ! C’est LUI ! le truc qui va nous sauver !
– Sérieusement ?! Je l’imaginais plus… moderne ? fit-elle en haussant un sourcil.
Le jeune chat lui arracha l’objet des mains. James les rejoignit, encore perdu. Miaouss tentait tant bien que de mal de savoir comment l’objet fonctionnait, jusqu’à qu’il finisse par y arriver. Il regarda sérieusement ses deux amis.
– Je vais mettre la date alors, nous sommes le dix-huit mai… Boh ? En quelle année sommes-nous ? 
– 1997 ! fit le jeune homme.
– Ok, c’est bon ! À quelle heure nous avons poursuivi les morveux ? demanda-t-il.
– C’est simple, c’était à douze heures dix ! fit Jessie, sûre d’elle.
– Hummm… Je pense plutôt que c’était vers quatre heures de l’après-midi. 
Jessie se tourna vers son ami.
– Mais qu’est-ce que tu racontes, James ?! 
– Attends, je t’assure qu’il était quatre heures de l’après-midi… lui dit-il, à voix basse. 
La jeune femme se leva et lui fit face, en hurlant.
– Le soleil était levé haut dans le ciel ! Comment ça pouvait être quatre heures de l’après-midi ?
-Mais Jess, c’était sur ma montre… Il lui montra son poignet encore craintif.
Elle fronça les sourcils.
– Oui bah ta montre elle est peut-être déréglée, faut te remettre les aiguilles du cerveau à l’heure ou quoi ?
– Euhhh Jessie, James…
– Franchement, tu ne sais plus ce que tu dis… fit James, en poussant un souffle.
– C’est toi qui ne sais plus quoi dire pour te sauver la mise !
– JESSIE, JAMES !!!
– QUOI MIAOUSS !? 
– Je pense que j’ai fait une boulette… 
Le chaton leur tendit l’objet dont les aiguilles faisaient affreusement du bruit, accompagné d’une petite sonnerie aiguë qui vrillait les oreilles. Elles étaient folles, elles n’arrêtaient pas de tourner rapidement en sens inverse. Au même moment, la salle commençait à tanguer comme un bateau, des verres se brisèrent en mille morceaux, et on aurait dit que le plafond allait s’effondrer.
– AHHHH ! Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
– Tout va s’effondrer ! Vite, allons-nous-en !
Ils se précipitèrent vers la porte qui semblait leur jouer des tours. La jeune femme essaya de la pousser de toutes ses forces mais ne réussit finalement pas. Elle était bloquée.
– On ne peut pas, la porte ne veut pas s’ouvrir… RAHH !! 
– ON NE VA JAMAIS S’EN SORTIIRRRR !! hurla Miaouss en s’agitant de tous les côtés.
Quelques minutes plus tard, ils étaient allongés par terre, les yeux fermés, tous, sans exception. Heureusement, ils n’avaient pas de blessure, mais le choc ne les avait pas assommés pour autant. James se réveilla, encore tourmenté par la catastrophe.
– Euhh ? Aïe… J’ai mal… Euh… Jessie, Miaouss ? Vous allez bien ?! 
– Oh oui, je pense, articula le chaton, avant de se remettre debout. 
La jeune femme se leva, quant à elle, difficilement. Elle regardait ses deux amis, encore sous le choc. Puis regarda aux alentours, et remarqua quelque chose d’étrange.
– Attendez, pas de fissure, ni de blessure et la pièce est intacte… ON EST VIVANTS ! 
– On a survécu au terrible tremblement de terre HAHA ! Même la pièce est encore plus propre qu’il y a quelques minutes… fit remarquer Miaouss, tout enjoué. 
– Vous pensez que ça a marché ? fit James. 
– On est toujours là, Miaouss nous a fait une fausse joie… grogna furieusement Jessie.
– J’vous jure que l’truc marchait, à l’époque !
– Oui, oui c’est ça…
– BOAHH ! Attendez-moi !
Ils finirent par sortir de cet endroit, se jurant à jamais de ne plus y remettre les pieds. 
Tout de même, comment avaient-ils pu provoquer cet accident ? Les questions tournaient en boucle dans leurs têtes sans jamais avoir leur élément de réponse. Et si par hasard, tous les trois s’étaient en même temps assoupis ? C’est tout à fait plausible. Mais comment expliquer ce tremblement de terre ? Ils n’avaient quand même pas pu faire le même rêve en même temps !
Mais ce qui était le plus étrange restait à venir…
À peine avaient-ils franchi les portes du hall que l’activité du monde avait repris son cours. 
En effet, ils virent des agents courir, les mains blindées de papiers et de dossiers, on entendait les sonneries des téléphones et les personnes y répondant.
Les employés travaillaient, et ils étaient des milliards dans un si petit couloir.
Le trio se regardait, stupéfait. Ils ne s’étaient absentés que pendant un bout de temps, et la Team Rocket avait rouvert ses portes. Ces derniers se dirigèrent près de la cafétéria.
James s’arrêta un instant, et remarqua quelque chose qui le perturba.
– Jessie, Miaouss, il me semble que ces vases et ces murs n’étaient pas là à notre arrivée…
Mais son amie ne l’écouta pas et lui fit un geste de sa main. 
– Mais non, tu te fais sûrement des idées…
Ce qui avait rendu la jeune femme énervée.
– Ils ont changé la déco ou comment ça se passe ?
– Il se passe quelque chose de vraiment étrange ici…
– Même les agents ne sont plus les mêmes…
– Et ces coupes de cheveux sont d’une laideur incroyable… ajouta-t-elle.
– Ils ont prévu de faire une soirée déguisée sans nous ou quoi ? s’exclama le chaton.
– C’est incroyable ! Je ne reconnais rien ! cria Jessie, visiblement énervée.
Un jeune garçon courut de toute vitesse et bouscula cette dernière qui le regarda, agacée.
– Excusez-moi… fit-il de sa voix d’enfant avant de repartir dans sa course.
– Hé ! tu ne peux pas faire un peu attention ? Rahhh je te jute ces morveux… 
Mais au moment où le garçon se retourna, le chaton fit une drôle de tête, et ce fut le choc. Le même regard qui tue, les mêmes cheveux, la même allure, les mêmes chaussures, aucun doute, c’était bien lui.
– BOAHH oh mon Dieu, si c’est ce que je vois… remarqua Miaouss, les yeux ronds comme des ballons, encore secoué.
– Mais qu’il y a-t-il, Miaouss ? fit Jessie, un sourcil haussé.
– Je… Je crois bien que nous sommes tombés sur le boss lors de ses quinze années ! bafouilla-t-il.
Jessie et James se retournèrent curieusement dans la direction du garçon qui semblait perdu face au vide. Il n’osait pas bouger, ni encore moins parler. Il était immobile et se tenait contre le mur, bras croisés comme s’il attendait du monde. Néanmoins, la jeune femme eut aussi le doute.
– Si c’est encore une de tes blagues, je te jure que je te fais manger ta langue !
Mais au même moment, une fillette rousse, du même âge que lui, l’appela de loin.
– Giovanni ! On a une mission !
– Ah euh… J’arrive. Attendez-moi, Amos ! Ariane !
– Oh non ! On dirait bien que…
– Nous sommes retournés dans un passé fort fort lointain… ajouta James, bouche bée.
En entendant ces prénoms, les jeunes gens n’avaient plus aucun doute, c’était bel et bien leur patron et les commandants de l’organisation, lors de leur toute première formation.
C’était bel et bien vrai malheureusement, ils étaient revenus dans les années quatre-vingt. 
– Ce truc est simplement vieux, passez-le-moi ! fit le jeune chat en le volant dans les mains de son ami aux cheveux bleus.
– Non Miaouss, tu vas encore faire des dégâts ! le reprit Jessie, en le grondant.
– Lâchez-le !
– NON ! 
Ils se disputèrent une nouvelle fois en secouant l’horloge de gauche à droite. Mais malheureusement, ce qui devait arriver arriva. À force de le tirer un peu dans tous les sens, l’objet en question finit par se briser en mille morceaux sous leurs yeux. 
– Miaouss, mais qu’est-ce que tu as fait ? s’exclama James, paniqué.
– BRAVO ! Tu l’as de nouveau cassé ! Comment on va faire pour revenir chez nous ?!
– Jessie calme-toi…
– Mais, qu’allons-nous faire maintenant… ?

Suite

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2020

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