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Le recrutement

Coucou tout le monde !! C'est Laura (ou Laura57 ou plus anciennement Lolo57), qui revient pour la nouvelle année et pour vous offrir un one-shot centré sur Mme Boss et Ariane ! J'ai pris énormement de plaisir à imaginer et à écrire cette histoire ! N'hésitez pas à faire part de vos avis en commentaire, c'est avec plaisir que je les lirai !

Titre : Le recrutement

Personnages : Ariane, Mme Boss

Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi, je ne fais que les emprunter le temps de cette histoire.

Résumé : Mme Boss reçoit l'appel de l'agent chargé de recrutement de la Team Rocket. Elle a repéré une jeune femme qui ferait une merveilleuse recrue mais cette dernière n'a aucune confiance en ses dires ni en ses propositions. Mme Boss prend alors la décision de venir en personne pour la convaincre.

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Le téléphone de Mme Boss sonnait en même temps que l'ampoule rouge clignotait sur le pavé numérique de l'appareil. Mme Boss, qui était assise confortablement sur son fauteuil noir, soupira en écartant les papiers qui jonchaient son bureau tout en prenant un stylo plume pour occuper ses mains. Elle appuya sur l'un des boutons du téléphone afin de déclencher directement le haut-parleur.

« Oui ? Qu'y a-t-il ? »

« Boss. », salua la voix graveleuse d'une vieille femme à l'autre bout du fil. « Pardonnez-moi de vous déranger. Je viens au rapport. »

« Oh, c'est vous, Yolande. Comment se déroule votre mission de recrutement dans la région de Johto ? », voulu-t-elle savoir en tournant doucement le capuchon de son stylo plume entre ses doigts.

« La mission se déroule bien. J'ai trouvé un nouvel agent potentiel à Doublonville. »

« Parfait. Dites-m’en plus à son sujet. »

« C'est une jeune fille de dix-huit ans je dirais. Elle s'appelle Ariane. Je l'ai observé et elle a des aptitudes qui correspondent parfaitement à la Team Rocket. Elle fait preuve d'expertise dans les combats Pokémon ; elle a réussi à battre mon Cadoizo avec l'aide de son Ortide malgré son désavantage de type. Elle a également fait preuve de ruse en utilisant son Cornèbre pour voler chaque pièces brillantes qu'il pouvait récolter ; que ce soit aux pieds des gens installés sur la place commerciale ou aux gangs de Miaouss qui ont utilisés leur attaque Jackpot. Son Pokémon est très rapide pour les larcins et il semble, lui aussi, bien entraîné. », rapporta-t-elle.

« C'est une très bonne chose qu'elle soit déjà forte en élevage Pokémon. », acquiesça Mme Boss dans un hochement de tête.

« J'ai également vu qu'elle avait fait preuve d'un acte de cruauté et d'une manipulation horriblement satisfaisante. »

« Oh ? », encouragea Mme Boss en posant son stylo-plume, piquée de curiosité, et en se penchant sur son bureau tout en croisant les bras pour lui donner toute son attention.

« Elle n'a pas hésité à paralyser des passants dans une ruelle en leur promettant de les soigner avec un Anti-Para qu'elle n'avait évidemment pas s'ils lui donnaient leurs portefeuilles. Bien entendu, étant souffrants et paniqués, ils ont rapidement obtempéré. Malheureusement pour eux, une fois le butin obtenu, elle les a laissés à l'agonie. », raconta Yolande.

« Mmh. », fredonna Mme Boss avec appréciation en se frottant doucement le menton. « Un joyau brut, en somme. Et avec notre aide, nous pourrons la façonner en un magnifique rubis. »

« Tout à fait, madame. »

« Avez-vous pris contact avec cette jeune femme ? », voulu savoir Mme Boss tout en se levant de son fauteuil pour faire quelques pas à côté de son bureau. Elle posa ses reins contre le rebord, dos au téléphone, et croisa les bras.

« Oui. Je lui ai parlé de l'organisation, je lui ai montré la photo d'un membre de la Team Rocket ainsi que le modèle de nos cartes d'identification. »

« Et qu'a-t-elle répondue ? »

« Elle est septique et ne me fait clairement pas confiance. Elle pense que c'est un piège et elle n'a pas envie de finir dans un système d'exploitation d'humains. »

Chose qui n'était pas totalement fausse, pensa la patronne, mais la Team Rocket n'était pas comme ces ventes aux esclaves déguisées en agences de placement.

« Lui avez-vous proposé les avantages monétaires telle que la prime d'inscription ? », demanda-t-elle.

« Évidemment, madame. Mais elle n'est pas intéressée. Elle semble appartenir à une classe supérieure donc l'argent n'est pas un problème pour elle. »

« Et les avantages de confort que comportent le gîte et le couvert de notre auberge ? », essaya Mme Boss.

« Bien sûr. Elle a tout refusé. D'après les informations que j'ai récolté en l'observant pendant quelques jours, elle semble avoir une vie de famille tout à fait banale. Pareil pour les amies qu'elle côtoie. Ma supposition est qu'elle commet probablement ces petits vols par simple plaisir personnel, pour ressentir le frisson de ses crimes en contraste de sa vie calme et sans accrocs. »

« Je vois. Elle semble avoir un attrait pour les actes machiavéliques mais à côté de ça, elle reste quelqu'un avec un certain confort de vie. Nous avons déjà eu le cas avec un ancien membre qui était exactement pareil et ce dernier a très vite regretté sa routine paisible. Je ne tiens pas à renouveler l'expérience. Quand bien même si cette fille a l'air d'avoir un bon potentiel... c'est dommage. », abandonna Mme Boss dans un soupire déçu. « Continuez vos recherches et n'hésitez pas à me contacter si vous trouvez de nouvelles recrues prometteuses. »

Et, alors que Mme Boss se tournait vers le combiné de téléphone et tendait le bras pour mettre fin à la communication, la voix de Yolande l'obligea à s'arrêter dans son élan.

« Madame. Pardonnez-moi d'insister mais avec elle dans nos rangs, je suis sûre que la Team Rocket deviendrait plus forte que jamais. Nos chiffres mensuels augmenteraient de façon significative. »

« À ce point ? »

« Je pense sincèrement qu'elle ferait une formidable recrue. Probablement du niveau de Jane– je veux dire, de l'agent Miyamoto. », se reprit-elle.

Cela provoqua un haussement de sourcils surpris de la part de la patronne.

« Du niveau de Jane ? », répéta-t-elle. « Vraiment ? »

« J'ai la conviction qu'elle pourrait grandement s'en approcher, madame. »

Mme Boss resta silencieuse, le regard dans le vide, à réfléchir tout en mordillant l'ongle de son pouce. Au bout d'une longue minute, la voix de Yolande l'obligea à redescendre sur Terre.

« Madame ? Que fait-on ? »

La cheffe de l'organisation cligna des yeux, puis prit une décision.

« Je vais venir en personne. Si vous n'avez pas réussi à la convaincre, j'y arriverai certainement. Emmenez-la dans une chambre de l'hôtel le plus luxueux de la ville pour que les négociations se passent dans les meilleures conditions. Ne la laissez sortir sous aucun prétexte. »

Yolande parut perturbé l'espace d'un instant mais elle se reprit rapidement sous les ordres de sa patronne.

« Je– Bien, madame. »

« J'arriverais dans la soirée. », prévint-elle avant de raccrocher.

Une fois la communication coupée, Mme Boss se dirigea vers sa penderie en quelques enjambées, la moquette étouffant le bruit de ses talons. Elle l'ouvrit en faisant coulisser la porte et saisit la première chose qui lui tomba sous la main : un épais manteau beige entièrement fait en plumes de Roucarnage, qui lui donnait un air encore plus majestueux lorsqu'elle le drapa sur ses épaules.

Si cette fameuse Ariane était aussi compétente que l'assurait Yolande et qu'elle avait le potentiel pour atteindre le niveau de Jane, il était hors de question que Mme Boss la laisse filer. Les autres gangs qu'elle s'efforce d'affronter et de démanteler en secret ne doivent surtout pas l'avoir dans leurs rangs. Ce serait une perte horrible et une ennemie redoutable.

Elle ferait tout pour l'avoir à ses côtés.

« Jack ! Préparez mon hélicoptère privé sur-le-champ. », ordonna subitement Mme Boss en ouvrant la porte de son bureau et en s'adressant au garde-du-corps qui gardait les portes en acier. « Nous partons pour la région de Johto. »

L'homme robuste paru décontenancé par l'ordre immédiat de sa supérieure.

« T-tout de suite, Boss ? »

« Oui. C'est une affaire urgente. », répondit-elle alors qu'elle marchait d'un pas claquant et rapide dans les couloirs.

Une fois dans son hélicoptère privé, casque d'écoute sur les oreilles et ceinture attachée, Mme Boss s'autorisa un soupir en s'enfonçant dans son siège tandis que l'appareil décollait pour la région de Johto.

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« Madame. », appela le conducteur dans les haut-parleurs intégrés au casque, quatre heures plus tard. « Nous allons atterrir sur le toit de l'hôtel 4 Staross. Préparez-vous à la descente. »

L'appareil s'approcha doucement de la plate-forme aux diverses lumières clignotantes et se posa délicatement dessus. Une minute plus tard, les hélices de l'hélicoptère s'arrêtèrent et elle reçut la permission d'ouvrir la porte de la cabine.

Une fois son casque d'écoute retiré et les pieds sur la terre ferme, Mme Boss respira l'air frais de la nuit. Elle leva la tête pour admirer, l'espace d'un instant, les étoiles qui parsemaient le ciel dégagé. Heureusement pour elle, il ne pleuvait pas ; sinon, son manteau en plume de Roucarnage aurait ressemblé à un manteau en plume de Rapasdepic et il aurait été inconcevable pour elle de se montrer avec une dégaine aussi pouilleuse devant sa future recrue.

Elle ne perdit pas de temps et fonça directement vers la sortie de secours, son garde-de-corps sur les talons. Une fois les escaliers descendus, étant donné qu'elle avait commandé la suite royale, elle se trouva directement dans le bon couloir. Alors qu'elle avançait, elle repéra son agent chargé de recrutement devant la chambre d'hôtel, qui la saluait d'un hochement de tête.

« A-t-elle été coopérative ? », voulu savoir la patronne.

Yolande grimaça, le regard fuyant, avant d'avouer :

« Eh bien, pas totalement, madame. J'ai malheureusement dû lui ligoter une main au pied de la table basse avec une corde. »

Mme Boss grimaça en retour.

« Mais je lui ai offert les plats que proposait la carte du restaurant en compensation. », continua Yolande, comme si cela pouvait sauver la situation. « Elle a commencé par grignoter un brunch l'après-midi, puis lorsque l'heure du dîner est arrivée, elle a dégusté une assiette océane qui contenait du Krabboss, des Kokiyas, et du Colhomard fraîchement arrivé de la région d'Hoenn. »

Cela avait l'air rudement bon à l'oreille mais aussi rudement cher. Tant pis ; elle avait bien spécifié à Yolande de ne la laisser sortir sous aucun prétexte, donc c'était un sacrifice qu'elle était prête à faire. Mme Boss consulta sa montre à gousset qui affichait huit heures sept.

« Et je suppose que vu l'heure à laquelle j'arrive, elle en est au dessert ? », demanda-t-elle presque sarcastiquement en arquant un sourcil.

« Oui, madame. »

« Bon. Ne la faisons pas attendre plus longtemps. Suivez-moi. »

Et sur ces mots, elle entra dans la suite royale, Yolande et son garde-du-corps derrière elle.

En entrant dans la chambre et en scannant la pièce de gauche à droite, la patronne repéra aussitôt une ceinture sur laquelle trois Pokéball étaient accrochées qui reposait tranquillement sur la table haute ronde en bois et qui se trouvait à quelques mètres plus loin d'une jeune fille.

Cette dernière était assise sur un confortable coussin de sol, entre le canapé en velours et la table basse devant elle, sur laquelle était posé un bol de fruits dans lequel elle pêchait tranquillement une framboise, comme si elle n'était pas retenue prisonnière depuis cette après-midi.

Mme Boss détailla l'adolescente de la tête aux pieds :

Elle avait des cheveux couleur écarlate en une coupe mi-longue vraiment particulière : l'extrémité de ses cheveux se détachait en deux parfait croissant de lune qui lui arrivait aux épaules, des mèches brossaient son visage des deux côtés tandis qu'une troisième mèche rebiquait élégamment au-dessus de sa tête. Elle possédait également des yeux rouges en amandes. Son visage à la peau claire était encore un peu rond malgré qu'il commençât à s'affiner. Elle avait des sourcils épais mais bien taillés, et des boucles en forme de fleurs de cerisier sur ses lobes d'oreilles.

Ariane portait un sweat à capuche ample, de couleur bleu marine avec une bordure et un intérieur bleu ciel, dont les flans étaient attachés par des lacets rouges, un shorty sombre, des collants rouges qui se dégradaient en gris, et des bottes noires et rouges aux pieds. Elle possédait une petite sacoche en cuir qui reposait sur le canapé en velours derrière elle.

Quant à Mme Boss, rien que de par son apparence, elle savait qu'elle dégageait une aura de puissance : ses talons rouges aiguilles qui claquaient contre le carrelage avant d'être étouffés par la moquette, ses collants sombres qui allaient parfaitement à ses jambes fuselées, un tailleur rouge, une veste de costume de même couleur, un cou orné d'un collier de perles, mais surtout, des lèvres d'un rouge vif, un regard perçant vert, et une chevelure noire de jais qui entourait ses épaules et descendait en cascade jusqu'en bas de son dos.

Elle se tenait droite, son prestigieux manteau beige aux plumes de Roucarnage toujours fixé sur ses épaules, et elle avait une prestance qui faisait frissonner Ariane.

« Si vous voulez me recruter, c'est plutôt fichu comme méthode. », lança la rousse d'un air nonchalant malgré son corps tendu alors qu'elle désignait son poignet replié en-dessous de la table.

Sans un mot, Mme Boss claqua des doigts pour que Yolande lui retire ses entraves – chose que cette dernière fit aussitôt et sans un mot, avant de se distancer de quelques pas pour laisser place à la conversation entre la patronne et Ariane.

Malgré ses liens coupés, Ariane ne fit aucun mouvement brusque pour s'échapper. Elle remonta simplement pour s'asseoir dans le canapé en velours tout en frottant doucement son poignet, la prudence peinte sur les traits de son visage et le menton relevé en signe de défi.

« Mes plus sincères excuses pour les manières utilisées afin de te garder ici le temps de mon arrivée. J'espère néanmoins que tu apprécies la vue. », dit Mme Boss en faisant un geste du bras vers les immenses fenêtres.

En effet, derrières celles-ci, Ariane pouvait voir les nombreux bâtiments illuminés de différentes tailles qui s'étendaient, dont la splendide Tour Radio et ses énormes paraboles, ainsi que les forêts environnantes entourant la ville. Après une brève observation, la rousse reporta son attention sur l'arrivante et haussa les épaules en guise de réponse, signe de son désintérêt total pour la richesse que pouvait se permettre Mme Boss.

« Mais nous n'avons pas été présenté. », décida de continuer la patronne en posant une main sur sa poitrine. « Je m'appelle Wanda, mais tout le monde m'appelle “Mme Boss”. Je suis la cheffe de la Team Rocket, une organisation criminelle spécialisé dans le vol de Pokémon rares dans la région de Kanto. Enchantée de te rencontrer. », finit-elle dans un sourire léger.

« Ariane. Et le plaisir n'est pas réciproque. », répondit la jeune femme en fronçant les sourcils, un air de reproche.

« J'ai entendu dire par mon agent de recrutement que tu faisais preuve de capacités intéressantes concernant l'aptitude en combat Pokémon et que tu utilises la ruse ainsi que la manipulation plutôt habilement. Il se trouve que ce sont des qualités qui correspondent parfaitement à mon organisation. », dit-elle en croisant les bras, les mains dans les coudes.

« Et je ne sais pas si votre agent de recrutement vous l'a dit, mais il se trouve que je ne suis pas intéressé. », se répéta calmement Ariane en lançant un rapide regard agacé vers la vieille femme.

Mme Boss hocha automatiquement la tête puis poursuivit ses argumentaires, comme si elle ne considérait pas pleinement le refus qu'elle venait de recevoir de vive voix.

« Pourtant, grâce à mon organisation, tu pourras suivre une formation appropriée en tant qu'agent de terrain. En l'état, tu n'es encore qu’un joyau brut mais avec notre aide, nous pourrons te polir en un magnifique bijou. Tu es destiné à quelque chose de grand. »

« Parce que vous êtes voyante, peut-être ? », rétorqua Ariane en arquant un sourcil avant de la détailler d'une rapide œillade de haut en bas. « Remarque, vous avez un peu le look d'une sorcière, alors c'est sans doute vrai. »

Aussitôt l'insulte d'Ariane terminée, Mme Boss entendit le bruit métallique d'un pistolet que l'on sortait d'un revers de costume suivit d'un clic. Sans regarder derrière son épaule dont elle savait que son garde du corps avait dégainé son arme à feu, la matriarche de l'organisation mafieuse leva presque aussitôt le bras.

« M-mais– Boss... », bredouilla l'homme en costard, confus.

D'habitude, Mme Boss ferait taire sur-le-champ quiconque lui manquerait de respect, surtout une adolescente, mais la lueur de défi qui brillaient dans les yeux rouges d'Ariane alors qu'elle avait une arme braquée sur elle attisa sa curiosité.

« Non, je ne suis pas voyante. », répondit-elle calmement. « Je le vois dans tes yeux. Plutôt que de commettre des petits larcins et des actes de cruautés ici et là, autant mettre tes capacités au service de mon organisation. En restant ici, tu prends le risque de te faire arrêter par la police. »

« Comme si je n'avais aucune chance de me faire arrêter en étant avec vous. », répliqua Ariane d'un ton moqueur.

« Oh mais je n'ai jamais prétendu que les membres de mon organisation ne se faisaient pas prendre. Tout dépend de tes capacités à t'échapper à temps. », suggéra-t-elle alors qu'un sourire narquois contractait le coin de ses lèvres. Elle reprit ensuite son air sérieux et déclara : « Mais si jamais le cas se produisait, sache que je paierais personnellement tes cautions. »

Les deux sourcils épais d'Ariane montèrent jusqu'au niveau de la racine de ses cheveux et ses yeux s'écarquillèrent, incrédule. L'air étonné des deux autres membres de la Team Rocket lorsqu'ils reportèrent leur attention sur leur patronne fit comprendre à Ariane que ce n'était pas quelque chose que Mme Boss semblait proposer à tous ceux qu'elle voulait recruter.

« Pourquoi vous feriez ça ? », voulu-t-elle savoir, avant de prendre un ton plus prudent. « Vous ne me connaissez même pas. »

« Tu as raison, je ne te connais pas. Tout ce que je sais, c'est que tu as un potentiel énorme qui n'attend que d'être libéré. Et je suis prête à tout pour t'avoir dans nos rangs. Quitte à payer tes cautions si la police met la main sur toi lors de tes missions. », répéta Mme Boss, avant de laisser un court instant de silence pour l'effet dramatique. « Mais je suis convaincue que ça n'arrivera pas. N'est-ce pas ? », finit-elle en lui souriant d'un air confiant.

Un silence plana dans l'air, et comme Ariane ne répondait pas, toujours abasourdi par la confiance absolue qu'elle lui accordait, Mme Boss continua ses argumentaires.

« Je suis sûre que mon agent de recrutement te l'a déjà dit mais je préfère te rafraîchir la mémoire : si tu fais partie de la Team Rocket, tu auras automatiquement une protection grâce à notre organisation, un gîte sous forme de dortoir, des repas de qualité, des séances d’entraînements pour te perfectionner dans tes aptitudes aux matchs Pokémon, des séances d'entraînement physique pour fortifier ton corps et tu bénéficieras d’une petite prime d'inscription d’une valeur de 1 000 Pokédollars. »

« Je me fiche de l'argent. Mes parents sont suffisamment aisés pour que j’ai une vie décente. », répondit Ariane en reprenant ses esprits, l'air fatigué.

« Même si je suis prête à tripler le prix ? », rétorqua Mme Boss en arquant un sourcil avant de continuer sur sa lancée sans laisser le temps à la rousse de répondre. « Sache qu'il y a normalement des frais pour entrer dans l'organisation ainsi qu’un paiement à régler pour obtenir ton uniforme et ton équipement mais je t'en fais gracieusement cadeau. Si tes missions se déroulent sans encombre, tu seras évidemment rémunéré. Et si tu réussi toutes celles que je te confie, tu auras la possibilité de monter en grade. »

L'entente de cette dernière option attira l'attention d'Ariane, comme en attestait la lueur de curiosité dans le clignement de ses yeux et le léger redressement de son dos.

« Monter en grade ? », répéta la rousse.

« Oui. Pour te faire une leçon rapide sur la pyramide de mon organisation, il y a les sbires que nous envoyons en masse pour la capture des Pokémon de zone, les agents de terrain pour des missions plus spécifique, les commandants qui disposent d'une équipe sous leurs ordres, et les agents d'élite pour des missions secrètes. »

« Il y a également les pôles spécifiques à certains domaines ; comme l'équipe informatique et les archives, ou encore l'équipe mécanique pour la conception des différents gadgets de la Team Rocket. », se permit de rajouter la vieille dame en attirant l'attention.

« C'est vrai. Merci pour ces précisions, Yolande. »

Ariane bourdonna en guise de réponse, signe qu'elle était en train de digérer toutes ces informations, puis finit par reporter son attention vers Mme Boss.

« C'est très varié. », commenta-t-elle.

« Un vrai empire. », acquiesça la patronne d'un hochement de tête, les bras toujours croisés.

« Et vous comptez faire quoi avec tous les puissants Pokémon que vous volez ou que vous entraînez ? Renverser le gouvernement ? Dominer la région ? », questionna la rousse.

« Pour l'instant, j'essaye d'avoir un maximum d'agents doubles infiltrés un peu partout afin d'assurer une certaine sécurité à mon organisation et je me contente de faire des profits. Mais sur le long terme, oui, je souhaite dominer la région. »

« C'est plutôt ambitieux. Cependant, une rumeur cours comme quoi le gouvernement est en train de former un groupe de Dresseur d'élite, le Conseil 4, pour structurer nos deux régions et donner un sentiment de sécurité à ses habitants. », rapporta Ariane en arquant un sourcil, l'air de dire qu'est-ce que vous allez faire pour contrer ça ?

« En effet, j'ai eu vent de cette information. Ce qui ne va pas arranger mes plans, je l'admets, mais cela ne change rien. Et c'est pourquoi j'ai besoin de gonfler mes rangs avec des agents compétents pour leur faire face lorsque le moment sera venu. »

« Comme moi. », soupira Ariane.

« Exactement. Alors ? Qu'en dis-tu ? », voulu savoir Mme Boss.

« Il y a d'autres choses que j'aimerais savoir. », exigea la rousse, les mots avant que je prenne ma décision furent omis bien que la patronne puisse les entendre dans l'air.

« Bien sûr. Dis-moi, Ariane. », encouragea Mme Boss en prenant une expression plus douce.

« En tant que membre, qu'est-ce qui est autorisé au niveau de la cruauté ? »

« Nous sommes une organisation criminelle, ma chère. », répondit Mme Boss, comme si c'était l'évidence même, tout en lui lançant un sourire moqueur et en penchant légèrement la tête sur le côté. « Tout est autorisé. »

« Quoi, même tuer des gens ? », plaisanta-t-elle dans un sourire railleur.

« Oui. Il n'y a pas de limites. Si quelqu'un gêne nos membres dans leur mission, que soit un civil, un brigand ou un Pokémon, ils sont autorisés à éliminer ceux qui se mettent en travers de leur route. », répondit Mme Boss d'une voix neutre, comme si elle énonçait un simple fait.

Ariane lâcha un « huh » contemplatif avant de cligner des yeux et de continuer ses interrogations.

« Où est basé votre QG ? Au beau milieu des montagnes ? »

« Cela aurait pu être une bonne déduction, mais non. Notre QG se trouve dans les sous-sols du casino de Céladopole. »

Ariane haussa les sourcils, visiblement déconcerté que la base secrète d'une organisation criminelle soit autant au centre d'une métropole.

« Étonnant, n'est-ce pas ? », sourit malicieusement Mme Boss. « Le casino de Céladopole est l'une de nos sources principales de capitaux. Nous jouissons de leur couverture en échange de Pokémon envoyés comme prix aux nombreux clients qui viennent jouer. »

« C'est plutôt provocateur, si vous voulez mon avis. », lança la rousse.

« Audacieux, je dirais. », corrigea la patronne en souriant. Elle prenait de plus en plus plaisir aux échanges qu'elle effectuait avec cette jeune recrue. « De plus, étant donné que nous sommes basés dans une grande ville, nous avons tous les commerces à proximité. Pas besoin de faire des kilomètres pour aller nous ressourcer en matériels et en vivre. »

« Mmh, je vois. Tout à l'heure, vous avez parlé de sessions d'entraînement. Où se déroulent-ils ? Je doute que vous ayez des terrains dans les sous-sols ; ça ferait beaucoup trop de grabuge et ça attirerait l'attention. »

« Nos terrains d'entraînements sont situés aux abords de la ville. Dans une clairière au milieu des bois. »

« Et pour le gîte ? Où est-ce qu'on dort ? Votre recruteuse m'a dit qu'il y avait une auberge ; est-ce vrai ? », questionna la rousse.

« Oui. Nous possédons effectivement une auberge où nous avons réquisitionné des dortoirs pour nos membres. Elle se trouve dans la rue d'à côté donc il n’y a nullement besoin de traverser toute la ville. »

Malgré les pics d'intérêt qu'Ariane avait montré lors de ses échanges avec la patronne, Mme Boss vit qu'elle était encore hésitante, comme en attestait son regard pensif. Elle prit alors une deuxième décision.

« Ariane. », appela Mme Boss pour avoir son attention. « Je te laisse le reste de la soirée pour y réfléchir. Mon hélicoptère décolle à minuit sur le toit de l'hôtel. J'espère que tu feras le bon choix. », déclara-t-elle, mettant ainsi fin à la conversation, avant de tourner la tête vers son agent chargé de recrutement. « Yolande. Raccompagnez-la chez elle. »

La vieille femme acquiesça tandis que Ariane ramassait sa sacoche et la passait autour d'elle. Elle jeta une œillade à Mme Boss, peut-être pour lui dire une dernière chose mais la patronne l'ignora pour se déplacer vers le mini bar où une bouteille de vin et un verre à pied l'attendaient sur le comptoir. Une fois qu'elle entendit la porte se refermer, elle se servit tranquillement et reposa la bouteille dans un tact. Son verre en main, elle se tourna vers son garde-du-corps au même moment où il l'appelait.

« Madame ? Est-ce bien prudent de lui avoir révélé nos plans et nos emplacements ? », demanda Jack sur un ton prudent, les bras croisés dans le bas de son dos. « Elle pourrait très bien aller voir la police et tout déballer... »

« Mais elle ne le fera pas. », assura Mme Boss tandis que son garde du corps bougeait inconfortablement son poids sur ses jambes, comme s'il débattait intérieurement de sa réponse.

« Sauf votre respect, madame... comment pouvez-vous en être si sûre ? », demanda-t-il finalement.

Mme Boss bourdonna en guise de réflexion tout en tournant délicatement le vin à l'intérieur de son verre, les yeux rivés sur l'espace devant elle.

« Je ne mentais pas quand j'ai dit que je le voyais dans ses yeux. », répondit-elle en tournant la tête pour croiser son regard. « Elle a soif de rebondissements. Elle veut prouver sa valeur et il semble que les postes de haut-gradés l'intéresse. Je suis sûre à 99 % qu'elle acceptera. Et si le 1 % de chance se produit, tu sais ce qu'il te restera à faire, Jack. »

Une fois sa phrase terminée, elle leva son verre et engloutit sa gorgée de vin.

« Oui, madame. », affirma l'homme robuste alors qu'elle s'installait confortablement dans le canapé en velours, jambes croisées, le verre toujours en main.

« Bien. Maintenant, rapportez-moi le menu. », dit-elle en désignant la carte qui se trouvait sur la table près de la baie vitrée. « Ce voyage m'a affamé et je veux commander un repas chaud. Et n’oubliez pas mes médicaments. »

« À vos ordres, Boss. »

.

Conformément à ses dires, Mme Boss attendit Ariane à bord de son hélicoptère privé. Le conducteur avait déjà fait vrombir le moteur et fait chauffer l'intérieur. Mme Boss se trouvait près de la porte latérale qui s’ouvrait et son garde-du-corps était à côté, dans les sièges du fond tandis que les sièges devant eux étaient vides.

« Vous êtes vraiment sûre qu'elle va venir ? », marmonna Jack en faisant rebondir impatiemment sa jambe, les bras croisés.

Mme Boss consulta sa montre à gousset dans un cliquetis. Vingt-trois heures cinquante-deux.

« Elle ne devrait plus tarder. », répondit-elle en rangeant sa montre dans la poche de son blazer.

Puis, comme si elle avait prononcé les mots magiques, la porte du toit s'ouvrit dans un grincement. C'était Ariane. Elle portait les mêmes vêtements que tout à l'heure, si ce n'est l'ajout d'un sac-à-dos noir qu'elle tenait par l'une de ses bretelles. Mme Boss ne put s'empêcher de lancer un regard satisfait à son garde-du-corps, qui regarda ailleurs en haussant les épaules. Quand la rousse s'approcha du cockpit, la porte latérale de l'hélicoptère fut aussitôt ouverte dans un whoosh par Yolande qui sauta sur la piste pour laisser passer la nouvelle recrue. Mme Boss croisa son regard avec un sourire arrogant et une lueur fière dans ses yeux verts.

« Je savais que je pouvais te faire confiance. »

Ariane, quant à elle, la dévisagea sans honte, sourcils froncés et lèvres pincées.

« Que ce soit bien clair : si j'accepte de faire partie de votre organisation, je ne veux pas rester une simple sbire toute ma vie. Je compte bien gravir les échelons. », déclara-t-elle.

« Et je n'en attends pas moins de toi. », répliqua aisément la patronne.

La rousse grimpa ensuite à bord de l'hélicoptère et s'installa dans le siège avant, devant celui de Jack, tandis que l'agent de recrutement refermait la porte coulissante et s'essayait sur le siège restant – à côté d’Ariane donc – dans un même mouvement. Une fois qu'Ariane eut déposer son sac-à-dos à ses pieds, que tous les passagers furent attachés, et qu'ils aient tous mis un casque d'écoute sur les oreilles, les hélices se mirent en marche. L'hélicoptère décolla rapidement et fila à travers le ciel étoilé.

« Oh ! », s'exclama soudainement Yolande dans le micro de communication en attirant l'attention de tout le monde à bord, avant de tourner la tête vers la rousse. « J'ai oublié de faire te passer le dernier test : défier un dresseur et lui voler son Pokémon. »

« Un Pokémon... comme celui-là vous voulez dire ? », demanda la concernée en brandissant une Pokéball rétractée en équilibre sur ses trois doigts, un sourire narquois étirant ses lèvres derrière son micro de communication et une lueur satisfaite dans le regard.

Lors d'un court un instant, la vieille fut décontenancé. Quand a-t-elle osé ?!, pensa-t-elle mais elle se reprit rapidement en clignant des yeux.

« Prodigieux. », félicita Yolande, pas même vexé de s'être faire prendre son Cadoizo tandis que la rousse lui rendait son Pokémon.

Yolande regarda par-dessus son épaule pour lancer un regard à Mme Boss, l'air de dire « vous voyez ? », mais la patronne l'ignora, bras croisés, et reporta son attention sur les forêts en contre-bas qu'ils traversaient actuellement. Elle pouvait cependant entendre la conversation entre sa nouvelle recrue et son agent de recrutement, que cette dernière semblait désireuse de continuer.

« Tu m'as déjà battue lors d'un combat donc techniquement, on peut dire que tu as réussi le test. Bravo à toi. Tu fais désormais partie de l'organisation. Bien sûr, il y aura de la paperasse à remplir une fois ton mais tout sera fait demain, ne t'en fais pas. »

« Pour quelle heure est prévue l'arrivée à Kanto, d'ailleurs ? », voulu savoir Ariane.

« Eh bien, étant donné qu'il est déjà minuit... je dirais que nous arriverons aux alentours de quatre heures du matin. », estima Yolande, avant d'adoucir le ton de sa voix. « Tu peux te reposer pendant ce temps, si tu veux. »

« Ça ira, je ne suis pas fatigué. », assura Ariane. « Mais je vais garder ça à l'esprit. Merci, madame. »

« Tu peux m'appeler Yolande. »

Après qu'Ariane eût acquiescer, la conversation s'estompa et tout le monde restait silencieux. Mme Boss s'accouda au rebord de la fenêtre, poing sur la joue, et regarda paresseusement les lumières des routes qui scintillaient. Les minutes s'égrainaient, seul le bruit blanc de l'hélicoptère bourdonnait au-dessus d'eux, jusqu'à ce que la voix d'Ariane se fasse soudainement entendre sur la ligne de communication.

« Wanda. Cette vue du sommet lorsque vous aurez conquis la région... », dit la rousse en attirant l'attention de la patronne. Elle tourna ensuite la tête pour croiser son regard vert et pour finir sa phrase. « … j'ai envie de la voir, moi aussi. »

Cela arracha un sourire franc à Mme Boss, qui baissa à son tour le micro de communication près de sa bouche pour parler.

« Merci infiniment pour ta confiance, Ariane. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te la montrer. », promit-elle, avant de pencher la tête sur le côté, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose. « Même si je serais aux secondes loges pour assister à cet événement étant donné que mon pourri-gâté de fils me succédera probablement. »

Cette information surprit Ariane, qui ne put s'empêcher de cligner des yeux.

« Sans vouloir vous offensez, je ne vous imagine pas du tout avoir un enfant. », admit-elle calmement après avoir traité l'information.

La franchise de la rousse fit sourire Mme Boss, amusée, alors qu'elle reposait à nouveau sa tête contre son poing et qu'elle haussait un sourcil pour encourager Ariane à développer sa pensée. Mais cela eut l'effet inverse, puisque la nouvelle recrue semblait mal à l'aise d'avoir manqué de respect envers la femme qui était maintenant sa cheffe.

« Je veux dire... », se reprit Ariane, en agitant les mains en guise de défense. « Vous êtes une femme de pouvoir et je pensais qu'avec toute une organisation criminelle à gérer, vous n'aurez pas forcément le temps de vous occuper d'un enfant. P-pas que vous ne méritez pas d'avoir d'enfant ! C'est juste – »

« Je te rassure, Giovanni est déjà adulte. », coupa tranquillement Mme Boss pour abréger ses souffrances intérieures. « Il a quelques années de plus que toi et comme il est agent de terrain, je ne l'ai heureusement pas dans les pattes. »

« Oh. », lâcha Ariane, calmée par les paroles de la patronne. Elle se racla la gorge et détourna le regard. « Je vois. »

« Ne te méprends pas ; j'aime mon fils. C'est la seule familia qu'il me reste. », reprit la patronne en roulant parfaitement le mot italien sur sa langue et en attirant à nouveau l'attention d'Ariane. « Mais il a un sale caractère. Tu verras bien par toi-même lorsque tu le croiseras. »

« Oui, madame. », répondit Ariane en hochant la tête.

Et la conversation s'arrêta là. Mme Boss retourna dans l'observation des nuages, pensive.

Maintenant qu'elle y songeait, peut-être qu'elle pourrait mettre Ariane en partenariat avec Giovanni. Cela pourrait être un duo explosif et elle était sûre qu'avec le caractère bien trempé d'Ariane, son fils pourrait descendre de ses grands chevaux et en prendre de la graine.

Oui. Cela semblait être un bon plan.

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