Flash back hors série : Une journée noire

Flash-back hors série : Une journée noire.



Une commémoration. Quoi de plus ennuyeux et triste?! Quoi de plus hypocrite..? Honorer la mémoire d'agents criminels morts dans un vieux motel pourri pour protéger un secret dont ils ne savaient rien, se souvenir de ces enfants paumés qui ont mal tourné et qui ont défendus des valeurs immorales et destructrices, rendre un ultime hommage à la connerie humaine et à la dévotion ridicule de ces gens pour un patron mafieux qui n'en a que faire de leur vie volée, oui, c'était stupide, et James ne pouvait retenir ses larmes de haine et de dégoût face à son reflet dans le miroir, étriqué dans son costume noir terne, amer et sans âme. 
Il ferma les yeux en instant tandis que la pièce semblait se modifier autours de lui, s'assombrissant, empreinte de bruits sourds, un brouhaha ambiant, oppressant, le compressant dans un horrible étau d'angoisse... 
"ATTENTIIIIOOOON!!!"
Jolene était tombée sur les genoux, percutée de plein fouet par l'attaque queue de fer qui s’était perdue, tandis qu'Hun l'avait ignoré, n’ayant même pas vu que son Steelix l’avait percuté dans tout ce remue-ménage et continua à attaquer plus loin...
"NOOOOOOOON JOLENE!!! Jolene lève toi..."
Et James était resté au sol, la serrant contre lui, en larmes, recroquevillé sur elle tandis qu’elle ne se réveillait pas… Il avait relevé la tête et regardé tout autour de lui cet immonde chaos, perdu comme un enfant au milieu d’une fête foraine trop bruyante, et il s'était mit à hurler…
"AIDEZ MOI! REGARDEZ MOI! ELLE EST BLESSÉE S'IL VOUS PLAÎT VENEZ M'AIDER!"
Il agrippait des gens mais ils le poussaient, personne ne lui répondait, il était seul parmi la foule, ne voyant même plus ses Pokémons…
" Jolene j't'en pris, lève toi... "
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Il ouvrit les yeux, terrorisé, et se releva après avoir arrangé la cravate que le professeur Chen lui avait prêté, puis il rejoint Jessie dans la cuisine en traînant des pieds, son cœur lui semblant peser une tonne, et la trouva en train de s'empiffrer de pain perdu noyé de sirop d'érable dans sa robe noire qui comprimait son ventre
"Jessie... arrête de manger BON SANG tu vas finir par être malade, et c'est mauvais pour Victoire!"
Il avait envie de peter un plomb, trop bouleversé, trop mal de savoir que d'ici quelques heures, il serait face à la pierre tombale surplombant Jolene... ça allait se concrétiser, devenir réel, il n'avait toujours pas fait son deuil et il n'était pas prêt pour ça...
"Rooooh cha va, charrive..."
Miaouss avait mis son petit costume noir à sa taille et il se dandinait, mal à l'aise et étriqué dans ce bout de tissus collant à ses poils. Il leva un œil vers la fenêtre et vit la voiture de Mondo arriver dans la cour. Il soupira
"Bon on y vo..?"
"Allez...", murmura James en esquissant un frisson
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Hun regardait la pluie tomber par la fenêtre d'un air mélancolique, se demandant comment il avait pu en arriver là.. Il avait tué quelqu'un, mais étrangement il était totalement indifférent à cette déferlante de tristesse en ce jour de deuil au sein de l'organisation. Il aimait bien Jolene pourtant, mais il ne parvenait pas à ressentir la moindre émotion négative, il restait là, placide face aux gouttes d'eau marécageuses se laissant aller à une course effrénée sur le carreau poussiéreux.. Il n'avait rien à se reprocher après tout, c'était un accident, un stupide accident, un dommage collatéral, il avait l'impression de n'avoir rien fait, et le pire c'est qu'il s'en fichait de ne plus jamais la revoir, c'était la vie, une fatalité après tout... Mais qu'est ce qui clochait chez lui..? Pourquoi était il imperméable à tout sentiment, pourquoi n'était il pas normalement constitué, pourquoi la souffrance lui semblait totalement banale et anodine? Il se tourna vers Attila qui se peignait les cheveux en arrière afin de paraître bien comme il faut, et afficha une sorte de sourire crispé avant de s'avancer à pas de velours vers son équipier et de lui réajuster son noeud papillon. 
"Allons y."
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Jessie avançait à reculons, ses pas résonnant sur la terre battue, s'effaçant derrière James qui sentait les siens s'alourdir, sa gorge se nouer.. Sa grossesse allait beaucoup faire parler parmi les membres de l'organisation, et elle n'avait vraiment pas besoin de ça, elle avait suffisamment souffert, elle avait suffisamment honte d'être la risée des autres sbires pour sa nullité, en plus d'être la bête noire recherchée par Elias, comme si la mort de tous ses gens était de sa faute... En réalité oui, c'était de sa faute, et si elle pouvait elle lui donnerait cette maudite cassette, elle lui aurait donné dès la première fois, pour qu'il arrête de la brûler, de la battre, de la faire saigner... C'était déjà si difficile, voilà qu'elle serait en prime la bête de foire, le cas social en cloque de son imbécile d'équipier à 25 ans à peine...  C'était bien sa veine. Elle appréhendait la réaction de Mondo, de Cassidy, de tous ces gens... Et voilà qu'elle vit le visage du jeune mécanicien au loin tandis qu'il accueilli James dans ses bras malgré la jalousie et la rancœur. Tout était oublié à présent, ces futilités n'avaient aucune importance à côté de la mort de tous ces gens, leurs collègues, leurs amis... à moins que... 
"Jes... Jessie?"
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Hun restait complètement immobile tandis que la Jeep parcourait la sinueuse route de campagne menant au cimetière. Attila avait une conduite nerveuse, rapide, et tout sauf fluide, mais son équipier aimait bien qu'il conduise, ces horribles à coups lui étant familiers, il se sentait étrangement rassuré, bien plus que si c'était un chauffeur lambda à la conduite irréprochable. Il savait que le cowboy savait ce qu'il faisait, bien qu'il n'ait même pas son permis. Peu importait. 
"Tu vas rester silencieux tout le ch'min...?"
Hun préféra ignorer la question, en soit le silence était une réponse. Il n'avait pas envie de voir tous ces gens, et encore moins Butch. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais la relation de son équipier avec ce type l'irritait au plus haut point, et ce n'était pas de l'homophobie, ni même de la jalousie, mais plutôt parce que ça brisait son organisation, sa routine, ça touchait directement à son cocon, à ses habitudes rassurantes, et dans son plan carré, pur et parfait, Butch n'avait pas sa place. Il avait choisi Attila et il avait choisit tout le reste, mais pas cette relation. Il espérait que ce ne soit qu'une passade futile mais malheureusement ça s'éternisait, et, à vrai dire, cette histoire le chiffonnait bien plus que la commémoration. 
Le blond tira sur son noeud papillon, détestant ce bout de tissus lui comprimant la gorge, et appuya sur la cassette de Chopin afin que la musique se lance et berce son équipier. Il le connaissait par cœur et il n'avait pas besoin d'une réponse, finalement...
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Le silence de mort qui régnait dans la voiture glaçait le sang de tout le monde : James se rongeait les ongles en trépignant faiblement, laissant ses yeux divaguer à travers la fenêtre, suivant la barrière de sécurité tandis que Jessie regardait droit devant elle la route de béton s'engouffrer sous la voiture en comprimant le bras de son équipier, trop mal à l'aise. Miaouss, lui, regardait ses pattes et n'osait pas briser la glace tandis que Mondo serrait ses mains sur le volant. Il paraissait on-ne-peut-plus calme, mais dans sa tête, il jurait. Il ne digérerai jamais cette relation entre eux, il se disait sans cesse qu'il s'en fichait.. mais à chaque fois qu'il les voyait ensemble, c'était comme un violent coup de couteau. Il était complètement sous le choc de voir Jessie comme ça, avec son ventre qui cachait un bébé que James avait mis là-dessous... Il se disait qu'il n'aurait jamais pu avoir une fille aussi belle qu'elle, de toute façon, qu'il n'était pas à la hauteur de James... Ses projets de reprise d'études lui semblaient tout à coup terriblement dérisoires à côté des leurs : ils allaient fonder une famille, rien qu'à eux, lui et elle... Il jeta un coup d'œil à Jessie dans le rétroviseur avant de se concentrer sur la route à nouveau, essayant de s'auto-convaincre que c'était une belle chose, un bébé dans de telles conditions, comme une petite lueur d'espoir, de vie dans ce chaos... Mais non, pas elle. 
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Attila gara la Jeep tandis qu'Hun ne bougeait pas. Il avait repéré les voitures des sbires, dont la pire : celle de Cassidy était juste à côté de la leur. Il restait attaché, comme pour prolonger ce moment, en sécurité, à l'abri de la réalité, un court répit, des secondes grappillées.. mais c'était trop tard, le moment. Mondo se gara un peu plus loin tandis qu'Attila restait auprès de son équipier sans bouger
"On reste le temps du discours et on s'en va", lui promit le grand blond, mais le jeune renard se contenta de prendre une faible inspiration avant de faire sauter sa ceinture.
"Je passe devant."
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"T'as pas idée de fumer ici imbécile!" 
Cassidy tira le bras de son équipier afin de l'empêcher d'allumer sa cigarette dans le lieu sacré qu'était le sinistre cimetière de Jadielle tandis qu'il souffla en se résignant : cette atmosphère lugubre lui procurait bien trop de stress, faisait resurgir bien trop de souvenirs angoissants, et il aurait bien eu besoin de fumer afin d'avoir une illusion d'échappatoire, comme si le goût familier de ce petit tube de tabac allait potentiellement le rassurer... Elle remonta ses lunettes de soleil afin de masquer sa mine fatiguée, dé-flétrie par cet endroit morbide, et ferma les yeux un instant, essayant de rester digne, de ne pas se laisser envelopper par ses émotions funestes... avant de voir James arriver avec Jessie et Miaouss suivis de Mondo.. Des visages qu'elle connaissait, un souffle de vie, son regard accrocha ses rivaux comme s'ils étaient une parcelle de terre en plein océan, un recours..
Elle défroissa sa sobre robe de dentelles noires et fit un pas, avant de voir le ventre de Jessie, lui infligeant un violent sursaut cardiaque : non c'était impossible.. Elle blêmit tandis que Butch la dépassa afin de saluer la mauvaise troupe
"Bonjour Mondo, John, Jessie..."
Miaouss préféra ignorer cet imbécile en retour et observa les sbires dispersés dans le grand reposoir, survolés par les cornèbres sauvages qui tapissaient le ciel noir empreint de nuages gorgés d'eau... 
"J'ai l'impression qu'il va pleuvoir...", murmura-t-il à Mondo qui ne semblait pas vraiment l'écouter..
Cassidy restait silencieuse, sous le choc, ne trouvant pas les mots adéquats pour introduire une conversation, de même que Jessica qui regardait nerveusement ses talons qui s'enfonçaient dans la terre. Butch vit Attila arriver par le grand portail en fer forgé rouillé et se précipita à sa rencontre, s'extirpant de cette ambiance de malaise tandis que Jessie prit doucement la main de son équipier qui fixait le marbre froid et impersonnel surplombant son amie... Il avala difficilement sa salive, sentant son film lacrymal s'épaissir..
"Ca va James..?"
Il ferma doucement ses paupières en se mordillant la lèvre inférieure : ça y était, la réalité l'embourbait, l'aspirait comme un tourbillon dont le courant l'attirerait vers le fond, l'empêchant de s'enfuir, l'obligeant à se fondre dans l'horreur, dans l'immonde vérité qu'il s'efforçait pourtant de nier : elle était morte, elle était là, son corps était là, sous terre, devant lui, et il pouvait distinctement lire sur la petite plaque dorée son nom, la seule chose qu'il restait d'elle, un nom sur une plaque, un souvenir, une photo, une date, une tulipe noire, laissée là, probablement par Domino qui n'avait pas voulu assister à la commémoration... et les larmes salées du jeune garçon sillonnèrent ses joues rosées par le froid
"Ah..." Il étouffa un sanglot, sentant son visage se crisper, s'assombrir..
"Je suis désolée James, je sais à quel point tu tenais à elle...", murmura Cassidy en baissant les yeux vers le sol craquelé tandis que le Boss monta sur la petite estrade de fortune, là, juste derrière les stèles.. La jolie blonde avança un peu, s'empressant de rejoindre son équipier, après avoir affronté le regard de son ancienne meilleure amie d'un air amer, presque déçu
"Ah et au fait, félicitations Jessie." 
La jeune femme aux cheveux roses la regarda s'éloigner sans un mot, serrant plus fort la main de James qui tenait difficilement debout, laissant aller sa tristesse, libérant sa haine, laissant ses larmes déferler, honteux, coupable.. 
"James écoute moi, je veux que tu rappelles tes Pokémons et que tu t’en ailles d’ici, je veux que tu retrouves Jessie et que vous vous en sortiez, parce que je t’aime James, tu comprends… ?"
Il la revoyait distinctement, face à lui, sa voix, son odeur, sa chaleur et son regard déterminé... Il n'écoutait pas le speech du Boss, ce discours dénué d'empathie, froid et impersonnel, faux et acide, il n'écoutait rien d'autres que les voix dans sa tête, le rendant fou, l'immergeant dans le passé, il ne voulait pas l'admettre... et pourtant
"...Quentin Suko, Jolene Parker,..."
Son coeur manqua un battement et il ouvrit les yeux: la liste de noms le laissait indifférent... mais le sien, pas elle, et il lâcha la main de Jessie, il ne pouvait plus rester ici, c'état trop dur, trop douloureux, trop brutal, la vue de cette stèle semblait lui déchirer le coeur à chaque fois que sa rétine envoyait à son esprit torturé l'image du tombeau de Jolene, il sentait la nausée l'envahir, le froid le transpercer, la rage l'assaillir, la culpabilité le ronger... et il parti presque en courant, étouffant entre tous ces gens, il lui fallait de l'air, un endroit où accepter, seul, où se recueillir, et il courut à travers le grand cimetière, comme s'il était perdu dans un labyrinthe effrayant, encerclé par les tombes, les murets de pierres recouverts de lierre noir, écrasé par le ciel brumeux, l'air humide et oppressant... James s'effondra finalement devant une statue de Noctunoir, le pokémon gardien des esprits, comme un refuge, une ultime prière.. Il leva les yeux vers l'imposante figure devant lui, se sentant minuscule et si insignifiant face à l'univers, à l'éternité, laissant son corps lâcher, son coeur soupirer, il se sentait perdu, seul, face à la porte des Enfers..
"POURQUOI TU L'AS PRISE ELLE ET PAS QUELQU'UN D'AUTRE, HEIN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"
Il fixait l'allégorie du monde des morts d'un air accusateur, fou de rage, c'était tellement écœurant, injuste.. Et le tonnerre lui répondit tandis qu'il senti les premières gouttes de pluie imbiber ses cheveux lavande..
"C'est pas lui qui te l'a enlevé, c'est moi.."
James senti son palpitant s'arrêter un instant et il se retourna vers Hun qui était sorti de nulle part, comme une apparition fantomatique, tandis que le jeune renard enchaîna
"Tu crois vraiment que cette vieille statue y est pour quelques choses..? On est pas dans une mauvaise tragédie grecque James..."
Le coeur du futur papa battait tellement vite qu'il avait l'impression d'être dans un rêve, ou plutôt un cauchemar.. Ses pensées se bousculaient si vite qu'il ne comprenait plus rien..
"C'est Steelix" 
Hun n'arrivait pas à comprendre cette vague dans son estomac, cette boule dans sa gorge, ce frisson en lui, son incapacité à dire un mot de plus.. C'était donc ça, être triste..? 
"C'est Steelix qui l'a tué. C'est moi, qui te l'ai prise James."
Sa voix était calme, placide, polaire. Et elle avait résonné dans tout le corps du jeune sbire qui se releva doucement, ayant l'impression d'être fait de plomb, d'avoir été sonné, que sa tête cognait violemment entre deux cloches d'une cathédrale avec pour seul écho dans son esprit blessé cette révélation, "C'est moi, qui te l'ai prise James."
Il aurait tant eu besoin d'hurler, de Jessie, de la serrer dans ses bras jusqu'à l'étouffer, d'oublier la réalité entre ses bras, d'enfouir son visage dans ses cheveux.. Sa Jessie, son refuge... mais elle ne comprenait pas. Hun tourna les talons, sentant ses émotions inconnues le submerger, le pénétrer, et son visage s'assombrit, s'inclina... Le Steelix, la queue de fer, les cris, les Pokémons, les explosions, tout ce bruit, ces ombres et ces lumières, la panique et la terreur, un accident... Hun se sentait s'engouffrer sous le niveau de la terre, pour la première fois de sa vie, il ressentait quelques choses et il se sentait vivant, tandis que James l'encercla de ses bras tremblants. Non, Jessie ne comprenait pas, mais lui si. 
"Merci..."
Elektor transperça le ciel noir houleux de ses éclairs et la pluie recouvrit bientôt les deux agents, comme pour les expier de leurs culpabilités, comme pour balayer cette épreuve, les libérer de ce joug. Le glas de la vérité avait été sonné et, tandis que les cloches de la chapelle sonnaient le début de la messe de commémoration, James senti peu à peu la culpabilité le quitter...
Lorsqu'il ouvrit ses yeux, Jessie était là, avec Noctali, à quelques mètres seulement, avec son ventre rond. Il pouvait enfin passer à autre chose, comme si Hun avait permis au poison de la honte et de la faute de se libérer de ses veines...



Fin.

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Date de dernière mise à jour : 22/08/2017

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