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L'amour du temps (3)

Chapitre 3
Faire face à sa plus grande peur.

 

Le trio était complètement perdu face à la réalité des choses. Il ne savait même pas comment il s’était retrouvé ici, et de toute manière il n’avait plus d’autre choix et ne pouvait plus retourner en arrière. L’horloge était cassée, et ils ne connaissaient presque personne pour pouvoir les sortir de là. Allaient-ils rester toute leur vie ici ? La question ne se posait pas. Ils étaient surtout horrifiés qu’on les reconnaisse par le plus humble des hasards. Seulement, est-ce que quelqu’un les reconnaîtrait pour leur prêter secours ? 
Ils avaient déjà lu certains livres et articles parlant de ce sujet-là, mais ne l’avaient jamais pris au sérieux. À croire qu’ils étaient les premiers hommes à voyager à travers le temps. Cela dit, peut-être que les scientifiques pourraient leur expliquer le pourquoi du comment, mais ils seraient sûrement pris pour des fous et directement envoyés dans un hôpital psychiatrique. Le directeur ? Ce n’était plus Giovanni qui commandait mais bien un autre, donc ils pouvaient abandonner cette idée. Quant aux employeurs, connaissaient-ils vraiment l’existence de l’objet ? En parler pourrait leur apporter de graves ennuis. 
Non, il serait préférable qu’ils trouvent la solution par leurs propres moyens. C’est eux qui avaient provoqué cette situation, et c’est eux qui devaient réparer les dégâts.
Après maintes réflexions, ils s’approchèrent de la cour, ou ils contemplèrent le jardin encore fleuri. C’était comme un magnifique parc, il y avait une fontaine au milieu des arbres, des buissons, et des roses dans chaque recoin. Au départ, ce lieu servait de détente aux sbires, mais dans le présent, ils avaient rasé cet endroit pour construire encore des bureaux. Le trio n’avait jamais connu cet endroit, à part Jessie qui venait souvent y jouer lorsque sa mère ne pouvait pas la faire garder. La jeune femme balaya du regard les enfants qui commençaient à la dévisager. Bizarrement, ils étaient moins âgés que ceux de leur époque. Il fallait dire que la majorité pour devenir membre de l’organisation n’était plus de quinze ans. Mais en revanche, ces gosses-là faisaient plus petits que leur âge. Des mômes de huit, neuf ans et déjà voleurs ! Qui l’aurait cru ? À ce stade, ils pouvaient tout à fait devenir des professionnels comme Domino. Seulement, la grande question était, comment étaient-ils arrivés jusqu’ici ? Ils étaient si jeunes, si jeunes pour pouvoir faire des trucs pas net et mauvais qui pourraient avoir une certaine influence sur eux, une fois devenus adultes. Jessie et James ne comprenaient pas l’utilité d’embaucher des enfants, si ce n’était que pour les former lors des futures missions dangereuses. Si cela se trouvait, c’était un complot des commandants pour pouvoir poursuivre leur plan diabolique comme ils avaient tant l’habitude d’effectuer. 
L’un d’eux s’approcha méthodiquement, tout près des trois amis avec ses grands yeux humides. Ils le prirent alors en pitié et l’observèrent jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche.
– Bouahaha ! Alors vos costumes vous les avez trouvés dans une benne à ordure ?
Mais la réalité des choses était bien différente. Ils s’étaient trompés, l’enfant les avait dupés. Ce dernier se moquait d’eux, devant cinq personnes qui les regardaient, crispés. En voyant une telle humiliation, Jessie fronça les sourcils et s’emporta.
– Non mais à qui tu t’adresses sale mioche !
– À vous, bande de clowns ! fit-il, en rigolant. On dirait des pyjamas, sérieux !
– Non mais pour qui il se prend l’morveux ?! hurla James en défendant sa meilleure amie.
Le jeune garçon rigolait en les pointant du doigt, et il continua, s’en prenant particulièrement à James qui se trouvait être son souffre-douleur.
– T’es moche papy ! dit-il, en le bousculant.
Le jeune homme le regarda, surpris et choqué par cette action si malpolie.
– Quoi ? Moi ? Un grand-père ? Je suis si vieux que ça ? s’exclama-t-il, les yeux ronds.
Il était clair qu’il se foutait d’eux, et il en rit aux éclats. Cet enfant était déjà malsain, et il n’avait que six ans. En voyant la colère des deux agents, ce dernier prit la fuite en courant sans se retourner, ce qui énerva encore plus la jeune femme qui avait envie de le tuer. 
– Je vais lui faire sa fête… Il va voir que…
– Jessie regarde ! 
Le jeune homme pointa une affiche toute violette, avec écrit en gros « Star du jour », où des sbires souriants de leur plein gré, présentaient le sujet.
– Tiens, c’est une audition… 
 Jessie demanda en s’approchant.
– Ils cherchent des personnes pour représenter l’agence ?
– Allons nous présenter ! fit Miaouss, avec un air rêveur.
– Oui, mais s’ils nous reconnaissent ? dit James, tout inquiet.
La jeune femme s’avança près de lui et le rassura.
– James, si nous sommes dans le passé, ils ne nous ont jamais vus, réfléchis ! 
– Oh ouiii en plus c’est une bonne idée !
La Team rocket dans les années 80 était minuscule, c’était comme un village d’une centaine d’habitants. C’était une maison où régnait la souffrance, la poisse, mais c’était aussi une maison propice au renouveau. 
L’immense salle de bal occupait presque la totalité du premier étage. Celle-ci était parfaitement courtoise, les rideaux étaient assortis aux lustres suspendus au plafond. La pièce semblait humide et sombre. C’est à peine si les rayons du soleil venaient y pénétrer. Les éclairages servaient donc de lumière pour éclairer la pièce. Des agents passaient par là, car bien sûr, des spectateurs devaient être témoins d’une quelconque humiliation si l’occasion devait se présenter. L’audition était vraiment serrée et les arbitres n’arrivaient pas à se décider. À croire que la prestation de chaque personne était atrocement minable. 
Ils refaisaient les sélections, chaque année, mais chaque année, ils devaient changer. Les juges étaient eux-mêmes exigeants et voulaient sélectionner les meilleurs, seulement il n’y en avait aucun. 
– Suivant ! annonça l’un des membres.
– Pourquoi les lumières se sont brusquement éteintes ? fit l’un, qui regarda dans toutes les directions, apeuré.
Ils étaient déguisés en rockeurs qui essayaient de se frayer un chemin parmi les gens dans l’obscurité. Après quelques attentes, les lumières se rallumèrent. C’est alors qu’ils découvrirent le groupe au complet : James tenait une guitare électrique bleue à la main et Jessie une rose. Quant à Miaouss, lui, il était dans le coin de la scène et s’occupait des éclairages et de la musique pour les accompagner. Arrivés à la scène, ils rirent diaboliquement, et c’est seulement armé d’un micro, que la jeune femme commença.
– Eh bien sachez mesdames et messieurs que nous sommes de retour !
James la suivit, et en prit un autre.
– Et comme d’habitude, pour vous jouer un mauvais tour ! 
– Afin de protéger le monde de la dévastation.
– Afin de rallier tous les peuples à notre nation.
– Afin d’écraser l’amour et la vérité !
– Afin d’étendre notre pouvoir jusqu’à la Voie lactée… 
Alors que l’attention se portait sur eux, les deux agents enlevèrent leurs déguisements pour enfin se dévoiler. 
– Jessie !  
– James !
– La Team Rocket plus rapide que la lumière !
– Alors rendez-vous tous, ou ce sera la guerre !
– Miaouss, oui la guéguerre ! 
Ils avaient en même temps fait tomber des confettis un peu partout. Tout le monde les dévisageait et se moquait d’eux. Ils venaient clairement de se ridiculiser devant plus de trois cents personnes qui ne les connaissaient pas, c’était énorme. Le malaise palpitait au niveau des arbitres qui semblaient ne pas avoir apprécié leur bêtise. Car en plus d’avoir bousillé l’électricité, ils avaient aussi détruit toute la pièce, surtout la scène avec des fissures irréparables. L’un deux se tourna vers la présidente et demanda, doucement.
– Qui sont ces trois-là ?! 
– Encore une bande de losers ! hurla son collègue.
Après cette critique, la jeune femme fit un bond devant eux, les bras serrés.
– Hé ! On ne vous permet pas de nous traiter ainsi ! 
– Oui, surtout que nous sommes nouveaux mais aussi anciens ! 
Le public rit, pensant bêtement qu’ils étaient faits pour être des comiques et qu’ils étaient payés pour pouvoir faire ce genre de dialogue, à en croire qu’ils avaient du talent.
– Qu’est-ce que vous avez à rire comme çô ?! Vous n’avez jamais vu un Miaouss se tenir sur ses deux pôttes ou quoi ?
– Hé mais il parle ! dit l’un d’eux, choqué, en enlevant ses lunettes.
La femme aux lunettes finit par leur demander.
– Bon, donnez-nous vos noms !
– Jessie, James et Miaouss !
Cette dernière les chercha dans la page d’inscription mais ne les trouva pas, elle leur lança un regard navré.
– C’est normal qu’on ne vous ait pas sur la liste ?
– J’avais raison, des losers ! répliqua l’un d’entre eux. 
C’en était trop pour Jessie, qui commença à élever haut la voix, suivi de James.
– Sachez avant tout que nous sommes des agents réputés de l’organisation !
– Oui et nous sommes vraiment célèbres ! 
– Ouais, surtout auprès du BOSS ! finit Miaouss, tout fier. 
Ils avaient mal considéré le projet, et ça allait leur coûter horriblement cher.
L’un des arbitres, Patrick, était le plus cruel de tous, et il allait même jusqu’à mettre les agents plus bas que terre devant tout le monde.
– Votre prestation était… comment dire, particulière. 
– Bien sûr puisque c’est la devise de la Team Rocket, acquiesça Jessie.
– Je ne vois pas de quoi vous parlez... fit l’un des agents en tournant vigoureusement les pages du répertoire qu’elle tenait entre ses mains. 
– En tout cas vous êtes recalés, avoua son collègue. 
– Quoi ? Mais pourquoi ? firent-ils. 
– Je n’ai jamais entendu quelque chose de si… nul. 
– Hé ! mais c’est vous qui êtes nul !
– Vous ne comprenez rien à la musique de nos jours !
– Ouais parfaitement, c’est du classique !
Il y avait de l’agitation dans la pièce, notamment au niveau du jury. La salle de bal était toujours pleine à craquer et se remplissait au fur et à mesure du temps. 
On entendait des applaudissements au fond de la salle, ce qui avait pour but d’attirer l’attention de tout le monde. 
– Bravo, j’ai plutôt trouvé cela remarquable, vraiment ! J’ai bien aimé. 
Tous les regards se tournèrent immédiatement vers la porte de sortie qui se trouvait juste derrière le public. C’est alors qu’une jeune femme âgée d’une vingtaine d’années fit irruption dans la pièce, se tenant debout et fière, face à la scène, toute souriante. Elle s’avança près du jury avec un regard déterminé. À en croire ses habits, le trio supposa qu’elle était l’une des agentes d’élite de l’organisation, bien différente des autres.  
– Pas... pas possible… fit Jessie, bouche bée. 
À l’instant où cette femme avait franchi le pas de cette pièce, celle-ci l’avait reconnue au premier abord. Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, celle-ci était incapable de dire quoi que ce soit ou de prononcer la moindre phrase. Dans sa tête, tout se bousculait. Son cœur battait la chamade, son teint blanc devint rougeâtre, et pourtant, elle essayait tant bien que mal de respirer. C’était à peine si cette dernière arrivait à dire quoi que ce soit tellement ce sentiment était intense. Un milliard de questions lui sont venues immédiatement à l’esprit, tant qu’elle en oublia vite sa présence sur scène. L’agitation se propageait autour d’elle sans qu’elle ne s’en aperçoive. Au fur et à mesure qu’elle la voyait s’approcher, sa respiration s’accélérait. La jeune rouquine ravala amèrement sa salive, perdant complètement ses moyens. C’est alors qu’elle recula doucement pour se cacher derrière son équipier qui ne pouvait se douter de quoi que ce soit. Pourtant, avec Miaouss, ils remarquèrent qu’elle avait une manière de parler qui leur parut bien familière. Ils avaient déjà vu ce comportement, mais où ? Le petit chat essaya de chercher au creux de sa petite tête, espérant trouver une solution à tout cela alors que James voyait le mal être de son amie, c’était comme si elle avait vu un fantôme ! 
Ce dernier l’avait déjà prise pour leur coéquipière au premier regard, mais elles étaient aussi différentes sur certaines choses. Pour Jessie, tout était clair. Elle savait l’identité de cette femme mieux que quiconque, elle seule savait ses moindres petits secrets. Miyamoto était l’une des meilleures agentes d’élite de l’organisation. Elle faisait partie des agents d’élite les mieux réputés. Néanmoins, certains diront qu’ils la trouvaient parfois trop arrogante sur les bords, et les autres diront qu’elle garde toujours un professionnalisme incroyable. Cette dernière est également la mère de Jessie. 
– Miyamoto-sensei, vous ne comprenez pas ! Ils sont complètement à l’ouest !
Elle s’arrêta un instant et resta un moment silencieuse avant de reprendre.
– C’est sérieux, ils ont du talent, du charisme, notre nouvelle devise peut-être, qu’en dites-vous ?
L’un riposta violemment.
– Mais ce sont des losers !
La femme se tourna vers lui, consciencieuse.
– Sachez qu’il y a une différence entre juger une personne au premier regard et la connaître. Nous pouvons toutefois être soucieux la première fois, mais une fois que nous la connaissons assez bien… (Elle prit un temps avant de reprendre.) Nous apprenons à l’apprécier telle qu’elle est. Et ce, malgré ses défauts et ses qualités. 
Elle jeta tour à tour un regard vers le trio qui la regarda stupéfait avant de revenir aux arbitres, toute souriante. 
– Allons, dit-elle avec plein d’entrain. Il peut s’avérer que ces trois personnes peuvent inspirer l’organisation, et c’est vraiment incroyable. Rendez-vous compte ? Peu de personnes s’y intéressent aujourd’hui. 
Le public se tourna à présent vers le jury qui s’était rapproché pour pouvoir prendre une décision. Après quelques minutes, l’un d’eux s’affirma.
– Bon… Nous allons réfléchir toussa-t-il. Merci de votre participation. 
C’était la fin de l’élection, tout le monde s’en alla à ses obligations. Alors que l’agente d’élite s’apprêtait elle aussi à partir, les trois amis partirent à sa rencontre.
– Merci de nous avoir défendus tout à l’heure, dit James, tout souriant.
– Pas de quoi mon mignon. (Elle les regarda un par un.) Vous devez sûrement être nouveaux ? Je ne vous ai jamais croisé dans l’organisation… 
– À vrai dire… commença James. 
Mais juste au moment de finir sa phrase, il sentit comme une pression dans sa manche, comme si on la lui tirait, et c’était bien le cas. Il se retourna et vit Jessie, le visage pâle. Elle dit d’une petite voix, faible : 
– Je… Je ne me sens pas très bien, je crois. 
À la seconde où la jeune femme lui dit cette phrase, James s’affola et imagina le pire qui pouvait lui arriver. Elle était sur le point de s’effondrer sur le sol mais ce dernier la rattrapa de justesse par les bras. 
– Eh ! tu ne vas pas nous faire un malaise…
Jessie regarda son meilleur ami puis sa mère avant de fuir. 
– Je… Je dois sortir ! Excusez-moi ! 
Elle se posa dans le jardin, près de la fontaine qui coulait.
C’était surprenant de la voir dans cet état. Si vulnérable, si pétrie de doutes. James et Miaouss ne pouvaient se douter qu’un élément déclencheur l’avait perturbée bien avant. Ils se retrouvèrent plus tard, dans leur jardin favori où Jessie s’était assise sur un banc, et James lui posa un mouchoir d’eau fraiche provenant de la fontaine sur son front.
– Tu vas mieux ? lui demanda-t-il, encore inquiet. 
– Oui, enfin je crois… souffla-t-elle, tout bas.
– Il faut qu’on aille voir un docteur, tu ne te sens pas bien… 
– Non, ne t’en fais pas, dit-elle en se levant. Il y a un distributeur pas loin, je vais aller me chercher un soda. Tu en veux ? J’y vais de ce pas, à tout’ !
Elle s’éloigna du jeune homme, qui désespérait à son tour aux côtés du chaton.
– Rooh je n’y crois pas, elle m’aura tout fait…
La jeune femme se leva d’un bond et accourut vers sa destination. Cependant, Miaouss interpella James de l’étrange découverte qui hantait son esprit. Les yeux ronds, contemplant le vide, il demanda :
– Dit Jajames, tu ne crois pas que cette femme qu’on a vue applaudir dans la salle ne ressemble pas un tout petit peu à Jessie ? 
Ce dernier se retourna violemment vers son ami, haussant un sourcil, surpris par ce qu’il venait de dire. 
– Haha ! Mais non, c’est impossible Miaouss, et puis notre Jessie a beaucoup plus de charme qu’elle, voyons, lui dit-il avant de reprendre son souffle. Et puis franchement, elles n’ont rien en commun, du moins c’est ce que je pense ! Quoique….
James regarda de nouveau en direction de Miyamoto, qui riait aux éclats aux côtés de deux agents. Ce rire était assez familier. Et si c’était vrai ? pensait-il, et si Jessie était en réalité cette femme ? En tout cas, il y avait quelque chose qui devait bien les unir. Il était tellement préoccupé par ses questions qu’il oublia le chaton qui le taquina, une fois de plus.
– Ah ? Tu deviens romantique mon ami ? 
– Pas... Pas du tout ! lui dit-il, nerveusement. C’est… C’est juste que… je constate le caractère de deux personnes différentes, tu me crois ?
– M’ouais m’ouais.
Alors que la conversation des deux amis était à son comble, au même moment, Jessie revint comme une fusée, trois canettes de coca dans ses mains, amusée par leurs drôles de têtes.
– Qu’est-ce que vous dites encore ?
Malheureusement, les deux amis n’avaient pas vu sa présence, et continuèrent comme si elle n’était pas là, ce qui avait don de l’énerver.
– Peut-être que c’était juste un sosie comme on en voit plein sur la terre.
– Ou alors c’est la réincarnation de Jessie du passé ! avoua une fois de plus Miaouss.
– Les garçons, écoutez-moi… fit-elle, un peu gênée.
– Mais non ! Ou bien c’est juste une simple coïncidence, qu’en dis-tu ?
Miaouss secoua la tête et agressa violement James.
– Eh bien mô j’dis que tu n’es même pô fichu de dire qui est la vraie Jessie ! 
– Quoi ?! Mais ce que tu dis est complètement insensé ! Fit-il, affolé.
– C’est toi qui es insensé ! 
Sous le coup de la pression, la jeune femme fit soudainement tout tomber par terre, ce qui alerta l’attention de ses deux équipiers. 
– ROHHHH mais c’est ma mère ! Que vous êtes IDIOTS ! gronda-t-elle, encore plus furieuse.
Apprenant la révélation, les deux amis se turent et se contentèrent de baisser la tête. Ce fut un mot de trop pour Jessie, elle allait exploser, c’était certain. James revint à la raison. Il la regarda un instant, le visage surpris avant de comprendre la situation.
– Tu… Tu veux dire que c’est elle… qui ? 
– Oh boh mô j’suis complètement paumé, avoua Miaouss. 
La jeune femme hocha de la tête d’un air néfaste avant de s’asseoir près de l’immense fontaine qui se trouvait juste derrière elle. Malgré ce qu’elle ressentait, celle-ci ravalait toujours sa fierté. Pourtant, James savait son mal-être. Il se sentait horriblement coupable de lui infliger cette peine alors que son devoir était de la consoler. Il ne pouvait imaginer son équipière dans une telle mélancolique. Il alla finalement la rejoindre quelques secondes après. Il posa délicatement sa main sur son épaule et lui dit de ses tendres mots.
– Excuse-nous Jessie, nous ne pouvions pas savoir… fit-il, d’une voix calme et attentionnée.
En ne voyant aucune réponse apparaître, il insista. 
– Allons, Jessie, ne sois pas triste…
– Je ne suis JAMAIS triste, James ! J’ai… juste attrapé un horrible mal de tête.
Elle le regardait toujours avec ce même regard, perdu et vide. Et pourtant, malgré les années qui ont suivi, il savait qu’elle mentait, surtout quand ils abordaient le même sujet. C’est alors que sans plus attendre, d’un air timide mais avec plein d’entrain il la prit avec douceur dans ses bras et l’enlaça de toutes ses forces afin de la réconforter.
– Jessie, je sais à quel point tu vas mal depuis que tu as six ans, tu m’as toujours fait part de tes soucis et de tes craintes. Jessie, je te connais sur le bout des doigts, je… Je suis ton meilleur ami…  
James prit son autre main dans la sienne et lui dit d’une voix douce telle une scène d’amour comme on voyait dans une comédie romantique.
– Tu sais que je ferais n’importe quoi pour te voir sourire et rire, alors je sais ce que tu éprouves. Je ne veux absolument pas t’offenser une nouvelle fois.
Il effleura la joue de sa partenaire, et devint de plus en plus rouge.
– Je… Je veux te voir heureuse et épanouie, murmura-t-il, en bégayant. 
– James, enfin… C’est absurde… lui chuchota-t-elle, gênée par la situation. 
Inconsciemment, James approcha son visage de celui de son équipière, et ne pouvait se douter qu’ils se touchèrent presque. Elle n’arrivait pas à y croire, c’était la première fois qu’elle perdait complètement la face, face à lui. 
– Vraiment ? T’ai-je déjà menti à propos de notre promesse ? murmura-t-il, d’un air tendre et affectueux. 
La jeune femme le regarda, les yeux écarquillés de stupéfaction. Il était clair que le jeune homme ne lui avait jamais parlé de la sorte, surtout quand il s’agissait de belles paroles comme celles-ci. Malgré tout, cette dernière était heureuse qu’il ait enfin fait le premier pas, cette fois-ci.
– … James…
Tous deux se remirent debout en flageolant, instinctivement, leurs doigts s’emmêlèrent. C’était réconfortant de ressentir la chaleur de leur peau. 
Miaouss s’était légèrement écarté d’eux afin de leur laisser un doux moment.
 Mais, ce doux moment ne fut que de courte durée. 
En effet, ils entendirent une voix au loin, qui semblait provenir d’à côté. 
C’était les hurlements féminins d’une personne frustrée et surtout en colère. 
Le trio alla voir ce qu’il se passait. Cela provenait de derrière les buissons, alors ils arrivèrent à se cacher. Ils y découvrirent une scène de ménage. En effet, on voyait Miyamoto accompagnée d’un certain homme. Physiquement, il avait les cheveux en pagaille, mal peigné et était habillé comme un clochard. Tout lui allait trop large, surtout son tee-shirt où les manches étaient trop grandes. 
– NON, JE T’AI DIT NOOON ! cria-t-elle.
Une autre voix vint s’ajouter dans la conversation. 
– … Écoute-moi, je t’en prie…
– Non c’est NON. Écoute, je t’ai dit que c’était fini, et définitivement fini, donc lâche-moi la grappe ! hurla-t-elle, furieuse.
– Ça c’est notre Jessie tout craché quand elle s’énerve haha ! Constata Miaouss.
– Oui bon enfin bon, il est vrai que je m’énerve assez souvent mais je ne blesse jamais !
– C’est difficile à croire vu ton excessivité… rit James, malgré lui.
Jessie se leva d’un coup sec, déçue par la mauvaise blague de son ami.
– PARDON ?! je pensais que tu me connaissais mieux que quiconque, James ?! 
– Chuuttt ! Tu vas tout gâcher ! dit Miaouss, qui attrapa ses jumelles pour observer la scène de plus près.
– Mais j’ai besoin de la connaître, c’est peut-être moi qui suis… lui dit-il timidement, avec tant d’hésitation. 
On voyait Miyamoto exaspérée. Il était clair que ce n’était pas la première fois que ce dernier la harcelait moralement. Mais seulement, le faisait-il exprès ou bien n’avait-il pas conscience ? En tout cas, cela ne devait pas vraiment satisfaire la jeune femme qui poussa un long soupir.
– Je t’ai déjà dit que c’était quelqu’un d’autre ! Combien de fois devrais-je te le répéter, JASON, je n’ai plus rien à faire avec toi, pauvre abruti ! 
– JASON ?! firent-ils en même temps depuis leur buisson.
Un silence se fit entendre. Avaient-ils bien entendu ce qu’ils venaient d’entendre ? En tout cas, ils avaient tous les trois de bonnes oreilles.
– Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’il était jeune… fit Jessie, bouche bée.
– Je ne l’aurais jamais reconnu… avoua James, dans le même pétrin que sa partenaire.
– Aujourd’hui ce n’est plus le même… 
– Peut-être qu’il a fait de la chirurgie esthétique entre temps !
La jeune femme lui lança un regard incertain. 
– Miaouss, évite donc nous faire part de tes idées farfelues…
– Tiens, mais où sont-ils passés ? Ils n’ont pas pu se volatiliser, si ?
Les trois bandits étaient tellement préoccupés à se parler, qu’ils les avaient perdus de vue. Néanmoins sans plus attendre, ils entendirent une voix provenant de derrière.
– Vous m’écoutez maintenant ? 
Tous sursautèrent en même temps. Ils se retournèrent et virent Miyamoto, bras croisés, encore plus exaltée. Elles les avaient vus l’espionner, c’était fini.
– Ah non euh je… Ce n’est pas ce que vous croyez ! On était juste… bégaya Jessie.
– Enfin bon, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous juger pour ça, souffla-t-elle. Vous êtes bien nouveau ici ? Ça vous dit que je vous fasse visiter les lieux ?

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2020

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