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Drabble 4

4. Choc 



A l'occasion d'une compétition de Pokévolanneaux à laquelle James avait pris part, ses parents avaient décidé de séjourner pendant quelques semaines à Sinnoh. L'enfant de huit ans adorait ce loisir qui était bien un des seuls qu'il avait le droit de pratiquer. Son père se trouvait ravi; pour une fois que son fils prenait part à une activité renommée, qui plus est  associée au raffinement des Pokémon oiseaux qui ornaient souvent les armoiries des grandes familles aristocratiques. De son côté James aimait cette discipline qui lui permettait à la fois de visiter une nouvelle contrée tout en le propulsant au-dessus du sol car les candidats devaient se placer sur une plateforme en altitude durant les épreuves. Ainsi le jeune garçon se voyait déjà planer, et survoler la routine luxueusement monotone qui était la sienne. Le paysage boisé de la région de Sinnoh lui plaisait davantage car cela ressemblait moins aux infinies plaines entourant sa province natale. James, dans la fraicheur crépusculaire avait une fois de plus réussi à s'échapper à l'attention de ses surveillants qui cherchaient à tout prix à le maintenir en place lors d'une soirée spéciale. L'enfant qui désirait fureter dans la forêt voisine pour y découvrir de nouveaux Pokémon sauvages s'était enlisé dans une épaisse flaque de boue et peinait à s'en dépêtrer, paniquant. Les arbres, soudainement bruissèrent, et un Vortente accourut, alerté par les appels de détresse de  James. Il le souleva hors de la gadoue, et le serra contre son corps végétal pour le rassurer, tout en lui mordillant affectueusement les cheveux. Puis il reposa le petit à terre qui à son tour l'enlaça. 
" Oh merci gentil Vortente de m'avoir sauvé ! " 
Une voix nasillarde rompit alors le calme de cette embrassade. 
" Maître James, où êtes-vous encore passé ?! " hurlait une des préceptrice de l'enfant, qui n'allait pas tarder à arriver. Ce-dernier demanda au Vortente attachant d'aller vite se cacher, lui promettant que dès que possible, il reviendrait à ce même endroit pour le capturer afin que tous deux restent amis pour toujours. Le Pokémon plante acquiesça et s'exécuta, s'enfuyant rapidement dans les buissons, alors que la vieille femme agrippa le bras de James. 
" Ne me dites pas que vous avez encore fait des siennes petit garnement ! Vous êtes tout crotté ! Pourtant vous savez très bien que ce soir vos parents organisent une réception! Vous êtes incorrigible ! Maintenant venez avec moi, je vais vous trouver une nouvelle tenue pour le bal. Et ne songez même pas ne serait-ce que l'espace d'une seconde à vous enfuir de nouveau! "
Dès qu'il fut propre et flanqué d'un nouvel accoutrement, James pénétra dans la salle de réception, son fidèle Caninos lui emboitant le pas pour l'encourager. Le garçon détestait ce genre de soirées : il redoutait les regards condescendants des invités qui se braquaient inévitablement sur lui, étant le fils des hôtes. Heureusement cet instant désagréable ne durait pas très longtemps car, juste après un immuable discours pompeux de son père, tous les nobles se mettaient à danser. James dans ce cas parvenait à se faufiler jusqu'au balcon où il demeurait durant une bonne partie de la fête ne souhaitant pas se mêler aux autres; l'enfant avait beau connaître par coeur pléthore de danses standards, il trouvait que toutes ces personnes exécutaient les pas de manière machinale et automatique. Où était donc passée la fougue chez ces gentilshommes bon sang ? La vie n'était quand même pas faite que de convenances et de superficialité ! Le petit garçon soupira en se laissant glisser contre le mur. Un bruit de chaussures vernies le poussa à relever le regard, par curiosité. Face à lui, une petite fille qui devait avoir le même âge que lui se tenait droite, dans une somptueuse robe fuchsia, le visage dissimulé derrière un large éventail. C'était la première fois que James se retrouvait aussi proche d'un enfant et qui plus est, d'une fille. Se sentait légèrement rougir, il osa lui demande son prénom.
" Allons on ne demande pas le nom d'une jeune fille sans s'être présenté à elle, ça ne se fait point." Le petit garçon déglutit en entendant sa voix musicale et légère. Il lui donna son nom mais avec surprise, son interlocutrice tourna les talons pour repartir dans la grande salle. Elle se retourna une dernière fois dans sa direction à lui, dévoilant son beau visage harmonieux encadré par des anglaises écarlates. 
" Mon prénom à moi c'est Jezabelle." 


Morte. Non cela ne pouvait pas être possible...Et pourtant Miyamoto n'était jamais revenue depuis qu'un agent avait ramené la petite fille au quartier général de la Team Rocket afin de l'amener face à Madame Boss. C'était bien la première fois que Jessie pénétrait dans le bâtiment froid de l'organisation sans sa maman. Au début elle n'avait pas voulu suivre le sbire quand il était arrivé chez Mutsuki pour convier l'enfant à une rencontre en tête à tête avec la patronne. Mais en y réfléchissant, elle se demanda si cette invitation n'était tout simplement pas une surprise, un message de sa petite maman pour lui communiquer qu'elle retournerait très vite à la maison ou mieux, que sa fille allait la rejoindre dans sa mission à l'autre bout du globe. Jessie se souvenait très bien du jour où sa mère lui avait confié son départ précipité dans les Andes dès le lendemain matin, à des milliers de kilomètres de leur cabane douillette et surtout pour une durée indéterminée, qui se rapprochait davantage de deux mois plutôt que d'une poignée de jours. La petite s'était indignée, profondément vexée par l'absence beaucoup trop prolongée de sa mère. Elle avait eu beau taper de ses petits poings fermés contre le ventre de Miyamoto, cette-dernière s'était contentée de se laisser faire pour ensuite se baisser à la hauteur de sa fille. "Jessie, lui avait-elle soufflé en arborant un ton très doux pour calmer la petite, si la mission est un succès je reviendrais très certainement avec une très grosse somme d'argent...nous pourrons enfin partir en vacances où tu veux et je pourrais même t'offrir les mêmes boucles d'oreilles que moi, tu sais, les oranges que tu affectionnes tant. Mais en attendant, tu dois te montrer forte. Fais-le pour moi ma chérie, fais-le pour nous. " Jessie avait lentement hoché la tête, se raccrochant aux paroles de sa maman alors que celle-ci lui demandait de faire un joli sourire pour la prendre en photo, histoire de l'avoir en permanence avec elle durant son périlleux voyage. Cependant au moment où le flash apparut, des larmes embuèrent les yeux saphirs de la petite qui ne pouvait se retenir plus longtemps et explosa en sanglots. Jessie avait pleuré presque toute la soirée de manière incontrôlable tandis que Miyamoto essayait de la consoler pour finalement passer la soirée à la tenir serrée dans ses bras, à l'étreindre comme si c'était la dernière fois...
Pourtant quand la grande femme aux hauts escarpins lui avait de manière sèche annoncé le décès fort probable de sa mère dont on avait perdu totalement le signal à travers les montagnes enneigées, Jessie n'avait pas pleuré. A vrai dire, rien qu'à l'entente de cette ignoble annonce, les oreilles de la petite s'étaient mises à bourdonner violemment, comme pour la séparer de la tragique réalité qu'il l'entourait. "Tu dois te montrer forte... tu dois te montrer forte...tu dois te montrer forte. ...fais-le pour moi.". Les mots de sa mère résonnaient dans son esprit. Elle ne détourna pas le regard une seule fois, préférant ignorer les battements de son coeur qui s'emballait à toute allure ou même les frissons glacials qui parcouraient sa nuque. Sans aucun trémolo dans sa petite voix juvénile, elle répondit par un "D'accord. Je comprends." dénué d'émotions. Elle se retourna nette sans même balayer la pièce des yeux - où elle aurait pu apercevoir le regard étonnamment compatissant de Giovanni qui demeurait tapis dans l'ombre de sa mère-  puisqu' au fond plus rien n'importait pour elle. "Tu sais Jessica, les fêtes de Noël approchent. Que dirais-tu de venir séjourner dans une de mes résidences en attendant que l'on trouve une solution pour te loger ? " lui avait proposé Madame Boss avant qu'elle ne franchisse la porte, culpabilisant un peu de priver une enfant si jeune de sa mère. Elle avait surtout décelé une grande détermination chez cette petite, et il était clair qu'elle désirait garder Jessie sous sa coupe afin de la pousser indirectement à rentrer dans l'organisation à son tour le moment venu. Jessie qui ignorait où aller, ne souhaitant pas demeurer un fardeau pour Mutsuki qui de toute manière la prendrait beaucoup trop en pitié, accepta. C'est ainsi qu'elle passa son premier hiver seule, perchée dans cet imposant château qui surplombait les Iles Ecumes. Elle ne voyait pas grand monde vu que cet endroit n'était pas le lieu principal où vivait la patronne. Celle-ci se contentait de quelques visites creuses où elle tentait faussement de se montrer compatissante envers la petite qui ne parlait à personne, pas même aux domestiques, préférant se murer dans un mutisme total. Jessie jouait sans grande conviction avec les jouets de garçon appartenant à Giovanni, sans pour autant oublier sa précieuse poupée qu'elle désigna comme étant le héros de ses aventures fictives, dépréciant les figurines fades de son hôte. Enfin, ce fut le cas jusqu'au lendemain de Noël, où elle arrêta totalement de jouer, sa poupée ayant été emportée par un Lippoutou du père Noël durant la nuit. Même ses légendes d'enfant lui tournaient le dos à présent. Cette nouvelle déception se présenta comme un déclic pour la jeune enfant : il fallait qu'elle parte de cet endroit austère, qu'elle fuit cette organisation qui lui avait causé de pertes. Elle allait poursuivre le peu de rêves qu'il lui restait, et ce à n'importe quel prix.

Suite.

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Date de dernière mise à jour : 20/02/2017

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