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Déménagement dans les souvenirs de Butch 11

Chapitre 11 : Épilogue

Butch, de retour au présent après s’être replongé dans ses souvenirs, cligna des yeux pour se concentrer sur la route devant lui : l’autoroute coinçait légèrement. En même temps, vu les chiffres que le tableau de bord affichait, c’était normal, pensa-t-il en baissant rapidement les yeux pour voir qu’il était déjà 17h00.

En route pour rejoindre le périphérique, ils s’étaient arrêtés chez une association qui récoltaient les vêtements afin d’y déposer les quelques cartons de fringues. Ils avaient également fait une halte dans un orphelinat pour donner ses anciens jouets aux enfants défavorisés.

« Ce sera notre bonne action de la journée. », avait plaisanté Cassidy dans un sourire sardonique.

L’homme aux cheveux verts ralentit à l’approche d’une voiture arrêtée devant lui, et replaça correctement sa casquette de l'équipe des Élektek sur son front – la seule chose qu'il avait tenu à garder avec lui. Il tourna ensuite la tête vers sa partenaire qui était restée silencieuse à fixer la fenêtre à sa droite, accoudée au rebord. Alors qu'il allait lui demander si elle allait bien, la blonde pris la parole.

« T'avais vraiment une vie de merde, Butch. », résuma-t-elle d'une voix neutre tandis qu'il battait doucement la mesure avec son index et son majeur sur le volant.

« La tienne n'était pas vraiment mieux. »

« Je sais mais au moins, mes parents faisaient attention à moi – sans doute même trop. », glissa-t-elle avant de croiser les bras. Elle coula ensuite un regard vers la main de Butch qui passait à nouveau une vitesse pour faire avancer la voiture. « Alors que les tiens faisaient parti de la pire espèce. »

« J'ai pas eu de chance. », répondit-il en haussant les épaules. « Mais vois le bon côté des choses. », dit-il ensuite en souriant franchement alors que sa co-équipière relevait la tête, confuse. « Si j'avais eu des parents aimants, j'aurais certainement fait des longues études ou je serais parti sur les routes pour devenir Dresseur Pokémon comme tous les gosses. Et je n'aurais probablement jamais connu la Team Rocket. Ni toi. »

Devant le sourire en coin et la rapide œillade que lui adressait Butch, Cassidy souffla d'un air amusé tout en secouant la tête pour faire disparaître sa tentative de flirt de ses rétines.

« Tiens, tu peux appeler le Boss pour lui dire qu'on a terminé le travail ? », demanda-t-il en sortant son portable de sa poche arrière et en le lançant vers elle.

Cassidy attrapa le téléphone à clapet et l'ouvrit pour composer le numéro personnel du Boss qu'elle connaissait sur le bout des doigts. Une fois l'appel lancé, elle colla l'appareil à son oreille et attendit quelques secondes. Heureusement, le Boss était toujours prompt à répondre lorsque son mobile sonnait.

« Oui ? »

Avec la voix grave de Giovanni et le son au maximum du téléphone, Butch pouvait attendre la conversation depuis son siège conducteur.

« Boss ? », dit la blonde après avoir reporter son attention à l'avant du véhicule. « C'est Cassidy. La mission que vous nous avez confié est terminée. »

« Avec succès, j'espère ? », voulu savoir Giovanni.

« Évidemment ! Pour qui nous prenez-vous ? Jessie et James ? », rétorqua Cassidy d'une façon désinvolte en croisant les jambes sur le tableau de bord, talons en l'air.

A l'entente du ton insolent de sa co-équipière, Butch lui donna un rapide et léger coup sur le côté de la cuisse, comme pour lui dire d'arrêter immédiatement d'être impolie envers le Boss. La blonde riposta en le claquant au bras sans le regarder et ignora son avertissement – même si son sourire qui venait de flancher.

« ...Bien. Je vais contacter la deuxième équipe de déménagement pour qu'elle se rende immédiatement sur place et se charge du mobilier. », informa Giovanni. « Une fois rentrés au QG, dites à Butch de venir me faire le rapport. J'ai besoin de lui parler seul. Je l'attendrais dans mon bureau. »

« D'accord. Oh ! A ce sujet, Boss, nous aurons un peu de retard. » répliqua aussitôt Cassidy avant de continuer sur sa lancée. « L'autoroute est bloqué et les voitures avancent comme un troupeau de Ramoloss. »

« Je l'attendrais. », répéta-t-il d'une voix grave. « Merci de m'avoir prévenu. »

Et puis le Boss mit fin à la conversation en raccrochant sans un mot de plus.

« Tu l'as contrarié. », accusa Butch, aussitôt eut-t-elle refermer son téléphone dans un clap.

« Ça va, c'est bon... », souffla Cassidy comme une adolescente en levant les yeux au ciel et en croisant les bras. « Je sais qu'il pose la question pour s'assurer de la réussite de la mission mais parfois, j'ai l'impression qu'il doute de nous. On n'est pas des incompétents... ! »

Lorsque sa partenaire était contrariée, Butch savait exactement quoi faire : mettre une de ses musiques pop préférés. Généralement, l'humeur de Cassidy s'apaisait et elle oubliait son tracas du moment pour chanter en cœur avec l'artiste.

Se faisant, il leva donc la main vers le poste de radio, appuya sur les boutons pour programmer le CD qui était déjà à l'intérieur du lecteur, et augmenta progressivement le volume grâce à la petit mollette intégrée. La musique s'éleva doucement dans l'habitacle et l'air agacé de Cassidy s'estompa petit à petit comme il l'avait prédit.

Ils arrivèrent au QG une bonne heure plus tard, non sans soupirer d’épuisement.

Pendant que Cassidy allait apporter leurs sacs de courses dans leur chambre, Butch se dirigea de l'autre côté du bâtiment pour aller faire son rapport au Boss. Ne voulant pas faire attendre son parton plus longtemps, il prit ascenseur et monta rapidement les étages supérieurs.

Une fois les portes ouvertes dans un ting et le couloir à la moquette rouge traversé, Butch s'arrêta devant l'officier qui gardait l'entrée du bureau du Boss. Il se mit au garde-à-vous pour le saluer et s'adressa à lui.

« Je suis là pour voir le Boss. Il m'attend. »

L'officier ferma les paupières en guise d'acquiescement et ouvrit la porte sans un mot.

« Merci. », chuchota discrètement l'homme aux cheveux verts.

Butch entra au même moment où le fauteuil en cuir du Boss se retourna pour lui faire face. Le dos reposé contre son siège, il caressait son Persian qui était confortablement installé sur ses genoux mais il avait les yeux rivés sur le nouveau venu.

« Boss. », salua-t-il dans une légère courbette tout en retirant sa casquette de base-ball qu'il garda dans le bas de son dos, une main sur son poignet. « Pardon pour le retard. J'espère que vous ne m'avez pas trop attendu. Nous avons pris la liberté de passer par le centre de stockage pour déposer tous les cartons contenant des objets qui peuvent nous être utiles comme les affaires de cuisine, par exemple. »

« Vous avez bien fait. », reconnu Giovanni.

« Et comme Cassidy vous l'a dit au téléphone, la mission est un succès. Nous n'avons même pas eu à nous servir de nos Pokémon. », expliqua Butch tandis que son patron bourdonnait.

« Parfait. Passons tout de suite aux formalités concernant vos parents. », dit-il d'une voix claire avant de se redresser vers son bureau et réarranger ses papiers tandis que son Pokémon sautait de ses genoux pour aller se poser tranquillement dans un coin de la pièce. « J'ai été en contact avec la police de Ula-Ula. Nous nous sommes mis d'accord pour rapatrier les corps de vos parents dans notre région. »

Butch resta silencieux et hocha la tête en guise de compréhension.

« Avez-vous trouvé une lettre ou un papier avec une demande particulière concernant leur enterrement ? Incinération ? Enterrement normal ? », questionna Giovanni.

« Non, je n’ai malheureusement rien trouvé à ce sujet. Faites ce qui vous arrange le mieux et qui coûte le moins cher. »

« Bien, ce sera un enterrement normal alors. », dit-il alors qu’il griffonnait quelque chose sur une feuille devant lui avant de relever les yeux vers l’homme aux cheveux verts. « Nous allons les enterrer au cimetière de Jadielle, est-ce que cela vous convient, Butch ? »

Le concerné haussa mollement les épaules.

« Je n’irai probablement pas leur rendre visite, alors cela m’ait égal. », répondit-il honnêtement.

« Je suppose donc que vous ne souhaitez pas assister à leur enterrement et encore moins connaître la date de l’événement ? », devina Giovanni.

« Non, monsieur. »

Les yeux noirs du Boss l'observèrent durant quelques secondes, si bien que Butch commençait à être mal-à-l'aise devant son regard analytique.

« Je comprends. », dit-il finalement en fermant les paupières. « Les relations entre parents et enfants peuvent être parfois si compliqués... »

A ce moment-là, Butch se demandait si le Boss pensait à son fils ou à sa mère, Mme Boss, qui n'était d'ailleurs plus toute jeune.

« Le dernier point que j'aimerais aborder avec vous concerne votre héritage. », poursuivit Giovanni en le sortant de ses pensées. « L'argent des comptes bancaire de vos parents serviront à payer les frais de rapatriement, l'annonce dans le journal, ainsi que leur enterrements. »

« Donc il ne restera plus rien ? », demanda Butch alors qu'une partie de son esprit repensait au souhait de Cassidy de partir en vacances.

« Je n'ai pas encore accès aux comptes bancaire donc je ne peux pas savoir. Mais sachez que s'il reste de l'argent après tout ces frais, je ne manquerais de vous faire le virement sur votre propre compte. »

« Entendu, Boss. », acquiesça le membre de la Team Rocket aux cheveux verts.

« Bien. Je m'occupe du reste concernant les documents liés à vos parents. », rassura Giovanni en écrivant à nouveau sur la feuille devant lui. « Vous pouvez disposer, Butch. »

« Merci, Boss. », dit-il en le saluant à nouveau et en prenant congé.

Il referma la porte derrière lui, replaça sa casquette de base-ball sur sa tête, et se dirigea vers les escaliers pour redescendre vers les dortoirs. Son esprit était toujours focalisé sur toute cette histoire et sur ses parents.

Maintenant que Butch était adulte, il se demandait comment il aurait réagit s'il avait été à leur place. Bien sûr, il n'avait pas vécu la mort d'un enfant – et il espérait ne jamais le vivre, mais il n'aurait pas fait un deuxième enfant pour combler le vide du premier. Et même s'il en avait eu un, il n'aurait certainement pas réagit par l'indifférence envers ce deuxième enfant. Peu importe comment il tournait les choses, leurs choix restaient impardonnable. Est-ce pour autant que leurs décisions étaient discutables ? Sans doute. Allait-il accepter leurs erreurs un jour ? Probablement pas. A ses yeux, ils resteraient toujours des connards.

Et même si on lui donnait l'occasion de les revoir, il ne voulait même plus leur adresser un mot. Ils n'auraient droit qu'à un regard méprisant et hautain de sa part.

Butch allait probablement devoir vivre avec cette rancœur sourde au fond de lui, mais à présent que ses parents n'étaient plus en vie et que sa maison d'enfance était débarrassée, il sentait qu'il allait enfin pouvoir respirer.

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Date de dernière mise à jour : 09/11/2022

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